Retour à la page de l'abbé Bernard LUCIEN
LâabbĂ© Lucien : un rayonnement international.
Une théologie pour la joie.
Un projet pour débutants ?
Un projet trĂšs actuel.
Tome 1 de la série Théologie sacrée pour débutants et initiés (septembre 2007).
Une erreur à ne pas commettre sur le Tome 1.
Quel est lâintĂ©rĂȘt du Tome 1 pour un simple chrĂ©tien ?
Le Tome 1, une parution trÚs actuelle.
Le Tome 1, comme les autres, cite souvent le PĂšre GuĂ©rard des Lauriers. Nâest-ce pas Ă©tonnant ?
Le PÚre Guérard des Lauriers et le cardinal Ratzinger.
Tome 2 de la série Théologie sacrée pour débutants et initiés (octobre 2009).
La publication de ce Tome 2 est un événement.
Le Tome 2 : une parution opportune, aprÚs Vatican II.
En savoir plus sur le Tome 2.
Tome 3 de la série Théologie sacrée pour débutants et initiés (octobre 2011).
LâapologĂ©tique, mais je croyais que câĂ©tait dĂ©passĂ© aprĂšs le Concile Vatican II ?
LâapologĂ©tique ne sâoppose-t-elle pas au dialogue ?
LâapologĂ©tique rationnelle est-elle adaptĂ©e Ă notre Ă©poque ?
LâapologĂ©tique ne convertit personne ?
Le Tome 3 est-il trop long, trop compliqué ou inutile ?
Pour un lecteur dĂ©jĂ initiĂ©, quel intĂ©rĂȘt prĂ©sente le Tome 3 ?
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LâabbĂ© Lucien : un rayonnement international. LâabbĂ© Bernard Lucien ne cherche pas la rĂ©clame. Ses moyens matĂ©riels (financement, diffusion) restent limitĂ©s. MalgrĂ© tout il nâest pas inconnu au Saint-SiĂšge, puisquâun de ses anciens articles (montrant lâinfaillibilitĂ© de la lettre Ordinatio sacerdotalis, de 1995, sur lâordination sacerdotale rĂ©servĂ©e aux hommes) est disponible depuis longtemps sur le site de la CongrĂ©gation du ClergĂ©, pour des lecteurs venus de tous les continents. En 2012, son grand article sur le Concile Vatican II a bĂ©nĂ©ficiĂ© dâune audience sans doute plus large encore : chaude approbation et diffusion encouragĂ©e de divers cĂŽtĂ©s. Relevons des rĂ©actions trĂšs favorables Ă Rome et dans le monde francophone, parmi un groupe de prĂ©lats et dâĂ©vĂȘques, auquel est venu se joindre un cardinal. Les Ă©crits de lâabbĂ© Lucien sont lus non seulement en France et en Italie, mais aussi aux Ătats-Unis, en Angleterre, en Suisse, en Espagne et mĂȘme en Pologne (et, dâailleurs, sans doute bien au delĂ ). Un journaliste italien tĂ©moigne : « Jâai lu avec grande attention les volumes de lâAbbĂ© Bernard Lucien, âQuâest-ce que la ThĂ©ologie ?â et âRĂ©velation et Traditionâ : ils sont un vrai remĂšde pour lâĂąme ! Ils sont exemplaires, soit pour leur langage, accessible aussi pour les dĂ©butants, soit pour la mĂ©thode, absolument thomiste ». Un prĂ©lat britannique dĂ©clare Ă propos des mĂȘmes ouvrages : « Je suis convaincu que ces livres offrent une synthĂšse dont nous avons grand besoin pour une introduction Ă©lĂ©mentaire Ă la thĂ©ologie, qui pourrait ĂȘtre utilement consultĂ©e par les sĂ©minaristes et les prĂȘtres, tout autant que par tous ceux qui entreprennent de sĂ©rieuses Ă©tudes de thĂ©ologie. »
En savoir plus sur lâauteur : quel homme se cache derriĂšre le professeur ? NĂ© en 1952, lâabbĂ© Bernard Lucien achevait sa premiĂšre annĂ©e Ă lâĂcole Nationale SupĂ©rieure des Mines de Saint-Etienne lorsquâil rĂ©pondit Ă lâappel du Seigneur vers le sacerdoce. OrdonnĂ© prĂȘtre en 1978 Ă EcĂŽne (Suisse), il se consacre pendant treize ans Ă lâapostolat et Ă lâĂ©tude doctrinale des problĂšmes soulevĂ©s par la crise de lâĂglise. En 1992, il peut rĂ©gulariser dans la vĂ©ritĂ© sa situation canonique avec Rome. Depuis lors il dispense son enseignement dans diverses maisons de formation sacerdotales attachĂ©es Ă la pleine communion visible avec le pape ainsi quâĂ la liturgie traditionnelle. Il travaille aussi Ă la formation des laĂŻcs. LâabbĂ© Lucien est prĂȘtre de lâarchidiocĂšse de Vaduz (Liechtenstein). Ses activitĂ©s lâont amenĂ© Ă Ă©tudier lâensemble de la doctrine philosophique et thĂ©ologique, dogmatique et morale, sans oublier â câest essentiel pour ce prĂȘtre qui nâa de cesse de souligner les rapports Ă©troits que doivent entretenir la pensĂ©e et la vie humaines â ses rĂ©percussions spirituelles (par exemple, Ă travers les enseignements de la Bhse Ălisabeth de la TrinitĂ©). Il nâa que 27 ans lorsquâil dirige une revue de sciences religieuses Ă laquelle il apporte de multiples contributions substantielles. DĂšs les dĂ©buts de sa carriĂšre et jusquâĂ maintenant, il privilĂ©gie les questions fondamentales et dĂ©cisives, en des domaines trĂšs variĂ©s : la vie mĂȘme de la foi et le rĂŽle quây joue le magistĂšre de lâĂglise, les rapports entre la nature et la grĂące (situation de lâordre surnaturel), mais aussi la nature sacrificielle du sacrement de lâEucharistie, et la place de la vraie religion dans la sociĂ©tĂ© (sa position sur la libertĂ© religieuse a retenu lâattention dâun spĂ©cialiste de morale, mis au courant Ă lâoccasion dâune intervention de lâauteur sur internet). Son Ă©rudition est vaste, comme le montrent les bibliographies internationales de ses ouvrages, mais⊠elle nâest jamais gratuite ! Au contraire, câest Ă bon escient quâelle se dĂ©ploie, non par souci livresque dâexhaustivitĂ©, mais lorsquâelle peut fournir un appoint dĂ©terminant. Sa pĂ©dagogie, qui ne dĂ©daigne pas les ressources de lâinformatique, celles dâune mise en page soignĂ©e, ou dâun prĂ©cieux lexique des mots techniques, consiste avant tout en une remarquable prĂ©cision (qui fait la chasse aux obscuritĂ©s, pour mieux mettre en valeur la place du mystĂšre et de lâadoration), mais aussi en lâart consommĂ© de faire ressortir les lignes maĂźtresses. Jamais son lecteur ne sera enfoui sous une accumulation hĂ©tĂ©roclite. Mais il dĂ©couvrira progressivement les principes qui donnent leurs assises Ă un Ă©difice. Il bĂ©nĂ©ficiera de trĂ©sors accumulĂ©s dans les ouvrages latins de la thĂ©ologie classique, rendus facilement accessibles par une traduction française de lâabbĂ© Lucien, et approfondis par ses soins en raison des exigences de la matiĂšre ou des objections contemporaines auxquelles il apprendra ainsi Ă faire face. Il en sortira solidement instruit, parce quâintĂ©rieurement construit. Une aventure Ă ne pas manquer ! Achevons sur un registre plus modeste, avec quelques dĂ©tails concernant lâabbĂ© Lucien, qui ne prĂ©sentent rien de trĂšs exceptionnel, mais qui permettent de caractĂ©riser davantage sa maniĂšre. Le scoutisme, Ă©cole dâĂ©quilibre et de rĂ©alisme, a pris une part importante dans lâĂ©ducation quâil a reçue puis donnĂ©e. Familier des hautes rĂ©alitĂ©s divines et intellectuelles par sa vie de priĂšres et dâĂ©tudes, il garde Ă©galement les deux pieds sur terre etne mĂ©prise pas les trĂšs humbles travaux manuels. Il sâefforce de ne pas se prendre au sĂ©rieux, de toujours garder une note dâhumour. Lui qui se dĂ©tend volontiers au moyen de saines bandes dessinĂ©es, on le verra citer avec Ă propos telle anecdote pleine de drĂŽlerie, tirĂ©e dâAlice au pays des merveilles, au moment oĂč il disserte avec profondeur sur lâanalyse dâun texte magistĂ©riel. Bref, rien du professeur enfermĂ© dans une tour dâivoire !
