Saint Thomas d’Aquin - Somme Théologique

Supplément = 5ème partie

Question 97 : De la peine des damnés

 

          Nous devons ensuite nous occuper de ce qui se rapportera aux damnés après le jugement : 1° de leur peine et du feu qui tourmentera leur corps ; 2° de ce qui regarde leur volonté et leur intelligence ; 3° de la justice et de la miséricorde de Dieu à leur égard. Sur la première de ces considérations il y a sept questions à examiner : 1° Les damnés en enfer n’ont-ils à souffrir que la peine du feu ? (Les damnés subiront une double peine, la peine du dam et la peine du sens. La peine du dam consiste dans le regret qu’ils auront d’être privés de la vision de Dieu, et la peine du sens consiste dans les souffrances qu’ils endureront dans leurs sens, par l’ouïe, l’odorat, le tact, etc.) — 2° Le ver qui les tourmente est-il corporel ? (Cet article est une explication de ces mots de l’Evangile (Marc, 9, 43) : Où leur ver ne meurt pas et leur feu ne s’éteint pas ; ce que saint Thomas entend des remords de la conscience.) — 3° Leur gémissement est-il corporel ? — 4° Leurs ténèbres sont-elles corporelles ? — 5° Le feu qui les tourmente l’est-il aussi ? (Le sentiment que saint Thomas soutient ici n’est pas de foi ; car il n’y a rien de décidé à ce sujet ; mais il est généralement suivi par les théologiens. Voyez ce que nous avons dit plus haut, quest. 70, art. 5).) — 6° Est-il de la même espèce que la nôtre ? — 7° Ce feu est-il sous la terre ?

 

Article 1 : Les damnés dans l’enfer ne souffrent-ils que la peine du feu ?

 

          Objection N°1. Il semble que les damnés ne souffrent dans l’enfer que la peine du feu. Car quand l’Ecriture parle de leur damnation, elle ne fait mention que du feu (Matth., 25, 41) : Eloignez-vous de moi, maudits, et allez au feu éternel.

          Réponse à l’objection N°1 : Le feu étant ce qui cause le plus de douleur, parce qu’il a la plus grande puissance active ; on désigne pour ce motif toute souffrance sous le nom de feu quand elle est violente.

 

          Objection N°2. Comme la peine du purgatoire est due au péché véniel, de même la peine de l’enfer est due au péché mortel. Or, il n’est pas dit qu’il y ait dans le purgatoire autre chose que la peine du feu, comme on le voit par ces paroles (1 Cor., 3, 13) : Le feu éprouvera la valeur des œuvres de chacun. On n’éprouvera donc dans l’enfer que la peine du feu.

          Réponse à l’objection N°2 : La peine du purgatoire n’a pas pour but principal de faire souffrir, mais de purifier : c’est pour cela qu’on ne doit être soumis qu’au feu qui a la plus grande puissance de purification. La peine des damnés n’ayant pas pour but de purifier, il n’y a donc pas de parité.

 

         Objection N°3. La variété des peines produit un adoucissement, comme quand on passe du chaud au froid. Or, les damnés n’auront pas d’adoucissement. Leurs peines ne seront donc pas diverses et par conséquent ils ne souffriront que la peine du feu.

          Réponse à l’objection N°3 : Les damnés passeront de la chaleur la plus vive au froid le plus extrême sans éprouver d’adoucissement ; parce que les choses extérieures n’agiront pas sur eux en transformant leur corps à l’égard de leur ancienne disposition naturelle, de manière que l’impression contraire produise en eux un rafraîchissement en les faisant passer par un état tempéré, comme cela arrive maintenant ; mais ces effets seront produits par une action spirituelle, selon que les choses sensibles agissent sur les sens comme elles sont senties, en imprimant leurs formes dans l’organe selon l’être spirituel et non selon l’être matériel.

 

          Mais c’est le contraire qui est dit (Ps., 10, 7) : Le feu et le soufre et l’esprit des tempêtes sont la portion qui leur échue.

          Et ailleurs (Job, 24, 19) : Qu’il passe des eaux glacées à une chaleur excessive.

 

          Conclusion Comme les damnés ont commis une foule de fautes différentes, de même il est convenable qu’ils soient affligés d’une multitude de manières et pour plusieurs causes.

          Il faut répondre que d’après saint Basile (con. 14 De futuro judic., circ. med. et hom. 1 in Ps. 28 à med.) il se fera dans les éléments une séparation dans la purification dernière du monde, de telle sorte que tout ce qui est pur et noble subsistera dans le ciel pour la gloire des bienheureux ; tandis que tout ce qui est ignoble et souillé sera précipité dans l’enfer pour le tourment des damés. Ainsi comme toute créature sera une cause de joie pour les élus, de même tous les damnés trouveront une cause de tourment dans toutes les créatures, d’après ces paroles (Sag., 5, 21) : L’univers entier combattra avec lui contre les insensés. Il convient aussi à la justice divine que comme en s’écartant de Dieu par le péché on a établi sa fin dans les choses matérielles qui sont multiples et variées, on soit de même puni d’une foule de manières et par une multitude de causes.

