www.JesusMarie.comarticle du Dictionnaire de Théologie Catholique sur Saint Isidore
Saint Isidore de Séville
La Foi Catholique selon l'Ancien et le Nouveau Testament contre les Juifs
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De fide catholica ex Veteri et Novo Testamento contra judæos (le texte latin fut publié dans la Patrologie Latine de l'Abbé Migne)

Saint Isidore dédicaca son ouvrage à sa sœur sainte Florence.
livre 1        livre 2

LIVRE 1
1) LE CHRIST A ÉTÉ ENGENDRE PAR LE PÈRE
2) LE CHRIST AVANT LES SIECLES A ÉTÉ ENGENDRE PAR SON PÈRE D’UNE FACON INEFFABLE.
3) QUE LE CHRIST EST DIEU ET SEIGNEUR
4) DE LA SIGNIFICATION DE LA TRINITE
5) DIEU LE FILS DE DIEU S’EST FAIT HOMME
6) DU NOM DE JESUS
7) LE CHRIST A ÉTÉ, SELON LA CHAIR, DE LA DESCENDANCE
D’ABRAHAM
8) LE CHRIST EST NE DE LA TRIBU DE JUDA
9) LE CHRIST EST NE DE LA RACINE DE DAVID
10) LE CHRIST EST NE D’UNE VIERGE SANS RELATION AVEC UN
HOMME
11) LE CHRIST EST NE A BETHLEEM
12) SA NAISSANCE A ÉTÉ CONNUE PAR UNE ETOILE
13) LES MAGES OFFRIRENT DES PRÉSENTS
14) IL A ÉTÉ OINT PAR DIEU LE PÈRE
15) IL ÉTAIT PAUVRE ET ABJECT A SON PREMIER AVENEMENT
16) IL FIT DES MIRACLES ET DES PRODIGES
17) IL DEVAIT ETRE VU DANS UN CORPS
18) LES JUIFS NE LE RECONNAITRONT PAS
19) NE L’AYANT PAS RECONNU, LES JUIFS SE SONT MOBILISES CONTRE LUI
20) IL A ÉTÉ VENDU
21) IL DEVAIT ETRE TRAHI PAR UN DE SES DISCIPLES
22) IL S’EST LIVRE LUI-MÊME
23) IL A ÉTÉ ARRETE
24) IL A ÉTÉ JUGE
25) PENDANT SA PASSION, IL A ÉTÉ ABANDONNE PAR SES DISCIPLES
26) IL A ET ACCUSE PAR DE FAUX TEMOINS
27) LES JUIFS SE SONT ECRIES : QU’IL SOIT CRUCIFIE
28) LES JUIFS CONDAMNERENT LEUR POSTERITE
29) FLAGELLE ET GIFLE
30) LA TETE DU CHRIST A ÉTÉ FRAPPEE PAR UN ROSEAU
31) IL A ÉTÉ COURONNE D’EPINES
32) IL A ÉTÉ REVETU D’UNE ROBE ÉCARLATE
33) QUAND ON L’INTERROGEAIT, IL SE TAISAIT
34) IL A PORTE LA CROIX
35) IL A ÉTÉ CRUCIFIE
36) SES MAINS ET SES PIEDS ONT ÉTÉ FIXÉS
37) IL A ÉTÉ CRUCIFIE ENTRE DEUX LARRONS
38) ON A DIVISE SES VETEMENTS
39) ILS L’ONT ABREUVÉ DE FIEL ET DE VINAIGRE
40) ILS ENTOURERENT D’HYSOPE UNE EPONGE PLEINE DE VINAIGRE
41) LE TITRE DE SA CROIX N’A PAS ÉTÉ MODIFIE
42) PENDANT EN CROIX, IL A PRIE LE PÈRE POUR SES ENNEMIS
43) IL A ÉTÉ CRUCIFIE POUR NOS PECHES
44) IL EST MORT
45) PENDANT SA PASSION, LES TENEBRES APPARURENT
46) ILS NE ROMPIRENT PAS SES JAMBES
47) IL A ÉTÉ FRAPPE PAR UNE LANCE
48) DE SON COTE COULERENT DU SANG ET DE L’EAU
49) IL A ÉTÉ ENSEVELI
50) UNE PIERRE A ÉTÉ PLACÉE A L’ENTREE DU MONUMENT
51) IL EST DESCENDU DANS LES ENFERS
52) EN DESCENDANT DE LA MORT, IL A LIBERE CEUX QU’IL A VOULU
53) LE CORPS DU CHRIST DANS LE SEPULCRE N’A PAS VU LA CORRUPTION
54) IL EST RESSUSCITE DES ENFERS
55) LES APOTRES ONT ÉTÉ ENVOYÉS POUR PRECHER
56) IL EST MONTE AU CIEL
57) IL EST ASSIS A LA DROITE DU PERE
58) LE REGNE DU CHRIST SERA PERPETUEL
59) APRES SON ASCENSION, JESUS ENVOYA SON ESPRIT SUR LES APOTRES
60) LES APOTRES ONT PARLE EN PLUSIEURS LANGUES
61) IL VIENDRA POUR JUGER
EPILOGUE [du livre 1]
LIVRE 2
1) DE LA VOCATION DES GENTILS
2) TOUTES LES NATIONS ONT REÇU L’ORDRE DE CROIRE DANS LE CHRIST.
3) LES JUIFS ET LES GENTILS SONT APPELES AU CHRIST
4) LES GENTILS ONT ÉTÉ APPELES A LA FOI AVANT LES HEBREUX
5) A LA FIN DU MONDE LES JUIFS CROIRONT DANS LE CHRIST
LA PLUPART DES JUIFS  NE CROIRONT PAS
A CAUSE DE L’INCREDULITÉ DES JUIFS LE CHRIST S’EST TOURNE VERS LES
GENTILS
LES GENTILS SONT ENTRES APRÈS QUE LES JUIFS AIENT ÉTÉ REJETES
A CAUSE DE LEUR PECHE ENVERS LE CHRIST LES JUIFS ONT ÉTÉ ATTAQUES
ET DISPERSES
DE LA RUINE DE JERUSALEM
DU REJET DES JUIFS ET DE LA REPROBATION DE LA SYNAGOGUE
DE LA RUINE PERPETUELLE DE JERUSALEM
DE LA DESOLATION IRREPARABLE DES JUIFS
APRES L’EVACUATION DE L’ANCIEN TESTAMENT IL Y EN AURA UN NOUVEAU
DE LA CESSATION DU SABBAT
DE LA CONSOMMATION DE LA CIRCONCISION
DES SACRIFICES
DES ALIMENTS
DES SACREMENTS DE LA FOI CHRETIENNE
ON NE DOIT PAS DONNER SEULEMENT A L’ECRITUREUN SENS HISTORIQUE,
MAIS MYSTIQUE.
QUE LES JUIFS NE COMPRENNENT PAS LE TESTAMENT DE LA LOI
S’ILS NE CROIENT PAS DANS LE CHRIST LES JUIFS NE COMPREDRONT PAS
L’ECRITURE
DIEU A DONNE DEUX TESTAMENTS
QUE LA REMISSION DES PÉCHÉS A VENIR ÉTAIT PAR LE BAPTEME.
QUE LES NATIONS DOIVEN ETRE SANCTIFIEES PAR LE SAINT CHREME
LES CROYANTS SERONT SAUVES PAR LE SIGNE DE LA CROIX
COMMENT LE SACREMENT DE L’EUCHARISTIE A-T-IL ÉTÉ PRÉFIGURÉ ?
RECAPITULATION DE L’ŒUVRE.
 