Une thĂ©ologie pour la joie : le projet de la sĂ©rie ThĂ©ologie sacrĂ©e pour dĂ©butants et initiĂ©s, publiĂ©e par les Ă©ditions Nuntiavit. LâabbĂ© Lucien veut nous rendre heureux. En effet, comme lâĂ©crivait le futur BenoĂźt XVI, la « joie du Seigneur nous la trouvons lorsque nous avons le courage de nous laisser embraser par son message. Et lorsque nous lâavons trouvĂ©e, nous pouvons enflammer les autres, car nous sommes alors des serviteurs de la joie au sein dâun monde de mort (cf. 2 Cor 1, 24). ». Mais, direz-vous, faut-il Ă©tudier la thĂ©ologie avec toutes les ressources de la technique, pour ĂȘtre si joyeux ? DĂ©trompons-nous. La paresse nâapporte pas le vrai bonheur. « Le dilettante, a-t-on fait remarquer, cultive un certain plaisir morbide, mais ignore la joie : parce quâil fausse radicalement lâamour en cherchant Ă le confisquer Ă son propre bĂ©nĂ©fice. » Au contraire, JĂ©sus, par la parabole des talents, impose Ă celui qui est pourvu de capacitĂ©s, de les faire fructifier au profit de tous. Le Sauveur nous oriente ainsi vers lâaccomplissement plĂ©nier de notre nature intelligente, vers notre joie vĂ©ritable et vers le noble service du bien commun, dont nos patries ont tant besoin pour rĂ©sister Ă la barbarie qui, par exemple au moyen de lois hostiles Ă la famille, cherche Ă se rĂ©pandre. Lâenjeu nâest pas mince. Nul ne doit sous-estimer lâadversaire ou se reposer sur les autres. Nous avons plus que jamais un urgent besoin de forces doctrinales proportionnĂ©es, si nous voulons rĂ©sister efficacement aux assauts qui se multiplient. Un petit nombre, sans doute, trouvera le temps de lire intĂ©gralement les volumes publiĂ©s par Nuntiavit, mais tous les laĂŻcs cultivĂ©s devraient les possĂ©der dans leur bibliothĂšque, Ă titre dâouvrages de rĂ©fĂ©rence, tous devraient en faire cadeau Ă leurs prĂȘtres et sĂ©minaristes.Â
Un projet pour dĂ©butants ? La sĂ©rie ThĂ©ologie sacrĂ©e pour dĂ©butants et initiĂ©s accomplit ce tour de force de nâĂȘtre pas rĂ©servĂ©e aux spĂ©cialistes : les dĂ©butants munis dâune culture minimale pourront sây nourrir sans difficultĂ© grĂące au glossaire dĂ©jĂ mentionnĂ© (par lequel, souvent, le novice aura avantage Ă commencer sa lecture), grĂące Ă la prĂ©sentation claire et mĂ©thodique de thĂšses, grĂące Ă des signaux placĂ©s dans la marge, qui permettent de repĂ©rer du premier coup dâoeil les Ă©lĂ©ments fondamentaux, destinĂ©s Ă une premiĂšre initiation, des approfondissements (on verra respectivement apparaĂźtre au long des pages un skieur, qui se laisse descendre sur la neige, pour attirer le dĂ©butant, ou un haltĂ©rophile, vers lequel se hĂąteront les lecteurs qui nâen sont pas Ă leurs premiĂšres armes). Que les jeunes, enfin, ne se plaignent pas de lâabondante Ă©rudition, car les volumes dâune telle sĂ©rie doivent rester des livres de lecture et de consultation pour la vie.Â
Un projet trĂšs actuel. Que les jeunes, non plus, ne sâĂ©tonnent pas de lâampleur que prend lâexplication philosophique. Nâest-ce pas lĂ un moyen trĂšs puissant pour redonner vigueur Ă notre religion ? Ăcoutons Ă ce sujet le pape Paul VI. Aujourdâhui, sâinterroge-t-il, quâest-ce « qui vide de sa force (svigorisce lâenergia) notre christianisme » (DC 1973, p. 107) ? Selon le souverain pontife, les « causes » de lâasthĂ©nie, « nous les trouverons principalement dans lâinconsistance de notre façon de penser, Ă laquelle manquent la force et la qualitĂ© de notre philosophia perennis, rationnelle sĂ»re et normale. On lâa remplacĂ©e ou dĂ©bilitĂ©e par certaines formes de pensĂ©e devenues Ă la mode. » (PAUL VI, DC 1973, p. 107). « Lâhomme moderne » auquel il faut porter remĂšde est « enfermĂ© dans sa propre mentalitĂ©, qui est toute tournĂ©e vers la connaissance phĂ©nomĂ©nologique des choses, et nâest plus Ă©duquĂ©e Ă lâintelligence mĂ©taphysique de la VĂ©ritĂ©, Ă la perception profonde de la Parole de Dieu » ; ses dĂ©viations prennent notamment « les formes imparfaites et caduques du nominalisme, du pragmatisme ou du sentimentalisme » (PAUL VI discours Ă la CTI, DC 1972, p. 973). Le mal ne semble guĂšre sâattĂ©nuer au XXIe siĂšcle, si lâon en croit le tableau brossĂ© par le bhx Jean-Paul II en 2003 : en Europe, se sont « largement dĂ©veloppĂ©s le nihilisme en philosophie, le relativisme en gnosĂ©ologie et en morale, et le pragmatisme, voire un hĂ©donisme cynique, dans la maniĂšre dâaborder la vie quotidienne » (Ecclesia in Europa 9).
Un moine bénédictin
Tome 1 :Quâest-ce
que la théologie ? La « Doctrine Sacrée » selon saint
Thomas, Somme Théologique, premiÚre partie, question un.
Tome 1 de la série Théologie sacrée pour débutants et initiés,
publié par les éditions Nuntiavit en septembre 2007.
Une erreur Ă ne pas commettre sur le Tome 1. Sur le Tome 1, il y aurait une erreur Ă ne pas commettre. Ce serait dây voir le simple rĂ©sumĂ© consciencieux de lâenseignement de S. Thomas dâAquin sur la nature de la thĂ©ologie et sur ses approfondissements postĂ©rieurs les plus notables. Le lecteur y trouvera, certes, tout cela, de façon trĂšs pĂ©dagogique. QualitĂ©s caractĂ©ristiques de lâensemble de la sĂ©rie publiĂ©e par Nuntiavit (revoir ci-dessus la prĂ©sentation gĂ©nĂ©rale, pour en savoir plus long). Lâauteur fait, pour le dĂ©butant, la sĂ©lection des passages les plus importants du Docteur AngĂ©lique. Il en souligne les arĂȘtes vives. Il en fait ressortir lâenjeu. Pour en Ă©clairer la signification, il a le secret de choisir dâautres textes pertinents, du mĂȘme auteur. Qui ne serait heureux de bĂ©nĂ©ficier dâun guide expĂ©rimentĂ© pour entrer dans le domaine de lâAquinate, Prince des ThĂ©ologiens, quâon dit si redoutable ? AssurĂ©ment. Un pareil service est rendu par cet ouvrage. Câest dĂ©jĂ beaucoup. Mais ce nâest pas tout. Loin de lĂ .
Quel est lâintĂ©rĂȘt du Tome 1 pour un simple chrĂ©tien ? Le Tome 1 nous fait entrer dans la thĂ©ologie un peu comme dans un « chĂąteau » oĂč habite le Seigneur (cf. 1 Chron 29, 1.19). Multiples sont les demeures par lesquelles Dieu se rend prĂ©sent Ă ses fidĂšles. Demeures extĂ©rieures, sacramentelles et liturgiques, demeures intĂ©rieures de nos Ăąmes. La thĂ©ologie est une demeure divine, principalement intĂ©rieure. Le MaĂźtre de lâunivers se connaĂźt et sâaime Lui-mĂȘme. Soleil Ă©tincelant, qui dĂ©passe tout lâordre matĂ©riel. Lorsque nous faisons de la thĂ©ologie, nous entrons pour ainsi dire spirituellement dans le Soleil de la pensĂ©e divine, nous dĂ©couvrons les arcanes que la DivinitĂ© Elle-mĂȘme a voulu mettre Ă notre portĂ©e, et dont elle a voulu que nous fassions lâeffort dâapprocher. Par les balbutiements de notre intelligence, cherchant Ă tĂątons des « causes » explicatives, et scrutant les mystĂšres rĂ©vĂ©lĂ©s, nous entrons dans le plan de Dieu, qui, Lui, en Personne, est, prĂ©cisĂ©ment ! la « Cause » suprĂȘme et pleine de BontĂ© de toutes les choses créées. Tout au long de ses pages, le Tome 1 souligne vigoureusement, par lâanalyse des Ă©lĂ©ments constitutifs de la thĂ©ologie, la puissance spirituelle qui entre en nous lorsque nous pratiquons un tel savoir : 1) En nous, la thĂ©ologie contient le mĂȘme enseignement que lâĂcriture dĂ©roule hors de nous (lâenseignement de Dieu Lui-mĂȘme devient donc rĂ©ellement nĂŽtre ; il vient, pour ainsi dire, nous imbiber de toutes parts). 2) Mais cette science sacrĂ©e nous facilite la tĂąche, en Ă©vitant les rĂ©pĂ©titions, car elle prĂ©sente lâenseignement de lâĂcriture selon lâordre des questions scientifiques. 3) Elle ne se sĂ©parerait de lâenseignement scripturaire que si elle se contentait dâĂ©tudier la « pensĂ©e des thĂ©ologiens », de situer chaque production individuelle dans son contexte historique (p. 6-8 et p. 20). 4) Il faut donc remercier lâabbĂ© Lucien de nous offrir un ouvrage purifiĂ© des prolifĂ©rations quâengendre lâĂ©rudition mal maĂźtrisĂ©e. Son propos nâest pas dâĂ©crire lâhistoire de la thĂ©ologie, ni de faire une simple premiĂšre « constatation » des sources (on comprend que lâimmensitĂ© de ce travail prĂ©liminaire puisse faire lâobjet de volumes distincts, par des spĂ©cialistes), mais dâen utiliser les conclusions pour nous prĂ©ciser ce quâest la thĂ©ologie ; il nous donne ainsi lâexemple de la « thĂ©ologie doctrinale » (expression empruntĂ©e au cardinal Journet) (p. 40 et 43), et il ne laisse pas lettre morte lâĂ©lĂ©mentaire vĂ©ritĂ© rappelĂ©e par le bhx Jean-Paul II : « Il est bien Ă©vident que le travail des thĂ©ologiens ne se limite pas Ă rĂ©pĂ©ter des formules dogmatiques » (Discours Ă la CTI, 26 oct. 1979). 5) Finalement, lâobjet de la thĂ©ologie, câest Dieu, dans son MystĂšre insondable (p. 70-73). 6) Et mĂȘme, lorsque la thĂ©ologie quitte les frontiĂšres de la RĂ©vĂ©lation pour moissonner quelque gerbe dans le champ de la raison (en utilisant les premiers principes connus sans la grĂące), elle ne nous fait pas quitter, de soi, le domaine de la Doctrine SacrĂ©e reçue par lâĂcriture (p. 85 et 89). Ainsi (et de maintes autres façons encore), câest toujours au maĂźtre du « chĂąteau » royal, le Seigneur Dieu, le trĂšs doux habitant de notre intelligence, que nous sommes ramenĂ©s. Qui ne comprend lâenjeu spirituel ? A notre connaissance, nulle introduction Ă la thĂ©ologie ne lâavait fait percevoir avec tant dâacuitĂ©. Oui, bienheureux les lecteurs de ce Tome 1 ! Devant eux sâouvrent les portes de la thĂ©ologie sacrĂ©e, dont les autres Tomes dĂ©ploieront les merveilles. Ce ne sont que des portes. Mais, dĂ©jĂ , au milieu de la multiplicitĂ© des fines remarques de lâauteur, le studieux lecteur pourra, un peu comme le prophĂšte Ălie sur la montagne, reconnaĂźtre YahvĂ© qui se rend prĂ©sent dans une lĂ©gĂšre brise.