 

Article 2 : Le ver des damnés est-il corporel ?

 

          Objection N°1. Il semble que le ver qui tourmente les damnés soit corporel. Car la chair ne peut être affligée par un ver spirituel. Or, la chair des damnés sera tourmentée par là puisqu’il est dit (Juges, 16, 21) : Il livrera leur chair au feu et aux vers ; (Ecclésiastique, 7, 19) : Le feu et le fer tourmenteront la chair des impies. Ce ver sera donc corporel.

          Réponse à l’objection N°1 : Les âmes elles-mêmes des damnés sont appelées leur chair, parce qu’elles ont été soumises à la chair. — Ou bien on peut dire que la chair sera affligée par le ver spirituel, selon que les souffrances de l’âme rejaillissent sur le corps dans cette vie et dans l’autre.

 

          Objection N°2. Saint Augustin dit (De civ. Dei, liv. 21, chap. 20, et liv. 20, chap. 22) : Ces deux choses, c’est-à-dire le feu et les vers, seront le châtiment de leur chair. Donc, etc.

          Réponse à l’objection N°2 : Saint Augustin parle par comparaison. Car il ne veut pas dire absolument que ce ver est matériel, mais qu’on devrait dire que le feu et le ver s’entendent matériellement plutôt que de n’entendre l’un et l’autre que spirituellement ; parce que dans ce cas les damnés ne souffriraient aucune peine corporelle, comme on le voit quand on examine le contexte.

 

          Mais le contraire est ce que dit le même docteur (De civ. Dei, liv. 20, chap. 22) : Le feu qui ne s’éteint jamais et le ver qui ne meurt pas pour le châtiment des méchants sont entendus par les différents auteurs de différentes manières. Les uns ont rapporté l’un et l’autre au corps, les autres à l’âme ; d’autres disent que le feu se rapporte au corps dans le sens propre et que le ver se rapporte à l’âme métaphoriquement ; ce qui paraît être plus croyable.

 

          Conclusion Puisqu’après le jour du jugement il ne doit plus y avoir d’autre corps mixte que le corps humain, le ver qu’on assigne aux damnés ne sera pas un ver matériel, mais ce ver spirituel qu’on nomme le remords de la conscience.

          Il faut répondre qu’après le jour du jugement il n’y aura plus dans le monde renouvelé ni animal, ni corps mixte, à l’exception du corps de l’homme ; parce que ces choses se rapportent nullement à l’incorruptibilité, et qu’il ne doit plus y avoir après ce temps ni génération, ni corruption. Par conséquent ce qu’on attribue aux damnés ne doit pas s’entendre d’un ver corporel, mais du ver spirituel qui est le remords de la conscience auquel on donne ce nom parce qu’il est produit par la pourriture du péché et qui afflige l’âme, comme le ver corporel qui naît de la pourriture tourmente en rongeant.

 

Article 3 : Les pleurs que répandront les damnés seront-ils corporels ?

 

          Objection N°1. Il semble que les pleurs que répandront les damnés seront corporels. Car une glose dit (ord. super illud : Ibi erit fletus, Luc, chap. 13) que par le pleurs dont Dieu menace les réprouvés, on peut prouver que la résurrection des corps sera véritable ; ce qui ne serait pas, si ces pleurs n’étaient que spirituels.

 

          Objection N°2. La tristesse qui existe dans la peine répond à la délectation qui a existé dans la faute, d’après ces paroles (Apoc., 18, 7) : Multipliez ses tourments et ses douleurs à proportion de ce qu’elle s’est glorifiée et de ce qu’elle a été dans les délices. Or, les pécheurs ont trouvé une délectation intérieure et extérieure dans leur faute. Ils répandront donc aussi des pleurs extérieurs.

 

          Mais au contraire. Les pleurs corporels existent quand on verse des larmes. Or, les corps des damnés ne peuvent pas en verser perpétuellement ; puisque rien n’est réparé en eux par la nourriture, et que tout ce qui est fini s’épuise, si l’on retranche continuellement quelque chose. Les damnés ne verseront donc pas des pleurs corporels.

 

          Conclusion Il n’y aura pas de pleurs dans les damnés en raison de ce qu’ils verseront des larmes ; mais il pourra y avoir en eux des pleurs corporels en raison de la commotion et du trouble de la tête et des yeux.

