I. Vie de Saint Isidore. II. Ses Œuvres. III. Sa Doctrine.
1. Sa famille. On ignore la date exacte et le vrai lieu de sa naissance ; les précisions données plus tard par les auteurs espagnols ne sont que des conjectures. Ses parents étaient catholiques de race hispano-romaine. Son père Sévérien dut occuper un rang distingué à Carthagène : lequel ? Sobre de détails sur sa famille, saint Isidore, en parlant de son frère dans son De viris illustribus, XLI, se borne à cette phrase : Leander genitus patre Severiano, carthaginensis provinciæ. Sévérien était-il duc de Carthagène, comme l’ont soutenu dans la suite certains écrivains espagnols ? Ni saint Isidore, ni aucun témoignage contemporain n’autorisent à l’affirmer ; ce titre, en tout cas, ne lui a pas été donné dans les offices de l’Eglise de Tolède. Lors de l’invasion d’Agila, l’an 587 de l’ère espagnole, c’est-à-dire ne 549, Sévérien dut fuir sa cité d’origine, ruinée par les Goths ariens : il se réfugia à Séville. Il eut quatre enfants, tous inscrits au catalogue des saints. Les deux premiers, Léandre et Florentine, étaient nés certainement à Carthagène ; les deux autres, Fulgence et Isidore, naquirent vraisemblablement dans la capitale de la Bétique, le dernier vers l’an 560. Le père et la mère, morts peu après, avaient confié aux soins des deux aînés le plus jeune et le plus aimé de leurs enfants ; et c’est ainsi qu’Isidore, devenu orphelin, fut élevé par son frère Léandre, qui devint archevêque de Séville, et par sa sœur Florentine, qui embrassa la vie religieuse.
2. Son éducation.
Léandre, en effet, traita toujours dans la suite Isidore comme son fils, et veilla avec sa sœur à son instruction et à son éducation. Florentine ayant manifesté un jour le désir de revoir les lieus de son enfance, Léandre l’en dissuada, parce que Dieu avait jugé bon de la retirer de Sodome. Malum quod illa experta fuit, lui écrivit-il en parlant de leur mère, tu prudenter evita ; ce sol natal, du reste, avait perdu sa liberté, sa beauté et sa fertilité. Mieux valait don, ajouta-t-il, qu’elle restât dans son nid et qu’elle veillât tout particulièrement sur le plus jeune de leurs frères. Regula, XXI, P. L., t. LXXII, col. 892. Isidore fut confié, tout enfant, à l’un des monastères de la ville ou des environs, où il fit des fortes études et puisa des connaissances vraiment étonnantes pour l’époque et dans le milieu où il vécut. Il n’est pas, en effet, d’auteur sacré ou profane, surtout parmi les latins, dont il n’ait lu et mis à profit les ouvrages. Mais il n’étudia pas uniquement pour le vain plaisir de savoir ; il poursuivit un double but : celui d’être utile à son pays pour le soustraire à la barbarie et celui de faire triompher la foi catholique contre l’hérésie arienne.
3. Son prosélytisme.
L’Espagne presque toute entière était au pouvoir des Goths ariens, et la difficulté était de ramener ces hérétiques à la vraie foi. Il y eut une lueur d’espoir, lorsque le fils aîné du roi Léovigilde (569-585), Herménégilde, qui avait épousé la fille du roi Franc Sigebert et de Brunehaut, passa au catholicisme. Il est vrai qu’il dut aussitôt s’enfuir à Séville ou qu’il y fut exilé. Mais là, loin des menaces paternelles, et très vraisemblablement sous l’inspiration de Léandre, il chercha à former un parti pour la conversion de l’Espagne. Il sollicita le concours du lieutenant de l’empereur de Byzance et envoya Léandre en mission à Constantinople ; c’est là, en effet, que Léandre se rencontra [col.98 fin / col.99 début] avec le futur pape saint Grégoire le Grand, qui lui écrivait plus tard : Te illuc injuncta pro causis fidei Wisigothorum. Moral., epist., I, P. L., t. LXXV, col. 510. Durant cette mission, Isidore, alors âgé de plus de vingt ans, crut le moment propice pour faire œuvre de propagande en combattant ouvertement l’arianisme. Ce ne fut pas sans horreur qu’en 585 il apprit le guet-apens tendu à Herménégilde et le meurtre qui en fut la suite. Mais survint presque aussitôt la mort du roi persécuteur, suivie de l’avènement de Recarède, qui, comme son frère, abjura l’arianisme et entraîna par son exemple la conversion en masse de tout le royaume goth. Ce grand évènement, si conforme aux vœux d’Isidore, fut célébré au IIIe concile de Tolède, en 589n où siégea et signa, comme métropolitain de la Bétique, saint Léandre. Isidore rentra dès lors dans le cloître, comme clerc, ou comme moine, pour y continuer la lecture attentive des auteurs et enrichir de plus en plus sa collection d’extraits.
2° Son épiscopat.
1. Il remplace son frère
Léandre sur le siège de Séville. A la mort de Léandre,
du temps de l’empereur Maxime († 602) et du roi Recarède († 601),
donc au plus tard en 601, Isidore fut élu pour remplacer son frère
sur le siège métropolitain de la Bétique ; c’est la
date consignée par un contemporain et un ami d’Isidore, saint Braulio,
évêque de Saragosse, dans sa Prænotatio in libros divi
Isidori, P. L., t. LXXXI, col. 15-17. Saint Ildefonse ajoute qu’il occupa
ce siège une quarantaine d’années, De viris illustribus,
IX, P. L., t. LXXXI, col. 28 ; exactement jusqu’au début du règne
de Chintilla en 636, comme a eu soin de le préciser un disciple
d’Isidore, qui a raconté la mort édifiante de son maître.
P. L., t. LXXXI, col. 32. Ce long épiscopat fut consacré
par Isidore aux intérêts de son siège, de sa province
et de l’Espagne ; il ne fut pas sans fruits ; n’en retenons que les faits
principaux.
2. Il signe à un synode de
la province de Carthagène. En 610, se tint à Tolède,
à la cour du roi Gondemar, un synode de la province carthaginoise,
où il fut décidé que le titre de métropolitain
de cette province n’appartiendrait plus au siège de Carthagène,
amis à celui de Tolède, la capitale du royaume. Bien qu’étranger
à cette province, Isidore, alors l’hôte du roi, fut invité
à signer le premier ce décret ; c’est ce qu’il fit en ces
termes : Ego Isidorus, Hispalensis ecclesiæ provinciæ metropolitanus
episcopus, dum in urbem Toletanam, pro occursu regis, advenissem, agnitis
his constitutionibus, assensum præbui et subscripi.
3. Il convoque lui-même des
synodes. Par deux fois, en 619 et en 625, Isidore convoqua à Séville
les évêques de la Bétique pour régler certaines
affaires litigieuses et délicates. Dans le premier de ces synodes,
il trancha d’abord le différend survenu entre son frère Fulgence,
évêque d’Astigi (Ecija), et Honorias, évêque
de Cordoue, au sujet de la délimitation de leurs diocèses
; puis il traita l’affaire de l’évêque eutychien Grégoire,
de la secte des acéphales, qui, chassé de la Syrie, avait
trouvé un refuge en Espagne. Pour couper court à toute suspicion
et à toute propagande d’erreur de sa part, Isidore exigea de lui
une abjuration formelle de l’hérésie monophysite et une confession
de foi orthodoxe. Dans le second, il déposa le successeur de Fulgence,
Martianus, et le remplaça par Habentius. Cf. Florez, España
sagrada, t. X, p. 106.