Le Tome 1, une parution trĂšs actuelle. Concernant la thĂ©ologie, les questions brĂ»lantes, ou moins brĂ»lantes, ne manquent pas : La thĂ©ologie, faut-il que tous en fassent ? (p. 21) Dâailleurs, comment pourrait-elle occuper un rang parmi les sciences alors que ses principes trouvent leur origine dans lâobscuritĂ© de la foi ? (p. 27) S. Thomas dâAquin nâest-il pas rationaliste quand il fait de la thĂ©ologie une science Ă la maniĂšre du paĂŻen Aristote ? (p. 29) Si la thĂ©ologie est une science universelle ne se trouve-t-elle pas dĂ©connectĂ©e du rĂ©el singulier ? (p. 35) Nâest-elle pas dĂ©tachĂ©e de notre vie affective ? (p. 47) Nâest-elle pas trĂšs Ă©loignĂ©e, par les raisonnements quâelle comporte et dont lâabbĂ© Lucien dĂ©taille mĂ©thodiquement les variĂ©tĂ©s (p. 86-94), dâune vie soumise aux dons du Saint-Esprit ? (p. 63) Dâun attachement privilĂ©giĂ© aux symboles non conceptuels ? (cf. les prĂ©cieuses annotations qui accompagnent une bibliographie, p. 111-114). Ces questions engagent notre vie dâhommes libres. Plus ou moins directement, mais en profondeur. Le Tome 1 y donne une rĂ©ponse claire, prĂ©cise, argumentĂ©e. Bref, câest une mine, quâil faut avoir sous la main.
Le Tome 1, comme les autres, cite souvent le PĂšre GuĂ©rard des Lauriers. Nâest-ce pas Ă©tonnant ? LâabbĂ© Lucien choisit ses rĂ©fĂ©rences parmi les auteurs les plus compĂ©tents quâil ait pu trouver, en chaque domaine. Il ne sâinfĂ©ode Ă aucun. Pas plus au PĂšre GuĂ©rard des Lauriers quâĂ un autre. Dâailleurs, sâinfĂ©oder eĂ»t Ă©tĂ© contradictoire. Car ce dernier restait profondĂ©ment conscient de ses limites, fuyait le culte de la personnalitĂ©, et nâavait rien de plus Ă cĆur que dâorienter les Ăąmes vers le seul vĂ©ritable absolu, Dieu-TrinitĂ©. Ăcoutons-le : « Bienheureux les pauvres, Bienheureux ceux qui, redisons-le, ont le sens de la discrĂ©tion, mais dâune discrĂ©tion quâimpĂšre seule la Sagesse de Dieu ; Bienheureux ceux qui savent user de leur esprit pour saisir le Dieu qui est Esprit, de leur cĆur pour saisir le Dieu qui est Amour, et de tout leur ĂȘtre pour saisir le Dieu qui est BeautĂ©, mais Ă condition que jamais ils ne confondent ce quâils apprĂ©hendent avec la RĂ©alitĂ© mĂȘme, Dieu est toujours au-delĂ Â ; lâinfini de la Foi qui nous rĂ©vĂšle que Dieu est toujours au-delĂ de ce quâil peut en exprimer de lui-mĂȘme vient ici au secours de la pauvretĂ©. » (Les bĂ©atitudes, polyc., t. 3, p. 20). En sens inverse il eĂ»t Ă©tĂ© pour le moins curieux quâayant beaucoup apprĂ©ciĂ© lâenseignement de ce philosophe, thĂ©ologien et profond spirituel, lâabbĂ© Lucien nâeĂ»t pas cherchĂ© Ă le communiquer. Il nâĂ©tait pas le seul Ă lâapprĂ©cier ainsi. On pourrait Ă©voquer une plĂ©iade dâauteurs du 20e siĂšcle. Citons quelques noms fameux : les dominicains RĂ©ginald Garrigou-Lagrange, Bernard Bro et Jean-Miguel Garrigues, mais aussi le chanoine RenĂ© Laurentin et le cardinal Journet. Il y a lĂ un attachement indĂ©niable, mĂȘme si aucun de ces personnages, ni lâabbĂ© Lucien ne signeraient, en la prenant au pied de la lettre, la dĂ©dicace Ă©logieuse que ses confrĂšres de lâUniversitĂ© Pontificale du Latran Ă©crivirent au PĂšre GuĂ©rard, en novembre 1968, Ă lâoccasion de son 70e anniversaire : « trĂšs grande foi », « trĂšs grande science », « singuliĂšre acuitĂ© dâesprit », « livres fameux », « renommĂ©e hors du commun », « enseignement illustre » (il faut tenir compte de lâexagĂ©ration littĂ©raire). Mais, dira-t-on, un tel maĂźtre ne sâest-il pas singularisĂ© Ă partir de 1969 ? LĂ encore, il nâest nullement question pour lâabbĂ© Lucien de sâinfĂ©oder Ă lui. Ce nâest pas le lieu dâentrer dans le dĂ©tail. Nous nous contenterons de rappeler quâavec un judicieux discernement on peut tirer profit des bonnes choses, mĂȘme parmi les livres les plus discutables (lâenseignement de S. Basile et la pratique de S. Cyprien vont en ce sens). Nous ne faisons ainsi que prolonger, pour la thĂ©ologie, la suggestion faite en matiĂšre de philosophie, par celui qui devait ĂȘtre nommĂ©, sous BenoĂźt XVI, secrĂ©taire de la commission thĂ©ologique internationale, le PĂšre Serge-Thomas Bonino : « Le XXe siĂšcle fut un grand siĂšcle thomiste et (âŠ) le thomisme français, malgrĂ© son isolement institutionnel, a produit dans les annĂ©es 1950-1960 une impressionnante effloraison mĂ©taphysique, avec des penseurs comme E. Gilson et J. Maritain, bien sĂ»r, mais aussi J. de Finance, A. Forest, L.-B. Geiger, M. Paissac, M.-D. Philippe, B. Montagnes, J.-H. Nicolas, P.-C. CourtĂšs⊠pour nâen citer que quelques-uns. GuĂ©rard des Lauriers, avec la forte originalitĂ© que lui confĂ©rait sa haute formation scientifique, a pris sa part aux dĂ©bats mĂ©taphysiques qui ont fait la richesse de cette Ă©poque. Quâavons-nous de mieux Ă faire, maintenant que lâhiver sâest installĂ©, que de recueillir cet hĂ©ritage pour permettre, quand le temps sera venu, de nouvelles moissons ? » (PrĂ©face Ă L.-M. de BLIGNIĂRES, fsvf, Le mystĂšre de lâĂȘtre, Vrin, 2007). Lâauteur avait affirmĂ© au prĂ©alable que la « personnalitĂ© humaine et religieuse [de GuĂ©rard] » est « diversement apprĂ©ciĂ©e ». Si lâon veut en savoir plus long sur ce point, il ne sera pas inutile dâentendre quelques-uns parmi ceux qui ont Ă©tĂ© les plus opposĂ©s aux positions du PĂšre GuĂ©rard (parfois, alors que, des deux cĂŽtĂ©s, on faisait usage de la lĂ©gitime controverse, compatible avec la doctrine catholique, cf. CEC 575). Primo, en leur sein, il ne sâen est pas trouvĂ© un seul qui, Ă notre connaissance, ait la moindre vellĂ©itĂ© de sâen prendre Ă la vertu de celui quâils attaquaient. Par les temps qui courent, ce nâest pas rien. Secundo, pour le reste, on peut citer plusieurs expressions favorables, dâautant plus intĂ©ressantes, malgrĂ© leur briĂšvetĂ©, du fait quâelles ne se font pas lâĂ©cho dâun parti pris : « Un grand monsieur. », « Un homme trĂšs doux. », « Merci ! ». Terminons sur la figure emblĂ©matique du dominicain Marie-Dominique Chenu : en 1969, lâauteur du non moins emblĂ©matique opuscule La ThĂ©ologie comme science au XIIIe siĂšcle, nâhĂ©site pas Ă laisser sâimprimer, dans un nouveau tirage, le texte oĂč il range le PĂšre GuĂ©rard des Lauriers au nombre des trois religieux dont il est le plus redevable dâune « fraternelle collaboration, dans une Ă©quipe soucieuse des problĂšmes de mĂ©thode », qui « a rendu dĂ©lectable lâeffort » grĂące auquel son ouvrage a pu voir le jour.
Le PĂšre GuĂ©rard des Lauriers et le cardinal Ratzinger. Tout au long des Tomes de la sĂ©rie ThĂ©ologie sacrĂ©e, le lecteur voit alterner les textes du futur BenoĂźt XVI et ceux de GuĂ©rard. Ce nâest pas un hasard. En cette pĂ©riode troublĂ©e qui suivit le Concile Vatican II, tous deux sâaccordaient sur, au moins, cinq points essentiels. Il pourra ĂȘtre utile de les rassembler ici. Commençons par citer le cardinal Ratzinger, avant de laisser la parole au PĂšre GuĂ©rard :Â
1) Sur la gravitĂ© de la crise de lâĂglise : « On avait de plus en plus lâimpression que rien nâĂ©tait stable dans lâĂglise, que tout Ă©tait Ă revoir. [âŠ] On pouvait â semblait-il â modifier la foi, contrairement Ă tout ce que lâon avait pensĂ© jusquâalors. » (J. RATZINGER, Ma vie â Souvenirs 1927-1977, Fayard, 1998, p. 115-6).