          Il faut répondre qu’on trouve deux choses dans les pleurs corporels. L’une est effusion de larmes ; et sous ce rapport il ne peut pas y avoir de pleurs corporels dans les damnés, parce qu’après le jour du jugement, lorsque le mouvement du premier mobile aura cessé, il n’y aura plus ni génération, ni corruption, ni altération corporelle ; et pour qu’on verse des larmes il faut qu’il y ait génération de cette humeur que la glande lacrymale distille. De cette manière, il ne pourra donc pas y avoir de pleurs corporels dans les damnés. L’autre chose qui se trouve dans les pleurs corporels, c’est une douleur et une commotion de la tête et des yeux. A cet égard les pleurs pourront exister dans les damnés après la résurrection. Car leurs ne seront pas seulement affligés extérieurement, mais ils le seront encore intérieurement, selon que le corps est impressionné en bien ou en mal d’après ce que l’âme éprouve. Sous ce rapport les pleurs des damnés indiquent la résurrection de la chair et répondent à la délectation de la faute qui a existé dans l’âme et dans le corps.

          La réponse aux objections est par là même évidente.

 

Article 4 : Les damnés seront-ils dans des ténèbres corporelles ?

 

          Objection N°1. Il semble que les damnés ne seront pas dans des ténèbres corporelles. Car sur ces paroles (Job, chap. 10 : Sed sempiternus horror inhabitat) saint Grégoire dit (Mor., liv. 9, chap. 39) : Quoique ce feu ne brille pas pour les consoler, cependant il brille sous un rapport pour les tourmenter davantage. Car les réprouvés doivent voit à la lueur de cette flamme ceux qu’ils ont entraînés du monde avec eux. Il n’y aura donc pas là de ténèbres corporelles.

 

          Objection N°2. Les damnés voient leur peine ; car cette vue sert à l’augmenter. Or, on ne voit rien sans lumière. Il n’y a donc pas là de ténèbres corporelles.

 

          Objection N°3. Les damnés auront la faculté de voir après avoir repris leur corps. Or, cette faculté existerait en vain, s’ils ne voyaient rien. Donc, puisqu’on ne peut voir que dans la lumière, il semble qu’ils ne soient pas absolument dans les ténèbres.

          Mais il y a de contraire ce qui est dit (Matth., 22, 13) : Lui ayant lié les mains et les pieds, jetez-le dans les ténèbres extérieures. Sur ces paroles, saint Grégoire dit (Mor., liv. 9, chap. 38) : Si ce feu était lumineux, on ne dirait pas de le jeter dans les ténèbres extérieures.

          Sur ces paroles (Ps. 28, 7 : La voix du Seigneur fait jaillir des flammes de feu.) saint Basile dit (hom. 1 in hunc Psalm. à med. et conc. 14, De fut. judicio, circ. med.) : Que par la puissance de Dieu, la clarté du feu sera séparée de la propriété qu’il a de brûler, de telle sorte que sa clarté servira à la joie des bienheureux, et sa vertu combustive sera employée au tourment des damnés. Les damnés seront donc dans des ténèbres corporelles ; quant aux autres choses qui se rapportent à leur supplice, elles ont été d’ailleurs déterminées (quest. 86).

 

          Conclusion Pour que l’enfer soit disposé convenablement pour le supplice des damnés, il y aura des ténèbres corporelles, mais avec une certaine lumière pour que les damnés voient les choses qui peuvent tourmenter leur âme.

          Il faut répondre que l’enfer sera disposé de manière qu’il convienne parfaitement à l’état malheureux des damnés. Il y aura donc pour ce motif de la lumière et des ténèbres, mais de manière qu’elles se rapportent principalement à leur misère extrême. A la vérité la vue est agréable par elle-même. Car, comme le dit Aristote (Met., in princ.), le sens de la vue est celui que nous aimons le mieux, parce que c’est par lui que nous connaissons le plus de choses. Mais par accident il arrive que l’acte de la vue est pénible quand nous voyons des choses qui nous sont nuisibles ou qui répugnent à notre volonté. C’est pourquoi dans l’enfer le lieu doit être disposé de telle sorte par rapport à la lumière et aux ténèbres qu’on n’y voie rien sous un jour éclatant ; mais qu’on voie seulement dans l’ombre ce qui peut causer de la douleur au cœur. Par conséquent, absolument parlant, ce lieu est ténébreux. Cependant Dieu y fait pénétrer autant de lumière qu’il en faut pour voir ce qui peut tourmenter l’âme. Sa situation naturelle est suffisante à cet égard, parce qu’au milieu de la terre où se trouve l’enfer, il ne peut y avoir qu’un feu sombre, obscur, et pour ainsi dire tout rempli de fumée. — Il y en a qui donnent pour cause de ces ténèbres l’entassement des corps des damnés qui, en raison de leur multitude, rempliront tellement le lieu de l’enfer, qu’il n’y restera plus d’air ; et par conséquent il n’y aura plus rien de diaphane qui puisse être le sujet de la lumière et des ténèbres, si ce n’est les yeux des damnés qui auront été obscurcis.