4. Il préside le IVe concile
international de Tolède. A titre du plus ancien métropolitain
de l’Espagne, Isidore eut à présider, en 633, le IVe concile
national, qui est resté le plus célèbre de la péninsule,
à cause des décisions qui y furent prises tant au point de
vue religieux et ecclésiastique qu’au point de vue civil et politique
; il en fut vraiment l’âme.
a) Au point de vue religieux. Le concile commença d’abord par promulguer un symbole ; puis il imposa à [col.99 fin / col.100 début] toute l’Espagne ainsi qu’à la Gaule narbonnaise l’uniformité pour le chant de l’office et les rites de la messe : Ut unus ordo orandi atque psallendi per omnem Hispaniam atque Galliam conservaretur, unus modus in missarum solemnitate, unus in matutinis vespertinisque officiis, can. 2. Il régla ensuite plusieurs points de discipline et de liturgie, 7-19. Il rappela aux prêtres l’obligation de la chasteté, can. 21-27, et aux évêques le devoir de surveiller les juges civils et de dénoncer leurs abus, can. 32. Il déclara tous les clercs exempts de redevances et de corvées, can. 47.
b) Relativement aux juifs. La question juive, en 633, n’était pas nouvelle en Espagne et ne devait pas de sitôt recevoir une solution définitive, mais elle s’imposait à l’attention du pouvoir civil et ecclésiastique dans l’intérêt de la paix et du bien public. Déjà, en 589, le IIIe concile de Tolède s’en était occupé. Il avait interdit aux juifs : toute fonction qui leur aurait permis d’édicter des peines contre les chrétiens ; toute union avec une femme chrétienne, soit comme épouse, soit comme concubine, les enfants nés d’une telle union devant être baptisés ; tout achat d’esclaves chrétiens, ceux-ci ayant droit à l’affranchissement gratuit s’ils avaient été l’objet de quelque rite judaïque ; autant de mesures sages qui, sans léser les juifs, protégeaient les chrétiens. Quelques années plus tard, Sisebut obligea les juifs à recevoir le baptême ; c’est ce que note simplement Isidore dans son Chronicon, CXX, P. L., t. LXXXIII, col. 1056, mais ce qu’il blâme avec raison dans son Historia de regibus Gothorum, LX, ibid., col. 1093, où il dit de Sisebut : Initio regni judæos in fidem christianam promovens æmulationem, quidem habuit, sed non secundum scientiam, potestate enim compulit quos provocare fidei ratione oportuit. Aussi, ayant lui-même à s’occuper des juifs, maintint-il tout d’abord les décisions prises au IIIe concile de Tolède, mais il eut soin de faire décréter qu’on ne forcerait plus désormais aucun juif à se faire chrétien. Les juifs restaient exclus des emplois publics et ne pouvaient plus posséder d’esclaves chrétiens ; si l’un d’eux avait épousé une femme chrétienne, il était mis en demeure ou de se séparer d’elle ou de se convertir. Restait à liquider le passé et à prendre des mesures pour l’avenir ; car la plupart de ceux qui avaient été contraints sous Sisebut à recevoir le baptême étaient retombés dans le judaïsme ; ceux-là devaient être ramenés de force à la vraie foi ; leurs enfants, s’ils étaient circoncis, devaient être soustraits à leur autorité pour être confiés à des communautés ou à des fidèles recommandables, et leurs esclaves, s’ils avaient été circoncis par eux, devaient être affranchis aussitôt. Désormais tout juif baptisé, qui viendrait à renier son baptême, serait condamné à la perte de tous ses biens au profit de ses enfants, si ces derniers étaient chrétiens, can. 57-66.
c) Relativement à l’Etat. C’était là, à vrai dire, l’un des points plus importants à traiter, car on était au lendemain d’une révolution : il s’agissait de mettre un terme aux discordes civiles et d’assurer la paix, en tranchant le différend survenu entre Suinthila et Sisenand. Sisenand, en effet, avait pris les armes pour détrôner le roi régnant, et Suinthila, devant la révolte triomphante, avait dû abandonner le pouvoir. Sisenand, intéressé à se faire reconnaître, s’était montré plein de déférence à l’égard de l’épiscopat et ne ménagea pas les promesses. Loin d’être inquiété pour sa révolte et son élection, qui avaient tous les caractères d’une usurpation, il fut acclamé et solennellement reconnu comme roi légitime. Quant à Suinthila, il fut condamné à la dégradation et à la perte de tous ses biens. Le concile, disposant ainsi des affaires de l’Etat, menaça d’anathème quiconque attenterait aux jours du nouveau roi, le dépouillerait du pouvoir ou usurperait son trône, et décida qu’à la mort de Sisenand son successeur serait [col.100 fin / col.101 début] élu par tous les grands de la nation et par les évêques, can. 75. Ainsi s’affirmait, en Espagne, l’action politique du clergé et l’union étroite de l’Eglise et de l’Etat.
d) Relativement à l’instruction et à l’éducation du clergé. Isidore, qui avait tant profité de son séjour dans les écoles monastiques et qui comprenait l’importance capitale de l’instruction et de l’éducation pour le clergé, avait fondé à Séville un collège pour les jeunes clercs sous la direction d’un supérieur qui fût à la fois un magister doctrinæ et un festis vitæ. C’est là que fut élevé saint Ildefonse. Il eut soin en outre de faire décréter qu’un établissement semblable serait institué dans chaque diocèse, can. 24. Voir les canons du IVe concile de Tolède, dans Hefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, Paris, 1909, t. III, p. 267-276.
3° Sa mort. Isidore ne devait survivre que trois ans au IVe concile de Tolède. Déjà vieux et "sentant approcher sa fin", raconte son disciple, P. L., t. LXXXI, col. 30-32, il redoubla ses aumônes avec une telle profusion que, pendant les six derniers mois de sa vie, on voyait venir chez lui de tous côtés ou une foule de pauvres depuis le matin jusqu’au soir. Quelques jours avant sa mort il pria deux évêques, Jean et Eparchius, de le venir voir. Il se rendit avec eux à l’église, suivi d’une grande partie de son clergé et du peuple. Quand il fut au milieu du chœur, l’un des évêques mit sur lui un calice, l’autre de la cendre. Alors, levant les mains vers le ciel, il pria et demanda à haute voix pardon de ses péchés. Ensuite il reçut de la main de ces évêques le corps et le sang du Christ, se recommanda aux prières des assistants, remit les obligations à ses débiteurs et fit distribuer aux pauvres tout ce qu’il restait d’argent. De retour à son logis, il mourut en paix le 4 avril 636. " Cf. Ceillier, Histoire générale des auteurs sacrés et ecclés., t. XI, p. 711 ; Leclercq, L’Espagne chrétienne, Paris, 1906, p. 310.
4° Sa célébrité.
L’opinion des contemporains. Très
renommé pendant sa vie, Isidore est resté l’une des gloires
de l’Espagne. Déjà son ami, Braulio, évêque
de Saragosse, prit soin d’insérer son nom dans le De viris illustribus
d’Isidore lui-même et d’y dresser la liste de ses principaux ouvrages.