LIVRE PREMIER

1) LE CHRIST A ÉTÉ ENGENDRE PAR LE PÈRE

Les Juifs qui renient le Christ fils de Dieu, qui sont impies, qui ont le cœur endurci, qui ne croient pas aux anciennes prophéties et qui sont fermés aux nouvelles [prophéties], préfèrent ignorer la venue du Christ plutôt que la reconnaître, la nier plutôt qu’y croire. Celui qu’ils professent devoir venir, ils nient qu’il est déjà venu. Ils ne croient pas qu’est ressuscité celui dont ils lisent qu’il ressuscitera.

Mais ils feignent plutôt de ne pas comprendre car, ils savent, pour leur plus grand malheur, que tout a été accompli.

Pour réfuter leur perfidie, nous avons glané quelques témoignages tirés de l’Ancien Testament, qui leur feront connaître que le Christ des Gentils provient du Père tout-puissant, comme il le dit lui-même : Avec toi principe au jour de ta vertu, dans les splendeurs des saints, de mon sein avant Lucifer je t’ai engendré. ps.109,30

Du sein, c’est-à-dire de la substance intime et incompréhensible du Père, du centre mystérieux du cœur infini du Père. C’est de ce cœur que le Père géniteur émet un Verbe. Comme il le dit lui-même ailleurs : Mon cœur a émis un Verbe. (ps XL1V) Et ailleurs, le Père parle ainsi : Tu es mon Fils, aujourd’hui je t’ai engendré. (ps. 2, 7) Ce qui n’est dit ni de David ni d’aucun des rois ses successeurs. Car on ajoute après : Demande--moi, et je te donnerai les nations en héritage, et pour ta possession les terres les plus lointaines. Ce qui n’a été accordé ni à David ni à aucun Hébreu, mais au seul Christ dont le nom est répandu chez toutes les nations, à qui les rois obéissent, que les Gentils servent, comme il a été dit de lui ailleurs : Tous les rois de la terre l’adoreront, toutes les nations le serviront. (ps. LXX1, 11)

De même, Salomon,  quand il a voulu faire connaître le nom du Père et le mystère de la nativité du Christ selon la déité, commence par ces mots dans les Proverbes : Qui est monté au ciel ou qui en est descendu ? Qui a ramassé les eaux comme dans un vêtement ? Qui a posé tous les termes de la terre ? Quel est son nom, ou quel est le nom de son Fils, si tu le connais. (Prov. XXX h)

En voyant ce fils de Dieu, le roi impie dit en Daniel : Voici que je vois quatre hommes marchant librement au milieu du feu, et il n’y a chez eux aucun signe de combustion, et le quatrième a l’apparence du Fils de Dieu. Nous croyons fidèlement et sans le moindre doute que ce fils de Dieu est le Sauveur, notre Seigneur. Mais on nous fait comme objection que ce fils de Dieu a été plus haut appelé ange. (Dan. 111, 49) Nous l’admettons, car le Christ Fils de Dieu est aussi appelé ange. Voici ce que dit de lui le prophète : Il viendra dans son saint temple le Dominateur que vous cherchez, et l’ange du testament que vous désirez. (Mal. 111, 1) Car le Christ, du fait qu’il est né du Père, est appelé fils de Dieu, mais il reçoit le nom d’ange du fait qu’il est souvent envoyé par le Père pour annoncer quelque chose. Le Père lui-même en témoigne auprès du législateur en disant : Voici que j’envoie mon ange qui te précèdera et te gardera en chemin, et qui t’introduira dans le lieu que j’ai préparé. Observe ses paroles, écoute ce qu’il te dit. Ne pense pas qu’il puisse être méprisé, parce qu’il ne pardonnera pas quand tu pécheras. Et mon nom est en lui. (Ex XX111, XX0)

