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Tertullien
père de l'église
De l'Ornement des Femmes


LIVRE PREMIER.
 

I. Si la foi des hommes sur la terre était en proportion de la récompense qui leur est promise dans le ciel, aucune de vous, très-chères sœurs, depuis le moment où elle aurait connu le Dieu vivant, et compris sa condition , c'est-à-dire la condition de la femme, aucune ne chercherait à se parer, je ne dis pas de vêtements de luxe, mais seulements d'habits de fête.Ne devrait-elle pas même affecter plutôt une sorte de négligence , comme pour montrer, en sa personne , Eve pleurant de repentir ; et pour expier par l'humilité de sa tenue extérieure, ce qu'elle a hérité d'Eve à un si haut degré, c'est-à-dire la honte du premier péché, et tout l'odieux de la perte du genre humain. Femme, tu enfanteras dans les douleurs et les angoisses, tu seras sans cesse attirée vers ton mari, et il te dominera 1. Et tu ne veux pas reconnaître Eve en toi ?

La sentence de Dieu sur ce sexe vit encore de nos jours. Eh bien, oui, qu'elle vive ; il faut que ce crime demeure comme un opprobre éternel. 0 femme ! tu es la porte par où le démon est entré dans le monde ; tu as découvert l'arbre la première ; tu as enfreint la loi divine; c'est toi qui as séduit celui que le démon n'eut pas le courage d'attaquer en face ; tu as brisé sans efforts l'homme. cette image de Dieu; c'est enfin pour effacer la peine que |147 tu as encourue, c'est-à-dire la mort, que le fils de Dieu lui-même dut mourir ; et tu songes encore à charger d'ornements tes tuniques de peau ! Vois donc si, à l'origine des choses, les Milésiens tondaient leurs troupeaux, si les Sères filaient leurs arbres, si les Tyriens variaient les couleurs, si les Phrygiens brodaient, si les Babyloniens tissaient, si les perles brillaient, si la céraunie étincelait ; si l'or lui-même avait été tiré de la terre pour assouvir la cupidité; si alors on pouvait tromper par l'art de la toilette. Mais c'est là ce qui enflamma les désirs d'Eve, chassée du paradis, et déjà morte.

Elle ne doit donc plus, si elle veut renaître à une nouvelle vie, ni désirer ni connaître les choses qu'elle n'avait point et ne connaissait point tant qu'elle vécut. Aussi tout cet attirail de la femme condamnée à la mort, ne fut trouvé que pour orner la pompe de ses funérailles.

II. Ceux en effet qui ont imaginé ses superfluités ont été condamnés à mourir ; ce sont ces anges qui se précipitèrent du ciel sur les filles des hommes, afin que la femme supportât encore cette infamie de plus. Car ayant indiqué à un siècle encore grossier, des matières jusque là si bien cachées et la plupart des arts alors à peine connus, puisqu'ils avaient divulgué le secret des métaux, enseigné les vertus des herbes , révélé le pouvoir de la magie, et qu'ils avaient même entraîné la curiosité humaine jusqu'à l'interprétation des astres, ils apportèrent aux femmes, en même temps et comme à dessein, tous ces moyens de briller dont elles sont avides : le feu des pierreries pour briller sur les colliers, les cercles d'or pour entourer le bras, les préparations de rouge pour teindre la laine, et même cette poudre noire dont elles se servent pour se peindre un prolongement aux yeux.

Ces objets, quels qu'ils soient, ne peuvent jamais de l'aveu même de leurs prôneurs de tout rang et de toute condition, ni enseigner la justice aux pécheurs, ni la chasteté aux débauchés, ni la crainte de Dieu à ceux qui l'ont perdue, et ne donneront pas assurément ni aux uns ni aux autres les moyens d'y parvenir. S'il s'agit de |148 donner des préceptes , ces mauvais maîtres ne doivent apprendre que de mauvaises choses; si elles sont le prix de la passion, comment des actions honteuses peuvent-elles avoir quelque chose de bon pour récompense ? Pourquoi donc était-il nécessaire de montrer et de donner tant d'ornements aux femmes ? n'auraient-elles pas pu plaire aux hommes sans l'éclat de ces parures et sans ces industrieux artifices de beauté, elles qui, sans art encore, sans affectation, et pour ainsi dire, aussi incultes qu'inexpérimentées, ont fait tomber des anges. Mais si ces amoureux qui attirent une femme dans leurs pièges ne lui donnent en retour aucun présent, ne leur reprochera-t-on pas leur avarice sordide, et ne sera-t-il pas honteux pour eux de jouir ainsi d'un plaisir qui ne leur coûtera rien ? Or est-ce ainsi qu'il faut juger ! Que pouvaient désirer encore celles qui possédaient des anges ? Car elles avaient fait payer cher ces alliances.

En effet, eux qui de temps en temps durent songer au point d'où ils étaient descendus, et, après les premiers moments de volupté passés, soupirer après le ciel ; pour récompenser dignement ce qui fit leur bonheur; et à la fois tout leur mal, cette beauté naturelle des femmes, ils ne les ont point fait participer à leur félicité , mais au contraire ils cherchent à les détacher de leur simplicité et de leur sincérité pour les entraîner avec eux dans leur révolte contre Dieu ; car ils étaient assurés que toute gloire , que toute ambition, que tout désir de plaire par la chair, déplaît à Dieu. Ce sont donc là les anges que nous devons juger, ce sont là ceux auxquels nous renonçons dans le baptême ; c'est pour cela donc qu'ils ont mérité d'être soumis au jugement des hommes. Qu'y a-t-il donc entre leurs affaires et leurs juges ! Quels rapports peut-il y avoir entre ceux qui condamneront et ceux qui doivent être condamnés? Les mêmes, je pense, qu'entre Jésus et Bélial. De quel front monterons-nous donc sur le tribunal, pour nous prononcer contre ceux dont nous attendons des présents ? Or en vous promettant une nature semblable à celles des anges, un sexe |149 égal à celui des hommes , on vous fait espérer le même honneur de les juger. Si donc nous ne les jugeons pas d'avance, en condamnant en eux les œuvres que nous serons obligés de condamner plus tard, ce sont eux qui les premiers nous jugeront et nous condamneront.

III. Je sais que le livre d'Enoch, qui classe ainsi les anges, n'est pas reçu de tout le monde, parce qu'il n'est pas admis dans le canon des Juifs. Ils n'ont pas pensé que cet écrit rédigé avant le déluge ait pu échapper à cette catastrophe qui détruisit tout ce qu'il y avait sur la terre. Si c'est là leur raison, qu'ils se souviennent que l'arrière petit fils de ce même Enoch fut Noë qui survécut au déluge, et qui autant par ses ancê'tres que par une tradition héréditaire avait eu connaissance et avait gardé le souvenir de la piété de ,son aïeul envers Dieu, et de tous ses enseignements ; puisque Enoch ne recommanda pas autre chose à son fils Mathusalem , que d'en faire passer la mémoire à la postérité.