          La réponse aux objections est par là évidente.

 

Article 5 : Le feu de l’enfer sera-t-il corporel ?

 

          Objection N°1. Il semble que le feu de l’enfer qui tourmentera les corps des damnés ne sera pas corporel. Car saint Jean Damascène dit (Orth. fid., liv. 4, in fin.) : On livrera le diable et les démons et son homme, c’est-à-dire l’antechrist, avec les impies et les pécheurs au feu éternel, qui n’est pas un feu matériel comme le nôtre, mais un feu tel que Dieu le connaît. Or, tout ce qui est corporel est matériel. Le feu de l’enfer ne sera donc pas corporel.

          Réponse à l’objection N°1 : Saint Jean Damascène ne nie pas absolument que ce feu soit matériel, mais qu’il n’est pas matériel tel que celui qui est maintenant parmi nous, parce qu’il s’en distingue par certaines propriétés. — Ou bien il faut dire que comme ce feu n’altère pas matériellement les corps, mais qu’il agit sur eux par une action spirituelle pour leur punition, on dit pour ce motif qu’il n’est pas matériel, non quant à sa substance, mais quant à l’effet de la punition qu’il produit dans les corps et beaucoup moins encore par rapport à celui qu’il produit dans les âmes.

 

          Objection N°2. Les âmes des damnés, une fois qu’elles sont séparées du corps, sont précipitées dans le feu de l’enfer. Or, saint Augustin dit (Sup. Gen., liv. 12, chap. 32) : Je pense qu’il est spirituel et non corporel, le lieu où les âmes sont envoyées après leurs morts. Donc, etc.

          Réponse à l’objection N°2 : Ce passage de saint Augustin peut s’entendre de cette manière, c’est qu’il dit seulement que ce lieu où les âmes sont reléguées après la mort n’est pas corporel, parce que l’âme n’y existe pas corporellement, comme les corps existent dans un lieu, mais qu’elle y existe d’une manière spirituelle, comme les anges existent dans un lieu. — Ou bien il faut dire que saint Augustin parle là en exprimant une opinion et non en donnant une décision, comme il le fait souvent dans cet ouvrage.

 

          Objection N°3. Le feu corporel, dans sa manière d’agir, ne suit pas la nature de la faute dans les choses qu’il dévore, mais il suit plutôt la nature de l’humide et du sec ; car nous voyons que le même feu corporel afflige le juste et l’impie. Or, le feu de l’enfer dans le mode de son affliction ou de son action suit la nature de la faute dans celui qu’il punit. D’où saint Grégoire dit (Dial., liv. 4, chap. 63) : Le feu de la géhenne est un, mais il ne tourmente pas tous les pécheurs de la même manière. Car chacun endurera autant de souffrances que sa faute le demande. Donc ce feu n’est pas corporel.

          Réponse à l’objection N°3 : Ce feu sera l’instrument de la justice divine qui punit. Or, un instrument n’agit pas seulement par sa vertu propre et selon le mode qui lui est propre, mais encore par la vertu de l’agent principal et selon qu’il est réglé par lui. Ainsi quoique le feu n’ait pas d’après sa vertu propre la faculté de tourmenter les individus plus ou moins selon la nature de leurs fautes ; cependant il a cette propriété selon que son action est modifiée d’après l’ordre de la justice divine ; comme le feu d’une fournaise est réglé dans son action par l’industrie de l’ouvrier, suivant ce qui convient à ce que son art veut produire.

 

          Mais ce qu’il y a de contraire, c’est ce qui est dit (Dial., liv. 4, chap. 29 ad fin.) : Je ne doute pas qu’il ne soit corporel le feu de la géhenne, dans lequel il est certain que les corps sont tourmentés.

          Il est dit (Sag., 5, 21) : L’univers combattra contre les insensés. Or, l’univers entier ne combattrait pas contre les insensés, s’ils étaient seulement punis d’une peine spirituelle et non d’une peine corporelle. Ils seront donc punis par un feu corporel.

 

          Conclusion Puisque le corps ne peut subir qu’une peine corporelle, le feu de l’enfer sera corporel, surtout puisqu’on dit que les réprouvés doivent y être précipités après la résurrection.