Quel est donc cet ange à qui Dieu a donné son pouvoir et son nom ? Il n’est pas permis de croire qu’il est d’une nature angélique. Car qui dans les nuées sera égal à Dieu, oui qui, parmi les fils de Dieu, sera semblable à Dieu ? (Ps LXXXV111 7) Celui qui n’est pas égal à Dieu selon la nature ne peut pas l’être selon le nom. Car c’est Lui, le Fils, qui, toujours envoyé par le Père, apparait visiblement aux hommes. De cette mission, il reçoit à juste titre le nom d’ange.

Isaïe affirme encore plus clairement que le Fils a été engendré par Dieu quand il le présente ainsi : La voix du Seigneur qui rend à ses ennemis leur du. (Is LXV1 6), i.e. aux Juifs qui n’ont pas cru. Avant d’enfanter il a enfanté; et avant que vint à terme sa grossesse, il a enfanté un mâle. (au même endroit 7) C’est comme s’il disait en toutes lettres : avant que la Vierge n’enfante le Christ selon la chair, le Père a engendré un Fils selon la divinité. Et avant que le temps d’enfanter de la Vierge ne vienne, le Père l’a engendré sans temps. Voilà pourquoi il a dit un peu plus bas : Qui a jamais entendu rien de tel ? Ou qui a jamais rien vu de semblable ? (Is. LXV1 8) Rien n’est plus vrai. Car rien de tel n’est arrivé aux hommes, rien de semblable. Et il ajoute après : Moi qui fais enfanter les autres, je n’enfanterais pas, dit le Seigneur. Et moi qui accorde à d’autres la génération, je serais stérile, dit le Seigneur ? (Is. LXV, 9)

De tous ces témoignages, l’infidèle est forcé de choisir l’une de ces deux choses : ou croire que le Christ est le Fils de Dieu, ou déclarer menteurs les prophètes qui ont révélé cela.

2) LE CHRIST AVANT LES SIECLES A ÉTÉ ENGENDRE PAR SON PÈRE D’UNE FACON INEFFABLE.

Si l’on demande à quel moment et de quelle façon le Père a engendré le Fils, on répondra : pourquoi chercher le moment de la génération du Fils de Dieu, puisque sa nativité est éternelle, comme il est dit de Lui : Il est sorti au tout début, depuis les jours de l’éternité. (Mich. V, 2) Et de nouveau : Son nom perdure avant le soleil, et son siège avant la lune. (ps. LXX1, 17) Le Père lui-même témoigne l’avoir engendré avant Lucifer, i.e. avant tous les temps. Ce que le Fils de Dieu lui-même, verbe, vertu et sagesse, confirme de sa nativité, quand il dit : Les abymes n’étaient pas encore, et j’étais déjà conçu. Les sources d’eau n’avaient pas encore jailli, les montagnes ne reposaient pas encore sur leurs bases, avant les collines j’étais enfanté. Il n’avait pas encore fait la terre, les fleuves et les pôles de la terre. Quant il préparait les cieux j’étais présent. Quand il creusait les abimes avec une loi ferme, quand il établissait les fondements de la terre, j’étais avec lui ordonnant tout. (prov. V111, 24)

Par une telle autorité, le Fils nous est présenté comme quelqu’un qui a été engendré par le Père avant tous les siècles, i.e. au temps où le Père nous fait connaitre que toutes choses ont été crées par lui. On se demande ensuite comment il a été engendré, bien que ni l’Apôtre ne parle du mystère de sa nativité, ni le prophète ne le révèle. Aucun ange ne le sait, aucune créature ne le connait, au témoignage d’Isaïe : Sa génération qui la racontera? (Is 53,8) Si donc aucun prophète n’a pu raconter sa nativité, qui peut prétendre connaître comment le Fils a été engendré par le Père ?

Voici un autre texte chez Job. La Sagesse (du Dieu le Père) où la trouveras-tu ? Car elle est cachée aux yeux des hommes et est invisible aux oiseaux du ciel. (Job XXV111 20) C’est-à-dire inconnue même aux anges. De même : La racine de la sagesse à qui a-t-elle été révélée ? (Eccl 1,7) C’est-à-dire l’origine du Fils de Dieu. Ce qui donc est au-dessus de l’intelligence elle-même des anges quel homme peut le raconter ? Il est évident que seul le Père sait comment il a engendré le Fils, et que seul le Fils sait comment il a été engendré. Si quelqu’un s’objecte à la naissance du Fils parce que, selon lui, il n’aurait pu naître que de deux personnes, ce mode de naissance, qu’il le sache, est propre à la condition caduque des hommes. Le Christ a jailli de son Père comme la splendeur de la lumière, comme la parole de la bouche, comme la sagesse du cœur.
 

