Saint Thomas d’Aquin - Somme Théologique
Supplément =
5ème partie
Question 81 : De la qualité des corps ressuscités
Nous
devons ensuite nous occuper de la qualité des corps ressuscités. A cet égard
quatre questions se présentent : 1° Tous les hommes ressusciteront-ils dans
l’âge de la jeunesse ? — 2° Auront-ils la même taille ? — 3° Seront-ils tous du
même sexe ? — 4° Auront-ils la vie animale ? (Il est de foi que les hommes ne
ressusciteront pas avec la vie animale, d’après ces paroles de l’Ecriture : Ni on épousera, ni on ne sera épousé (Matth., 22, 30) ; Le
royaume de Dieu ne consiste pas dans le manger et dans le boire (Rom., 14, 17) ; Il est semé corps animal, il ressuscitera
corps spirituel (1 Cor., 15, 44).)
Article
1 : Tous les hommes ressusciteront-ils dans le même âge ?
Objection
N°1. Il semble que tous ne ressusciteront pas dans le même âge, c’est-à-dire
dans l’âge viril. Car Dieu n’enlèvera rien aux ressuscités, surtout aux
bienheureux, de ce qui appartient à la perfection de l’homme. Or, l’âge
appartient à sa perfection, puisque la vieillesse est un âge vénérable. Les
vieillards ne ressusciteront donc pas dans l’âge de la jeunesse.
Réponse
à l’objection N°1 : On respecte l’âge de la vieillesse non à cause de l’état du
corps qui est imparfait, mais à cause de la sagesse de l’âme, qu’on présume en
elle par suite de l’expérience des années. Ainsi les élus auront les honneurs
de la vieillesse à cause de la plénitude de la sagesse divine qui existera en
eux, mais ils n’en auront pas les défauts.
Objection
N°2. L’âge se compte d’après la mesure du temps passé. Or, il est impossible
que le temps qui a été passé ne le soit pas. Il est donc impossible que ceux
qui ont été d’un âge plus avancé soient ramenés à l’âge viril.
Réponse
à l’objection N°2 : Nous ne parlons pas de l’âge quant au nombre des années,
mais quant à l’état où se trouve le corps humain après cette période. Ainsi on
dit qu’Adam fut créé dans l’âge viril à cause de la condition où se trouva son
corps dès le premier jour de sa formation. C’est pourquoi ce raisonnement ne
revient pas à notre sujet.
Objection
N°3. Ce qui a le plus appartenu à la vérité de la
nature humaine dans chaque individu ressuscitera surtout en lui. Or, une chose
semble avoir appartenu d’autant plus à la vérité de la nature humaine qu’elle a
plus primitivement existé dans l’homme ; parce qu’à la fin, à cause de
l’affaiblissement de la vertu de l’espèce, le corps humain est comparé à un vin
étendu d’eau, comme on le voit (De generat., liv. 1, text.
88). Donc si tous les hommes doivent ressusciter au même âge, il est plus
convenable qu’ils ressuscitent dans l’âge de l’enfance que dans celui de la
virilité.
Réponse
à l’objection N°3 : On dit que la vertu de l’espèce est plus parfaite dans
l’enfant que dans le jeune homme, par rapport à la puissance de convertir les
aliments en la substance du corps, comme elle est aussi plus parfaite dans le
sperme que dans l’homme fait, mais elle est plus parfaite dans les jeunes gens
par rapport au terme de leur perfection dernière. Par conséquent ce qui a le
plus appartenu à la vérité de la nature humaine sera amené à cette perfection
qu’elle a dans l’âge viril, mais non à celle qu’elle a dans l’enfance, où les
humeurs ne sont pas encore parvenues à leur dernière sécrétion.
Mais
le contraire est ce qui dit (Eph., 4, 13) : Jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’état
d’un homme parfait, à la mesure de l’âge de la plénitude du Christ. Or, le
Christ est ressuscité dans l’âge viril, qui commence vers trente ans, comme le
dit saint Augustin (De civ., liv. 22, chap. 15). Les autres
ressusciteront donc aussi à cet âge.
L’homme
ressuscitera dans la plus grande perfection de la nature. Or, la nature humaine
est dans l’état le plus parfait à l’âge viril. Donc tous les hommes
ressusciteront à cet âge.