2) Sur lâimportance du MagistĂšre de lâEglise et sur le rĂŽle auxiliaire des simples fidĂšles : « Dans la crise actuelle de lâĂglise, nous faisons lâexpĂ©rience de la force de cette mĂ©moire et de la vĂ©ritĂ© de la parole apostolique ; plus que les indications hiĂ©rarchiques, câest la force de distinction de la simple mĂ©moire de la foi qui permet le discernement des esprits. » (J. RATZINGER, AppelĂ©s Ă la communion, 1993, p. 158-9).Â
3) Sur lâimportance dâune rĂ©sistance pour un motif liturgique : « Si on veut couper le lien avec les formes fondamentales de lâĂglise ancienne et de la priĂšre ecclĂ©siale de tous les siĂšcles, on ne peut quâopposer une rĂ©sistance dĂ©cidĂ©e. » (J. RATZINGER, Les principes de la thĂ©ologie catholique, [MĂŒnich, 1982], TĂ©qui, 1985, p. 165).
4) Sur la conviction que le nouveau missel installait une opposition dans lâapostolicitĂ© de lâĂglise : « Il fut prĂ©sentĂ© comme un nouvel Ă©difice opposĂ© Ă celui qui sâĂ©tait formĂ© au cours de lâhistoire et qui devenait interdit. » (J. RATZINGER, Ma vie â Souvenirs 1927-1977, Fayard, 1998, p. 132).
5) Sur lâimportance de la vie intĂ©rieure et de lâexemple personnel, les textes du cardinal abondent. Voici un Ă©crit du PĂšre GuĂ©rard qui montre la convergence de vue : « Lâacte de tĂ©moigner doit ĂȘtre accompli selon la mesure quâimpĂšrent la Sagesse et la prudence. DĂ©noncer lâhĂ©rĂ©sie, dĂ©noncer le âfacilismeâ qui y conduit, est NECESSAIRE pour sauvegarder la Vie ; mais cette dĂ©nonciation, qui est nĂ©gative, par nature ne donne pas la Vie. Il ne convient donc pas que cette indispensable tĂąche devienne le principal, voire lâunique objet des catĂ©chĂšses (ou homĂ©lies) dominicales, et des conversations quâĂ©changent entre eux les fidĂšles attachĂ©s Ă la Tradition. âCharitas non gaudet super iniquitate, congaudet autem Veritatiâ (I Cor XIII 6). Lâannonce et le partage de la VĂ©ritĂ© rĂ©vĂ©lĂ©e sustentent et eux seuls fructueusement le rigoureux devoir de TĂ©moignerâ. Intus reformariâ : voilĂ le renoncement qui coĂ»te, et qui donne portĂ©e Ă la critique dâ autrui. » (Interview, in Sodalitium, mars 1988). PrimautĂ© de la vie intĂ©rieure. Telle est donc la conviction du PĂšre GuĂ©rard. Il ne se contentait pas de la prĂȘcher aux autres. Une brĂšve priĂšre, prononcĂ©e Ă la fin de sa vie, en fĂ©vrier 1988, au milieu de grandes souffrances, va nous permettre dâentrer un peu dans lâĂąme de ce prĂȘtre de JĂ©sus-Christ : « La priĂšre que je fais presque constamment : âO mon Sauveur chĂ©ri, que mon corps pour mourir partage ton Agonie dans lâinfini dĂ©sir.â Je retrouve toujours une nouvelle profondeur pour chacune de ces paroles, participer Ă lâagonie de JĂ©sus est une chose tellement immense, sans mesure, quâon nâa jamais fini de lâapprofondir. Alors, ça, je suis en train de le vivre pour ainsi dire. » (CitĂ© Sodalitium, avril 1989, p. 31-32). Finalement, quelle que soit lâapprĂ©ciation quâil porte sur les actes et sur les Ă©crits controversĂ©s du PĂšre GuĂ©rard des Lauriers, lâhistorien ne doit pas oublier tous les autres (en particulier ceux que nous venons de prĂ©senter). Un peu comme Jean-Marie Paupert, que son esprit critique et sa causticitĂ© nâempĂȘchĂšrent pas, dans un ouvrage de 1989, de reconnaĂźtre en ce dominicain, « au demeurant », « un esprit supĂ©rieur ».
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La publication de ce Tome 2 est un Ă©vĂ©nement. En librairie, il nâexiste pas dâĂ©quivalent. Pour la premiĂšre fois depuis de nombreuses annĂ©es, paraĂźt en langue française un ouvrage complet, sâappuyant de façon solide sur la tradition catholique, pour prĂ©senter les moyens par lesquels Dieu nous communique sa RĂ©vĂ©lation, ce quâon appelle techniquement : « les lieux thĂ©ologiques ». Sujet passionnant. Dieu aurait pu choisir une cigogne pour nous faire le don de sa Parole. Mais il nâen a pas Ă©tĂ© ainsi. La Sainte-Ăcriture, les PĂšres de lâĂglise et les autres tĂ©moins de la tradition, le MagistĂšre, la ThĂ©ologie, lâinstinct de la foi des fidĂšles : autant dâintermĂ©diaires que le Seigneur a choisis pour nous transmettre ses richesses, pour nous faire entrer dans lâĂ©difice de sa MisĂ©ricordieuse TrinitĂ©. Si vous lisez le livre de lâabbĂ© Lucien, vous dĂ©couvrirez pas Ă pas le portail, les piliers, les chapiteaux, les vitraux de cette cathĂ©drale. Il vous permettra de rĂ©pondre Ă de multiples questions que vous vous posez : Peut-il y avoir une nouvelle RĂ©vĂ©lation depuis la mort du dernier ApĂŽtre ? La Bible ne se trompe-t-elle pas lorsquâelle raconte, par exemple, la crĂ©ation dâune femme tirĂ©e de la cĂŽte dâAdam ? LâĂcriture ne suffit-elle pas ? Ne suffit-il pas dâun contact avec la Personne de JĂ©sus, sans avoir Ă passer par des idĂ©es, des concepts, des notions ? Les PĂšres de lâĂglise et le MagistĂšre ne sont-ils pas sans grand intĂ©rĂȘt puisquâils ne jouissent pas de lâinspiration de lâEsprit-Saint ? Comment situer le rĂŽle de lâinstinct de la foi des fidĂšles face Ă tant dâautres moyens que lâon vient dâĂ©numĂ©rer ? Comment savoir si telle vĂ©ritĂ© est « de foi » ? Par ce tome 2, enfin ! se trouve plus facilement exaucĂ© le souhait formulĂ© par le pape BenoĂźt XV, dans une lettre enthousiaste du 15 fĂ©vrier 1919, encourageant la diffusion parmi la jeunesse du traitĂ© latin du PĂšre Garrigou-Lagrange, et dont lâabbĂ© Lucien reprend et prolonge de nombreuses pages : « Vous avez rĂ©alisĂ©, Ă©crivait-il au professeur de lâAngelicum, une Ćuvre de grand renom parmi les experts, et dont nous souhaitons quâelle soit utilisĂ©e surtout par la jeunesse consacrĂ©e ». Au-delĂ des consacrĂ©s, cette mĂȘme diffusion rend mieux possible la mise en pratique dâautres paroles magistĂ©rielles, adressĂ©es aux laĂŻcs cette fois-ci : LĂ©on XIII, dans lâencyclique Aeterni Patris : « Il faut que tous les jeunes gens, ceux particuliĂšrement dont lâĂ©ducation est lâespoir de lâĂglise, soient nourris dâune doctrine substantielle et forte. » Vatican II, dans la constitution Gaudium et spes (n° 62) : « Il faut souhaiter que de nombreux laĂŻcs reçoivent une formation suffisante dans les disciplines sacrĂ©es, et que plusieurs parmi eux se livrent Ă ces Ă©tudes ex professo et les approfondissent. »
Le Tome 2 : une parution opportune, aprĂšs Vatican II. Tandis que (on le suppose dâaprĂšs les dires de Paul VI) certains veulent « sâautoriser de lâĂ©vĂ©nement conciliaire » de Vatican II « pour instaurer une soi-disant mĂ©thode thĂ©ologique qui permettrait, au nom de la crĂ©ativitĂ© et de la libertĂ© de recherche, dâinterprĂ©ter au grĂ© de chacun le texte scripturaire, le contenu de la Tradition et de sâĂ©riger en juge de lâenseignement et des directives de lâAutoritĂ© suprĂȘme de lâĂglise », le Souverain Pontife rappelle que le thĂ©ologien a le devoir dâexercer un autre jugement puisquâil « doit appliquer aux documents conciliaires et Ă lâensemble des Ă©noncĂ©s du MagistĂšre les NOTES Ă©laborĂ©es par le TRAITĂ DES LIEUX THĂOLOGIQUES. » (PAUL VI, discours aux EvĂȘques du Centre-Est de la France, le 20 juin 1977, DC 1977, p. 603). Mais comment faire une telle application, si on ne connaĂźt pas ces notes, ni ce traitĂ© des lieux thĂ©ologiques ? Le livre de lâabbĂ© Lucien pourra rendre lĂ des services apprĂ©ciables. Le degrĂ© de certitude et de probabilitĂ© des assertions est soigneusement indiquĂ©, en sorte quâun Ă©tudiant qui aura Ă©tĂ© ainsi formĂ© saura Ă©viter « des hypothĂšses ou des prises de positions aventureuses » rĂ©prouvĂ©es par lâenseignement de lâĂglise (cf. PAUL VI, DC 1977, p. 603). Il saura Ă©galement le degrĂ© de proximitĂ© de telle affirmation avec la braise divine reçue dans la RĂ©vĂ©lation. Il saura ainsi comment sâapprocher au mieux de ce foyer bienfaisant.