Il y vante son éloquence, sa science, sa charité ; il le
considère comme le plus grand érudit de son époque,
comme le restaurateur des études, comme l’homme providentiellement
suscité par Dieu pour sauver les documents des anciens, relever
l’Espagne et l’empêcher de tomber dans la rusticité. Prænotatio
librorum divi Isidori, P. L., t. LXXXI, col. 15-17.
2. Sa vaste érudition. Cet
éloge enthousiaste était mérité en grande partie
; car, sans être un homme de génie, Isidore fut un grand érudit.
Il connaissait une grande partie des œuvres de l’antiquité sacrée
et profane, et il y puisa à pleines mains, transcrivant textuellement,
au fur et à mesure de ses multiples lectures, tout ce qui lui paraissait
digne d’être retenu, et amassant ainsi pour ses futurs travaux des
extraits précieux qu’il n’avait plus qu’à mettre en ordre.
Il fut surtout un compilateur, comme le montre l’étendue encyclopédique
de ses citations.
Ayant ainsi recueilli tout ce qui
touche à l’exégèse, à la théologie,
à la morale, à la grammaire, liturgie, à l’histoire,
à la grammaire, aux sciences cosmologiques, astronomiques et physiques,
Isidore se contenta, quand il eut à traiter à traiter du
sujet, d’utiliser la collection de ses notes, exprimant ainsi, comme un
écho fidèle, moins sa propre pensée que celle de ses
devanciers. Et telle fut constamment sa méthode ainsi qu’il a eu
soin à plusieurs reprises d’en prévenir loyalement ses lecteurs,
P. L., t. LXXXII, col. 73 ; LXXXIII, col. 207, 737, 964 ; si bien qu’il
aurait pu écrire en tête de chacun de ses nombreux ouvrages
ou qu’il a mis dans la préface de ses Questiones in [col.101 fin
/ col.102 début] Vetus Testamentum : Lector non nostra leget sed
veterum releget, P. L., t. LXXXII, col. 209.
3. Son titre de docteur de l’Eglise.
Traduisant la pensée des
contemporains, le VIIIe concile de Tolède, en 653, parle d’Isidore
en ces termes : Doctor egregius, Ecclesiæ catholicæ novissimum
decus, præcedentibus ætate postremus, doctrina et comparatione
non infimus et, quod majus est, in sæculorum fine doctissimus. Mansi,
Concil., t. X, col. 1215.
C’est ce même titre de docteur
que lui donne encore le concile de Tolède de 688.
Aussi l’Eglise de Séville
n’hésita pas à insérer dans l’office de son saint
évêque l’antienne : O doctor optime, et dans la messe l’évangile
propre à la fête des docteurs : Vos estis sal terræ
: office et messe qui reçurent, pour l’Espagne et le pays soumis
au roi catholique, l’approbation de Grégoire XIII (1572-1585).
Finalement ce titre fut reconnu
pour toute l’Eglise, le 25 avril 1722, par Innocent XIII.
Cf. Benoît XIV De beati sanct.,
l. IV, part. II, c. XI, n. 15.
Comme ses deux frères, Léandre
et Fulgence, et comme sa sœur Florentine, Isidore a été inscrit
au catalogue des saints ; sa fête est fixée au 4 avril. Acta
sanctorum, aprilis, t. I, p. 325-361.
Durant son long épiscopat,
Isidore composa un grand nombre d’ouvrages, dont quelques-uns ne sont point
parvenus jusqu’à nous. Braulio, en effet, après en avoir
signalé 17, ajoute ces mots : sunt et alia multa opuscula. Prænotatio,
P. L., t. LXXXI, col. 17. Ceux qui restent sont caractéristiques
quant au genre et à la méthode du saint. Ils roulent sur
les matières les plus variées ; car, ainsi que l’a observé
Arevalo, Isidoriana, part. I, c. I, n. 3, P. L., t. LXXXI, col. 11, il
n’est pas de sujet qu’Isidore n’ait abordé : nil intentatum reliquit.
Laissant de côté tout ce qui a trait au droit canon et à
la la liturgie, et qui trouvera sa place dans les dictionnaires consacrés
à ces deux sciences, nous nous bornerons à parcourir succinctement
ses œuvres, non dans leur suite chronologique, car il n’y en a guère
que quatre ou cinq que l’on puisse dater approximativement, mais dans l’ordre
des matières adopté par Arevalo, le dernier et le meilleur
éditeur des ouvrages de saint Isidore.
1° Etymologie. C’est le plus
long et le principal ouvrage du saint. Isidore y travailla longtemps sans
pouvoir l’achever comme il l’aurait voulu. Mais sollicité plusieurs
années de suite par Braulio pour qu’il le lui envoyât complet
et en ordre, il finit par céder, vers 630. Il l’expédia à
son ami avec une dédicace, mais tel qu’il était encore, inemendatum,
en lui laissant le soin de l’amender lui-même. Son titre général
est celui d’Etymologiæ, sous lequel Isidore le désigne plusieurs
fois ; mais comme il est qualifié dans la préface d’opus
de origine quarumdam rerum, Margarin de la Bigne et du Breul lui ont donné
aussi le titre d’Origines. Sa division actuelle en vingt livres est-elle
due à Isidore ou à Braulio ? C’est ce qu’on ne saurait dire,
car les manuscrits varient et pour le nombre et pour l’ordre de ces livres.
En voici le résumé
: le Ier livre traite de la grammaire ; le IIe de la rhétorique
et de la dialectique ; ces deux livres sont plus développés
dans les Differentiæ, mais dans le même esprit, selon le même
plan et la même méthode ; le IIIe, de l’arithmétique,
de la géométrie, de la musique et de l’astronomie ; le IVe,
de la médecine ; le Ve, des lois et des temps : celui-ci est un
résumé ou Chronicon, ou abrégé de l’histoire
universelle, en six époques, depuis les origines du monde jusqu’à
l’an 627 après Jésus-Christ ; le VIe, des livres et des offices
de l’Eglise : il y est question du cycle pascal et il est plus développé
dans le De officiis ; le VIIe, de Dieu, dans anges et des différentes
classes de fidèles : c’est un abrégé de théologie
; le VIIIe, de l’Eglise et des sectes ; le IXe, des langues, des peuples,
des royaumes, des armées, de la population civile, des degrés
de parenté ; le Xe, des mots : c’est un index alphabétique
des plus curieux ; le XIe, de [col.102 fin / col.103 début] l’homme
et des monstres ; le XIIe, des animaux ; le XIIIe, du monde et de ses parties
: c’est une sorte de cosmologie générale ; le XIVe, de la
terre et de ses parties : c’est une géographie ; le XVe, des pierres
et des métaux ; le XVIe, de la culture des champs et des jardins
; le XVIIe, de la guerre et des jeux ; le XIXe, des vaisseaux, des constructions
et de costumes ; le XXe, des mets et des boissons, des ustensiles de ménage
et des instruments aratoires.