Noë put donc sans aucun doute avoir succédé à ses ancêtres dans ce ministère de prédication. D'ailleurs sans avoir été précisément élevé à cette dignité, il n'a jamais tenu cachés îes admirables desseins de Dieu qui l'avait délivré, ni même la gloire de ses ancêtres. Qu'il n'ait pu posséder le livre en son entier, l'autorité de ce livre n'en est pas affaiblie pour cela. Il aurait péri dans la violence du déluge ; mais Noë n'a-t-il pas pu le recomposer de mémoire , de la même façon que plus tard après la prise et la ruine de Jérusalem par les Babyloniens, il est constant que tout l'ensemble des livres juifs fut recomposé par Esdras.

Mais bien qu'Enoch dans cet écrit n'ait guère parlé que de Dieu, il ne faut pas pour cela en rejeter ce qui se rapporte à nous. Or nous lisons que toute écriture qui peut porter à l'édification est une œuvre inspirée 2.

Si les Juifs le rejettent, c'est qu'ils l'enveloppent dans le même anathême qui enveloppe à leurs yeux tout ce qui |150 peut se rapporter en quelque façon au Christ. Il n'est pas étonnant en effet qu'ils repoussent quelques pages qui parlent de lui, puisqu'ils devaient le repousser également lui-même quand il parlerait devant eux : ajoutez cependant que Enoch est cité par l'apôtre Jude.

IV. Ne flétrissons donc pas encore le luxe des femmes, et ne jugeons point par avance quelle doit être la fin de ses auteurs ; n'accusons point les anges, ni sur leur abandon du ciel, ni sur leurs unions charnelles avec les femmes : examinons les choses de plus près ; tâchons de les bien apprécier, et nous reconnaîtrons bientôt les traces des désirs déréglés de celles-ci.

L'habillement des femmes se compose de deux choses : la toilette et le soin. La toilette c'est ce qu'on appelle communément l'attirail ou le monde de leurs parures ; le soin, c'en est à proprement parler l'immonde. D'un côté l'or, l'argent, les pierreries et les vêtements, d'un autre le soin de la chevelure, de la peau et de toutes les parties du corps qui se cachent aux yeux. Dans le premier cas, c'est le désir de briller, dans le second celui de se livrer. Entre ces deux écueils , vois de quel côté tu inclines, ô servante de Dieu ! toi qui es astreinte à deux vertus si opposées, c'est-à-dire l'humilité et la chasteté.

V. Il faut bien que l'or et l'argent existent, mais ces deux princes de la matière auxquels le monde a voué un culte, d'où viennent-ils? Sans doute la terre doit en être fière; car ces métaux maudits qui ne devaient servir qu'à des usages barbares, et pour punir les crimes, elles les a transformés dans ses entrailles de feu ; et c'est de là que ces instruments de torture sont devenus des ornements : destinés aux supplices, ils sont devenus un objet de luxe, et dédaignés jusque-là, ils ont été ensuite recherchés du monde entier. Mais le fer et l'airain et les plus vils métaux ont pourtant une origine semblable. N'est-ce point la terre en effet qui les a tous produits ? ne sont-ils pas l'effet d'une même opération ? aussi aux yeux de la nature, on ne voit pas comment la substance de l'or ou de l'argent serait plus noble que toute autre. |151

Si c'est à l'usage qu'on en fait que ces deux métaux doivent l'estime dont ils jouissent, combien plus ne pourrait-on pas estimer le fer et l'airain, dont l'emploi est si fréquent que non-seulement ils servent à l'homme dans ce qui leur est propre, pour ses besoins les plus nécessaires, mais que c'est avec leur aide qu'on arrive à faire servir l'or et l'argent à ses caprices. N'est-ce point avec le fer qu'on travaille les bagues? La plupart des vases destinés à manger ou à boire ont toujours été d'airain, l'antiquité nous l'atteste, et nous le faisons encore de nos jours. Voyez donc, foule aveugle, si l'on emploie l'or dans l'usage le plus commun. Est-ce à l'aide de l'or qu'on prépare la terre ? Est-ce avec l'argent qu'on assure la solidité d'un navire? Le hoyau a-t-il jamais fait pénétrer au fond de la terre une semence d'or, a-t-on jamais cloué une table avec des clous d'argent? Je ne parle pas de la nécessité indispensable du fer et de l'airain. D'ailleurs les plus riches productions minérales ne peuvent être mises en œuvre sans le secours de ces deux métaux, parce que leur dureté seule peut résister aux travaux dont a on besoin pour extraire les autres métaux du sein de la terre, ou pour les façonner sur l'enclume. Cherchez donc maintenant d'où peut venir le grand cas qu'on fait de l'or et de l'argent, et pourquoi l'on préfère ces deux métaux à d'autres qui ont avec eux une origine commune, et dont l'utilité est sans contredit infiniment plus grande.

VI. Mais ces petites pierres aussi, qui se font estimer autant que l'or, qu'en dirai-je? si ce n'est que ce sont de petites pierres et de petits cailloux, poussière de la même terre, et qui ne servent cependant ni à établir des fondations , ni à construire des murailles ni à couvrir le faîte ou le toit des maisons. Elles ont pu autrefois exciter l'admiration des femmes, parce qu'il faut beaucoup de temps pour les polir et les faire briller de toute leur beauté. On les monte avec art pour leur donner tout leur éclat ; on les perce avec un soin laborieux pour les suspendre : on mêle leurs séductions à celles de l'or.

Qu'on vienne à pêcher un certain genre de |152 coquillage dans la mer britannique ou indienne, on ne saurait y trouver, je ne dis pas le goût du murex ou de l'huître, mais celui même de la palourde ; on-n'en doit pas moins avouer que tous ces coquillages sont l'un comme l'autre des fruits de la mer. Or que dans cette coquille s'élève une grosseur, ce sera plutôt, il me semble, un défaut qu'une beauté; et quoiqu'on donne à cette excroissance le nom de perle, ce n'en est pas moins réellement une sorte de verrue dure et ronde. On dit aussi qu'il se trouve des pierres précieuses dans le front des dragons, comme on trouve une espèce de pierre dans la cervelle des poissons. Il ne manquait donc plus à une chrétienne, que de tirer ses ornements d'un serpent. Est-ce ainsi qu'elle foulera aux pieds la tête du démon, en cherchant dans la tête du reptile une parure pour sa propre tête ?

Ce qui donne un tel prix à toutes ces substances, c'est qu'elles sont rares, et qu'on les tire des pays étrangers ; car dans les lieux mêmes où elles se trouvent, elles sont loin de jouir d'une si grande faveur. L'abondance avilit : chez certains peuples barbares qui ont chez eux des mines d'or abondantes, c'est avec des chaînes d'or qu'ils attachent leurs captifs dans les ergastules 3 ils chargent de richesses ceux qu'ils ne peuvent dompter ; et plus on les juge coupables, plus on les enrichit : il se trouve ainsi des circonstances où l'or est beaucoup moins envié.

Nous avons vu de même à Rome la noblesse des pierres précieuses pâlir étrangement, sous les yeux mêmes des femmes, devant le dédain des Parthes, des Mèdes et des autres barbares qui les accompagnaient; car pour eux ce n'est guère un objet d'ostentation.. Ils portent des émeraudes à peu près cachées dans leurs bracelets et dans |153 leurs colliers ; leur épée seule connaît les pierres précieuses qui leur servent de fourreau : la seule distinction qu'ils accordent aux perles, c'est de les porter dans de petits sacs. Enfin ils n'ornent de pierreries que les objets qui ne devraient point en être ornés, puisqu'ils ne se voient point ; et que s'ils se voient, ce n'est que pour témoigner du peu de cas qu'on a fait de ces richesses,

VII. De même l'éclat des couleurs dans les habits est abandonné à leurs esclaves, et les murailles que vous transformez à grands frais par des enduits de pourpre et d'hyacinthe, que vous dissimulez sous des tentures toutes royales, ils les surchargent de peintures. La pourpre est pour eux moins précieuse que le vermillon.