Conclusion
Puisque la nature humaine est imparfaite dans les enfants (parce qu’ils ne sont
pas encore arrivés à la perfection dernière) et dans les vieillards, parce
qu’ils s’en sont écartés, et puisqu’il faut que l’homme ressuscite sans les imperfections
de la nature humaine ; il est convenable que tous les hommes ressuscitent dans
l’âge viril qui se trouve entre le déclin et la croissance.
Il
faut répondre que l’homme ressuscitera absolument sans les défauts de la nature
humaine, parce que, comme Dieu a créé la nature humaine sans défaut, il la
réparera de même. Or, la nature humaine est défectueuse de deux manières : ou
parce qu’elle n’a pas encore obtenu sa perfection dernière, ou parce qu’elle
s’en est écartée. Le premier défaut existe dans les enfants, le second dans les
vieillards. C’est pourquoi dans les uns et les autres la résurrection ramènera
la nature humaine à l’état de la perfection dernière qui existe dans l’âge
viril auquel s’arrête le mouvement d’accroissement et où commence le mouvement
de décroissance.
Article
2 : Tous les hommes ressusciteront-ils avec la même taille ?
Objection
N°1. Il semble que tous ressusciteront avec la même taille. Car, comme l’homme
est mesuré par la quantité de la dimension, de même il l’est par la quantité de
la durée. Or, la quantité de la durée sera la même pour tous, puisqu’ils
ressusciteront tous avec le même âge. La quantité de la dimension sera donc
aussi la même, et par conséquent ils ressusciteront tous avec la même taille.
Réponse
à l’objection N°1 : Il est évident, d’après ce que nous avons vu (art. préc.,
Réponse N°2), qu’on ne dit pas que tous les hommes ressusciteront au même âge,
comme si la même quantité de durée leur convenait à tous ; mais pour que tous
fussent dans le même état de perfection, et cet état peut exister dans une
grande comme dans une petite quantité.
Objection
N°2. Aristote dit (De an., liv. 2, text.
41) que pour toutes les choses qui existent dans la nature il y a un terme et
une règle de grandeur et d’accroissement. Or, ce terme n’existe que d’après la
vertu de la forme à laquelle doit convenir la quantité, comme tous les autres
accidents. Par conséquent, puisque tous les hommes ont la même forme
spécifique, il doit y avoir dans tous la même mesure
de quantité selon la matière, à moins qu’il n’y ait erreur. Et comme l’erreur
de la nature sera corrigée dans la résurrection, il s’ensuit que tout le monde
ressuscitera avec la même taille.
Réponse
à l’objection N°2 : La quantité de l’individu ne répond pas seulement à la
forme de l’espèce, mais encore à la nature ou à la matière de l’individu. C’est
pourquoi cette raison n’est pas concluante.
Objection
N°3. La quantité du corps ressuscité ne pourra pas être proportionnée à la
vertu naturelle qui l’a d’abord formé. Car autrement ceux qui n’ont pas pu
parvenir à une quantité plus grande par la vertu de la vertu, ne
ressusciteraient jamais dans une quantité supérieure : ce qui est faux. Il faut
donc que cette quantité soit proportionnée à la vertu qui répare le corps humain
par la résurrection et à la matière avec laquelle il est rétabli. Or, la vertu
qui répare tous les corps est numériquement la même, c’est la puissance divine
; et tous les cendres au moyen desquelles on répare les corps humains sont
également disposées à recevoir l’action de cette vertu. La résurrection de tous
les hommes aura donc pour terme la même quantité, et par conséquent, etc.
Réponse
à l’objection N°3 : La quantité du corps ressuscité n’est pas proportionnée à
la vertu qui le répare, parce que cette vertu n’est pas de la nature du corps ;
elle n’est pas non plus proportionnée aux cendres selon l’état où elles
existent avant la résurrection, mais elle est proportionnée à la nature
qu’avait primitivement l’individu. Cependant si la vertu formatrice n’a pu, à
cause d’un défaut quelconque, parvenir à la quantité voulue qui convient à
l’espèce, la vertu divine y suppléera dans la résurrection, comme on le voit
pour les mains ; et il en est de même pour ceux qui ont été d’une taille
démesurée au-delà des limites de la nature.