          Il faut répondre qu’au sujet du feu de l’enfer il y a eu beaucoup d’opinions différentes. Car il y a des philosophes, comme Avicenne, qui ne croyant pas à la résurrection ont pensé qu’après la mort, l’âme seule était punie. Et comme il ne leur paraissait pas convenable que l’âme fut punie par le feu corporel, puisqu’elle est incorporelle, ils ont nié que le feu par lequel les méchants sont punis fût corporel, voulant entendre métaphoriquement tout ce que l’on dit des peines que les âmes doivent endurer après la mort de la part des choses matérielles. Car comme la délectation et la joie des âmes des justes ne consisteront pas dans une chose matérielle, mais uniquement dans une chose spirituelle, c’est-à-dire dans la possession de leur fin ; de même l’affliction des méchants ne sera que spirituelle, et elle consistera en ce qu’ils s’attristeront d’être séparés de la fin dont ils ont le désir naturel. Par conséquent comme on doit entendre métaphoriquement toutes les choses qu’on dit de la délectation des âmes après leur mort et qui paraissent appartenir aux jouissances du corps (comme quand on dit qu’elles sont rafraîchies ou qu’elles rient) ; de même on doit entendre de la sorte toute ce que l’on dit de leur affliction et tout ce qui paraît indiquer une punition corporelle ; comme quand on dit qu’elles brûlent dans le feu, ou qu’elles seront tourmentées par des odeurs fétides. Car la joie et la tristesse spirituelles étant inconnues à la multitude, il faut qu’elles soient exprimées en figure par les jouissances et les tristesses corporelles, afin que les hommes soient plus vivement portés à les désirer ou à les craindre. Mais parce que dans la peine des damnés il n’y aura pas seulement la peine du dam qui répond à l’aversion qui a existé dans la faute, mais encore la peine du sens qui répond à la conversion (La conversion par laquelle on se tourne vers les créatures et l’aversion par laquelle on se détourne de Dieu.), il en résulte qu’il ne suffit pas d’admettre ce mode de punition. — C’est pourquoi Avicenne lui-même (Met., tract. 9, chap. 7) en ajoute un autre en disant que les âmes des méchants ne sont pas punies après la mort par des corps, mais par les images des corps ; comme en songe il semble à l’homme qu’il soit tourmenté par des peines diverses à cause de ces images qui lui restent dans l’imagination. Et saint Augustin paraît aussi admettre ce mode de punition (Sup. Gen. ad litt., liv. 12, chap. 32), comme on le voit manifestement. Mais il semble que cette opinion ne soit pas convenable. Car l’imagination est une puissance qui fait usage d’un organe corporel. Il ne peut donc pas se faire que ces visions imaginaires se fassent dans l’âme séparée du corps comme dans l’âme de celui qui sommeille. Aussi, pour éviter cet inconvénient, Avicenne a dit que les âmes séparées du corps se servaient, pour leur tenir lieu d’organe, d’une partie du corps céleste, à laquelle le corps humain doit être conforme pour être perfectionné par l’âme raisonnable qui ressemble aux moteurs du corps céleste, ayant suivi en cela d’une certaine manière l’opinion des anciens philosophes, qui ont prétendu que toutes les âmes retournaient vers les étoiles. Mais cette supposition est tout à fait absurde, d’après la doctrine d’Aristote. Car l’âme se sert d’un organe corporel déterminé, comme l’art fait usage d’instruments particuliers. Elle ne peut donc pas passer d’un corps dans un autre, selon la supposition de Pythagore, comme le remarque Aristote (De an., liv. 1, text. 53). Nous dirons plus loin (Réponse N°2) ce qu’il faut répondre au passage de saint Augustin. — Mais quoiqu’il en soit du feu qui tourmente les âmes séparées, à l’égard du feu qui tourmentera les corps des damnés après la résurrection il faut dire qu’il est corporel ; parce qu’une peine ne peut être convenablement appliquée au corps qu’autant qu’elle est corporelle. C’est pour cela que saint Grégoire (Dial., liv. 4, chap. 29) prouve que le feu de l’enfer est corporel par là même que les réprouvés y seront précipités après la résurrection. Saint Augustin (De civ. Dei, liv. 21, chap. 10), comme on le voit dans le Maître des sentences (4, dist. 44), avoue aussi ouvertement que le feu qui tourmentera les corps est corporel. Telle est la question que nous avons ici à traiter. Quant à la manière dont les âmes des damnés seront punies par ce feu corporel, nous l’avons dit ailleurs (quest. 70, art. 3).

 

Article 6 : Le feu de l’enfer est-il de la même espèce que le nôtre ?

 

          Objection N°1. Il semble que ce feu ne soit pas de même espèce que le feu corporel que nous voyons. Car saint Augustin dit (De civ. Dei, liv. 20, chap. 16), et on lit dans le Maître des sentences (4, dist. 44) : Je pense qu’aucun homme ne peut savoir de quelle nature est le feu éternel, sinon à celui à qui l’Esprit de Dieu l’a montré. Or, tous ou presque tous connaissent la nature de notre feu corporel. Donc ce feu n’est pas de même espèce ou de même nature que lui.

          Réponse à l’objection N°1 : Saint Augustin s’exprime ainsi quant à ce qu’il y a de matériel dans le feu, mais non quant à sa nature.