Et d'ailleurs, pour les habits, comment peut-on trouver juste l'honneur qui ressort d'un mélange injuste et adultère des couleurs ? Ce que Dieu n'a pas produit ne saurait lui plaire ; à moins que ce ne soit par impuissance qu'il n'ait pas fait naître les brebis couleur de pourpre, ou de toute autre couleur. S'il a pu le faire et ne l'a point fait, c'est donc qu'il ne l'a point voulu : or ce que Dieu n'a pas voulu , est-il donc permis de le faire? Dans la nature, on ne peut regarder comme parfaites les choses qui ne viennent pas de Dieu, auteur de la nature : il faut les regarder comme venant du diable, le corrupteur de la nature. Ces choses en effet ne peuvent venir d'un autre, si elles ne viennent pas de Dieu. Car ce qui n'est pas de Dieu est de son ennemi, et il n'y a que le démon, avec ses anges, qui soit l'ennemi de Dieu.

Au reste, si les objets matériels sont de Dieu, ce n'est pas à dire pour cela que tout ce qu'on en peut faire soit de Dieu également. En effet, toutes ces voluptés profanes des spectacles du monde, dont nous avons parlé dans un traité spécial, et l'idolâtrie elle-même, ne se soutiennent-elles pas à l'aide des créations divines ? cependant le chrétien ne doit admettre ni les fureurs du cirque, ni les férocités de l'arène, ni les infamies de la scène, sous le prétexte que les chevaux, les panthères et la voix de 1'homme sont l'œuvre de Dieu ; il ne doit pas se livrer |154 impunément à l'idolâtrie, parce que c'est Dieu qui a créé l'encens, le vin, le feu qu'on entretient, les animaux qu'on immole comme victimes, et la matière même qu'on adore Ainsi pour ce qui touche l'emploi qu'on fait de la matière créée, toute appréciation qui s'éloigne des vues de Dieu, accuse des intentions étrangères à celles de Dieu, et coupables, puisqu'elles ne recherchent qu'une gloire mondaine.

VIII. Mais comme chacune des productions de la nature a été distribuée par Dieu dans un pays, dans un coin de terre particulier, elles sont toutes étrangères l'une à l'autre, rares pour les contrées où elles ne naissent point ; et pour celles qui les prodiguent, qu'elles y soient recherchées ou négligées, elles n'y jouissentjamais d'une estime excessive ; elles sont trop répandues.

Mais puisque c'est de la distribution de ces productions diverses, faite comme Dieu l'a voulu, que vient cette rareté et cette étrangeté qui trouve toujours grâce devant les hommes de tous les pays, ce n'est que parce qu'on n'a pas l'objet que Dieu a placé ailleurs qu'on désire plus ardemment l'avoir. Ce premier mal en entraîne un plus grand, le désir d'avoir d'une manière exagérée : pourtant, en admettant qu'on puisse avoir, encore faudrait-il admettre une certaine mesure. C'est là l'ambition, dont le nom même signifie ce désir de l'âme qui brigue (ambit) la gloire et les distinctions ; désir immense, qui n'est excité ni par la nature, comme nous l'avons dit, ni par la vérité, mais par une passion dépravée qui enflamme les appétits aveugles de l'âme, et développe à l'excès ce besoin de faste et d'orgueil; de sorte qu'on n'exalte le mérite de ces objets que pour exalter en soi-même l'empressement qu'on met à les posséder : et le désir s'augmente en raison du prix qu'on donne au sujet de ce désir. Aussi de petites parties du corps sont ornées avec tant de profusion qu'il s'y engloutit des richesses immenses, un seul fil vaut jusqu'à dix sesterces 4, une tête frêle porte |155 la valeur de plusieurs îles et forêts, le lobe si mince des oreilles envahit tout le livre des dépenses, et la main gauche porte, comme en se jouant, un sac d'argent à chaque doigt. Voilà ce que peut faire le désir de briller, et c'est le faible corps d'une femme qui arrive à porter sans peine tous ces trésors à la fois.
 

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1. 1 Gen., 3.

2. 1 2 Tim., iii, 16.

3. 1 L'ergastule (e1rgon, ouvrage) était une sorte de prison souterraine où l'on enfermait, pour les faire travailler deforce, les esclaves et les prisonniers de guerre. Chaque maison riche avait le sien. Ces ateliers livrés à la direction brutale de quelques esclaves favorisés contenaient des caveaux où l'on isolait ceux dont la violence et les coups ne pouvaient rien obtenir Ils y étaient enchaînés par les pieds et les mains, de façon à ne pouvoir se tenir ni debout ni assis.

4. 1 Le sesterce romain était une petite monnaie d'argent qui valait envion 20 centimes.
 

LIVRE II.
 

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I. Illustres servantes du Dieu vivant, et mes très-chères sœurs en Jésus-Christ, souffrez qu'en qualité de votre confrère, quelque indigne que je sois de ce glorieux titre, je vous adresse cette courte instruction, non par un sentiment de vanité, mais par le seul motif de la charité qui m'intéresse à l'affaire de votre salut. Or cette affaire, à quoi nous devons tous également travailler, consiste principalement à donner des preuves irréprochables d'une pureté entière. Comme nous sommes tous le temple de Dieu par la consécration que le Saint-Esprit en a faite dans notre baptême, il faut que la pureté soit, pour ainsi parler, le portier et le gardien de ce temple, afin qu'elle n'y laisse entrer rien d'immonde, rien de profane; de crainte que le Seigneur, qui l'habite, voyant sa demeure souillée, ne vienne à l'abandonner avec indignation. Mon dessein néanmoins n'est pas aujourd'hui de vous faire voir la nécessité de la pureté, les préceptes divins sont assez formels là dessus. Je me contente de vous expliquer un des devoirs importants qui regardent cette vertu, c'est-à-dire la manière dont vous devez régler votre extérieur ; car plusieurs d'entre vous (qu'il me soit permis de vous faire ce reproche, bien que moi-même je sois le plus répréhensible de tous les hommes), plusieurs d'entre vous, dis-je, s'abusant, ou par une ignorance affectée, ou par une dissimulation audacieuse, se comportent au dehors avec aussi peu de retenue que si la pureté consistait dans le seul éloignement des plaisirs charnels. Comme si l'extérieur, je veux dire la parure et les |157 ornements du corps, était une chose tout à fait indifférente.

