Son adolescence a été difficile. Dans les trois années qui suivent celle de l'Apparition, il perd son demi frère Jean-François, sa belle-mère Marie Court et son père le charron Giraud. Il est mis sous la tutelle du frère de sa mère, l'oncle Templier, homme rude et intéressé. A l'école, ses progrès sont modestes. La Soeur Sainte Thècle qui veille sur lui l'appelle "le mouvement perpétuel." Ajoutez à cela les pressions exercées par les pèlerins et les curieux.
Dans ces circonstances, quelques illuminés légitimistes, partisans d'un soi-disant fils de Louis XVI, veulent l'utiliser à des fins politiques. Maximin les mystifie avec des balivernes. Contre les conseils du curé de Corps et outrepassant l'interdiction de l'évêque de Grenoble, ils emmènent l'adolescent à Ars. Celui-ci n'aime pas leur compagnie mais apprécie l'occasion de voir du pays. ils sont reçus par l'imprévisible abbé Raymond, qui, d'entrée, traite La Salette de supercherie et les voyantes de menteurs.
Durant la matinée du 25 septembre
1850, le curé d'Ars rencontre deux fois Maximin, dans la sacristie
puis au confessional, mais sans confession. Qu'a pu ranconter l'adolescent
exaspéré? Le résultat est que durant des années
le saint curé ne cessera de douter et de souffrir.
Après le mandement du 19
septembre 1851, il renverra ses interlocuteurs au jugement de l'évêque
responsable. Il mettra plusieurs années avant d'y acquiescer lui-même,
et de retrouver la paix.
Quant à Maximin, tout en
affirmant qu'il ne s'est jamais démenti il aura bien du mal à
justifier son comportement. Il suffit d'énumérer les lieux
où il est passé pour réaliser à quel point
le jeune homme a été trimballé. Du petit séminaire
de Grenoble ( Le Rondeau) à la Grande Chartreuse, de la cure de
Seyssin à Rome. De Dax et Aire-sur-Adour au Vésinet, puis
au collège de Tonnerre, à Petit Juy en Josas près
de Versailles et à Paris. Séminariste, aide dans un hospice,
étudiant en médecine, ratant son baccalauréat, il
travaille dans une pharmacie, s'engage comme zouave pontifical, résilie
son contrat au bout de six mois et retourne à paris. Le jounal "La
Vie Parisienne" ayant attaqué La Salette et les deux voyants, Maximin
porte plainte et obtient un rectificatif.
En 1866, il publie un opuscule "Ma
profession de foi sur l'apparition de Notre Dame de La Salette". Durant
cette période, M. et Mme Jourdain, un couple tout dévoué
à son service, lui assure un semblant de stabilité et paie
ses dettes au risque de se ruiner.
Maximin accepte alors d'être
l'associé d'un marchand de liqueurs qui utilise sa notoriété
pour augmenter ses ventes. L'imprévoyant Maximin n'y trouve pas
son compte.
En 1870, il est mobilisé
au Fort Barrau à Grenoble. Enfin il rejoint Corps où viennent
le retrouver les époux Jourdain. Tous trois vivent pauvrement, aidés
par les Pères du Sanctuaire avec l'accord de l'évêché.
En novembre 1874, Maximin monte au
pèlerinage de La Salette. Devant un auditoire particulièrement
attentif et ému, il refait le récit de l'Apparition comme
au premier jour. Ce sera la dernière fois.
Le 2 février 1875, il se
rend aussi pour la dernière fois à l'église paroissiale.
Le soir du 1 er mars, Maximin se
confesse, reçoit la sainte communion et boit un peu d'eau de La
Salette pour avaler l'hostie. Cinq minutes plus tard, il rend son âme
à Dieu. Il n'a pas encore quarante ans. Sa dépouille repose
au cimetière de Corps mais son coeur est dans la basilique de La
Salette près de la console de l'orgue. C'était sa dernière
volonté, pour marquer son attachement à l'Apparition:
"Je crois fermement, même au prix de mon sang, à la célèbre Apparition de la Très Sainte Vierge sur la Sainte Montagne de La Salette, le 19 septembre 1846, Apparition que j'ai défendue par paroles, par écrits et par souffrances. Dans ces sentiments, je donne mon coeur à Notre Dame de La Salette."
Par le même testament, ce pauvre n'avait plus rien à léguer que sa fidélité à la foi de l'Église. Le gamin attachant et instable qu'il est toujours resté, a enfin trouvé, près de la Belle Dame, l'affection et paix de Dieu.