3) QUE LE CHRIST EST DIEU ET SEIGNEUR

Après avoir reconnu le mystère de la nativité divine du Christ, nous montrerons, textes à l’appui, qu’il est lui-même Dieu et Seigneur. Si le Christ n’est pas Dieu, à qui est-il dit dans le psaume : Ton siège, Dieu, est dans les siècles des siècles, la verge de ton règne est une verge d’équité. Tu as aimé la justice et tu as haï l’iniquité. Voilà pourquoi Dieu, ton Dieu t’a oint d’une huile d’allégresse avant tous tes compagnons. (ps.XL1V 7) Qui est donc ce Dieu oint par Dieu ? Que les Juifs nous répondent. On nous présente un Dieu oint par Dieu; et il est certain que c’est le Christ qui est désigné par cette onction, quand on nous parle d’un Dieu oint. Quand tu entends dire qu’un Dieu est oint, comprends qu’il s’agit du Christ. Car le mot Christ vient de chrisme, i.e. onction.

Dans la personne de Cyrus, roi des Perses, le Père, par Isaïe, témoigne que ce Christ est Dieu et Seigneur : Voici ce que le Seigneur dit à Cyrus mon Christ dont j’ai pris la main pour que je soumette devant sa face toutes les nations, et je ferai tourner le dos aux rois, et j’ouvrirai devant lui les portes, et les portes ne seront pas fermées. J’irai, moi, devant toi, et j’humilierai les puissants de la terre, J’abattrai les portes d’airain et défoncerai les coffres-forts, et je te donnerai les trésors cachés, et les clés des secrets, pour que tu saches que je suis le Seigneur qui invoque ton nom, Dieu d’Israël. (Is, XLV 1)

Dans la personne de Cyrus, le Christ est prophétisé, là où les peuples lui sont soumis dans la foi et le règne. Il faut aussi ajouter que dans le royaume d’Israël, personne n’a été appelé Cyrus. Si quelqu’un croit que cela a été prophétisé de Cyrus, le roi des Perses, il devra reconnaître qu’il serait absurde et sacrilège qu’un homme impie et adonné à l’idolâtrie soit appeler Christ, Dieu et Seigneur. C’est pourquoi les Septante n’ont pas traduit : à mon christ Cyrus, mais : Le Seigneur a dit à mon Christ Seigneur. Ce qui se comprend tout spécialement de la personne du Christ notre Seigneur.

Si le Christ n’est pas Dieu, que les Juifs nous expliquent le sens de cette phrase dans la Genèse : Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance. Car on ajoute ensuite : Et Dieu créa l’homme à son image et à sa ressemblance. Qu’ils se demandent donc quel est le Dieu qui a créé, et à l’image de quel Dieu il a fait l’homme qu’il a créé. S’ils répondent : à l’image des anges, un ange a-t-il une image égale à celle de Dieu ? L’image d’une créature est fort différente de celle de Dieu. Ou bien : un ange pouvait-il créer l’homme avec Dieu ? Ce serait une grande folie que de le penser. A qui donc cela est-il dit ? A l’image de qui croit-on que l’homme a été fait, si ce n’est à l’image de celui qui est avec Dieu l’unique image de Dieu, et qui porte le nom unique de la divinité.

Si le Christ n’est pas Seigneur, quel est le Seigneur qui a fait pleuvoir du feu sur Sodome de la part du Seigneur ? C’est ainsi qu’il est écrit dans la Genèse : Et le Seigneur fit pleuvoir sur Sodome et sur Gomorrhe du feu et du souffre par le Seigneur. (Gen. X1X, 24) Personne ne doute que, dans cette phrase, il y a une deuxième personne. Car qui est ce Seigneur par le Seigneur, si non sans doute possible le Fils du Père qui, toujours envoyé par le même Père, a coutume de monter et de descendre. Ce texte nous démontre, plus clairement que le jour, et la déité et la distinction des personnes du Père et du Fils.

Si le Christ n’est pas Seigneur, de qui a dit David dans un psaume : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : assieds-toi à ma droite jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis un escabeau pour tes pieds. (ps. L1X 1) Le même Christ est donc, selon la chair, fils de David et selon l’esprit, son Seigneur et son Dieu. Si le Christ n’est pas Seigneur, de qui David parle-t-il dans les livres des Rois ? L’Illustre psalmiste d’Israël a dit, quand il était question du Christ Jacob de Dieu : l’Esprit du Seigneur a parlé par moi, et sa parole par ma langue. (11 Rois XX111, 1)

Si le Christ n’est pas Seigneur, quel est ce Seigneur des armées qui est envoyé par le Seigneur des armées, au dire de Zacharie : Voici ce que dit le Seigneur Dieu des armées : il m’a envoyé après la gloire vers les nations qui vous avaient spoliées. Celui qui vous touchera, touchera la pupille de son œil. Parce que voici que je lèverai ma main sur eux, et ils deviendront la proie de ceux qui les servaient, et vous connaitrez que le Seigneur des armées m’a envoyé. Vois donc de qui est cette voix ni ce n’est du Sauveur, car le Dieu tout puissant atteste avoir été envoyé par le Père tout puissant. Il a été envoyé, en effet, aux nations après la gloire de la divinité qu’il a eue avec le Père quand il s’est anéanti lui-même, et quand, prenant la forme de l’esclave, il s’est fait obéissant jusqu’à la mort.