Elles conservent ainsi tout le soin qu'elles prenaient autrefois de cultiver leur beauté et leur bonne grâce ; en sorte qu'on ne saurait remarquer presque nulle différence entre elles et les femmes païennes, auxquelles le caractère de la véritable pudeur est malheureusement inconnu. Je dis que ces infidèles ne savent ce que c'est que la véritable pudeur, parce que dès qu'on ignore Dieu, maître et dépositaire de toute vérité, on ne peut suivre que les voies de l'erreur et du mensonge. En effet, quand on pourrait croire qu'il y a de la chasteté parmi les païennes, leur vertu est néanmoins si imparfaite et si défectueuse que, quelque chastes qu'elles soient peut-être dans l'âme, il paraît trop de dissolution dans le luxe de leurs habits. Telle est leur vanité : or c'est se procurer une partie du plaisir quand on ne peut l'avoir tout entier. Combien en trouverez-vous enfin, parmi celles-là mêmes qui affectent de ne plaire qu'à leurs maris, qui ne prennent un soin particulier d'orner et d'embellir leurs corps pour attirer les regards des étrangers, quelque semblant qu'elles fassent de n'avoir en cela aucune mauvaise intention ? Disons mieux : il est assez ordinaire à ces chastes païennes de ne pas oser à la vérité commettre le crime, mais d'en avoir néanmoins le désir; ou, si elles n'ont pas actuellement ce désir formel, au moins de ne se faire aucune violence pour le prévenir. Faut-il en être surpris ? Tout ce qui ne vient pas de Dieu ne saurait être que déréglé. Ces personnes, ne pouvant obtenir un bien parfait, gâtent le peu même qu'elles possèdent par le mélange du mal qui s'y trouve.

II. Pour vous, mes très-chères sœurs, vous devez vous distinguer d'elles autant clans vos habits que vous vous en distinguez dans tout le reste, parce que vous devez être parfaites comme votre Père céleste est parfait 1. Or cette perfectionne veux dire cette pureté chrétienne, doit non-seulement ne pas vous faire désirer d'être aimées |158 mais encore vous faire haïr et détester tout ce qui peut allumer quelque dangereux amour dans les autres. En premier lieu, parce que ce désir de plaire par des grâces artificielles ne peut venir que d'un cœur gâté et corrompu. On sait combien ces grâces et ces parures servent d'amorce pour attirer au plaisir défendu. Pourquoi donc travaillez-vous à allumer ces flammes dangereuses? Pourquoi invitez-vous à un plaisir que vous faites profession de regarder comme illicite? En second lieu, parce que nous ne devons pas frayer le chemin aux tentations, qui deviennent souvent victorieuses à force d'attaques, ou qui du moins troublent furieusement la paix de l'âme. Ah ! Seigneur, préservez-nous d'un si funeste écueil. Nous devons paraître avec un extérieur si modeste, si réglé, si chrétien, que notre conscience n'ait aucun reproche à nous faire : désirant de persévérer toujours en cet heureux état, mais prenant garde à ne pas trop présumer de nous-mêmes ; car en présumant de ses propres forces, on appréhende moins, on se précautionne moins, on s'expose plus. La crainte est le fondement du salut; et la présomption est opposée à la crainte. Il est donc avantageux de nous défier de notre vertu : cette défiance nous fera craindre ; la crainte nous rendra plus circonspects, et la circonspection nous mettra en état d'éviter le danger. Au contraire si nous comptons sur nous-mêmes, soit en ne craignant point, ou en ne considérant pas assez le péril, il nous sera très-difficile de ne pas tomber. Celui qui marche avec trop de sécurité, ne prenant garde à rien, ne sera jamais bien affermi. Mais celui qui est attentif à tout, qui appréhende tout, se met en état d'être tranquille et assuré. Plaise au Seigneur que ses serviteurs éprouvent les effets de sa protection, et qu'ils puissent toujours se glorifier en lui des grâces dont il les favorise !

Pourquoi travaillons-nous donc à faire périr nos frères? Pourquoi, par ces embellissements affectés, portons-nous le feu de la convoitise dans leur cœur ? Si la loi nouvelle du Seigneur punit également le désir et l'action |159 déshonnête, pensez-vous que celui qui aura causé la perte des autres demeure sans punition 2 ? Or sachez que vous faites périr votre frère, lorsque, exposant votre beauté à ses yeux, vous lui faites naître des désirs impudiques : il a déjà commis en son âme ce qu'il a criminellement désiré, et vous devenez, pour ainsi parler, l'épée dont il se tue. D'ailleurs, quand il n'y aurait de votre part aucune faute positive, vous n'êtes pas pour cela excusables. Ainsi lorsqu'il s'est commis un meurtre dans une maison, quoique le maître du logis n'en soit pas coupable, son inattention ne laisse pas d'être exposée aux rigueurs de la justice, dès là que l'action criminelle s'est passée chez lui. Ornez-vous donc maintenant, embellissez soigneusement votre corps, afin que vos frères périssent en vous voyant. Mais que deviendra ce divin précepte : « Vous aimerez votre prochain comme vous-même3 ? » Hélas ! si vous avez peu de soin de votre salut, ne ruinez pas du moins le salut des autres. Ne croyez pas que le Saint-Esprit se soit expliqué de la sorte par rapport seulement à certains devoirs de charité en particulier : il a parlé par rapport à toutes les occasions où nous pouvons être utiles au prochain. Puisqu'il est donc vrai que notre bien spirituel et celui des autres est en péril par le soin qu'on prend d'augmenter des attraits déjà trop dangereux par eux-mêmes, soyez persuadées que vous ne devez pas seulement rejeter cet appareil d'ornements, au moyen desquels la passion commence de s'allumer; mais que vous devez encore laisser diminuer ou effacer l'éclat de votre beauté naturelle, par une espèce de négligence qui ait Dieu pour principe. De cette sorte vous arrêterez les écarts dangereux que les yeux ont accoutumé de faire. Car bien qu'il ne faille pas condamner absolument la beauté, en tant qu'elle est un avantage du corps, un ornement de l'ouvrage de Dieu, et un voile honorable de notre âme, cependant le tort que nous pouvons causer à ceux qui nous voient doit nous faire appréhender les |160 mêmes effets que la beauté de Sara fit craindre autrefois à Abraham 4. Ce père des croyants fut obligé de cacher sa femme sous le nom de sœur, afin de la délivrer de l'insulte des Égyptiens.

III. D'ailleurs, que la beauté ne soit point à craindre; qu'elle ne soit ni dangereuse pour les personnes en qui elle est, ni funeste à ceux qui vivent avec nous ; qu'elle n'expose à aucune tentation, ou qu'elle ne cause aucun sujet de scandale et de chute : ne suffit-il pas qu'elle ne soit point nécessaire aux vierges de Jésus-Christ? Dès qu'on est chrétiennement chaste, on n'a quefaire de beauté temporelle, puisque, à proprement parler, elle n'a pour usage et pour fruit que l'impudicité. Je ne vois pas qu'on en doive juger autrement, laissons donc le soin de rehausser les grâces qui sont en nous, ou d'acquérir celles que nous n'avons pas, laissons, dis-je, un semblable soin à ces femmes insensées qui croient travailler pour elles-mêmes en cultivant leur beauté, lorsqu'elles travaillent pour les autres. Quoi ! demandera quelqu'un, quand même on serait chaste, serait-on criminel pour entretenir sa beauté? N'est-il point permis de tirer avantage des ornements du corps, et de goûter le plaisir d'être bien fait? Je laisse la chose à examiner à celui qui veut tirer son mérite des prérogatives de sa chair. Pour nous, nous devons mépriser ce fol avantage qui est le caractère d'une âme vaine : or la vanité ne convient nullement à ceux qui font profession de l'humilité chrétienne. D'ailleurs si toute gloire est vaine et inutile, combien plus le sera celle qu'on tire d'un faible ornement du corps ? Fidèles disciples de Jésus-Christ, c'est à vous seulement que je parle. S'il est permis de se glorifier de quelque chose, c'est uniquement des biens spirituels; les belles qualités du corps doivent nous toucher peu, parce que nous ne devons penser qu'à embellir notre âme. Npus ne devons nous réjouir que des choses qui touchent notre salut. Notre gloire est le mérite de nos bonnes œuvres. |161