En savoir plus sur le Tome 2. Il semble quâon peut caractĂ©riser le projet dâensemble de cet ouvrage comme une circulation de vie, la vraie vie de lâintelligence Ă©clairĂ©e par la foi et immergĂ©e dans un bain dâhumilitĂ©.Â
1) Et cela Ă©clate dans le traitement du thĂšme principal, de multiples maniĂšres :Â
â par la mise en lumiĂšre de lâunitĂ© ordonnĂ©e des trois Ă©lĂ©ments, qui interviennent pour la transmission du dĂ©pĂŽt rĂ©vĂ©lĂ© (Ăcriture / Tradition / MagistĂšre), prĂ©sentĂ©e de maniĂšre Ă conjurer toute vaine dialectique (p. 94-96 et p. 112-114),Â
â par le soulignement du lien entre MagistĂšre de Dieu dans la RĂ©vĂ©lation et MagistĂšre ecclĂ©siastique divinement assistĂ© (p. 10),Â
â par lâinsistance sur la continuitĂ© entre la Tradition divine et lâaujourdâhui de lâĂglise (p. 74-75, p. 86 contre « lâarchĂ©ologisme », p. 108 et p. 234 sur lâapostolicitĂ© de la liturgie),Â
â tandis que la place de lâinstinct de la foi des fidĂšles est marquĂ©e (p. 59-60) avec la « juste liberté » voulue pour tous par le dernier Concile (p. 218 explications sur CEC 907 prolongeant GS 62),Â
â en sorte quâon aboutit Ă une hermĂ©neutique de la rĂ©forme dans une vĂ©ritable continuitĂ© Ă propos de Vatican II (p. 81-83).Â
Le lecteur averti apprĂ©ciera dans le mĂȘme sens :
â la conception intrinsĂ©ciste du connexe au RĂ©vĂ©lĂ© (p. 58, p. 60-61, p. 111, p. 289), et la prise de distance Ă lâĂ©gard de la « foi ecclĂ©siastique » (cf. renvoi Ă Ratzinger de Morerod, chez Gahona Fraga p. 111),Â
â la mise en relation entre lâinfaillibilitĂ© magistĂ©rielle et lâinstrumentalitĂ©, ainsi que la distinction trĂšs prĂ©cise entre causes instrumentales inspirĂ©es ou assistĂ©es (p. 152-153), et entre ces derniĂšres et les causes secondes (cf. les tableaux p. 216-218),Â
Ainsi, câest de lâĂ©laboration spĂ©culative que jaillit la manifestation dâune harmonie. Chaque partie du traitĂ© est bien reliĂ©e avec le principe quâest Dieu se manifestant dans la RĂ©vĂ©lation (cf. p. 14), et en consĂ©quence avec les autres parties. Les vaines oppositions disparaissent (par exemple p. 19), au profit dâune profonde complĂ©mentaritĂ©, qui est une sorte de communion.
2) Chemin faisant, la mĂȘme circulation de vie apparaĂźt de multiples façons, par divers autres thĂšmes et diverses insistances :Â
â lâalimentation de la vie spirituelle (cf. p. 24, p. 235),Â
â la dissociation du thomisme classique dâavec un rationalisme dessĂ©chant (voir p. 14 note 22, p. 24 note 31, p. 54 : la rĂ©ponse de Garrigou Ă Gilson, et surtout lâargument propre donnĂ© p. 62, ainsi que la complĂ©mentaritĂ© entre vĂ©rité / fidĂ©litĂ© existentielle de la Bible et vĂ©ritĂ© scolastique p. 165 et 174),Â
â le lien entre la thĂ©ologie et la foi des simples (p. 25),Â
â la continuitĂ© entre rapports notionnels et rapports personnels (discussion remarquable de dĂ©veloppements rĂ©cents sur la RĂ©vĂ©lation) (p. 34-42),Â
â un exposĂ© sainement critique sur lâexpression « tradition vivante » (p. 115-120),Â
â les trois conditions de lâutilitĂ© de lâĂcriture Sainte : a) « une Foi surnaturelle vive » (p. 122), b) « lâĂ©tude » qui « pousse plus avant lâexamen du dĂ©pĂŽt sacré » (p. 59), et c) la prise en considĂ©ration des « commentaires des auteurs approuvĂ©s par lâĂglise » (p. 198 et 214),Â
â la mise en Ćuvre de la linguistique rĂ©cente (Ă propos du dĂ©senveloppement dogmatique, p. 61-64, Ă propos des genres littĂ©raires de lâĂcriture, p. 178-179, Ă propos du sens littĂ©ral, p. 204, Ă propos de lâheuristique, p. 210-211), permettant une approche perspicace du genre historique (p. 180-182).
Dâailleurs, lâhistoire, Ă titre de prĂ©cieux instrument positif, est partout prĂ©sente et ses connaissances sont tenues Ă jour (par exemple pour les remises en cause modernes de lâinerrance de lâĂcriture) (p. 164-168). Les limites des recherches historiques sont Ă©galement soulignĂ©es, notamment au moyen des investigations du PĂšre de Lubac (histoire du mot surnaturel, p. 29-30), mais en tirant cette conclusion assez Ă©loignĂ©e des orientations gĂ©nĂ©rales de la « nouvelle thĂ©ologie » : « vouloir toujours revenir aux maniĂšres de parler des premiers siĂšcles » « sur beaucoup de points » « entraĂźne automatiquement une rĂ©gression doctrinale inacceptable » (p. 30). Ainsi, lâabbĂ© Lucien, qui estime la thĂšse centrale du savant jĂ©suite inconciliable avec les interventions du magistĂšre (p. 32, note 43), montre son ouverture dâesprit lorsquâil nâhĂ©site pas Ă prendre chez cet auteur tout le bien quâil y trouve.
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LâapologĂ©tique, mais je croyais que câĂ©tait dĂ©passĂ© aprĂšs le Concile Vatican II ? Le Tome 3, qui traite de lâApologĂ©tique, peut paraĂźtre dĂ©passĂ© aprĂšs le Concile Vatican II. Quâen est-il ? PrĂ©cisons dâabord que ce Tome 3 achĂšve la prĂ©sentation de la thĂ©ologie commencĂ©e par lâauteur dans deux autres volumes. Le Tome 1 donne un exposĂ© gĂ©nĂ©ral. Le Tome 2 analyse la source de la thĂ©ologie, quâest la RĂ©vĂ©lation. Il dresse la carte des fleuves grĂące auxquels les eaux jaillissantes de lâenseignement divin parviennent jusquâĂ nous (voir les notices de prĂ©sentation de ces deux premiers volumes, ci-dessus). Avec le Tome 3, nous nous tournons du cĂŽtĂ© des adversaires de la thĂ©ologie. Le titre « ApologĂ©tique » indique une dĂ©fense de la foi, face aux objections qui se dressent. AussitĂŽt, quelques-uns pourraient se demander si un Dieu, qui demande Ă ses fidĂšles de construire dans leur thĂ©ologie des fortifications, est bien le mĂȘme qui sâest montrĂ© doux et humble de cĆur en JĂ©sus-Christ. Depuis Vatican II, lâapologĂ©tique nâest-elle pas abandonnĂ©e par lâEglise ? A la lettre, câest faux, si par « Eglise » on entend son autoritĂ© suprĂȘme. Il est vrai quâon ne reproduit pas souvent le texte officiel prescrivant dâenseigner « lâapologĂ©tique », mais il existe, et il est postĂ©rieur de 5 ans Ă lâachĂšvement de ce Concile. Il Ă©mane de la CongrĂ©gation pour lâEducation Catholique, en date du 6 janvier 1970. Le pape Paul VI lâa ratifiĂ©, confirmĂ©, et en a prescrit la publication. Voici les termes de ce document magistĂ©riel, rééditĂ© en 1985 avec approbation de Jean-Paul II, donc toujours en vigueur : « On nâomettra pas, en esprit ĆcumĂ©nique et dans une forme adaptĂ©e aux circonstances actuelles, tout ce qui sâenseignait sous le nom dâApologĂ©tique (illa tradere quae sub nomine Apologeticae veniebant) et qui concerne la prĂ©paration Ă la foi et les bases rationnelles et vitales de celle-ci, en tenant compte des Ă©lĂ©ments dâordre sociologique, qui exercent sur la vie chrĂ©tienne une influence particuliĂšre. » (DC 1970, p. 479-480 ; EC 1975, n° 3043 ; EV, S1, n° 1038) Tout ce que nous allons maintenant ajouter va permettre de comprendre Ă quel point lâApologĂ©tique de lâabbĂ© Lucien correspond Ă ce mot dâordre pontifical. SpĂ©cialement par son adaptation aux circonstances actuelles, pour faire face Ă la crise multiforme dont les Souverains Pontifes ne cessent de rappeler lâexistence. Sans oublier la prĂ©occupation ĆcumĂ©nique (p. 205, 226, 345, 455), ni le dialogue interreligieux (p. 28, 227-228, 525), en particulier avec les juifs (p. 278, 522, 583-585), les musulmans (p. 35, 421-422, 529, 535, 537, 592), les bouddhistes (p. 592). Nous ne nous cachons pas que, parmi ceux qui auront la curiositĂ© de consulter ces rĂ©fĂ©rences, certains feront sans doute des objections. Examinons, en particulier, ce qui touche la nature du dialogue.