Mais
au contraire. La quantité naturelle est une conséquence de la nature de chaque
individu. Or, dans la résurrection la nature de l’individu ne changera pas, et
par conséquent ni sa quantité naturelle. Comme la quantité naturelle de tous
les hommes n’est pas la même, ils ne ressusciteront donc pas tous avec la même
taille.
La
résurrection rétablira la nature humaine pour être glorifiée ou punie. Or, tous
ceux qui ressusciteront n’auront pas la même quantité de gloire ou de peine. Ils
n’auront pas la même quantité du côté de la nature.
Conclusion
Les hommes ressusciteront à la taille qu’ils avaient ou qu’ils auraient eue à
l’âge viril qui est le terme de la croissance, s’il n’y avait eu aucune erreur
de la nature, et s’il y en a eu la puissance divine la redressera.
Il
faut répondre que dans la résurrection la nature humaine sera rétablie pour
être la même, non seulement quant à l’espèce, mais encore numériquement. C’est
pourquoi, dans la résurrection, il ne faut pas seulement considérer ce qui
convient à la nature de l’espèce, mais ce qui convient à la nature de
l’individu. Or, la nature de l’espèce a une quantité par rapport à laquelle
elle ne doit être ni supérieure, ni inférieure, à moins d’une erreur. Mais
cette quantité a des degrés de latitude, et on ne doit pas la considérer
d’après une seule mesure déterminée. Chaque individu dans l’espèce humaine
arrive dans les limites de cette latitude à un degré de quantité qui convient à
sa nature. Il y arrive au terme de son accroissement, si dans l’opération de sa
nature il n’y a pas eu d’erreur, à la suite de laquelle il y ait eu quelque
chose d’ajouté ou de retranché à cette quantité. Cette
mesure s’apprécie d’après la proportion de la chaleur
qui étend et de l’humide qui est susceptible d’être étendu, ce qui n’a pas la
même vertu dans tous les hommes. C’est pourquoi ils ne ressusciteront pas tous
dans la même quantité ; mais chacun ressuscitera avec la taille qu’il aurait
eue au terme de son accroissement, si la nature n’eût pas erré ou fait défaut.
La puissance divine retranchera ou ajoutera ce qu’il y aura dans l’homme en
plus ou en moins.
Article
3 : Tous les hommes seront-ils du même sexe ?
Objection
N°1. Il semble que tous les hommes seront du même sexe. Car il est dit (Eph., 4, 13) que nous nous retrouverons
tous à l’état d’homme parfait, etc.
Tous seront donc du sexe masculin.
Réponse
à l’objection N°1 : Quand il est dit que nous retrouverons tous le Christ (?) à l’état d’homme parfait, ceci ne se rapporte pas au sexe masculin
mais à la force de l’âme qui sera dans tout, à la fois les hommes et les
femmes.
Objection
N°2. Dans le monde à venir, tout prééminence cessera, comme le dit la glose (1 Cor., chap. 15, interl.
et ord., sup. illud : Cùm evacuaverit,
etc.). Or en ce moment la femme est soumise à l’homme dans l’ordre naturel. Par
conséquent les femmes ne ressusciteront pas en femmes mais en hommes.
Réponse
à l’objection N°2 : La femme est soumise à l’homme à cause de la fragilité de
la nature, en ce qui concerne la vigueur de l’âme et la force du corps. Mais
après la résurrection, la différence sur ces points ne viendra pas de la
différence de sexe, mais de la différence des mérites. D’où on ne peut
conclure.
Objection
N°3. Ce qui est occasionnel et en dehors de l’intention de nature ne
ressuscitera pas, puisque toute erreur disparaîtra à la résurrection. Or, le
sexe féminin est produit en dehors de l’intention de nature par une défaut du
pouvoir formateur du sperme, qui est incapable d’amener la matière du fœtus à
la forme de l’homme : d’où Aristote dit (De
an., liv.
16 ; De gen. anim., liv. 2, chap. 3, ad fin.) que la femme est un
homme mal engendré. Le sexe féminin ne ressuscitera donc pas.
Réponse
à l’objection N°3 : Bien qu’engendrer une femme soit en dehors de l’intention
d’une nature particulière, c’est dans l’intention d’une nature universelle, qui
a besoin de deux sexes pour la perfection de la nature humaine. Il ne résultera
pas lus de défaut lié au sexe, comme nous l’avons dit (dans le corps de
l’article et réponse précédente).
