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Saint Grégoire le Grand
docteur de l'église catholique
537 - 604

Les Dialogues_(pdf, 8 Mo)
 

40 Homélies  sur les Evangiles (618 pages) - téléchargement

Traduction et édition papier par les Moines bénédictins de  l’abbaye Sainte-Madeleine du Barroux (84330 -  France)
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Quand le pape Grégoire Ier ( Grégoire le Grand ) commence, en novembre 590, ses Homélies au peuple de Rome, ce n’est pas la première fois qu’un pontife romain prononce pour les fidèles de la Ville des allocutions qui passeront à la postérité.

Déjà, un siècle et demi plus tôt, le pape Léon Ier avait donné à sa cité et au monde chrétien ses admirables Sermons. Mais l’écart des dates est significatif : les pasteurs de l’Eglise de Rome qui laissent une œuvre homilétique sont plutôt rares.

Exceptionnelle, cette réussite l’est plus encore si l’on considère la personnalité du prédicateur. Ce n’est pas, en effet, un pape quelconque qui prend la parole en 590, mais un pape qui a vécu la vie monastique et lui reste profondément attaché. Qu’un moine devienne évêque, on l’a vu souvent depuis deux siècles au moins : il suffit de nommer Basile de Césarée en Orient et Martin en Occident pour évoquer ce type du moine devenu pasteur.

Du monastère de Lérins, en particulier, sont sortis maints évêques fameux d’Arles et d’ailleurs. Mais un moine pape, voilà quelque chose d’inédit, semble-t-il. Avec Grégoire le grand, le monachisme prend place sur le siège de Pierre. L’événement fut assez percutant pour être suivi d’une réaction antimonastique du clergé romain sous les successeurs de Grégoire le Grand.

Ce moine devenu pape avait de plus, pour accroître son prestige, une ascendance illustre et un passé brillant. Comme Saint Grégoire le Grand  le raconte lui-même dans une des dernières Homélies, un de ses ancêtres — juste un siècle avant lui — avait été évêque de Rome. Plus près de 590, trois sœurs de son père s’étaient consacrées à Dieu. Si l’une d’elles, la malheureuse Gordiana, avait manqué à ses promesses et s’était mariée, les deux autres, Tarsilla et Æmiliana, étaient mortes saintement à quelques jours d’intervalle, l’une avant Noël, l’autre avant l’Epiphanie.

Appartenant à la noblesse romaine, cette famille était fort aisée. Saint Grégoire le Grand  avait à peine passé la trentaine quand il devint, en 572, préfet de la Ville. Mais peu après avoir exercé cette charge annuelle, Saint Grégoire le Grand  changea d’orientation et se fit moine.

Son père, Gordien, étant mort à ce moment, Saint Grégoire le Grand  liquida son patrimoine, en faisant de sa demeure familiale du Mont-Cælius un monastère et en fondant sur ses terres de Sicile six autres communautés monastiques.

Si édifiante que fût cette conversion radicale d’un homme fort en vue et plein de promesses, elle n’alla pas sans des circonstances qui laissèrent au converti de vifs remords.

Dans la dédicace de ses Morales sur Job, qu’il offrira à Léandre de Séville, Saint Grégoire le Grand  se reprochera d’avoir trop attendu pour faire le pas et suivre une vocation qu’il entendait intérieurement depuis longtemps. Et comme pour le punir d’avoir tant tardé, la Providence ne le laissa au monastère que durant peu d’années. Il était devenu moine vers 575. En 579, le pape Pélage II l’ordonna diacre et envoya Saint Grégoire le Grand comme apocrisiaire (nonce) à Constantinople.

Cette représentation diplomatique à la cour impériale n’empêcha pas Saint Grégoire le Grand  de rester moine. Faisant venir auprès de lui à Constantinople un bon nombre de ses frères du Cælius, Saint Grégoire le Grand  reprit en leur compagnie une existence quasi conventuelle. De plus, Saint Grégoire le Grand  entreprit de leur commenter le Livre de Job, et c’est ainsi que commença l’énorme ouvrage que sont les trente-cinq Livres des Morales.

Le fait est important pour nous, car on voit poindre là le talent d’exégète et d’écrivain qui se déploiera dans nos Homélies sur les Evangiles.

Rentré à Rome en 585, Saint Grégoire le Grand  reprend au Cælius une vie pleinement régulière, tout en restant un des conseillers principaux du pape Pélage II. Quand celui-ci sera emporté, le 7 février 590, par la peste qui dévaste Rome, c’est ce moine diacre qu’on choisira pour lui succéder. Après une vive résistance, Saint Grégoire le Grand  finira par être sacré le 3 septembre de la même année.

Commençant bientôt ses prédications — les premières Homélies datent de novembre 590 — Saint Grégoire le Grand allait les poursuivre pendant près de deux ans, jusqu’à l’arrivée des féroces Lombards d’Ariulf aux portes de la Ville, en juillet 592.