A la bonne heure, néanmoins qu'un chrétien se glorifie de sa chair ; mais d'une chair macérée par la pénitence et endurcie, pour ainsi parler, à de saintes austérités, afin que la chair ainsi mortifiée fasse triompher l'esprit, bien loin de l'avilir en attirant sur elle les regards et les soupirs de quelque jeune homme insensé. Ainsi convaincues, mes très-chères sœurs, que la beauté vous est entièrement mutile, mettez-vous peu en peine de ne la pas avoir, ou négligez-la saintement si vous l'avez. Une femme chrétienne peut naturellement être bien faite; mais sa beauté ne doit pas être un sujet de scandale. Si cela arrivait, elle devrait non-seulement ne pas rechercher la vue des hommes, mais même éviter avec soin de se faire connaître d'eux.

IV. Voulez-vous que je vous parle moins chrétiennement, et que je vous donne les mêmes avis que je me contenterais de donner à des femmes païennes! Soyez persuadées que vous ne devez tâcher de plaire qu'à vos maris. Or vous leur plairez autant que vous aurez soin de déplaire aux autres. Ne craignez rien, une femme ne paraît point laide à son époux : elle lui plut assez, lorsque les qualités du corps ou de l'âme la lui firent choisir pour épouse. Ne croyez donc pas qu'en méprisant les parures et les ornements vous attiriez la haine ou l'indifférence de vos maris : un mari, quel qu'il soit, exige de sa femme une chasteté inviolable plus que toute autre chose. Un chrétien ne doit pas faire attention à la beauté, parce que les avantages qui flattent les gentils doivent nous toucher fort peu. Un infidèle regarde même cette beauté comme une chose suspecte et dangereuse. Pour qui voulez-vous donc embellir votre visage? Le chrétien ne demande pas cela de vous, et l'infidèle s'en défie. Pourquoi tant d'application à rechercher des ornements qui excitent et le mépris de celui-là et les soupçons de celui-ci? N'est-ce pas perdre votre travail?

V. Ce que je viens de dire n'est pas pour vous inspirer des manières rustiques et dégoûtantes, ou pour vous conseiller de la malpropreté dans votre personne. Mon |162 dessein est seulement de vous remontrer jusqu'à quel point et suivant quelles lois vous pouvez prendre soin de votre corps, en sorte que la pudeur n'y soit pas intéressée. Il ne faut point aller au delà de ce qu'exigent une modeste bienséance et une honnête propreté. Il faut commencer par plaire au Seigneur. Ce qui l'offense grièvement, c'est l'extravagante attention qu'ont plusieurs femmes à user de cent sortes d'ingrédients pour rendre leur peau blanche et unie,pour farder leur visage, pour colorer leurs joues avec du vermillon, pour noircir leurs yeux avec de la suie. Sans doute que l'ouvrage de Dieu leur déplaît ; elles y trouvent à redire ; elles condamnent la sagesse du souverain Créateur de toutes choses ; car c'est véritablement le condamner que de corriger, que de retoucher ce qu'il a fait. Mais qui leur apprend à en user de la sorte? Hélas ! c'est l'ennemi de Dieu, c'est le démon qui les instruit ! En effet, quel autre pourrait montrer à défigurer le corps, sinon celui dont la malice a su transformer l'esprit de l'homme? C'est lui, n'en doutons point, c'est lui-même qui est l'inventeur de tous ces coupables artifices, afin que dans nous il puisse en quelque sorte déclarer la guerre à Dieu même. Ce que nous recevons en naissant est l'œuvre de Dieu : par conséquent ce que l'on y ajoute est l'œuvre du démon. Or, employer le secours de Satan pour réformer l'ouvrage de Dieu, quelle audace, quelle témérité ! Nos esclaves n'osent rien emprunter de nos ennemis; nos soldats ne demandent rien aux généraux du parti contraire : ils se font un crime de recourir à l'adversaire de celui de qui ils dépendent. Et les chrétiens auront recours à leur plus dangereux ennemi, c'est-à-dire à l'esprit malin ! Que dis-je, les chrétiens? peuvent-ils être appelés de ce glorieux nom après une telle infidélité? Ils doivent plutôt être nommés les disciples de celui dont ils aiment à suivre la doctrine.

A ces traits, mes chères sœurs, reconnaissez combien il est indigne du nom de chrétien et contraire à la religion que vous professez de prendre un agrément artificiel, pendant qu'on vous ordonne une sainte simplicité en |163 toute votre conduite; de déguiser votre visage, pendant qu'on vous défend de déguiser aucun de vos sentiments; de désirer ce que la Providence n'a pas voulu vous accorder, pendant qu'on vous commande de ne rien souhaiter du bien d'autrui; de travailler à relever vos attraits, pendant qu'on exige de vous une chasteté parfaite. Dites-moi, je vous prie, comment observerez-vous ce qu'il y a de plus difficile dans la loi si vous ne gardez pas même ce qu'il y de plus doux et de plus léger?

VI. J'en vois quelques-unes de vous tout occupées à enduire incessamment leurs cheveux pour leur donner une couleur blonde. Elles rougissent presque de leur patrie; elles sont fâchées de n'avoir pas pris naissance dans les Gaules ou dans la Germanie. Elles tâchent de se dédommager en transportant à leur chevelure ce que la nature a donné à ces nations. Triste présage que cette brillante chevelure ! vaine et triste beauté qui se termine enfin en laideur! En effet, sans parler des autres inconvénients, n'est-il pas vrai que par l'usage de ces parfums on perd insensiblement les cheveux? N'est-il pas vrai que le cerveau même est ordinairement affaibli par ces humeurs étrangères qui le gâtent à la fin, et par l'excessive ardeur du soleil, auquel vous prenez plaisir d'enflammer et de sécher votre tête ? Peut-on aimer des ornements qui produisent de si funestes effets? Faut-il appeler beau ce qui n'est qu'un composé de choses si peu convenables ?