 

          Objection N°2. Saint Grégoire (Moral., liv. 15, chap. 17) expliquant ce passage de Job (20, 26) : Il sera dévoré par un feu que personne n’allume, dit : Le feu corporel a besoin d’aliments corporels pour pouvoir exister ; il ne peut exister qu’autant qu’il est embrasé et il ne peut subsister qu’autant qu’il est alimenté. Mais au contraire le feu de la géhenne, quoiqu’il soit corporel et qu’il brûle corporellement les réprouvés qu’on y jette, n’est pas embrasé par les efforts de l’homme, ni nourri par le bois, mais ayant été créé une fois il reste inextinguible, et il n’a pas besoin d’être embrasé et il ne manque point d’ardeur. Il n’est donc pas de même nature que celui que nous voyons.

          Réponse à l’objection N°2 : Un feu est alimenté par le bois et embrasé par l’homme, parce qu’il existe artificiellement et qu’il est introduit violemment dans une matière étrangère. Mais le feu de l’enfer n’a pas besoin de bois qui l’alimente ; parce que ou il existe dans sa propre matière, ou il existe dans une matière étrangère non par violence, mais naturellement en vertu d’un principe intrinsèque. Il n’a donc pas été allumé par l’homme, mais par Dieu qui est l’auteur de cette nature, et c’est ce qui fait dire au prophète (Is., 30, 33) : Le souffle du Seigneur est comme un torrent de soufre qui l’embrase.

 

          Objection N°3. Ce qui est éternel et ce qui est corruptible ne sont pas des choses de même nature, puisqu’elles ne sont pas du même genre, d’après Aristote (Met., liv. 10, text. ult.). Or, le feu terrestre est corruptible tandis que l’autre est éternel (Matth., 25, 41) : Eloignez-vous de moi, maudits, et allez au feu éternel. Ils ne sont donc pas de même nature.

          Réponse à l’objection N°3 : Comme les corps des damnés seront de la même espèce que maintenant, quoiqu’ils soient actuellement corruptibles, tandis qu’ils seront alors incorruptibles d’après l’ordre de la justice divine et à cause de la cessation du mouvement du ciel ; ainsi il en est du feu de l’enfer qui servira à punir ces corps.

 

         Objection N°4. Il est de la nature de notre feu d’être brillant. Or, le feu de l’enfer ne brille pas. D’où il est dit (Job, 18, 5) : La lumière de l’impie ne s’éteindra-t-elle pas ? Donc, etc.

          Réponse à l’objection N°4 : Il ne convient pas au feu d’être brillant selon un de ses modes d’existence, car celui qui existe dans sa matière propre ne brille pas. Ainsi il ne brille pas dans sa sphère propre d’après les philosophes. De même le feu qui existe dans une matière étrangère ne brille pas non plus, comme quand il est dans une matière terrestre opaque telle que le soufre ; et il en est encore de même quand sa clarté est obscurcie par une épaisse fumée. Par conséquent de ce que le feu de l’enfer ne brille pas, ce n’est pas un argument suffisant pour en conclure qu’il n’est pas de la même espèce.

 

          Mais au contraire. D’après Aristote (Top., liv. 1, chap. 6), toute eau est identique en espèce à toute autre eau. Donc pour la même raison tout feu est identique en espèce à tout autre feu.

          Il est dit (Sag., 11, 17) : On est tourmenté par les choses au moyen desquelles on a péché. Or, les hommes pèchent au moyen des choses sensibles de ce monde. Il est donc juste qu’ils soient punis par elles.

 

          Conclusion Comme les corps des damnés seront de la même espèce que maintenant, de même le feu qui tourmente les damnés dans l’enfer est de la même espèce que le feu qui est sur cette terre, quoiqu’il ait des propriétés différentes.

          Il faut répondre que le feu a les autres corps pour matière, parce qu’il est de tous les éléments celui qui agit avec la plus grande vertu, comme le dit Aristote (Meteor., liv. 4, chap. 1). Le feu se trouve de deux manières : dans sa matière propre, selon qu’il existe dans sa sphère, et dans une manière étrangère, telle que la matière terrestre, comme on le voit dans le charbon, ou telle que la substance de l’air, comme on le voit dans la flamme. Or, de quelque manière que le feu se trouve, il est toujours le même dans l’espèce, quant à ce qui appartient à sa nature, mais il peut y avoir diversité dans son espèce quant aux corps qui en sont la matière. Ainsi la flamme et le charbon diffèrent d’espèce, et il en est de même du bois embrasé et du fer embrasé ; et il est indifférent sous ce rapport qu’ils aient été embrasés par la violence, comme on le voit dans le fer, ou qu’ils l’aient été d’après un principe naturel intrinsèque, comme cela arrive pour le soufre. Il est donc évident que le feu de l’enfer, relativement à ce qu’il a de la nature du feu, est de même espèce que le nôtre. Mais nous ne savons pas si ce feu existe dans sa propre matière, où s’il existe dans une matière étrangère et dans quelle matière. Sous ce rapport il peut n’être pas de même espèce que le nôtre, matériellement considéré. Toutefois il a des propriétés qui diffèrent de celles de notre feu. ; par exemple il n’a pas besoin d’être excité ni alimenté par le bois. Mais ces différences ne prouvent pas une diversité d’espèce par rapport à ce qui appartient à la nature du feu.