Il y a là, comme on le voit,
une sorte de d’encyclopédie. Tout y est traité d’une manière
uniforme, l’étymologie des mots servant à l’explication des
choses. Mais il y a l’étymologie secundum naturam et l’étymologie
secundum propositum. A défaut de la première, Isidore recourt
à la seconde. Or, quelque ingéniosité qu’on y déploie,
il y a toujours place alors pour l’arbitraire. Aussi, à côté
d’étymologies pertinentes et parfois fort remarquables, combien
qui prêtent à sourire ou même semblent ridicules ! Isidore,
il est vrai, ne les a pas inventées, mais alors à quoi bon
les transcrire sans tenir compte de leur invraisemblance, ni même
de leur contradiction ou de leur absurdité ? Arevalo a vainement
essayé de l’en excuser, quand il a écrit : Scriptores collectaneorum
magis excusandi sunt, si quædam aliquantutum absurda aut minus credibilia
proferand. Propositum enim illis erat, non tam ut vera a falsis discernerent,
quam ut aliorum dicta congererent et aliis dijudicanda proponerent. Isidoriana,
part. II, c. LXI, n. 10, P. L., t. LXXXI, col. 386. Un choix plus judicieux
s’imposait. A vrai dire, dans une œuvre de ce genre, Isidore n’a pas été
plus heureux que Platon chez les grecs, Varron chez les latins et Philon
chez les juifs. Mais telle quelle, sa compilation n’en fut pas moins, pour
tout le moyen âge, une mine de renseignements et un manuel à
la portée de tous.
2. Differentiæ, sive de proprietate
sermonum. Isidore dit avoir eu en vie ici le traité correspondant
de Caton, mais il a aussi emprunté à d’autres. Il a divisé
son travail en deux livres. Le Ier, De differentiis verborum, disposé
par ordre alphabétique, comprend 610 différences, quelques-unes
subtiles et bien approfondies ; par exemple : entre aptum et utile ; aptum,
ad tempus ; utiles, ad perpetuum ; entre ante et antea ; ante locum significat
et personam ; antea, tantum tempus ; entre alterum et alium ; alter de
duobus dicitur ; allius, de multis, etc. Le IIe, De differentiis rerum,
en 40 sections et 170 paragraphes, marque la différence des choses,
comme par exemple entre Deus et Dominus, Trinitas et Unitas, substantia
et essentia, animus et anima, anima et spiritus, etc. C’est en fait, un
vrai petit traité de théologie sur la Trinité, le
pouvoir et la nature du Christ, le paradis, les anges, les hommes, le libre
arbitre, la chute, la grâce, la loi et l’Evangile, la vie active
et la vie contemplative, etc.
3° Allegoriæ. Ouvrage
dédié à Orosio, personnage inconnu, ou plutôt
Orontio, qui fut métropolitain de Mérida avant 638, ces Allégories
forment une suite d’interprétations ou d’explications spirituelles,
d’à peine quelques lignes chacune, sur des noms, des caractéristiques,
des personnages de l’écriture : 129 pour l’Ancien Testament, d’Adam
aux Machabées ; 121 pour le Nouveau, la plupart de celles-ci concernant
les paraboles et les miracles du Sauveur. Hæc, dit Isidore dans sa
préface, P. L., t. LXXXIII, col. 97, non meo conservavi arbitrio,
sed tuo commisi corrigenda judicio. Même esprit et même méthode
que dans les Etymologiæ.
4° De ortu et habitu Patrum
qui in scriptura laudibus efferuntur. C’est une série de très
courtes notices biographiques sur 64 personnages de l’Ancien Testament,
d’Adam aux Machabées, et 22 du nouveau, de Zacharie à Tite.
Son attribution à saint Isidore, dans sa forme actuelle, n’est pas
acceptable, dit Mgr Duchesne, [col.103 fin / col.104 début] S. Jacques
de Galice, p. 156-157, dans les Annales du Midi, 1890, t. XII, p.145-179.
C’est là que se trouve, en effet, De ortu, LXI, P. L., t. LXXXIII,
col. 151, le passage interpolé qui, de saint Jacques le Majeur,
frère de saint jean, fait l’apôtre de l’Espagne, l’auteur
de l’Epître et la victime d’Hérode le Tétrarque. Or
saint Jacques le Majeur n’a pas écrit l’épître en question
et fut mis à mort à Jérusalem par Hérode Agrippa
Ier.
5°In libros Veteris ac Novi
Testamenti proæmia. Très courtes introductions à plusieurs
livres de la Bible, y compris Tobie, Judith, les Machabées, précédées
d’une introduction générale également très
courte. A remarquer simplement que, dans la liste des livres du Nouveau
Testament, les Actes sont placés à la fin de l’Epître
de saint Jude et l’Apocalypse de saint Jean, Proæmia, XIII, P. L.,
t. LXXXIII, col. 160 ; c’est du reste la même place qu’Isidore leur
assigne dans son De officiis ecclesiasticis, I, XI, P. L., t. LXXXIII,
col. 746.
6° Liber numerorum qui in sanctis
Scripturis occurunt. Il est question dans ce petit traité de divers
nombres qui se trouvent dans l’Ecriture, à savoir de 1 à
16 de 18 à 20, puis des nombres suivants : 24, 30, 40, 46, 50 et
60. Isidore en donne une explication mystique qu’il clôture en faisant
remarquer, à la suite de saint Augustin, que le nombre de 350 est
la somme des dix-sept premiers chiffres. Or 153 est le nombre est le nombre
de poissons pris dans le coup de filet de la pêche miraculeuse.
7°De Veteri et Novo Testamento
quæstiones. D’un intérêt plus relevé que le précédent,
cet opuscule, quoique beaucoup plus court, quatre pages à peine
dans Migne, fait passer sous les yeux, dans une suite de 41 questions,
la substance et l’enseignement de l’Ecriture. Dic mihi qui est inter Novum
et Vetus Testamentum ? Vetus est peccatum Adæ, unde dicit Apostolus
: Regnavit mors ab Adam usque ad Moysen, etc. Novum est Christus de Virgine
natus ; unde Propheta dicit : Cantate Domino canticum novum ; quia homo
novus venit ; nova præcepta attulit, etc. Quæstiones, I, P.
L., t. LXXXIII, col. 201.
8°Mysticorum expositiones sacramentorum,
seu quæstiones in Vetus Testamentus. Dans ce traité assez
étendu, Isidore donne une interprétation mystique des principaux
évènements rapportés dans les livres de Moïse,
de Josué, des Juges, de Samuel, des Rois, d’Esdras et des Machabées
: il y voit autant de figures de l’avenir. C’est, selon sa constante méthode,
une série d’emprunts, que tantôt il abrège ou modifie,
et auxquels il ajoute parfois. Veterum ecclesiasticorum sententias congregantes.
. veluti ex diversis prati flores lectos. . . et pauca de multis breviter
perstringentes, pleraque etiam adjicientes vel aliqua ex parte mutantes.
Præf., P. L., t. LXXXIII, col. 207. L’allégorie y est souvent
poussée jusqu’à l’excès, elle est du moins d’un ton
très moralisant.