C’est lui qui parle par la suite en disant : Loue et réjouis-toi, fille de Jérusalem, car voici que je viens moi-même, et je demeurerai au milieu de toi, dit le Seigneur, et beaucoup de peuples s’attacheront au Seigneur en ce jour-là, et ils seront pour moi comme un peuple, et j’habiterai au milieu de toi, et tu sauras que le Seigneur des armées m’a envoyé à toi. (Zac. 11, 10) Qu’est donc ce Seigneur des armées envoyé par le Seigneur des armées sinon le Seigneur Jésus Christ lui-même ? Il est de l’esprit saint de la divinité, de qui dit Jacob : Et parce qu’il est l’esprit de Dieu, l’esprit du Seigneur m’a fait, et le souffle du tout puissant m’a vivifié, et voici que Dieu m’a fait moi comme il t’a fait. (Job XXX111,4) Car de celui qu’il disait : l’esprit du Seigneur m’a fait, il ajoute par la suite de lui : voici que Dieu m’a fait moi comme il t’a fait toi, afin de démontrer que l’Esprit lui-même est Dieu.
 

4) DE LA SIGNIFICATION DE LA TRINITE

Il appert, des textes de l’ancien testament, que le Père, le Fils et le Saint-Esprit sont Dieu. Mais eux ne reconnaissent pas que le Fils et le Saint Esprit soient Dieu parce qu’ils ont entendu sur le mont Sinaï la voix tonitruante de Dieu : Ecoute, Israël, le Seigneur ton Dieu est le seul Dieu. Ils ignorent que dans la trinité il n’y a qu’un seul Dieu Père, Fils et Esprit Saint, non trois dieux, mais en trois personnes un seul nom d’une majesté unique.

Cherchons donc cette trinité dans les écrits de l’ancien testament. Dans le deuxième livre des rois, il est ainsi écrit : David le fils d’Isaïe a dit : il a dit le psalmiste illustre d’Israël, au sujet de ce qui a été statué du Christ Jacob de Dieu : L’Esprit du Seigneur a parlé par moi, et son discours par ma langue. Qui était-il ? Il ajoute : Le Dieu d’Israël m’a parlé, le fort d’Israël, le dominateur juste des hommes. (11Rois XX111, 1) En disant le Christ Jacob de Dieu, il montre le Fils et le Père. De même, en disant : L’Esprit du Seigneur a parlé par moi, il désigne clairement le Saint Esprit. De même dans les psaumes : Les cieux ont été affermis par la parole du Seigneur, et par le souffle de sa bouche toute leur puissance. (ps XXX11, 6) Car dans la personne du Seigneur nous reconnaissons le Père. Et dans le Verbe le Fils. Par souffle de sa bouche nous entendons le Saint-Esprit. Ce texte montre le nombre dans la Trinité, et l’union dans un travail commun.

Par la suite le même prophète dit : Qu’il envoie sa parole, et elle se liquéfiera. Que souffle son esprit et les eaux couleront. (ps CXLV11, 18) En voici trois : le Père qui envoie, le Verbe qui est envoyé, et l’Esprit Saint qui souffle. Car il est dit dans la Genèse : Dans le principe Dieu fit le ciel et la terre, et l’Esprit de Dieu planait sur les eaux. Dans ce texte, nous voyons le Père dans le mot Dieu. Dans le Principe nous reconnaissons le Fils, lequel dit de lui : En tête du livre il est écrit de moi que je fais ta volonté. (ps. XXX1X, 8,9) Car Dieu a dit et Dieu a fait. Dans celui qui planait au-dessus des eaux nous reconnaissons le Saint-Esprit.

Quand Dieu a dit ailleurs : Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance, la pluralité des personnes indique clairement la trinité. Au même endroit, cependant, pour démontrer l’unité de la déité, il précise immédiatement : Dieu a fait l’homme à son image et à sa ressemblance. Et quand le même Dieu dit : Voici qu’Adam est presque devenu l’un d’entre nous, cette pluralité des personnes démontre le mystère de la trinité.

Le prophète Aggée lui aussi nous révèle le sacrement (mystère) de cette trinité en disant : Mon Esprit sera au milieu de vous. (Agg. 11, 6,8,) Voilà le Dieu qui parle, et voilà son Esprit. Il ajoute ensuite à la troisième personne, parlant de son Fils : Voici que j’ébranlerai le ciel et la terre, et il viendra celui qui est désiré par toutes les nations. En Isaïe aussi, la trinité est présentée distinctement sous ses trois personnes. Le même Fils dit : Je suis le premier et le dernier. C’est ma main qui a fondé la terre, et c’est ma main droite qui maintient les cieux. (Is XLV111, 12, 13, 16) Je n’ai pas parlé dans le secret au commencement. Hors du temps, avant que tout soit fait, j’étais là. Et il ajoute en conséquence : Et maintenant le Seigneur mon Dieu m’a envoyé, et son Esprit. Voilà donc deux personnes qui envoient : le Seigneur et son Esprit. Et une troisième personne du même Seigneur qui est envoyée.

De la même façon à un autre endroit par le même prophète, la signification de la trinité nous est démontrée. Voici, dit-il, mon enfant. Je le recevrai mon bien-aimé. Mon âme s’est complue en lui. J’ai mis sur lui mon esprit. (Is XL11, 1) Le Père appelle le Fils son enfant bien-aimé, sur lequel il a posé son Esprit. De cet Esprit le Christ Seigneur Jésus  rend témoignage de sa propre voix : L’esprit du Seigneur est sur moi.