 

Article 7 : Le feu de l’enfer est-il sous terre ?

 

          Objection N°1. Il semble que ce feu ne soit pas sou terre. Car il est dit de l’homme damné (Job, 18, 18) que Dieu le transportera hors du globe. Donc le feu qui tourmentera les damnés n’est pas sous terre, mais hors de l’univers.

          Réponse à l’objection N°1 : Cette parole de Job : Dieu le transportera hors du globe, doit s’entendre du globe terrestre, c’est-à-dire de ce monde. Et c’est ainsi que l’entend saint Grégoire (Mor., liv. 14, chap. 11) quand il dit : Car il est transporté hors du globe, lorsqu’à l’apparition du juge suprême, il est enlevé de ce monde où il s’est glorifié d’une manière perverse. On ne doit pas supposer que le globe signifie en cet endroit l’univers, comme si le lieu des peines était en dehors de l’univers entier.

 

          Objection N°2. Rien de ce qui est violent et accidentel ne peut être éternel. Il n’y aura donc là rien par violence, mais tout existera naturellement. Or, sous la terre le feu ne peut exister que par violence. Donc le feu de l’enfer n’est pas sous terre.

          Réponse à l’objection N°2 : Le feu est conservé éternellement dans ce lieu d’après l’ordre de la justice divine ; quoique un élément ne puisse pas durer éternellement selon sa nature hors de son lieu, surtout pendant que l’état de la génération et de la corruption subsiste. Mais le feu aura en cet endroit la plus grande force, parce que sa chaleur sera réunie de toutes parts, à cause du froid de la terre qui l’environne de tous les côtés.

 

          Objection N°3. Le feu de l’enfer tourmentera tous les corps des damnés après le jour du jugement. Or, ces corps rempliront un lieu. Et puisque la multitude des damnés doit être très grande, parce que le nombre des insensés est infini (Ecclésiaste, 1, 15), il faut un très grand espace pour contenir ce feu. Cependant il ne paraît pas convenable de dire qu’il y a dans l’intérieur de la terre une aussi grande cavité ; puisque les parties de la terre se portent naturellement vers le centre. Ce feu ne sera donc pas sous terre.

          Réponse à l’objection N°3 : L’enfer aura toujours assez d’étendue pour recevoir les corps des damnés ; car l’enfer est compté (Prov., chap. 30) parmi les trois choses qu’on ne peut remplir. Il ne répugne pas non plus que la puissance divine ait réservé dans les entrailles de la terre une cavité si grande qu’elle puisse recevoir les corps de tous les damnés.

 

          Objection N°4. Il est dit (Sag., 11, 17) : On est tourmenté au moyen des choses par lesquelles on pèche. Or, les méchants ont péché sur la terre. Donc le feu qui les punit ne doit pas être sous la terre.

          Réponse à l’objection N°4 : Ces paroles : On est tourmenté par les choses au moyen desquelles on pèche ne s’appliquent nécessairement qu’aux principaux instruments du péché. Car, comme l’homme pèche dans son âme et dans son corps il sera puni dans l’un et l’autre. Mais il n’est pas nécessaire qu’on soit puni dans le même lieu qu’on a péché ; puisque le lieu que doivent occuper les damnés n’est pas le même que celui que doivent occuper les hommes à l’état d’épreuve. — Ou bien il faut dire que ces paroles s’entendent des peines que l’homme subit en cette vie ; selon que toute faute a sa peine qui lui est annexée, dans le sens que tout esprit déréglé est à lui-même sa peine, comme le dit saint Augustin (Confess., liv. 1, chap. 12 in fin.).

 

          Mais ce qu’il y a de contraire c’est ce qu’il est dit (Is., 14, 9) : L’enfer qui est sous nos pas a été troublé et il a été envoyé à ta rencontre. Donc le feu de l’enfer est sous nous.

          Saint Grégoire dit (Dial., liv. 4, chap. 42) : Je ne vois rien qui s’oppose à ce que l’on croie que l’enfer est sous la terre.

          Sur ces paroles (Jonas, chap. 2 : Vous m’avez jeté au cœur de la mer) la glose dit : c’est-à-dire dans l’enfer, et pour l’enfer l’Evangile dit (Matth., 12, 40) : au cœur de la terre ; car comme on dit que le cœur est au milieu de l’animal, de même on dit que l’enfer est au milieu de la terre.

 

          Conclusion Quoique personne ne connaisse où est l’enfer à moins de l’avoir appris de l’Esprit-Saint, cependant pour que les âmes qui ont péché par amour de la chair reçoivent ce qu’on a coutume de faire à la chair après qu’elle est morte, il est convenable de croire qu’il est sous terre.