Une femme chrétienne fait de sa tête une espèce d'autel où elle répand avec profusion des parfums. Car n'est-ce pas une sorte de sacrifice que ce qu'on fait brûler en l'honneur de l'esprit immonde? Au lieu d'employer ces matières aux usages pieux, utiles et nécessaires, à quoi Dieu a destiné chaque créature. D'un autre côté que dit Jésus-Christ ? Qui de vous peut faire d'un cheveu blanc un cheveu noir, ou d'un noir en faire un blanc 5 ? Ce sont les femmes qui osent démentir Dieu. Voyez, disent-elles, |164 comment, d'une chevelure blanche ou noire, nous en faisons une blonde pour avoir meilleure grâce. Il vient néanmoins un temps où elles n'omettent rien pour changer leurs cheveux blancs en noirs, lorsque, parvenues à une fatale vieillesse, elles sont désolées d'avoir trop vécu. Quelle incongruité ! On rougit d'un âge où l'on a ardemment désiré de parvenir. On se plaint d'une perte à quoi l'on devait s'attendre longtemps auparavant. On soupire après une jeunesse qui s'est passée dans le crime. On voudrait rappeler les occasions des plaisirs illégitimes. A Dieu ne plaise qu'une telle folie entre jamais dans l'esprit d'une personne chrétienne ! Plus on s'efforce de cacher sa vieillesse, plus elle se découvre. Voulez-vous ne vieillir jamais? conservez votre innocence baptismale. C'est cette beauté incorruptible que nous devons avoir soin d'entretenir jusqu'à ce que nous arrivions au ciel, où nous trouverons le prix de notre innocence. Vous travaillez sans doute à vous approcher, et à sortir au plus tôt de ce monde malheureux, vous qui regardez comme une difformité insupportable de toucher de près votre fin.

VII. Que sert à votre salut ce soin fatigant que vous prenez d'orner votre tête ? Quoi, vous ne sauriez laisser vos cheveux en repos ! Tantôt vous les frisez, tantôt vous les défrisez ; tantôt vous les rehaussez , tantôt vous les abaissez , aujourd'hui vous les tressez, demain vous les laissez flotter avec une négligence affectée ; et quelquefois vous vous chargez d'un tas énorme de cheveux empruntés, que vous accommodez tantôt en forme de bonnet pour y emprisonner votre tête, tantôt en forme de pyramide pour montrer votre cou à découvert. Quelle prodigieuse bizarrerie de vouloir contrarier le commandement exprès du Seigneur! Personne, dit Jésus-Christ, ne peut rien ajouter à sa taille6. Et vous y voulez ajouter quelque chose, en accumulant sur votre tête des touffes de cheveux chargés d'ornements, comme le milieu d'un bouclier. Si vous ne rougissez pas du poids de ce fardeau, rougissez du moins |165 de son indignité. Ne mettez pas sur une tête sanctifiée par le baptême les dépouilles de quelque misérable, mort dans ses débauches, ou de quelque scélérat condamné à ex-pirer sur l'échafaud. Une tête libre doit bannir la servitude de toutes ces gênantes parures. En vain vous cherchez à paraître magnifiquement ornées; en vain vous employez les gens les plus habiles dans l'art d'accommoder les cheveux : Dieu veut que vous soyez voilées, pourquoi ? sans doute afin qu'on ne voie pas la tête de certaines femmes 7.

Plût à Dieu qu'au grand jour du triomphe des chrétiens il me fût permis, tout misérable que je suis, d'élever ma tête jusqu'à votre fière hauteur, pour apercevoir si vous ressusciterez avec votre fard, avec votre vermillon, avec vos parfums, avec vos superbes chevelures, et si les anges vous présenteront à Jésus-Christ avec ces parures mondaines et ces embellissements fastueux ! Il est hors de doute que si Dieu ne désapprouve pas aujourd'hui ce luxe, vous le retrouverez au jour du jugement dernier, et que vos corps brilleront de l'éclat des mêmes ornements dont vous faites gloire de les parer en ce monde. Mais le corps et l'âme ressusciteront alors dépouillés de toute parure étangère. Ce qui assurément ne ressuscitera pas avec l'âme et avec le corps doit être réprouvé, parce qu'il ne vient point de Dieu. Rejetez donc dès maintenant ce que vous serez alors contraintes d'abhorrer : que le Seigneur vous voie aujourd'hui telles qu'il vous verra en ce dernier jour.

VIII. Il est aisé à un homme, me direz-vous et surtout à un homme peu complaisant pour le sexe, de condamner dans les femmes ce qui peut les rendre agréables. Mais quoi ! est-ce que je ne désapprouve pas aussi dans notre sexe certaines vanités peu conformes à la gravité de la religion? car les hommes n'ont pas moins de passion de plaire aux femmes que les femmes en ont de plaire aux hommes. C'est dans les uns et dans les |166 autres un vice que la nature leur a donné. Ainsi les hommes ont aussi leurs industries pour embellir leur personne par des beautés étudiées. Ils aiment à se faire raser, à arracher les poils de la barbe ; à friser, à agencer industrieusement leurs cheveux ; à cacher les marques de leur vieillesse et le désagrément de leurs cheveux blancs ; à donner à leur corps un air de jeunesse; à se farder même comme les femmes ; à polir délicatement leur peau avec une poudre singulière, à consulter incessamment leur miroir; quelque appréhension qu'il aient de le trouver trop fidèle : comme si la connaissance du vrai Dieu, qui nous interdit tout désir de plaire, en nous interdisant toute impureté , ne suffisait pas pour nous faire rejeter ces choses comme inutiles et contraires à la pudeur ; car où Dieu réside , là se trouve aussi la pudeur avec cette sainte gravité qui l'accompagne. Comment donc ferons-nous triompher la pureté sans ses armes, c'est-à-dire sans la modestie et la gravité? Mais aussi comment ferons-nous servir cette gravité à la pudeur, s'il ne se répand une honnête sévérité sur notre visage, sur nos habits, et sur toute notre personne ?

IX. Ainsi devez-vous, par rapport même à votre habillement et à l'embarras de parures dont vous vous chargez , couper, retrancher, bannir ce luxe immodéré qui vous est superflu, car que servira-t-il qu'on admire sur votre visage les marques d'un chrétien pieux, humble , simple, modeste, conformément aux règles de l'Évangile, si vous étalez sur le reste de votre extérieur un faste vain et une mollesse indécente ? Il est aisé de comprendre combien ce luxe est contraire à la pureté chrétienne, et fraie le chemin aux plus grands désordres. Comment cela? En prostituant, pour ainsi dire, les grâces de la beauté par la mollesse des habits. Ce qui est si vrai que sans le secours de ce luxe on regarde un visage bien fait comme une beauté peu touchante, désagréable , dépourvue de ses charmes ; comme une beauté qui a fait divorce avec les grâces. Au contraire la beauté naturelle manque, on emploie le blanc et |167 je rouge avec les autres secours de la vanité pour y suppléer. Enfin on voit que les personnes mêmes qui sont parvenues à un âge de tranquillité, et qui sont entrées dans le port de la modestie, sont encore souvent émues par la splendeur et la magnificence des ornements, et troublées par les désirs violents qu'allumé l'éclat des habits, malgré la froideur de leur âge.

Rejetez donc, fidèles servantes de Jésus-Christ, rejetez courageusement ces embellissements et ces parures, comme vous fuiriez ces hommes infâmes qui font métier de vendre la pureté des vierges. Ou si vous êtes obligées d'avoir égard à votre naissance, à votre qualité, à votre dignité, paraissez avec une magnificence si modeste qu'elle ne fasse aucun tort à la véritable sagesse que vous avez acquise par l'Évangile. Du moins prenez garde que le prétexte de la nécessité ne vous fasse point franchir les bornes que la religion vous prescrit. Car comment pourrions-nous pratiquer l'humilité, dont nous faisons profession , si nous ne corrigeons cet usage immodéré des richesses et des ornements qui ne servent qu'à entretenir la vaine gloire? Or cette gloire ne nous convient point.