Dans un autre endroit le même Isaïe, faisant entrer toute la Trinité dans le nombre de ses doigts, la prêche ainsi : Qui peut mesurer les eaux avec son pouce, et les cieux avec la paume de sa main ? Qui peut avec trois doigts couvrir la surface de la terre ? (Is. XL, 12) Par les trois doigts le prophète a décrit symboliquement la trine égalité de la toute puissance divine. Au moyen des trois doigts, il enseigne la coopération à l’œuvre commune en vertu de l’égalité de la puissance, et l’unité de la substance, laquelle est la même dans la Trinité.

Le même prophète atteste ailleurs avoir connu le mystère de la trinité quand il dit : J’ai vu le Seigneur assis sur un trône élevé. Les séraphins se tenaient au-dessus, six ailes à l’un et six ailes à l’autre. Avec deux ailes ils se voilaient la face, avec deux autres ils se voilaient les pieds, et avec les deux autres ils volaient. (Isaïe V1, 1) Pour montrer qu’il était trin en personnes, et un en divinité, il dit ensuite : Et ils s’écriaient l’un à l’autre : Saint, saint, saint le Seigneur des armées. Toute la terre est pleine de sa gloire. Voici la trine sanctification de l’exultation de l’armée céleste, en une seule confession. Dans une trine répétition, les Séraphins proclament l’unique gloire de la Trinité. Car que peut bien indiquer le trois fois saint si ce n’est la gloire de cette trine toute puissance, dans la trinité des personnes ? Parce qu’il faut croire en trois personnes, il ne s’ensuit pas qu’il faille croire en trois dieux. Mais dans ces personnes, une seule divinité doit être prêchée, selon l’enseignement de Moïse : Ecoute Israël, Dieu, ton Dieu est le seul Dieu. Et aussi : Je suis Dieu et en dehors de moi il n’y a pas de Dieu. (Is XLV, 21)

Mais voici ce que nous objecte la perfidie judaïque pernicieuse : Si le Père est Dieu et le Fils est Dieu, il y a donc deux dieux. Quand à moi, je les renvoie à Isaïe qui considère chaque personne comme le seul Dieu : Tu es Dieu, et en toi est Dieu. En disant : tu es Dieu, il indique le Père. Mais en ajoutant : et en toi est Dieu, il montre le Fils. Mais pour montrer que le Père et son Fils unique sont le même Dieu, il ajoute : Il n’y a pas de Dieu en dehors de toi. Tu es vraiment un Dieu caché, Dieu Israël.Il montre ailleurs le Père et le Fils unis par le nom. C’est le Père lui-même qui l’atteste au législateur Moïse : Ecoutez-le, ne lui désobéissez pas. Car mon nom est en lui.

5) DIEU LE FILS DE DIEU S’EST FAIT HOMME

Jusqu’à présent, nous avons parlé du mystère de la nativité céleste dans le Christ, et du sens à donner à la divine trinité. Maintenant, avec l’autorité de l’Ecriture, nous allons montrer que le même Fils de Dieu est né de la chair, indiquant en premier lieu que le Fils de Dieu lui-même s’est incarné pour notre salut, et s’est fait homme. C’est ainsi qu’Isaïe en parle à l’avance : Un enfant nous est né, un fils nous est donné. Et il a établi son gouvernement sur ses épaules, et il sera appelé du nom de admirable, conseiller, Dieu fort, père du siècle futur, prince de la paix. Son empire s’étendra, et sa paix n’aura pas de fin. (Is. 1X, 6)

Le Christ est dit petit parce qu’il est homme; et il est né pour nous, non pour lui. Un fils nous est donné. Lequel, si ce n’est le Fils de Dieu. Sa domination est sur ses épaules, parce qu’il a porté la croix sur ses propres épaules, ou parce que Pilate a écrit le titre de son règne sur ses épaules et sur sa tête. Qu’ils rougissent les Juifs impies, et qu’ils apprennent à appeler Fils du Dieu vivant le Christ né, lui qui s’est fait petit en assumant la chair humaine. C’est de lui que parle David : Tu l’as fait inférieur aux anges, parce que bien qu’étant de forme divine, il n’a pas estimé un droit exclusif d’être égal à Dieu, mais il s’est anéanti en prenant la forme du serviteur. (Phil. 11, 6) C’est à lui que le Père disait dans le psaume au sujet de sa nativité éternelle : Du sein avant Lucifer je t’ai engendré. (ps C1X, 5) Et montrant ensuite sa future nativité dans la chair, il ajoute : Et comme de la vulve, sortira pour toi la rose de ton adolescence.

Cette incorporation du Fils de Dieu et de l’Esprit Saint a été annoncée d’avance dans les psaumes : A Sion on dira : un homme et un homme est né en elle, et c’est le Très-Haut qui l’a fondée. Celui qui est né à Sion et qui dans sa cité s’est fait très humble, c’est lui le Très-Haut qui l’a fondée. Et parce que le même est Seigneur, on ajoute les mots suivants : Dieu l’a compté en écrivant aux peuples : celui-ci est né là. Qui est celui-là, cet homme sublime, et Seigneur ? Homme, parce qu’il s’est fait homme; sublime parce que les anges et les cieux l’estiment supérieur à eux; seigneur parce que toutes les créatures du ciel et de la terre le servent.