Nos quarante Homélies se situent de la sorte entre deux catastrophes : la terrible peste qui décima le peuple de Rome en 590, et l’invasion lombarde qui ravagea les environs de Rome en 592, non sans menacer d’emporter la Ville elle-même.

Comme Saint Grégoire le Grand  l’indique lui-même dans sa Préface, complétée par le préambule des Homélies 21 et 22, les vingt premières Homélies ne furent pas dites par lui à l’église, mais rédigées par écrit et lues au peuple par un notaire en sa présence. La mauvaise santé du nouveau pape ne lui permettait pas, pensait-il, d’improviser devant l’assemblée.

Cependant Saint Grégoire le Grand  remarqua que certains écoutaient mal, et Saint Grégoire le Grand  décida d’affronter l’épreuve du discours direct. Pour cela, il fallait renoncer à se faire entendre de toute l’assemblée, car la faible voix de l’orateur ne dépassait pas les environs de la chaire. Les vingt dernières Homélies furent donc prononcées par le pontife lui-même et enregistrées sur place par des tachygraphes (sténographes), avant d’être mises au net et rendues lisibles.

La Préface de Saint Grégoire le Grand , adressée en 593 à l’évêque sicilien de Taormina, Secundinus, présente ce qu’on peut nommer l’édition officielle du texte, par opposition aux versions non autorisées qui circulaient déjà. Très sensible au sort de sa production littéraire — Saint Grégoire le Grand  le fut toute sa vie — Saint Grégoire le Grand  souffrait de ces exemplaires frelatés, où s’introduisaient même des erreurs. Saint Grégoire le Grand  eut donc soin d’établir un texte authentique, qui est celui que nous lisons, à peu de chose près.

Le lieu où chaque Homélie a été prononcée, qu’il s’agisse d’une église de la Ville ou des environs, est indiqué dans la suscription qui se lit en tête.
 

En même temps qu’il rédigeait ses premières Homélies, Saint Grégoire le Grand   écrivait pour l’évêque Jean de Ravenne sa Règle Pastorale, où il faisait d’abord sa propre apologie pour la résistance qu’il avait opposée à son élection épiscopale, puis traçait le programme d’action pastorale que Saint Grégoire le Grand   entendait suivre.

Mais cette œuvre contemporaine des Homélies est moins étroitement liée avec elles que ne l’est un ouvrage un peu postérieur : les Dialogues.

Ecrits en 593-594, ceux-ci reproduisent plus ou moins littéralement, dans leur quatrième et dernier Livre, la plupart des histoires que le pape Saint Grégoire le Grand  avait contées dans les Homélies.

Ces récits édifiants, presque tous placés vers la fin d’un sermon, sont le dernier trait que nous voudrions relever dans les Homélies. Comme le montre le tableau ci-dessous, cette veine narrative s’est développée progressivement. Les dix premiers sermons n’ont aucun récit de ce genre, et l’on n’en trouve que trois dans les dix sermons suivants. Encore exceptionnels dans la première douzaine d’Homélies du Livre II, les récits deviennent une pièce obligée dans les sept dernières :
 
 

Homélies               Sujet                                          Dialogues IV

12, 7            Mort de Chrysaorius                            40, 6-9
15, 5            Mort de Servulus                                  15, 2-5
19, 7            Mort de Théodore (I)                            40, 2-5
23, 2            Un père de famille hospitalier
32, 8            Une matrone charitable
34, 18          Le moine Victorin-Emilien
35, 8            Mort de l’abbé Etienne de Rieti            20, 2-4
36, 13          Mort du comte Théophane                    28, 1-5
37, 8            Prisonnier libéré par l’eucharistie         59, 1
37, 9            Mort de l’évêque Cassius de Narni       58, 1-2
38, 15          Mort de Tarsilla et d’Æmiliana            17, 1-3
38, 16          Mort de Théodore (II)                           40, 2-5
39, 10          Le moine Martyrius et le lépreux
40, 11          Mort de Romula                                    16, 1-7
 

Si plusieurs de ces narrations sont omises dans le quatrième Livre des Dialogues, c’est que celui-ci traite de la mort et de l’au-delà, dont il n’est pas fait mention dans les épisodes en question. Seule fait exception l’anecdote du prisonnier libéré par l’eucharistie, que Saint Grégoire le Grand  a insérée dans les Dialogues pour illustrer le pouvoir de la messe, bien qu’il ne s’agisse pas d’un mourant ou d’un défunt.

Ainsi les Homélies sur les Evangiles nous font assister à l’éveil du talent narratif de Saint Grégoire le Grand  , qui s’épanouira dans les récits de miracles des Pères italiens dont sont tissés les Dialogues. De son côté, l’œuvre exégétique du pape Saint Grégoire le Grand  se poursuivra dans les Homélies sur Ezéchiel, où le pape Saint Grégoire le Grand  ne commentera plus des passages discontinus, comme dans les Homélies sur les Evangiles, mais les chapitres entiers du début et de la fin d’Ezéchiel, comme Saint Grégoire le Grand   avait précédemment commenté le Livre entier de Job.
 

La Pierre-qui-Vire
Adalbert de Vogüé
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