Ne nous est-il pas permis, me direz-vous, de nous servir de ce qui est notre bien ? Le voici : c'est l'apôtre qui nous avertit d'user de ce monde comme si nous n'en usions pas. « Car, dit-il, la figure de ce monde passe 8.» Et au même endroit, « que ceux qui font des acquisitions soient comme s'ils ne possédaient rien. » Pourquoi cela? « parce que le temps est court9.» Si l'apôtre ordonne aux maris de regarder même leurs femmes comme s'ils n'en avaient point, à cause de la brièveté du temps, que faut-il penser de ces vains ornements dont nous parlons? C'est par le même motif que plusieurs personnes s'obligent de garder une virginité perpétuelle, et que , pour acquérir le royaume des cieux, ils se privent d'un plaisir dont l'usage pourrait leur être permis. Quelques autres s'interdisent l'usage de ce que Dieu |168 lui-même a créé pour la nécessité, en s'abstenant de vin et de viande, quoique cet usage ne puisse causer ni péril ni remords ; mais ils sont bien aises d'assujettir et d'immoler leur âme au Seigneur par cette mortification du corps.

Jusqu'ici vous avez assez usé de vos richesses et de vos agréments : vous avez assez recueilli le fruit de vos qualités naturelles. Il est temps de suivre des maximes plus salutaires. Nous sommes ce peuple chéri que Dieu a fait naître à la fin des siècles. Il nous a destinés de toute éternité pour juger sainement de la valeur du temps, afin que , instruits par ses divines leçons, nous retranchions toutes les superfruités du siècle 10. Nous sommes spirituellement circoncis à l'égard de toutes choses, soit par rapport à l'esprit, soit par rapport au corps; car dans l'un et dans l'autre nous faisons profession de réformer les maximes du monde.

X. Au reste, croyez-vous que ce soit Dieu qui ait enseigné l'art de teindre les laines avec le suc de certaines plantes et avec l'huile de certains poissons ? Peut-être oublia-t-il au commencement du monde de faire naître des brebis rouges ou bleues : c'est pour cela apparemment qu'il a découvert ensuite le secret de colorer les étoffes, afin que, se trouvant trop minces et trop légères elles-mêmes, le seul prix en augmentât le poids. C'est apparemment Dieu qui a produit ces ouvrages d'or où brillent tant de pierres précieuses ; c'est lui qui a percé le bas de vos oreilles , pour y attacher des perles magnifiques. Il a jugé si nécessaire de tourmenter son propre ouvrage, et de fatiguer des enfants malcontents de leur premier sort, que des cicatrices faites sur une chair née pour le travail on vît pendre je ne sais quels grains dont les Parthes, peuples barbares, se couvrent presque entièrement le corps en forme de colliers. Cependant ce même or qui nous enchante est employé par certains peuples à faire des chaînes et des menottes, |169 comme nous l'apprenons de leurs historiens. Tant il est vrai qu'on estime ces choses, non parce qu'elles sont bonnes en soi, mais parce qu'elles sont rares.

D'ailleurs, qui en a fait la découverte ? Ce sont les anges rebelles qui ont fait connaître aux hommes ces productions terrestres. Ensuite îe travail et l'industrie, joints à leur rareté, les ont rendues beaucoup plus précieuses par la folle passion de satisfaire le luxe des femmes. Néanmoins, selon le témoignage d'Enoch, Dieu a condamné à des ténèbres éternelles les mauvais anges, pour avoir montré ces matières dangereuses, je veux dire l'or, l'argent, avec les ouvrages qu'on en fait, et pour avoir enseigné surtout l'art de colorer le visage et les étoffes dont on s'habille. Comment plairons-nous à Dieu si nous aimons les ouvrages de ceux que sa justice a été obligée de punir éternellement?

Mais supposons que Dieu ait donné toutes ces choses, et qu'il les ait permises11 ; supposons que le prophète Isaïe n'ait jamais déclamé contre les robes d'écarlate ; qu'il n'ait jamais réprouvé les bagues d'or; qu'il n'ait rien dit contre tant d'autres vains ornements. Ne devons-nous pas nous distinguer toujours des gentils, et ne pas nous prévaloir de ce qu'ils ont de précieux? Souvenons-nous que nous n'avons d'autre maître que le véritable Dieu qui nous a instruits, et qui est jaloux que ses divins enseignements ne soient point violés. Persuadons-nous , conme il est prudent et plus sûr de le faire, que dès le commencement du monde ce divin ouvrier pourvut sagement à tout, et qu'il disposa tellement les métaux et les minéraux qu'ils servissent d'épreuve à la vertu de ses fidèles disciples, afin que la liberté qu'ils auraient d'en user augmentât leur mérite par le soin de s'en priver. Ne voit-on pas quelquefois qu'un sage père de famille expose à dessein certains meubles pour éprouver la fidélité de ses domestiques? Heureux s'ils donnent des marques de leur probité et de leur modération ! Mais |170 combien plus louable est le serviteur qui s'abstient entièrement de ce qui lui est offert, et qui craint même la trop grande indulgence du maître ? Tel est le sentiment de l'apôtre : « Tout m'est permis, dit-il, mais tout n'édifie pas 12.» Combien appréhendera-t-on d'user des choses qui sont défendues, quand on se sera accoutumé à craindre celles qui sont permises.

XI. Mais enfin quelle raison avez-vous de paraître si pompeusement ornées, puisque vous êtes séparées de ces autres femmes qui n'ont besoin de cet attirail que pour des motifs qui ne vous touchent point ? Vous ne visitez pas les temples des gentils , vous n'assistez pas à leurs spectacles, vous ne célébrez pas les fêtes des dieux. Cependant voilà les sujets ordinaires pourquoi l'on étale cette prodigieuse pompe d'habits : c'est pour se trouver aux assemblées: c'est pour voir et pour être vues, c'est pour faire parade d'une vaine gloire, c'est pour exposer en vente la pudicité. Mais pour vous, fidèles servantes du Seigneur, vous n'avez que des motifs salutaires pour sortir de chez vous, il s'agit alors ou de visiter les malades , ou d'assister au saint sacrifice, ou d'entendre la parole de Dieu. Or toutes ces choses sont des exercices de retenue et de modestie. Il n'y faut ni habits extraordinaires , ni robes magnifiques ou traînantes. Que si la bienséance, l'amitié ou le devoir vous obligent de rendre visite aux dames païennes, pourquoi ne paraissez-vous pas munies de vos armes, d'autant plus que vous voulez suivre les chemins de la foi ? Par là vous montrerez la différence essentielle entre les servantes de Dieu et les servantes du diable. Vous leur servirez d'exemple, vous les édifierez. Enfin , comme parle l'apôtre, Dieu sera « glorifié en votre corps13 : » car s'il est glorifié par la pureté, il l'est aussi par des habits et des manières honnêtes.