Toutes les fois que les ennemis du Christ écoutent toute cette prophétie de sa nativité, ils sont bouche bée. Et ne pouvant contredire, ils prétendent que le Christ n’est pas encore venu. Cherchons donc quel est le temps de la nativité du Christ. Est-il déjà venu ou doit-on encore attendre sa venue ? Dans Daniel, le temps de sa venue est marqué avec la plus grande exactitude. Les années sont comptées, et des signes manifestes sont prédits. Les calamités qui devaient frapper le peuple juif après sa venue et sa mort sont indiquées à l’avance en toute clarté. Voici ce que lui a dit l’ange : Daniel écoute attentivement la parole, et comprends la vision. Soixante semaines ont été abrégées sur ton peuple et sur ta ville sainte pour que soit consommée la prévarication, pour mettre fin au péché, pour effacer l’iniquité, amener la justice sempiternelle, accomplir la vision et la prophétie, et oindre le saint des saints.

Si nous faisons le compte des soixante semaines depuis le temps de Daniel, nous sauronsavec certitude que le saint des saints, le seigneur Jésus-Christ est déjà venu. Car une semaine dans les saintes Ecritures, correspond à sept années. Yahvé disait en effet à Moïse : Compte pour toi sept semaines d’année. (Lev XXV 8), i.e. sept fois sept, qui font quarante ans. De la même façon, sept fois soixante-dix font quarante fois quatre-vingt-dix. Voilà le nombre d’années que nous pensons qu’il y a eu entre Daniel et le Christ. Du temps de Daniel le prophète jusqu’à nos jours, on compte plus que cent quarante semaines. Le Christ est donc déjà venu, comme l’annonce le discours prophétique.

Il est prouvé qu’après les soixante dix semaines, le Christ est né et a souffert, que la ville de Jérusalem a été exterminée, que le sacrifice et l’onction ont cessé. Voici ce qu’ajoute ensuite le prophète : Et le Christ sera tué, et la ville et le sanctuaire seront détruits par un chef qui viendra, et sa fin sera dans la dévastation, et à la fin de la guerre, la désolation établie pour toujours. Après la passion du Christ, Titus est venu et a fait la guerre aux Juifs. Il a détruit la ville et le temple, et les libations et les sacrifices cessèrent, puisqu’ils ne pouvaient pas être célébrés ailleurs. Pour accomplir ce qui avait été autrefois prédit par le prophète.

Mais ô dureté du cœur judaïque ! C’est parce qu’ils ont eux-mêmes tué le Christ qu’ils ne croient pas qu’il soit encore venu. Nous avons donné la preuve que notre Seigneur Jésus-Christ est déjà né selon la chair. Mais l’incrédule persiste : pourquoi est-il venu dans la chair ? Ecoute-s-en donc la raison.

Quand Dieu fit l’homme, doté d’une béatitude suprême, et orné de la splendeur de la divine image, il le plaça dans le paradis pour qu’il soit soumis à Dieu, et soit le maître des autres créatures. Mais il se rebella, et, au mépris de la divinité, il viola le commandement qui lui interdisait le fruit défendu. Dieu ne tua pas celui que l’orgueil avait égaré, mais il l’exila du paradis, espérant que la pénitence pourrait réparer sa faute. Et comme il ne pouvait pas par lui-même retourner sur le chemin de la vertu, il lui a donné la loi par Moïse, pour que, par elle, il revienne à l’amour de Dieu et à la pratique de la justice. Mais comme, contumace et incrédule, il n’observa même pas cette loi, le Fils de Dieu vint enfin et assuma un corps humain pour qu’on croie en le voyant, et pour qu’après avoir rejeté les simulacres des démons, le monde soit réconcilié à la grâce du Créateur.

Voilà quelle est la cause de la nativité du Christ, que les Juifs pourraient peut-être tolérée s’ils n’étaient pas scandalisés par sa crucifixion et sa mort. C’est qu’ils ne comprennent pas que s’il convenait qu’il naisse pour la rédemption du monde, il fallait aussi qu’il souffre. Nous traiterons, preuves de l’Ecriture à l’appui, de cette passion et de cette mort en son temps. Pour l’instant, tenons-nous en à notre plan. Celui dont nous avons démontré la nativité humaine après la gloire de la divinité, démontrons-en la race et la patrie, en commençant par son nom.

6) DU NOM DE JESUS

La première appellation du nom de Jésus on la trouve dans une figure qui annonçait à l’avance le Seigneur Jésus. Car un certain Auses, dit fils de Nave, a été appelé Jésus par Moïse. (Nom X111, 17) Ce chef militaire, après la mort de Moïse, obtint le pouvoir suprême, et c’est lui qui distribua la terre promise sous forme d’héritage. Que signifie ce changement de nom si ce n’est qu’après la mort de Moïse, i.e., quand la loi sera défunte et quand le précepte légal cessera, Jésus Christ deviendra notre chef. Sanctifiés par la traversée du Jourdain, i.e. par la grâce du baptême, après avoir expulsé toutes les sortes de vices, et avoir mis en fuite nos ennemis les mauvais anges, il nous conduira jusqu’à la terre promise céleste où abonde le lait et le miel, i.e. à la possession de la vie éternelle, dont rien n’est plus doux.