9° De fide catholica ex Veteri
et Novo Testamento contra judæos. Ce titre pourrait faire croire
à un traité d’apologétique ou de controverse, mais
il n’en est pas tout à fait ainsi. Sans doute, dans son épître
dédicatoire à sa sœur Florentine, Isidore dit : Ut prophetarum
auctoritas fidei gratiam firmet et infidelium judæorum imperitiam
probet, ce qui semble annoncer une thèse, mais il ajoute : Hæc,
sancta soror te petente, ob ædificationem studit tui tibi dicavi,
P. L., t. LXXXIII, col. 449 ; c’est, en effet, une exposition sereine plutôt
qu’une œuvre de polémique. Dans le premier livre, on traite, texte
en mains, de la personne du Christ, de son existence dans le sein du Père
avant la création, de son incarnation, de sa passion, de sa mort,
de sa résurrection, de son ascension et de retour futur pour le
jugement, le tout terminé par cette observation : Tenent ista omnia
libri Hebræorum, legunt cuncta judæi sed non intelligunt. Cont.
judæos, I, 62, P. L., t. LXXXIII, col. 498. [col.104 fin / col.105
début] Dans le second, on montre les suites de l’incarnation, à
savoir ; la vocation des gentils, la dispersion des juifs et la cessation
du sabbat ; après quoi vient simplement cette exclamation : O infelicium
judæorum defienda demential. Cont. judæos, II, 28 ; ibid.,
col. 536. Cette manière d’argumenter contre les juifs, quelque intérêt
qu’elle offre pour l’époque, est loin de rappeler le célèbre
Dialogue avec Tryphon, de saint Justin.
10° Sententiarum libri tres.
Autrement dit, ajoute Braulio, De summo bono. Voici un manuel de doctrine
et de pratique chrétiennes, empruntés surtout à saint
Augustin et à saint Grégoire le Grand. Il est divisé
en trois livres. Dans le Ier, il est question de Dieu et de ses attributs,
de la création, de l’origine du mal, des anges, de l’homme, de l’âme
et des sens, du Christ, du Saint-Esprit, de l’Eglise et des hérésies,
de la loi, du symbole et de la prière, du baptême et de la
communion, du martyre, des miracles des saints, de l’Antechrist, de la
résurrection et du jugement, du châtiment des damnés
et de la récompense des justes. Dans le IIe, de la sagesse, de la
foi, de la charité, de l’espérance, de la grâce, de
la prédestination, de l’exemple des saints, de la confession des
péchés et de la pénitence, du désespoir, de
ceux que Dieu abandonne, de la rechute, des vices et des vertus. Dans le
IIIe, qui est d’une grande utilité pratique, il s’agit des châtiments
de Dieu et de la patience qu’il faut avoir à les supporter, de la
tentation, et de ses remèdes, prière, lecture et étude,
de la science sans la grâce, de la contemplation, de l’action, de
la vie des moines, des chefs de l’Eglise, des princes, des juges et des
jugements, de la brièveté de la vie et de la mort.
11° De ecclesiasticis officiis.
Dédié à Fulgence († 620), frère du saint, ce
traité d’Isidore contient des renseignements précieux sur
l’état du culte divin et des fonctions ecclésiastiques dans
l’Eglise gothique du VIIe siècle. Le premier livre, relatif au culte,
passe en revue les chants, les cantiques, les psaumes, les hymnes, les
antiennes, les prières, les répons, les leçons, l’alléluia,
les offertoires, l’ordre et les prières de la messe dans la liturgie
gallicane, cf. Duchesne, Les origines du culte chrétien, 2e édit.,
Paris, 1898, p. 189 sq., le symbole, les bénédictions, le
sacrifice, les offres de tierce, sexte, none, vêpres et complies,
les vigiles, les matines, le dimanche, le samedi, la Noël, l’Epiphanie,
les Rameaux, les trois derniers jours du carême, les fêtes
de Pâques, de l’Ascension, de la Pentecôte, des martyrs, de
la dédicace ; les jeûnes du carême, de la Pentecôte,
du septième mois, des calendes de novembre et de janvier, l’abstinence.
Le second livre, relatif aux membres du clergé et aux diverses catégories
de fidèles, traite des clercs : évêques, archevêques,
prêtres, diacres, sous-diacres, lecteurs, chantres, exorcistes, acolytes,
portiers ; des moines, des pénitents, des vierges, des veuves, des
personnes mariées, des catéchumènes, des compétents,
du symbole et de la règle de foi qui précèdent la
collation du baptême, de la chrismation, de l’imposition des mains
ou de la confirmation.
12° Synonyma, de lamentatione
animæ peccatricis. Ces deux titres, dont le premier fit plutôt
penser à quelque traité de grammaire, et dont le second des
gémissements d’un pécheur, se justifient également,
l’un pour la forme, l’autre pour le fond. En effet, chaque idée
est présentée plusieurs fois par des expressions différentes,
mais équivalentes : de là le titre de Synonyma. Mais comme
il s’agit d’un pauvre pécheur qui gémit son propre état,
le second titre explique la matière du traité. C’est une
sorte de soliloque ou plutôt de dialogue intime entre l’homme et
sa raison. L’homme, sous le poids des maux qui l’oppriment, en vient à
désirer la mort ; mais la raison intervient pour relever son courage,
lui rendre l’espoir du pardon, le ramener dans la bonne voie et pousser
jusqu’au som- [col.105 fin / col.106 début] met de la perfection.
Il a tort, en effet, de se plaindre, car les épreuves ont leur utilité
: Dieu les permet pour notre amendement, et elles sont la juste punition
de nos fautes. Mieux vaut donc lutter, se convertir, opposer de bonnes
habitudes aux mauvaises, persévérer dans la crainte de mourir
comme un impie et d’encourir les châtiments éternels : tel
est l’objet du premier livre, au commencement duquel se lit cette sentence
: Melius est bene mori quam male vivere ; melius est non esse quam infeliciter
esse. Syn., I, 21, P. L., t. LXXXIII, col. 832. Dans le second livre, la
raison continue à donner des approprié et détaillés
pour conserver la chasteté, résister aux tentations, pratiquer
la prière, la vigilance, la mortification, et poursuivre la conquête
des biens célestes, etc., et elle conclut : Donum scientiæ
acceptum retine, imple opere quod didicisti prædicatione. Syn., II,
100, ibid., col. 868. Et le pécheur aussitôt de remercier
la raison. Cette œuvre de direction morale est, du point de vue de la piété,
la plus intéressante de saint Isidore.
13° Regula monachorum. Résumé
de tout ce que l’on trouve épars dans les ouvrages des Pères
relativement à la disposition et à la distribution d’un monastère,
à l’élection de l’abbé et à la vie des moines.
14° Epistolæ. En dehors
des lettres, qui servent de préface ou de dédicace à
cinq de ses ouvrages, on n’en a conservé que quelques autres : trois
à Braulio, évêque de Saragosse ; nue à Leudefeld,
de Cordoue, concernant les membres et les fonctions du clergé dans
l’Eglise ; une à Massona, de Mérida, sur la réintégration,
après pénitence, des clercs tombés dans le péché
; une à Helladius, sur la chute de l’évêque de Cordoue
; une au duc Claude, sur ses victoires ; une à l’archidiacre Redemptus,
sur certains points de liturgie ; une autre enfin à Eugène,
sur l’éminente dignité des évêques, en tant
que successeurs des apôtres, et plus particulièrement du pontife
romain, tête de l’Eglise.