Je sais ce qu'objectent quelques-unes de vous. Nous appréhendons, disent-elles, que le nom de Dieu |171 ne soit blasphémé, si l'on nous voit renoncer à nos anciennes parures. Par cette règle , il faut que nous ne renoncions point aussi à nos anciens vices. Il faut que nous gardions les mêmes mœurs, puisque nous voulons garder les mêmes dehors; et alors les nations ne blasphémeront point le nom de Dieu. Voilà certes un grand blasphème, quand on dira de quelqu'une de vous : Cette femme paraît plus modeste depuis qu'elle est devenue chrétienne ! Quoi ! devez-vous craindre de passer pour plus pauvres depuis que vous êtes devenues plus riches, ou de paraître plus négligées depuis que vous êtes devenues plus estimables ? Un chrétien doit-il suivre les maximes des gentils, ou les maximes de Dieu?

XII. Ah ! plutôt craignons que nous ne donnions de l'autre côté un plus juste sujet de blasphème, car quoi de plus scandaleux que de voir des femmes chrétiennes, qui portent le titre de sacrées gardiennes de la pureté, paraître ornées et embellies comme des courtisanes? Quelle différence alors se trouve-t-il entre vous et ces malheureuses victimes de l'impureté ? La sévérité des lois les séparait autrefois des matrones, et leur défendait les ornements des personnes de qualité; on voit aujourd'hui la licence du siècle, qui devient tous les jours plus insolente, égaler ces misérables aux plus illustres dames, sans pouvoir distinguer les unes d'avec les autres. Aussi l'Écriture sainte nous donne à entendre que les parures et le fard du visage marquent la prostitution du corps. Le Seigneur ayant appelé du nom de prostituée cette superbe cité, située sur sept collines, sur une grande étendue d'eaux, quel habit lui a-t-il donné conforme à ce nom ? «Elle est vêtue de pourpre et d'écarlate, toute brillante d'or et de pierreries14.» Ornements maudits, sans lesquels elle ne serait pas représentée comme une prostituée et une abominable. Judas ayant aperçu Thamar assise sur le grand chemin avec un ornement et une parure extraordinaire15, s'imagina d'abord, malgré le voile sous |172 lequel elle cachait son visage , qu'elle était là pour exercer un trafic peu honnête : à la qualité de l'habit il reconnut à quel exercice elle était disposées s'occuper. L'expérience lui apprit bientôt qu'il ne se trompait pas, Ce qui nous montre que nous devons travailler avec un soin particulier à ne donner dans notre extérieur aucune mauvaise opinion de notre vertu. Car que sert l'intégrité de l'âme, si elle est violée et corrompue par les soupçons d'autrui? Pourquoi donne-je sujet aux autres de désirer criminellement ce que je déteste en moi-même? Pourquoi mes habits ne rendent-ils pas témoignage de mes mœurs, afin d'ôter à l'impudence tout prétexte de souiller une âme. Il est permis de paraître chaste, et il est défendu de paraître impudique.

XIII. Quelqu'une de vous me dira peut-être : Peu m'importe d'avoir l'approbation des hommes, leur témoignage m'inquiète peu ; Dieu seul est l'inspecteur de mon cœur ; lui seul doit être mon juge. Supposons que cela soit; mais souvenons-nous en même temps de ce que dit l'apôtre : « Que votre retenue paraisse aux yeux de tous les hommes 16. » Pourquoi? N'est-ce pas afin que la malignité ne trouve rien à redire dans notre conduite, et que notre bon exemple serve comme de reproche aux méchants ? Quel est encore le sens de ces paroles : « Que vos actions luisent devant les hommes 17 ? » Pourquoi Jésus-Christ nous appelle-t-il la lumière du monde? pourquoi nous compare-t-il à une cité bâtie sur une montagne 18, si n'est afin que nous éclairions les hommes de ténèbres , et que nous nous élevions au dessus des gens plongés dans le vice? En effet, si vous cachez la lumière sous le boisseau, on sera en droit de vous accuser d'une coupable négligence, puisque vous étouffez cette lumière.

Ce qui nous fait devenir les flambeaux du monde, ce sont nos bonnes œuvres. Or ces œuvres, quand elles sont pleines et véritables, n'aiment point les ténèbres : elles |173 veulent se montrer, et il convient qu'on les connaisse et qu'on les voie. Ce n'est donc pas assez pour un chrétien d'être chaste; il faut encore le paraître. Cette pureté doit être si abondante, pour m'exprimer de la sorte, que du cœur elle se répande sur les habits, et que de l'intérieur elle rejaillisse sur la personne. Elle défendra ainsi l'intérieur de la place par des fortifications du dehors, et conservera plus sûrement la fidélité qu'elle doit à Dieu; car enfin il faut absolument renoncer à cette molle délicatesse, dont la douceur ne peut qu'énerver la vertu la plus généreuse.

Je ne sais, au reste , si des mains accoutumées aux bracelets pourront soutenir la pesanteur des chaînes. Je doute si des jambes tant de fois ornées de bandelettes de soie pourront supporter la douleur des entraves. Je crains qu'une tête couverte d'émeraudes et de diamants ne plie lâchement sous le glaive dont nous sommes menacés à toute heure. C'est pourquoi, fidèles servantes de Jésus-Christ, accoutumons-nous aux choses les plus pénibles, et nous ne les sentirons pas dans l'occasion. Renonçons aux plaisirs et aux agréments, et nous ne les regretterons pas un jour. Tenons-nous continuellement, prêts à souffrir les plus rudes coups; n'ayons rien que nous ayons de la peine à quitter. Tous les biens de ce monde sont autant de liens qui arrêtent l'essor de notre espérance. Rejetons tous ces ornements de la terre si nous voulons briller dans le ciel.

Gardez-vous d'aimer cet or funeste où sont gravés, pour ainsi dire , les premiers crimes du peuple d'Israël 1. Vous devez haïr ce qui perdit les Juifs en leur faisant abandonner Dieu pour adorer l'ouvrage de leurs propres mains. D'ailleurs le temps des chrétiens est toujours, et principalement aujourd'hui, un siècle de fer, et non un siècle d'or. On nous prépare les étoles du martyre : les anges semblent déjà nous les présenter. Paraissez donc, à la bonne heure, parées des ornements et des grâces des |174 apôtres. Que la simplicité et la pudeur fassent seules vos agréments. Peignez vos yeux d'une humble modestie qui parte d'un intérieur bien réglé. Attachez la parole de Dieu à vos oreilles, et le joug de Jésus-Christ à votre cou. Soumettez-vous à vos maris, et vous voilà assez parées. Occupez vos mains à filer, et retenez vos pieds dans l'enceinte de vos maisons : vous les rendrez ainsi plus ornés que s'ils étaient couverts d'or. Choisissez pour vos plus riches atours la joie de la sagesse, la sainteté, la pureté. Ornées et embellies de la sorte, vous aurez Dieu pour votre fidèle et éternel amant.
 

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1. 1 Matth., 5.

2. 1 Matth., 5.

3. 2 Ib. 19.

4. 1 Gen., 12 et 20.

5. 1 Matth., 5.

6. 1 Matth., 5.

7. 1 1. Cor., 11.

8. 1 I. Cor, 7.

9. 2 Ib.

10. 1 Philip. 8.

11. 1 Is, 3.

12. 1 I. Cor., 10.

13. 2 Philip., 1.

14. 1 Apoc., 17.

15. 2 Gen., 18.

16. 1 Philip., 4.

17. 2 Matth., 5.

18. 3 Ib.
 

Édité par M. Charpentier, Paris (1844)
source: http://www.tertullian.org/

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