Mais
c’est le contraire. Saint Augustin dit (De
civ. Dei, liv. 22, chap. 17 in princ.) : Ceux-ci
sont plus sages, semble-t-il, qui ne doutent pas de la résurrection des deux
sexes.
Conclusion
A la résurrection, Dieu restaurera l’homme à ce qu’il était lors de sa
création. Or, il a fait la femme depuis une côte de l’homme (Gen., chap. 2). Par conséquent il peut aussi
restaurer la femme à la résurrection.
Il
faut répondre qu’en considérant la nature de l’individu, une quantité différente
est due à des hommes différents ; ainsi en considérant la nature, un sexe
différent est dû pour des hommes différents. De plus, cette même diversité
devient la perfection des espèces, ces divers degrés sont remplis par cette
différence même de sexe et de quantité. Pour cette raison, comme les hommes
ressusciteront de diverses statures, ils ressusciteront aussi de sexes
différents. Et bien qu’il y aura une différence de sexe, il n’y aura pas de
honte en voyant l’autre, puisqu’il n’y aura plus de désir sexuel pour les
inviter à des actes honteux qui sont la cause de la honte.
Article
4 : Tous les hommes ressusciteront-ils avec la vie animale ?
Objection
N°1. Il semble que tous les hommes ressusciteront avec la vie animale,
c’est-à-dire de manière à faire usage de l’acte de la puissance nutritive et
génératrice. Car notre résurrection sera conforme à la résurrection du Christ.
Or, il est dit que le Christ a mangé après sa résurrection, comme on le voit
(Jean, chap. 21 et Luc, chap. 24). Donc les hommes mangeront après leur
résurrection, et engendreront pour la même raison.
Réponse
à l’objection N°1 : La nourriture que le Christ a prisa n’a pas été nécessaire,
comme si la nature humaine avait eu besoin d’aliments après la résurrection ;
mais ce fut un acte de puissance pour montrer qu’il avait repris véritablement
la nature humaine qu’il avait eue auparavant dans cet état, quand il avait
mangé et bu avec ses disciples. Cette preuve ne sera pas nécessaire dans la
résurrection générale, parce que ce sera un fait connu de toute
le monde. C’est pourquoi on dit que le Christ a mangé par dispense, d’après
cette manière de parler qui fait dire aux jurisconsultes que la dispense est
une relaxation du droit commun (Specul. jur., liv.
1, tit. De dispensat.),
parce que le Christ a dérogé à ce qui appartient en général aux corps
ressuscités, c’est-à-dire à la faculté de ne pas manger, et cela pour le motif
que nous avons donné. C’est pour cela que cette raison n’est pas concluante.
Objection
N°2. La distinction des sexes a pour but la génération, et pareillement les
instruments qui servent à la puissance nutritive ont pour but l’alimentation.
Or, l’homme ressuscitera avec toutes ces choses. Donc il fera usage des actes
de la puissance génératrice et nutritive.
Réponse
à l’objection N°2 : La différence des sexes et la variété des membres
existeront pour rétablir la perfection de la nature humaine dans l’espèce et
l’individu. Il ne suit donc pas de là qu’elles existent en vain, quoique les
opérations animales n’aient plus lieu.
Objection
N°3. L’homme tout entier sera béatifié dans son âme et dans son corps. Or, la
béatitude ou la félicité, d’après Aristote (Eth., liv. 1, chap. 7, à med.), consiste
dans l’opération parfaite. Il faut donc que toutes les puissances de l’âme et
tous les membres existent avec leurs actes dans les bienheureux après la
résurrection ; et par conséquent, etc.
Réponse
à l’objection N°3 : Ces opérations n’appartiennent pas à l’homme, comme tel,
selon la remarque d’Aristote (Eth., liv. 10,
chap. 7 à med.). C’est pourquoi la béatitude du corps
humain ne consiste pas en elles ; mais il sera glorifié par ce qui rejaillira
sur lui de la faculté de la raison qui le rend homme, en tant qu’il lui sera
soumis.