15° De ordine creaturarum. Cet
opuscule, retenu comme authentique par Arevalo, traite d’abord de la Trinité,
puis des créatures spirituelles, c’est-à-dire des anges distribués
en neuf chœurs, du diable et des démons, ensuite des eaux supérieures
du firmament, du soleil, de la lune, de l’espace supérieur et inférieur,
des eaux et de l’océan, du paradis, et enfin de l’homme après
le péché, de la diversité des pécheurs et du
lieu de leur peine, du feu du purgatoire et de la vie future.
16° De natura reum. Dédié
au roi Sisebut, après avoir été composé sur
sa demande, ce petit travail résume tout ce que les anciens ont
écrit sur le jour, la nuit, la semaine, le mois, l’année,
les saisons, le solstice et l’équinoxe, le monde et ses parties,
le ciel et les sept planètes alors connues, le cours du soleil et
de la lune, les éclipses, les étoiles filantes et les comètes,
le tonnerre et les éclairs, l’arc-en-ciel, les nuages, la pluie,
la neige, la grêle, les vents, les tremblements de terre, etc. Pour
les diverses sources, voir Becker, De natura rerum, Berlin, 1857.
17° Chronicon. Toujours fidèle
à sa méthode, Isidore résume dans cette chronique,
en une suite de 122 paragraphes, les six âges de l’histoire du monde,
depuis la création jusqu'à l’an 654 de l’ère espagnole,
c’est-à-dire jusqu’en 616, en empruntant ses matériaux aux
travaux de Jules l’Africain, d’Eusèbe, de saint Jérôme
et de Victor de Tunnunum, et en y rajoutant quelques renseignement sur
l’histoire de l’Espagne. Il a soin, à la fin, de rappeler la victoire
de Léovigilde, sur les Suèves, le soulèvement d’Herménégilde,
mais sans faire la moindre allusion à sa mort violente, la conversion
de Recarède et de tous les Goths d’Espagne, et la part que prît
à ce grand évènement son frère Léandre.
Pour les sources, voir Hertzberg, Ueber die Croniken des Isidorus von Sevilla,
dans [col.106 fin / col.107 début] Forschungen zur deutschen Geschichte,
1875, t. XV, p. 289-360.
18° Historia de regibus Gothorum,
Wandalorum et Suevorum. Ce résumé historique, tout à
l’honneur de l’Espagne dont il célèbre la richesse, la fécondité
et la gloire, est d’une valeur inappréciable et constitue la source
principale pour l’histoire des Visigoths, depuis leur origines jusqu’à
la cinquième année du règne de Suintila, en 621, c’est-à-dire
pendant 256 années ; pour l’histoire des Vandales, depuis leur entrée
en Espagne sous Gundéric, en 408, jusqu’à l’invasion de l’Afrique
et la défaite de Gélimer, en 522 ; et enfin pour l’histoire
des Suèves, qui, entrés en Espagne en même temps que
les Alains, les Vandales s’y maintinrent jusqu’en 585, lors de leur incorporation
au royaume des Goths. Cf. Hertzberg, Die Historien und die Chroniken des
Isidorus von Sevilla, Gœttingue, 1874.
19° De viris illustribus. Sur
une liste de 46 noms dont il est question dans ce traité, treize
appartiennent à des auteurs espagnols, ce qui nous vaut des renseignements
précieux sur plusieurs évêques d’Espagne, antérieurs
au VIIe siècle. On y trouve une note sévère sur la
mort d’Osius et un éloge mérité de Léandre
au sujet de son influence religieuse et de la part qu’il prit à
la conversion des Goths.
1° Observation préliminaire.
Sur l’Ecriture, le dogme, la morale, la discipline et la liturgie, saint
Isidore a résumé la science de son temps ; mais c’est moins
sa pensée qu’il nous donne que celle des autres. Il s’est contenté
d’être l’écho de la tradition, dont il a pris soin de recueillir
et de reproduire les témoignages, et, à ce point de vue ;
son œuvre des plus précieuse ; c’est celle d’un disciple très
averti, d’un témoin autorisé, mais ce n’est pas celle d’un
initiateur ou d’un maître. S’en tenant trop exclusivement à
sa méthode de collectionneur et de rapporteur, il n’a pas donné,
dans quelque œuvre originale et forte, toute la mesure de son talent. Dans
ces conditions, il serait difficile de parler de son enseignement personnel
; il suffira de signaler quelques points particuliers sur lesquels son
témoignage est bon à recueillir ou à propos desquels
il a été l’objet d’accusations injustifiées.
2° Sur l’Ecriture. 1.
Le canon. Par trois fois, saint Isidore a donné le catalogue des
livres de la Bible. Etym., VI, I ; In libros Veteris et Novi Testamenti
proæmia, prol. 2-13 ; De officiis ecclesiasticis, I, XI, P. L., t.
LXXXIII, col. 150-160 ; 229 ; 746. Pour l’Ancien Testament, c’est la liste
du Prologus galeatus. Aux trois classes des protocanoniques, livres historiques,
prophétiques et hagiographes, Isidore joint celle des deut rocanoniques,
la Sagesse, l’Ecclésiastique, Tobie, Judith et les deux livres des
Machabées, parce que l’Eglise, dit-il, les tient pour des livres
divins. Pour le Nouveau testament, c’est l’ordo evangelicus ou les quatre
Evangiles ; l’ordo apostolicus : les quatorze épîtres de saint
Paul, les sept Epîtres catholiques rangées dans l’ordre suivant
: Pierre, Jacques, Jean et Jude, et enfin les Actes et l’Apocalypse. Ce
dernier livre était encore contesté en Espagne, mais Isidore
eut soin, au IVe concile de Tolède, de faire porter ce décret
: " L’autorité de plusieurs conciles et les décrets synodaux
des pontifes romains déclarent que le livre de l’Apocalypse est
de Jean l’Evangéliste et ordonnent de le recevoir parmi les livres
divins. Mais il y a beaucoup de gens qui contestent son autorité
et qui ne veulent pas l’expliquer dans l’Eglise de Dieu. Si désormais
quelqu’un ne le reçoit ou ne le prend pas pour texte d’explication
pendant la messe, de Pâques à la Pentecôte, il sera
excommunié. " Can. 17.
2. L’inspiration. Saint Isidore
affirme le fait de l’inspiration divine de tous les auteurs sacrés,
mais sans en spécifier la nature ; il se contente de dire : Auctor
earumdem Scripturarum Spiritus Sanctus esse credit- [col.107 fin / col.
108 début] tur ; ipse enim scripsit qui prophetis suis scribenda
dictavit. De offic. eccle., I, XII, 13, P. L., t. LXXXIII, col. 750. Quant
au rôle et à la part de l’écrivain sacré dans
la rédaction de son œuvre, il n’en parle pas, cette question n’ayant
pas encore été pleinement élucidée.
3. L’interprétation.
Isidore connaît la multiple signification du texte sacré ;
il sait que l’on peut entendre au sens littéral et au sens spirituel,
au sens propre ou métaphorique. Scriptura non solum historialiter
sed etiam mysterio sensu, id est spiritualiter, sentienda est. De fide
cath., II, XX, 1, P. L., t. LXXXIII, col. 528. Scriptura sacra ratione
tripartita intellegitur ; d’abord secundum litteram sine ulla figurali
intentione ; ensuite secundum figuralem intellegentiam absque aliquo rerum
respectu ; enfin salva historica rerum narratione, mystica ratione. De
ord. creat., X, 6-7, P. L., t. LXXXIII, col. 939. Pour l’intelligence des
passagers les plus obscurs, il rappelle, à la suite de saint Augustin,
mais sans y joindre les judicieuses réflexions de l’évêque
d’Hippone dans son De doctrina christiana, III, XXX-XXXVIII, 42-56, les
sept règles du donatiste Tichonius. Sent., I, IXI, P. L., t. LXXXIII,
col. 581-586.