LâapologĂ©tique ne sâoppose-t-elle pas au dialogue ? Non. La rĂ©ponse est claire. Mais il faut lâexpliquer. LâapologĂ©tique telle que la pratique notre Tome 3 nâa rien Ă voir avec je ne sais trop quelle contrainte intolĂ©rante. « Croire en la possibilitĂ© de connaĂźtre une vĂ©ritĂ© universellement valable nâest pas du tout une source dâintolĂ©rance ; au contraire, câest la condition nĂ©cessaire pour un dialogue sincĂšre et authentique entre les personnes. » (Bhx JEAN-PAUL II, Fides et ratio 92). Si « des attitudes religieuses ou culturelles ne prennent pas pleinement en compte le principe de l'amour et de la vĂ©rité », « elles constituent alors un frein au vĂ©ritable dĂ©veloppement humain et mĂȘme un empĂȘchement » (BENOĂT XVI, Caritas in veritate 55). « L'un des motifs les plus graves du manque d'intĂ©rĂȘt pour l'engagement missionnaire est une mentalitĂ© marquĂ©e par l'indiffĂ©rentisme, malheureusement trĂšs rĂ©pandue parmi les chrĂ©tiens, souvent fondĂ©e sur des conceptions thĂ©ologiques inexactes et imprĂ©gnĂ©e d'un relativisme religieux qui porte Ă considĂ©rer que âtoutes les religions se valentâ. Nous pouvons ajouter â ainsi que le disait le mĂȘme Pontife â qu'il existe aussi âdes alibis qui peuvent nous dĂ©tourner de l'Ă©vangĂ©lisation. Les plus insidieux sont certainement ceux pour lesquels on prĂ©tend trouver appui dans tel ou tel enseignement du Concileâ (PAUL VI, EN 80). » En rĂ©alitĂ©, « le salut vient du Christ » et « le dialogue ne dispense pas de l'Ă©vangĂ©lisation. » (Bhx JEAN-PAUL II, Redemptoris missio 36 et 55). LâabbĂ© Lucien, dans son ouvrage, lance pour ainsi dire une invitation aux non catholiques. La mĂȘme que Pie XII formule dans la conclusion de sa grande encyclique sur lâEglise : « âŠles invitant tous et chacun de toute Notre affection Ă cĂ©der librement et de bon cĆur aux impulsions intimes de la grĂące divine et Ă sâefforcer de sortir dâun Ă©tat oĂč nul ne peut ĂȘtre sĂ»r de son salut Ă©ternel (Bhx PIE IX, Iam vos omnes) ; car, mĂȘme si, par un certain dĂ©sir et souhait inconscient, ils se trouvent ordonnĂ©s au Corps mystique du RĂ©dempteur, ils sont privĂ©s de tant et de si grands secours et faveurs cĂ©lestes, dont on ne peut jouir que dans lâĂglise catholique. Quâils entrent donc dans lâunitĂ© catholique, et que, rĂ©unis avec Nous dans le seul organisme du Corps de JĂ©sus-Christ, ils accourent tous vers le Chef unique en une trĂšs glorieuse sociĂ©tĂ© dâamour. » (Mystici corporis). Car « la doctrine catholique nous enseigne que le premier devoir de la charitĂ© nâest pas dans la tolĂ©rance des convictions erronĂ©es, quelques sincĂšres quâelles soient, ni dans lâindiffĂ©rence thĂ©orique ou pratique pour lâerreur ou le vice oĂč nous voyons plongĂ©s nos frĂšres, mais dans le zĂšle pour leur amĂ©lioration intellectuelle et morale non moins que pour leur bien-ĂȘtre matĂ©riel. (âŠ) Si lâon veut arriver, et Nous le dĂ©sirons de toute Notre Ăąme, Ă la plus grande somme de bien ĂȘtre possible pour la sociĂ©tĂ© et pour chacun de ses membres par la fraternitĂ©, ou, comme on dit encore, par la solidaritĂ© universelle, il faut lâunion des esprits dans la vĂ©ritĂ©, lâunion des volontĂ©s dans la morale, lâunion des cĆurs dans lâamour de Dieu et de son Fils, JĂ©sus-Christ. Or, cette union nâest rĂ©alisable que par la charitĂ© catholique, laquelle seule, par consĂ©quent, peut conduire les peuples dans la marche du progrĂšs, vers lâidĂ©al de la civilisation. » (S. PIE X, Notre charge apostolique). Qui ne souhaiterait jouir dâun tel bonheur ? Celui qui enseigne lâapologĂ©tique travaille Ă la rĂ©alisation de cet idĂ©al. Il fait Ćuvre de misĂ©ricorde. Ainsi, tout est-il clarifié ? Non, une autre objection peut se faire jour dans le contexte actuel.
LâapologĂ©tique rationnelle est-elle adaptĂ©e Ă notre Ă©poque ? LâapologĂ©tique traditionnelle remplit le Tome 3. Certains voient du « rationalisme » dans cette maniĂšre de traiter la thĂ©ologie fondamentale. ManiĂšre dĂ©passĂ©e depuis Vatican II. Par exemple, un dictionnaire, qui en est Ă sa 3e Ă©dition, envisage trĂšs sĂ©rieusement de « nier que la rĂ©vĂ©lation, comme fait, puisse et doive ĂȘtre lâobjet dâune argumentation directe et rigoureuse, basĂ©e sur la rĂ©alitĂ© historique de miracles qui ne sont attribuables quâĂ la puissance actuelle de Dieu », sous peine de « ramener le contenu de la rĂ©vĂ©lation, le mystĂšre global de la foi, au niveau des vĂ©ritĂ©s naturelles accessibles Ă la raison humaine » (Walter KERN, in Dictionnaire critique de thĂ©ologie, Jean-Yves LACOSTE, dir., puf, 2007, p. 583). Dans le mĂȘme sens, un ouvrage, par ailleurs rempli de qualitĂ©s et qui connaĂźt une assez large diffusion, ne craint pas dâaffirmer : « Les miracles ne peuvent ĂȘtre reconnus que par les âyeux de la foiâ. » « MĂȘme sâil est croyant, un mĂ©decin ne peut pas, en tant que tel, dĂ©clarer quâune guĂ©rison est due Ă lâintervention directe de Dieu. Ce sont ses yeux de croyant, qui, seuls, peuvent percevoir, dans une guĂ©rison actuellement inexplicable, lâaction mĂȘme du CrĂ©ateur. » (AbbĂ© Pierre DESCOUVEMONT, Guide des difficultĂ©s de la foi catholique, Cerf, 12e Ă©d., 2009, p. 191). LâabbĂ© Lucien ne se masque pas la rĂ©alitĂ© actuelle. Il connaĂźt lâopinion dominante, dont nous venons de donner quelques illustrations. Il y rĂ©pond avec vigueur et nuances. 1) Avec vigueur. En effet, il conduit mĂ©thodiquement lâĂ©tudiant Ă cette conclusion irrĂ©fragable : « La RĂ©vĂ©lation chrĂ©tienne est crĂ©dible ». Tous les secteurs de la doctrine classique sont explorĂ©s. On ne se contente pas de les regarder de loin, comme on contemple, dans un musĂ©e, les vastes tableaux des grandes batailles du passĂ©. Non. Ici, grĂące Ă lâampleur des exposĂ©s, on entre sur la scĂšne, on communique avec des personnages fameux, dont lâidentitĂ© nous est tour Ă tour prĂ©sentĂ©e. Pour que le dĂ©butant se fasse une idĂ©e de la richesse de lâexposĂ©, faisons rapidement lâappel des grandes figures de ce royaume : La RĂ©vĂ©lation surnaturelle. Sa possibilitĂ©, sa convenance et sa nĂ©cessitĂ©. La crĂ©dibilitĂ© rationnelle. Sa nature. Les rapports quâelle entretient avec lâobscuritĂ© de la foi. Ses motifs externes Ă la conscience : miracles, prophĂ©ties, beautĂ©, cohĂ©rence, saintetĂ©, transcendance du dogme, personne du fondateur de la Religion. Ses motifs internes Ă la conscience. Quâils soient universels (satisfaction admirable des aspirations vraiment humaines) ou individuels (paix, lumiĂšre, consolation, ennoblissement donnĂ©s Ă tel homme en particulier). Enfin, le Nouveau Testament tout entier. Sa valeur historique. Le Christ Lui-mĂȘme peut alors entrer en scĂšne. En Lui ou Ă propos de Lui, se rĂ©alisent tous les types de motifs nous rendant crĂ©dible le message divin. Câest lâapothĂ©ose ! 2) Avec nuances. Certes, lâabbĂ© Lucien pulvĂ©rise le genre de raisonnements incorrects que nous avons reproduits plus haut. Mais, dans ses pages Ă©nergiques, les nuances sont partout prĂ©sentes. Ainsi, on y montre comment, du plus profond dâelle-mĂȘme, la thĂ©ologie classique fait droit aux meilleur des aspirations dâun Kern, dâun SesboĂŒĂ© ou dâun Rahner : Ă savoir de ne pas sĂ©parer le fait et le contenu de la RĂ©vĂ©lation ; de ne pas voir dans le miracle une rĂ©alitĂ© « contre-nature » ou un « fait brut » (p. 23, 246-7, 256-258). Lâauteur nous offre une exceptionnelle richesse dâexplications pour prĂ©ciser le statut de lâapologĂ©tique au regard de la foi et de la science (p. 11-22). Sâil discute pied Ă pied â en soulignant la gravitĂ© de lâenjeu culturel â la thĂšse du PĂšre Rousselot (note 296, p. 196, p. 197 et 203, p. 558), quâon trouve Ă lâarriĂšre-plan des phrases de lâabbĂ© Descouvemont, il nâen marque pas moins Ă©quitablement la part de vĂ©ritĂ© quâil y reconnaĂźt (p. 17 et 224). Les hommes de foi y trouveront leur compte. Les hommes de science seront Ă©galement satisfaits. Par exemple, lorsquâils rencontreront, dans notre Tome 3, un Gilles-Gaston Granger et un GĂŒnther Ludwig (p. 12-13), un Carl Jung (p. 186), ou encore les thĂ©oriciens de la loi du hasard, les analystes de lâhallucination et de lâhypnose (p. 187, 500-501), dont les contributions sont mises au service de la thĂ©ologie. Au terme, ce qui nâest pas nĂ©gligeable, tous