Objection
N°4. Dans les bienheureux il y aura une joie entière et parfaite après la
résurrection. Or, cette joie renferme toutes les délectations, parce que la
béatitude, d’après Boëce (De consol.,
liv. 3, pros. 1, à princ.), est un état parfait qui
résulte de la réunion de tous les biens. Ce qui est parfait c’est ce qui ne
manque de rien. Par conséquent puisque dans l’acte de la puissance génératrice
et nutritive, il y a une grande délectation, il semble que ces actes qui
appartiennent à la vie animale existeront dans les bienheureux et, à plus forte
raison, dans les autres qui auront des corps moins spirituels.
Réponse
à l’objection N°4 : Les délectations corporelles, comme le dit Aristote (Eth., liv. 7, chap. 12 et liv. 10, chap.
5), sont médicinales parce qu’elles sont accordées à l’homme pour détruire ses
goûts, ou bien elles sont causes de maladie suivant que l’homme en use déréglément comme si elles étaient des jouissances
véritables ; comme celui qui a le goût dépravé aime des choses qui ne sont pas
agréables à celles qui sont saines. C’est pour ce motif qu’il n’est pas
nécessaire que ces délectations appartiennent à la perfection de la béatitude,
comme le supposent les Juifs et les Sarrasins et comme l’ont prétendu des
hérétiques appelés chiliastes (Ce sont les millénaires.). D’après Aristote ils
ne paraissent pas avoir une volonté saine, car suivant son sentiment il n’y a
que les délectations spirituelles qui soient absolument des délectations et
qu’on doive rechercher pour elles-mêmes. C’est pour cette raison qu’il n’y a
qu’elles qui soient requises pour la béatitude.
Mais
c’est le contraire. Il est dit (Matth., 22, 30) : Les hommes n’auront point de femmes, ni les
femmes de maris.
La
génération a pour but de subvenir aux vides que la mort fait et de multiplier
le genre humain, et on mange pour réparer ce qu’on perd et pour accroître le
développement du corps. Or, dans l’état de la résurrection, le genre humain
aura toute la multitude d’individus déterminée par Dieu, parce qu’il fera durer
la génération jusqu’à ce moment. De même tout homme ressuscitera avec le
développement qu’il doit avoir ; la mort n’existera plus, et la déperdition
dans les parties du corps n’aura plus lieu. L’acte de la puissance génératrice
et nutritive serait donc vain.
Conclusion
Puisque dans la résurrection on ne considère pas la perfection première qui
s’acquiert par la vie animale mais la perfection seconde qui a pour but
d’atteindre la fin dernière, c’est-à-dire la béatitude éternelle, il s’ensuit
que la résurrection ne doit pas avoir lieu dans la vie animale.
Il
faut répondre que la résurrection n’est pas nécessaire à l’homme à cause de sa
perfection première, qui consiste dans l’intégrité des choses qui appartiennent
à la nature ; parce que l’homme peut y parvenir dans l’état de la vie présente
par l’action des causes naturelles. Mais la résurrection est nécessaire pour
qu’il arrive à sa perfection dernière qui consiste à parvenir à sa fin. C’est
pourquoi ces opérations naturelles qui ont pour but de produire ou de conserver
la perfection première de la nature humaine, n’existeront pas dans la
résurrection. Telles sont les actions de la vie animale dans l’homme, les
actions de la nature dans les éléments et les mouvements du ciel. C’est
pourquoi toutes ces choses cesseront à la résurrection. Et comme manger, boire,
dormir et engendrer appartiennent à la vie animale, puisque ces choses ont pour
but la perfection première de la nature, il s’ensuit qu’elles n’existeront plus
dans la résurrection.
Copyleft. Traduction
de l’abbé Claude-Joseph Drioux et de JesusMarie.com qui autorise toute personne à copier et à rediffuser par
tous moyens cette traduction française. La Somme Théologique de Saint Thomas
latin-français en regard avec des notes théologiques, historiques et
philologiques, par l’abbé Drioux, chanoine honoraire de Langres, docteur en
théologie, à Paris, Librairie Ecclésiastique et Classique d’Eugène Belin, 52,
rue de Vaugirard. 1853-1856, 15 vol. in-8°. Ouvrage honoré des
encouragements du père Lacordaire o.p. Si par erreur, malgré nos vérifications,
il s’était glissé dans ce fichier des phrases non issues de la traduction de
l’abbé Drioux ou de la nouvelle traduction effectuée par JesusMarie.com, et
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