3° Sur le dogme. Deux
points de doctrine ont paru répréhensibles dans saint Isidore
: l’un sur la prédestination, l’autre sur la transsubstantiation
; qu’en est-il ?
1. La prédestination.
Saint Isidore parle dans un passage de la gemina prædestinatio, sive
electorum ad requiem, sive reproborum ad mortem. Sent., II, VI, 1, P. L.,
t. LXXXIII, col. 606. Hincmar de Reims, au IXe siècle, a conclu
de là que l’évêque de Séville était un
successeur des Gaulois qu’avait combattu saint Augustin dans son De prædestinatione
sanctorum et son De bono perseverantiæ. C’est bien à tort,
car il n’y a pas de preuve que le prédestinatianisme ait paru en
Espagne, soit de provenance gauloise, soit d’ ailleurs. L’erreur des prédestinatiens
du IXe siècle fut de croire que Dieu prédestine les pécheurs,
non seulement à la damnation, mais aussi au péché.
Or, saint Isidore distingue avec raison l’une de l’autre, il nie la prédestination
au péché ; car Dieu ne veut pas le péché, il
ne fait que le permettre ; et s’il est question de l’endurcissement ou
de l’aveuglement du pécheur, il faut prendre garde au rôle
négatif de Dieu. Obdurare dicitur Deus hominem, non ejus faciendo
duritiam, sed non auferendo eam, quam sibi ipse nutrivit. Non aliter et
obcæcare dicitur quosdam Deus, non ut in eis eamdem ipse cæcitatem
eorum ab eis ipse non auferat. Sent. II, V, 13, P. L., t. LXXXIII, col.
605. Quant à la prédestination à la peine, Isidore
l’enseigne : Miro modo æquus omnibus Conditor alios prædestinando
præeligit, alios in suis moribus pravis justo judicio derelinquit
; quidam enim gratissimæ misericordiæ ejus prævenientis
dono salvantur, effecti vasa misericordiæ ; quidam vero reprobi habiti
ad pœnam prædestinati damnantur, effecti vasa iræ. Different.,
II, XXXII, 117-118, P. L., t. LXXXIII, col. 88.
Au sens propre et rigoureux
qu’il aura dans la langue théologique, le mot de prédestination
ne s’applique qu’à certaines créatures raisonnables qui doivent
avoir la gloire du ciel en partage ; c’est la prescience, non des mérites
de la créature, mais des bienfaits de Dieu ; c’est le plan éternel
de Dieu statuant en lui-même l’obtention du ciel pour ceux qui, en
effet, doivent un jour et pour l’éternité, être admis
à ce bonheur. Il ne s’applique au pécheur que dans un sens
impropre ; car la réprobation implique de la part de Dieu deux choses,
d’abord la permission de la faute, ensuite la volonté de la punir.
Dieu permet le péché : pourquoi ? C’est le grand mystère,
dont il n’est point permis de demander compte à Dieu ; et Dieu très
justement châtie le péché non pardonné et non
expié. Cf. Arevalo, Isidoriana, part. I, c. XXX, n. 1-14, P. L.,
t. LXXXI, col. 150-157. [col.108 fin / col.109 début]
2. La transsubstantiation.
D’après Bingham, Origines eccles., l. XV, c. V, sect. 4, Londres,
1710-1719, t. VI, p. 801, saint Isidore aurait nié la transsubstantiation.
S’il s’agit du mot, il est certain que saint Isidore ne l’a pas employé,
pour la bonne raison qu’il n’existait pas encore pour exprimer la nature
du changement qui s’opère au sacrifice de la messe par la consécration
; mais s’il s’agit du sens exprimé si bien plus part par le mot
de transsubstantiation, on ne peut pas soutenir qu’Isidore ne l’a pas enseigné.
Car, dans un passage, il dit qu’on appelle corps et sang du Christ le pain
et le vin, quand ils sont sanctifiés et deviennent sacrement par
l’invisible opération du Saint-Esprit. Unde hoc, eo jubente corpus
Christi et sanguinem dicimus, quod, dum sit ex fructibus terræ, sanctificantur
et fit sacramentum operante invisibiliter Spiritu Dei. Etym., VI, XIX.
Resteraient-ils pain et vin tout en devenant sacrement ? Nullement, car,
dans un autre passage, après avoir dit comme saint Paul : panis,
quem frangimus, corpus Christi est, il ajoute : Hæc autem, dum sunt
visibilia, sanctificata per Spiritum Sanctum, in sacramentum divini corporis
transeunt. De offic. eccl., I, XVIII. Transeunt, qu’est-ce à dire
? Il s’agit bien d’un changement, d’une transformation, et n’est-ce pas
là l’équivalent du mot transsubstantiation ? Cf. Arevalo,
Isidoriana, part. I, c. XXX, n. 15-24, P. L., t. LXXXI, col. 157-160.
4° Sur les sacrements.
Bingham, Origines eccles., l. XII, c. I, accuse encore saint Isidore de
n’avoir fait qu’un seul sacrement du baptême et de la confirmation.
En effet, l’évêque de Séville a écrit : Sunt
autem sacramenta baptismus et chrisma, corpus et sanguis. Etym., VI, XIX.
D’où Bingham de conclure : de même que corpus et sanguis ne
désignent qu’un seul et même sacrement, de même baptismus
et chrisma. Conclusion erronée, car Isidore, loin de confondre le
sacrement du baptême avec celui de la confirmation, les distingue
l’un de l’autre : Sicut in baptismo peccatorum remissio datur, ita per
unctionem sanctificatio Spiritus adhibetur, et il traite ailleurs, De offic.
eccles., II, XXV-XXVIII, P. L., t. LXXXIII, col. 822-826, séparément
et distinctement du baptême, de la chrismatio et de l’imposition
des mains. Ce que l’on peut reprocher à son langage, c’est, tout
au plus, un certain manque de précision fort excusable à
une époque où la théorie sacramentaire n’était
pas encore rigoureusement fixée. Cf. Arevalo, Isidoriana, part.
I, c. XXX, n. 22-25, P. L., t. LXXXI, col. 160-162.
5° Sur l’origine de l’âme
des enfants d’Adam. L’âme de l’enfant qui vient au monde a-t-elle
été créée dès l’origine, ou n’est-t-elle
créée par Dieu qu’au moment de la conception, ou bien encore
ne serait-elle pas transmise du père au fils par voie de génération
? Autant de questions soulevées parmi les Pères grecs et
latins et résolues en sens divers. Saint Augustin est mort sans
avoir pu y trouver une solution qui le satisfît. Saint Isidore, cela
va sans dire, rappelle les opinions anciennes, en constatant que la question
est des plus difficiles et n’a pas été tranchée. Differ.,
II, XXX, 105 ; De offic. eccl., II, XXIV, 3 ; De ord. creat., XV, 10, P.