apprĂ©cieront le climat de charitĂ© (cf. p. 226), vertu qui acquiert plus de force dans une vĂ©ritĂ© mieux connue et mieux goĂ»tĂ©e. LâabbĂ© Lucien a considĂ©rablement rĂ©flĂ©chi sur cette question centrale : « LâapologĂ©tique est-elle une science ? » Et il nous livre des conclusions qui perfectionnent les meilleurs ouvrages jusque lĂ disponibles, Ă travers les trĂ©sors desquels il nous pilote, en les complĂ©tant mutuellement. Ici, contentons-nous de souligner combien, malgrĂ© les bonnes intentions de leurs auteurs, certaines vues dâun Kern, dâun SesboĂŒĂ©, dâun Rahner, voire dâun Descouvemont, sont bien Ă©loignĂ©es de la doctrine catholique. En effet, câest Dieu Lui-mĂȘme qui a fait notre intelligence, soumise Ă un cheminement discursif et aux labeurs de la dĂ©monstration. Lui qui se donne Ă nous surnaturellement dans lâobscuritĂ© de la foi, Il veut que nous le cherchions sur le sentier clair-obscur de la crĂ©dibilitĂ© rationnelle. Ainsi le Tome 3 constitue une rĂ©alisation Ă©minente du programme fixĂ© par le bhx Jean-Paul II, dans lâencyclique Fides et ratio : « En Ă©tudiant la RĂ©vĂ©lation et sa crĂ©dibilitĂ© conjointement Ă lâacte de foi correspondant, la thĂ©ologie fondamentale devra montrer comment, Ă la lumiĂšre de la connaissance par la foi, apparaissent certaines vĂ©ritĂ©s que la raison saisit dĂ©jĂ dans sa dĂ©marche autonome de recherche. (âŠ) Il suffit de penser par exemple Ă la connaissance naturelle de Dieu, Ă la possibilitĂ© de distinguer la rĂ©vĂ©lation divine dâautres phĂ©nomĂšnes ou Ă la reconnaissance de sa crĂ©dibilitĂ©, Ă lâaptitude du langage humain Ă exprimer de maniĂšre significative et vraie mĂȘme ce qui dĂ©passe toute expĂ©rience humaine. A travers toutes ces vĂ©ritĂ©s, lâesprit est conduit Ă reconnaĂźtre lâexistence dâune voie rĂ©ellement propĂ©deutique de la foi, qui peut aboutir Ă lâaccueil de la RĂ©vĂ©lation, sans sâopposer en rien Ă ses principes propres et Ă son autonomie spĂ©cifique. » (n° 67). LâabbĂ© Lucien, par lâacuitĂ© de ses enseignements, permet au fidĂšle cultivĂ© de comprendre plus en dĂ©tail lâaffirmation quâon trouve dans une autre grande encyclique, Humani generis de Pie XII, et dâen saisir la portĂ©e pour notre sociĂ©tĂ© (que deviennent ici les phrases malheureuses de Descouvemont ?) : « Lâesprit humain peut Ă©prouver parfois des difficultĂ©s Ă formuler un simple jugement certain de âcrĂ©dibilitĂ©â au sujet de la foi catholique, encore que Dieu ait disposĂ© un grand nombre de signes extĂ©rieurs Ă©clatants qui nous permettent de PROUVER, de façon certaine, lâorigine divine de la religion chrĂ©tienne avec les SEULES lumiĂšres NATURELLES de notre raison. En effet, que le mĂšnent les prĂ©jugĂ©s ou que lâexcitent les passions et la volontĂ© mauvaise, lâhomme peut opposer un refus et rĂ©sister autant Ă lâĂ©vidence irrĂ©cusable des signes extĂ©rieurs quâaux cĂ©lestes lumiĂšres que Dieu verse en nos Ăąmes. » VoilĂ qui fait mieux ressortir la nĂ©cessitĂ© dâune large diffusion du Tome 3, face Ă lâambiance dĂ©lĂ©tĂšre quâon peut constater assez gĂ©nĂ©ralement : il faut acheter ce livre, il faut lâoffrir, il faut le lire et lâĂ©tudier. Ce nâest quâĂ ce prix (financiĂšrement trĂšs modique) quâon pourra prĂ©parer efficacement, Ă la place qui revient Ă lâapologĂ©tique, les remĂšdes tant dĂ©sirĂ©s pour une « civilisation blessĂ©e au cĆur » (cf. Jean Madiran). ApologĂ©tique pour tous !
LâapologĂ©tique ne convertit personne ? 1) Le croyant. Nous venons de parler dâefficacitĂ©. Or, câest prĂ©cisĂ©ment un point aujourdâhui trĂšs disputĂ©. Il nous faut donc prĂ©ciser nos propos. Quand bien mĂȘme lâapologĂ©tique ne convertirait personne, commençons par rappeler quâelle aide au moins le croyant Ă traverser les Ă©preuves, ainsi que le proclamait le pape Pacelli, lors dâune allocution Ă 50 000 garçons et filles des Ă©coles secondaires de lâEtat de Rome : « Il serait dangereux de dĂ©velopper toutes les autres connaissances et de laisser le patrimoine religieux inchangĂ©, comme au temps de la premiĂšre enfance. NĂ©cessairement incomplet et superficiel, ils serait Ă©touffĂ©, et peut-ĂȘtre dĂ©truit, par la culture areligieuse et par les expĂ©riences de la vie adulte, ainsi que lâattestent tant de fois naufragĂ©es par des doutes demeurĂ©s dans lâombre et par des problĂšmes restĂ©s sans solutions. Comme il est nĂ©cessaire que le fondement de votre foi soit rationnel, une Ă©tude suffisante de lâapologĂ©tique devient indispensable. Vous devez ensuite goĂ»ter les beautĂ©s du dogme et les harmonies de la morale ; enfin, vous vous efforcerez dâĂ©lever vos regards au-dessus des voies de lâascĂ©tique chrĂ©tienne, jusquâaux sommets de la mystique. Oh si le christianisme vous apparaissait dans toute sa grandeur et dans toute sa splendeur ! » (DC, 1957, col. 458-459). 2) Lâincroyant. Dâautre part, lorsquâon accuse lâapologĂ©tique dâinefficacitĂ© dans la conversion, on montre tout simplement quâon nâa pas compris ce quâest lâapologĂ©tique, ni quel est son objet limitĂ©. Il faut lire, Ă ce sujet, de toute urgence, les prĂ©cisions de lâabbĂ© Lucien (pages 29, 45, 164 et 267). Quoique son objet soit limitĂ©, il ne faut pas moins chercher Ă sâinstruire de cette science, si lâon veut pouvoir faire face aux objections qui surviennent Ă lâimproviste. A lâĂ©poque du grand essor des missions hors dâEurope, BenoĂźt XV y a insistĂ© dans une lettre apostolique sur la propagation de la foi catholique Ă travers le monde. Paroles dâor dont doit sâimprĂ©gner quiconque veut concourir, pour sa modeste part, au progrĂšs du rĂšgne du Christ : « Avant de commencer son apostolat, le missionnaire doit prendre grand soin de sây prĂ©parer, bien quâon entende dire quâil nâest pas besoin de tant de science pour aller prĂȘcher le Christ aux populations les plus arriĂ©rĂ©es de lâhumanitĂ©. Certes personne ne nie que la conversion des Ăąmes rĂ©clame le prestige des vertus plus encore que celui des connaissances. Pourtant le missionnaire qui nâest pas muni dâun solide bagage doctrinal, si lâon peut dire, doit se sentir souvent manquer de dĂ©fense. Le cas ne sera pas rare oĂč il se trouvera sans livres et sans maĂźtres Ă consulter alors quâon lâinterrogera et quâil devra rĂ©pondre Ă des objections parfois trĂšs difficiles.Du reste, plus le missionnaire se montrera cultivĂ©, plus son prestige grandira, surtout sâil travaille au milieu dâun peuple oĂč lâhonneur et la considĂ©ration vont Ă ceux qui se distinguent par leur culture. » (BENOĂT XV, Lettre Maximum illud du 30 novembre 1919). Câest lĂ quâapparaĂźt de nouveau le trĂšs grand intĂ©rĂȘt que prĂ©sente le livre de lâabbĂ© Lucien, lâurgence dâen faire lâacquisition, la nĂ©cessitĂ© de sâen nourrir. Pourtant, certains feront encore quelques objectionsâŠ
Le Tome 3 est-il trop long, trop compliquĂ© ou inutile ? 1) Commençons par lâutilitĂ©. Celui qui jugera inutiles les exposĂ©s spĂ©culatifs du Tome 3 nâaura pas bien perçu la portĂ©e de ces fortes paroles de BenoĂźt XVI : « Certes, souvent la matiĂšre des Ă©tudes semble trĂšs Ă©loignĂ©e de la pratique de la vie chrĂ©tienne et du service pastoral. Toutefois il est complĂštement erronĂ© de poser toujours immĂ©diatement la question pragmatique : est-ce que cela pourra me servir plus tard ? Est-ce-que cela sera dâune utilitĂ© pratique, pastorale ? Il ne sâagit pas justement dâapprendre seulement ce qui est Ă©videmment utile, mais de connaĂźtre et de comprendre la structure interne de la foi dans sa totalitĂ©, pour quâelle devienne ainsi rĂ©ponse aux demandes des hommes, lesquels changent du point de vue extĂ©rieur de gĂ©nĂ©rations en gĂ©nĂ©rations, tout en restant au fond les mĂȘmes. Câest pourquoi il est important dâaller au-delĂ des questions changeantes du moment pour comprendre les questions vraiment fondamentales et ainsi comprendre aussi les rĂ©ponses comme de vraies rĂ©ponses. » (Lettre aux sĂ©minaristes, 18 oct 2010, n° 5). 