          Il faut répondre que comme le dit saint Augustin (De civ. Dei, liv. 15, chap. 16 à princ.) et comme on le voit (Sent. 4, dist. 44) je pense que personne ne sait en quelle partie du monde est l’enfer, à moins que l’Esprit de Dieu ne le lui ait révélé. C’est pourquoi saint Grégoire interrogé sur cette question (Dial., liv. 4, chap. 42) répond : Je n’ose rien définir témérairement à ce sujet. Car il y en a qui ont pensé que l’enfer était dans une partie de la terre, tandis que d’autres croient qu’il est sous la terre. Et il montre par deux raisons que cette dernière opinion est la plus probable : 1° d’après la nature même du nom en disant : si nous l’appelons enfer (infernum) parce qu’il occupe la partie inférieure (inferius jacet), il doit être à la terre ce que la terre est au ciel ; 2° d’après ce passage (Apoc., 5, 3) : Personne ne pouvait ni dans le ciel, ni sur la terre, ni sous la terre ouvrir le livre où le mot dans le ciel se rapporte aux anges, sur la terre se rapporte aux hommes qui vivent actuellement, et le mot sous la terre se rapporte aux âmes qui sont dans l’enfer. Saint Augustin paraît aussi indiquer deux raisons (Sup. Gen. ad litt., liv. 12, chap. 34) pour lesquelles il serait convenable que l’enfer fût sous terre. L’une c’est que les âmes des morts ayant péché par amour de la chair, il est convenable qu’elles aient le sort qui est ordinairement réservé à la chair après la mort, c’est-à-dire qu’on les enfouisse sous terre. L’autre c’est que ce que la gravité est aux corps, la tristesse l’est aux esprits et la joie est dans le même rapport que la légèreté. Par conséquent comme en suivant la loi de la gravité tous les corps les plus lourds sont les plus bas, de même tout ce qu’il y a de plus triste selon l’esprit doit être ce qu’il y a de plus inférieur ; et comme le ciel empyrée est le lieu qui convient à la joie des élus, de même le lieu le plus infime de la terre est celui qui convient à la tristesse des damnés. On ne doit pas faire attention à ce que dit saint Augustin (ibid. et chap. 33 à princ.) quand il observe qu’on dit ou qu’on croit que les enfers sont sous la terre ; parce que dans son livre des Rétractations (liv. 2, chap. 29) il se rétracte en disant : Il me semble que j’ai dû dire que les enfers sont sous terre plutôt que de rendre compte pourquoi on dit ou l’on croit qu’ils sont là. Cependant il y a des philosophes qui ont prétendu que le lieu de l’enfer était sous le globe terrestre, mais à la surface de la partie de la terre qui nous est opposée. Ce sentiment paraît avoir été celui de saint Isidore quand il a dit (hab. in glos. ord. sup. illud Is., chap. 60 : Non erit tibi amplius) que le soleil et la lune s’arrêteront dans l’ordre où ils ont été créés, dans la crainte que les impies livrés aux supplices ne jouissent de leur lumière. Cette raison serait nulle, si l’on disait que l’enfer est au-dedans de la terre. On a vu clairement (quest. 91, art. 2) comment ces paroles pouvaient s’entendre. Pythagore a placé le lieu des peines dans une sphère de feu qu’il a supposée au milieu de tout l’univers, et il a appelé cette région la prison de Jupiter, comme Aristote le rapporte (De cælo et mundo, liv. 2, text. 73). Mais l’opinion qui s’accorde le mieux avec ce que dit l’Ecriture, c’est celle qui soutient qu’il est sous la terre.

 

Copyleft. Traduction de l’abbé Claude-Joseph Drioux et de JesusMarie.com qui autorise toute personne à copier et à rediffuser par tous moyens cette traduction française. La Somme Théologique de Saint Thomas latin-français en regard avec des notes théologiques, historiques et philologiques, par l’abbé Drioux, chanoine honoraire de Langres, docteur en théologie, à Paris, Librairie Ecclésiastique et Classique d’Eugène Belin, 52, rue de Vaugirard. 1853-1856, 15 vol. in-8°. Ouvrage honoré des encouragements du père Lacordaire o.p. Si par erreur, malgré nos vérifications, il s’était glissé dans ce fichier des phrases non issues de la traduction de l’abbé Drioux ou de la nouvelle traduction effectuée par JesusMarie.com, et relevant du droit d’auteur, merci de nous en informer immédiatement, avec l’email figurant sur la page d’accueil de JesusMarie.com, pour que nous puissions les retirer. JesusMarie.com accorde la plus grande importance au respect de la propriété littéraire et au respect de la loi en général. Aucune évangélisation catholique ne peut être surnaturellement féconde sans respect de la morale catholique et des lois justes.