L., t. LXXXIII, col. 85, 818, 952. Toutefois il se prononce pour la création
de l’âme au moment où elle doit animer un corps humain : Animam
non esse partem divinæ substantiæ, vel naturæ, nec esse
eam priusquam corporis misceatur, constat ; sed tunc creari eam quando
et corpus creatur, cui admisceri videtur. Sent., I, XII, 4, P. L., t. LXXXIII,
col. 562.
I. EDITIONS. Margarin de la
Bigne fut le premier à publier les œuvres de l’évêque
de Séville sous ce titre : S. Isidori Hispalensis episcopi opera
omnia, Paris, 1580. Son édition était incomplète et
laissait à désirer. près de vingt ans après,
Grial donna une autre édition beaucoup plus soignée, mais
qui est encore loin d’être satisfaisante : [col.109 fin/col.110 début]
Divi Isidori Hispalensis episcopi opera, Madrid, 1599 ; 2 vol. 1778. Le
bénédiction Jacques du Breuil, profitant du travail de ses
devanciers, améliora celle de Margarin de la Bigne et compléta
celle de Grial sans la rendre plus correcte : S. Isidori Hispalensis episcopi
opera omnia, Paris, 1601 ; Cologne, 1617. Au XVIIIe siècle, Ulloa
reprit l’édition de Grial et la publia à Madrid, en 1778,
revue, corrigée et augmentée de notes de Gomez. Mais il restait
un examen critique à faire sur tous les ouvrages, authentiques ou
supposés, de saint Isidore ; ce fut l’œuvre d’Arevalo. Ce dernier,
grâce à un examen attentif et à une connaissance approfondie
du sujet, passa en revue les manuscrits et les éditions et ne retint
comme authentique que les ouvrages dont l’analyse a été donnée
dans cet article, en suivant l’ordre de la dignité des matières
et, dans chaque matière, le genre d’abord, les espèces ensuite
; c’est jusqu’ici la meilleure de toutes les éditions : S. Isidori
Hispalensis episcopi opera omnia, 4 vol., Rome, 1797-1803. Migne l’a reproduite
: P. L., t. LXXXI-LXXXIV, en y joignant la Collectio canonum attribuée
à saint Isidore, ainsi que la Liturgia mozarabica secundum regulam
beati Isidori, P. L., t. LXXXV-LXXXVI. Depuis lors quelques ouvrages de
saint Isidore ont fait l’objet d’éditions critiques nouvelles. La
partie historique, sous ce titre : Isidori junioris Hispalensis historia
Gothorum, Wandalorum, Sueborum ad annum 624, a été insérée
dans les Monumenta Germaniæ historica. Auctores antiquissimi, Berlin,
1894, t. XI, p. 304-390. G. Becker a donné une édition critique
du De natura rerum, Berlin, 1857. K. Weinhold, a publié quelques
fragments en vieil allemand de l’opuscule contre les juifs : Di altdeutschen
Bruckstücke des Tractats des Bischofs Isidorus von Sevilla De fide
catholica contra judæos, Paderborn, 1874. G. A. Hench, a publié
un fac-similé du codex de Paris : Der althochdeusche Isidor. Fac-Simile
Ausgabe der Pariser Codex, nebst kritischen Texte der Pariser und Monseer
Bruchstücke, Strasbourg, 1893. Il reste encore beaucoup à faire.
W. M. Lindsay, Isidori Hispalensis Etymologiarum seu Originum libri XX,
2 vol. Oxford, 1911 : Beer, Isidori Etymologiarum cod. Toletanus phototypice
editus, Leyde, 1909.
II. SOURCES. S. Braulio, évêque
de Saragosse, contemporain et ami de saint Isidore ; Prænotatio librorum
divi Isidori, P. L., t. LXXXI, col. 15-17 ; S. Ildefonse, De viris illustribus,
IX, ibid., col. 27-28 ; un récit de la mort de l’évêque
de Séville, ibid., col. 30-32 ; Acta sanctorum, avril, t. I, p.
325-361.
III. TRAVAUX. Des biographies
ont été publiées par Cajétan, Rome, 1616, par
Dumesnil, 1843, par l’abbé Colombet, 1846. Sur la vie et les œuvres
de saint Isidore, Noël Alexandre, Historia ecclesiastica, Paris, 1743,
t. X, p. 195, 411-413 ; Dupin, Nouvelle bibliothèque des auteurs
ecclésiastiques, Mons, 1691, t. VI, p. 1-6 ; Ceillier, Histoire
générale des auteurs sacrés et ecclésiastiques,
Paris, 1858-1868, t. XI, p. 720-728 ; N. Antonio, Bibliotheca hispana vetus,
Madrid, 1788, p. 321 sq. ; Florez, España sagrada, Madrid, 1754-1777,
t. III, p. 101-109 ; t. V, p. 417-420 ; t. VI, P. 441-452, 477-482 ; t.
IX, p. 173, 406-412 ; Arevalo, Isidoriana, P. L., t. LXXXI ; Bourret, L’école
chrétienne de Séville sous la monarchie des Wisigoths, Paris,
1855 ; Gams, Die Kirchengeschichte von Spanien, Ratisbonne, 1862-1874,
t. II, sect. II, p. 102-113 ; Ebert, Histoire générale de
la littérature du moyen âge en Occident, trad. franç.,
Paris, 1883, t. I, p. 621-636 ; Teuffel, Geschichte der römischen
Litteratur, Leipzig, 1870 ; trad. franç., Paris, 1883, t. III, p.
337-345 ; Dressel, De Isidori Originum fontibus, Turin, 1874 ; Hertzberg,
Ueber die Chroniken des Isidorus von Sevilla, dans les Forschungen zur
deutschen Geschichte, 1875, t. XV, p. 289-360 ; Menendez y Pelayo, S. Isidore
et l’importance de son rôle dans l’histoire intellectuelle de l’Espagne,
trad. franç., dans les Annales de philosophie chrétienne,
1882, t. VII, p. 258-269 ; Manitius, Geschichte der christ.-latein. Poesie,
Stuttgart, 1891, p. 414-420 ; Klusmann, Excerpta Tertullianea in Isidori
Hispa. Etymologiis, Hambourg, 1892 ; Dzialowski, Isidor und Ildefons als
Litterarhistoriker, Munster, 1899 ; Bardenhewer, Patrologie, 3e édit.,
Fribourg-en-Brisgau, 1910, p. 568 sq. ; Realencyklopädie für
protestantische Theologie und Kirche, 3e édit., Leipzig, 1901, t.
IX, p. 447-453 ; Leclercq, L’Espagne chrétienne, Paris, 1906, p.
302-306 ; Kirchenlexicon, 2e édit., t. VI, p. 969, 976 ; Smith et
Wace, A dictionary of christian biography, t. III, p. 305-313 ; U. Chevalier,
Répertoire. Bio-bibliographie, t. I, p. 2283-2285 ; Schwarz, Observationes
criticæ in Isidori Hispalensis Origines, Hirschberg, 1895 ; Schulte,
Studien über den Schriftstellerkatalog des h. Isidorus, dans Kirchengeschitliche.
Abhandlugen de Sdralek, Breslau, 1902, [col.110 fin / col.111 début]
t. VI ; Endt, Isidor und Lukasscholien, dans Wiener Studien, 1909 ; Valenti,
S. Isidoro, noticia de sua vida y escritos, Valladolid, 1909 ; Schenk,
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G. BAREILLE.