2) Concernant lacomplexitĂ©, nâoublions pas, dâabord, quâon trouve dans le Tome 3 de lâabbĂ© Lucien les mĂȘmes qualitĂ©s pĂ©dagogiques que dans les prĂ©cĂ©dents (voir ci-dessus nos explications). Un dĂ©butant peut se contenter dâen faire une premiĂšre lecture Ă vol dâoiseau, en suivant le sigle du skieur. Dâautre part, celui qui refuserait toute complexitĂ© nâaurait pas assimilĂ© lâexhortation que voici, oĂč BenoĂźt XVI pousse mĂȘme les jeunes Ă viser un niveau Ă©levĂ©, trĂšs au-dessus de la moyenne : « Vous devez savoir en quoi vous croyez. Vous devez connaĂźtre votre foi avec la mĂȘme prĂ©cision que celle du spĂ©cialiste en informatique qui connaĂźt le systĂšme dâexploitation dâun ordinateur. Vous devez la comprendre comme un bon musicien comprend sa partition. » (Lettre prĂ©face du Youcat, 2010). 3) Concernant la longueur, rappelons que ce qui est solide et profond ne sera jamais assez long. Peu importe la prolixitĂ© lorsquâil sâagit de choses nĂ©cessaires, explique Saint Augustin. (Retract., prol., n° 2, cf. S.M. RAMIREZ, Op. omnia III/1, p. XVII). Dâailleurs, lâabbĂ© Lucien aurait pu en Ă©crire plus long encore ! Mais il a prĂ©fĂ©rĂ© faire une large place aux questions principales et plus thĂ©oriques (elles occupent surtout son « livre I »). Câest une affaire de magnanimitĂ©. Sous lâimpulsion de cette noble vertu, lâintelligence donne la premiĂšre place Ă ce qui est Ă la source du reste. Dans sa recension Ă©logieuse de notre Tome 3, le PĂšre Elders reproche Ă cet ouvrage de 649 pages dâĂȘtre⊠trop bref ! Oui, vous avez bien lu ! Il sâagit, Ă son avis, dans le « livre II », des paragraphes sur « les difficultĂ©s que certains exĂ©gĂštes voient dans un usage des textes sur les apparitions du Christ ressuscité » et sur « les critĂšres qui prouvent la vĂ©ritĂ© du tĂ©moignage de JĂ©sus sur lui-mĂȘme » (Sedes sapientiae 120, p. 110-111). A vrai dire, heureuse briĂšveté ! PrĂ©cisĂ©ment, le novice pourra commencer par cette seconde partie, qui requiert du lecteur un bagage plus lĂ©ger (et le spĂ©cialiste trouvera plus ample rĂ©ponse Ă ses questions en allant consulter les nombreuses rĂ©fĂ©rences bibliographiques). Il sâagit souvent lĂ dâhistoire et de lecture de la Bible. Ainsi, lorsque, comme lâĂ©crit Elders, « lâauteur passe en revue dâune façon remarquable le tĂ©moignage des apĂŽtres » sur la rĂ©surrection du Christ (p. 558), ou lorsquâil « prĂ©sente une analyse dĂ©taillĂ©e des prophĂ©ties concernant JĂ©sus et leur accomplissement » (p. 560-586) â et « particuliĂšrement impressionnantes sont les pages sur les quatre Cantiques du Serviteur de Yahweh (Is 42-53), qui nâest autre que le Messie ». Elders lĂąche encore trois fois le qualificatif « impressionnant ». Admiration du professeur expĂ©rimentĂ©. Bref, on ne sâennuie pas. Le texte prend parfois lâallure dâun roman policier. Par exemple pour rĂ©futer lâhallucination des apĂŽtres lors des apparitions de leur MaĂźtre (p. 546-550), ou bien Ă propos du canular dâune tombe oĂč reposerait la famille de JĂ©sus (p. 553). On passe dâun sujet Ă un autre, avec une variĂ©tĂ© qui nâest pas lâun des moindres charmes de ce beau livre, auquel, aprĂšs lâavoir laissĂ© quelque temps, on aimera revenir.
Pour un lecteur dĂ©jĂ initiĂ©, quel intĂ©rĂȘt prĂ©sente le Tome 3 ? 1) Dans le Tome 3, un lecteur dĂ©jĂ initiĂ© bĂ©nĂ©ficie-t-il, comme lâĂ©crit Elders, dâune « encyclopĂ©die » ? Oui, en un sens, parce que le volume rassemble « toute la discussion thĂ©ologique depuis le milieu du XIXe siĂšcle Ă propos de la crĂ©dibilitĂ© du Nouveau Testament et du message chrĂ©tien », et que « lâauteur est familier dâune littĂ©rature abondante » (y compris par une bibliographie anglo-saxonne rĂ©cente). Câest dâautant plus prĂ©cieux que cette encyclopĂ©die nâa rien du fatras, ni de lâaccumulation gratuite. Nous retrouvons les caractĂšres communs Ă tous les volumes de la sĂ©rie ThĂ©ologie sacrĂ©e (voir la notice ci-dessus). Câest considĂ©rable. Mais ce nâest pas tout. 2) Le lecteur initiĂ© entend aussi, dans le Tome 3, les trĂšs puissants accords dâune Ćuvre originale (on sâĂ©tonne quâun censeur aussi averti que le PĂšre Elders ne lâait pas davantage fait ressortir). Dâabord parce que ce volume prĂ©sente pour la premiĂšre fois en traduction française de larges morceaux des meilleurs ouvrages classiques, en particulier ceux du dominicain Garrigou-Lagrange et du jĂ©suite Nicolau. Ensuite, parce quâil synthĂ©tise de façon inĂ©dite les richesses de ses prĂ©dĂ©cesseurs, selon un plan qui ne fait que suivre les contours de lâobjet considĂ©rĂ© (cf. 24) : câest prĂ©cisĂ©ment parce quâil ne fait que cela, mais mieux que les autres manuels, quâil est si profond, si Ă©clairant, si instructif. Enfin, parce que, rĂ©sultat inĂ©galĂ© dâun travail acharnĂ©, il approfondit un Ă un tous les chapitres quâon trouve dans les ouvrages traitant du mĂȘme sujet. Relevons quelques dĂ©veloppements, parmi les plus prĂ©cieux, aux yeux des connaisseurs et de tous ceux qui aspirent Ă plus de lumiĂšre et de vraie sagesse. a) Lâinstrument philosophique est aiguisĂ©. Divers points sont abordĂ©s : La rĂ©futation des accusations portĂ©es contre Garrigou-Lagrange par Gilson et reprises par Humbrecht, les qualitĂ©s de ce dernier Ă©tant par ailleurs bien signalĂ©es (p. 53-68 et 78-79). Les opĂ©rations qui interviennent dans la saisie de lâĂȘtre (p. 89). La dĂ©signation de Dieu comme Ipsum esse subsistens ou comme Premier Etre (p. 99). Lâanalogie, avec une discussion des positions de Rineau (p. 100), puis de Montagnes (p. 101). Lâimportance de la ratio entis (p. 167). La philosophie du tĂ©moignage et de la religion, confortĂ©e par certains apports de la philosophie analytique, et prĂ©cisĂ©e par le rĂŽle dâune sorte de « pneumatisme » correspondant, dans lâordre naturel, du pneumatisme des dons du St-Esprit (p. 210-214, 484). Leurs rĂ©percussions considĂ©rables (la place du religieux dans la vie de la citĂ©) : tous les jeunes Ă©tudiants catholiques qui se lancent dans un engagement politique au service de leur foi devraient connaĂźtre ces pages (p. 237-238 ; p. 482-484). LâĂ©pistĂ©mologie de lâhistoire (p. 328-334). Ces lumineux exposĂ©s philosophiques font espĂ©rer ardemment quâun jour lâauteur puisse publier ses cours de psychologie et de mĂ©taphysique. b) La thĂ©ologie reçoit, elle aussi, de nouveaux Ă©clairages : La rĂ©flexion sur le dĂ©sir naturel de voir Dieu, dĂ©jĂ scrutĂ©e en 2009 dans un article qui est devenu une rĂ©fĂ©rence (Sedes sapientiae 107), est reprise et prolongĂ©e (p. 127). Soulignons lâintĂ©rĂȘt que prĂ©sente le renvoi fait Ă Mulard (p. 109). La position adoptĂ©e par lâabbĂ© Lucien invite les blondĂ©lo-lubaciens Ă se corriger, mais fournit Ă©galement des rĂ©ponses Ă leurs lĂ©gitimes dĂ©sirs (p. 111-112, 248, 255-256). Dâailleurs, les qualitĂ©s de la pensĂ©e de Maurice Blondel sont situĂ©es Ă leur juste place (p. 220, 610). Newman apparaĂźt moins de ce cĂŽtĂ© (p. 108) que de celui de Gardeil et de GuĂ©rard (p. 198). Les praeambula fidei : est indiquĂ©, Ă ce propos, le rĂŽle des prises de position de Chenu, Lubac, Gilson dans la dĂ©gradation de la pensĂ©e catholique au siĂšcle passĂ© (p. 144). La primordialitĂ© de JĂ©sus pour la crĂ©dibilitĂ© rationnelle : quelques pistes concernant Hans Urs von Balthasar, et distinction entre le formalisme qui caractĂ©rise la « Nouvelle ThĂ©ologie » et lâunitĂ© concrĂšte procurĂ©e par la mĂ©diation du Christ selon la thĂ©ologie classique (p. 238-239, 267). Une vaste mise Ă jour sur les sources historiques de la RĂ©vĂ©lation, avec une importante remarque sur lâarchĂ©ologie (p. 283). Un non moins important excursus sur le rĂŽle de la succession apostolique dans la tradition orale (p. 340-352). Terminons cette liste non exhaustive en faisant mention de trois pages magnifiques. Il sâagit ici de « lâexcellence de la doctrine chrĂ©tienne » (p. 587-590). Pour Ă©crire ces trois pages, dâune facture trĂšs personnelle, authentique charitĂ© de la vĂ©ritĂ©, il fallait lâexpĂ©rience de toute une vie, donnĂ©e au service du Christ et de son Eglise. Il est temps de conclure. Le Tome 3 ? Une encyclopĂ©die, certes. Mais Ă©galement et surtout une symphonie. Rien de figĂ©. Une innovation continuelle. AppelĂ©e Ă devenir â si lâon nous permet cette image â, dans le cĆur de celui qui en jouit, un hymne Ă la joie (cf. Eph 5, 19 ; Col 3, 16). Un chant jailli des profondeurs de lâĂąme, lorsquâelle entre en contact avec tant de splendeurs. Celles que dĂ©ploie au long des siĂšcles notre Religion catholique en sa crĂ©dibilitĂ© rationnelle.Â
Un moine bénédictin.
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