Car cet homme reçut l’image de ce sacrement (mystère) en étant nommé Jésus. Pour représenter le vrai Jésus dont il est écrit dans les psaumes : Venez, exultons dans le Seigneur, jubilons en Dieu notre salut ! (ps.CXL1X 4), i.e. en Jésus notre père. C’est là qu’on nous montre que Jésus est Seigneur et Dieu, de qui ailleurs il est dit dans les psaumes : Parce que le Seigneur s’est complu dans son peuple, et a élevé les doux en Jésus. Voilà ce que l’on trouve dans le texte hébreu. Habacuc le proclame encore plus clairement : Je me réjouirai moi dans le Seigneur, et j’exulterai en Dieu mon Jésus. (Hab 111, 18)
 

7) LE CHRIST A ÉTÉ, SELON LA CHAIR, DE LA DESCENDANCE D’ABRAHAM

Que le Seigneur Jésus-Christ devait être de la semence d’Abraham la Genèse le montre. Abraham dit à son enfant : Mets ta main sur ma cuisse, et jure par le Dieu du ciel. (Gen XX1V, 2) Par cette parole, il atteste que le Christ Dieu du ciel viendrait dans la chair de sa race. Par cuisse, il entend la race. Il veut faire entendre par ce mot que le Dieu du ciel se ferait chair de la semence d’Abraham. C’est par Isaac que la promesse portant sur cette semence lui avait été faite par le Seigneur. Dans ta semence, seront bénies toutes les nations. (Gen XX11, 8), i.e, dans le Christ, de qui le psalmiste dit : Et toutes les tribus de la terre seront bénies en lui; tous les peuples le loueront. (ps.LXX1, 17)

De cette semence, par le même Isaïe, la voix du Seigneur parle : Je tirerai de Jacob une semence, et de Juda ceux qui possèdent les monts. (Is LXX 9) Le même prophète en parle encore plus loin : Si le Seigneur Sabaoth ne nous avait pas laissé une semence, nous aurions été comme Sodome, et nous serions devenus semblables à Gomorrhe. (Is 1, 9)

8) LE CHRIST EST NE DE LA TRIBU DE JUDA

Que l’on devait attendre le Christ selon la chair de la tribu de Juda le patriarche Jacob l’indique : Un prince ne manquera pas à Juda, ni un chef de son sein jusqu’à ce que vienne celui qui doit être envoyé. Et il sera l’attente des Gentils. (Gen XL1X, 10) Il est certain que jusqu’à la naissance du Christ n’ont pas manqué des chefs ni des princes du peuple Juif de la tribu de Juda, jusqu’à Hérode, le roi étranger, qui s’est emparé par ambition du pouvoir de la royauté.

Tout de suite après que cela arriva, après que manqua un chef de la race de Juda, parut celui qui devait être envoyé et que les peuples et les nations attendaient. Les Juifs ont le front de dire que le temps de sa venue n’est pas encore arrivé, appuyant leur mensonge sur je ne sais quel roi de leur race qui exercerait le pouvoir royal en Extrême Orient.

9) LE CHRIST EST NE DE LA RACINE DE DAVID

Voici de quelle tribu on nous apprend que le Christ va naître. Il viendra de la racine de David selon la chair par l’Esprit saint. C’est ce qui a été prophétisé dans les psaumes : Le Seigneur l’a juré en vérité à David et ne le décevra pas, c’est du fruit de ton ventre que je placerai quelqu’un sur ton siège. (ps. CXXX1, 11) Et encore : Je l’ai juré une fois en mon saint nom, je ne mentirai pas à David, sa semence demeurera éternellement, et son trône sera comme le soleil à mes yeux, et comme la pleine lune pour l’éternité, et un témoin fidèle au ciel. (LXXXV111, 36 et suivants)

La même chose dans le livre des Paralipomènes : Et une parole de Dieu s’adressa à Nathan en ces termes : Va et dis à mon serviteur David : Voici ce que dit le Seigneur : Je t’annonce que le Seigneur te construira une maison quand tu auras terminé tes jours et que tu t’en seras allé vers tes pères. Je susciterai une semence après toi, qui proviendra de tes fils, et je stabiliserai son règne. C’est lui qui me construira une maison, et je consoliderai son trône pendant toute l’éternité. Je serai pour lui un père, et il sera pour moi un fils, et je ne retirerai pas ma miséricorde de lui comme je l’ai fait à ton prédécesseur. Je l’établirai dans ma maison, et dans mon royaume pendant toute l’éternité. Et son trône sera affermi pour toujours. (11 Rois V11, 4; Paral XV11, 3)

Celui qui s’imagine que toutes ces choses se sont réalisées en Salomon se trompe grandement. Car comment entendre de Salomon ce qui a été dit : Après que tu te seras endormi avec tes pères je susciterai ta semence après toi, qui proviendra de tes fils, et je stabiliserai son royaume. Est-ce que cela a été prophétisé de Salomon ? En aucune façon. Car il a commencé à régner du vivant de son père. Et l’on dit ici : quand tu auras terminé les jours de ta vie et quand tu dormiras avec tes pères, je susciterai ta semence. Ce qui nous fait comprendre qu’un autre que Salomon a été promis, qui est annoncé d’avance comme devant être suscité après la mort de David, non avant.

Qui édifierait la maison de Dieu non avec des murs faits de main d’homme, mais avec des pierres vivantes et précieuses, i.e. les saints et les fidèles. Car personne ne peut attribuer à Salomon ce qui suit : Sa maison sera fidèle et il règnera éternellement devant moi. Car la maison de Salomon a été pleine de femmes infidèles qui adoraient des idoles, et lui-même a été entraîné et avili par elles jusqu’à l’idolâtrie. Et bien qu’il eût un bon début, il a connu une fin misérable.

Qui est donc celui dont la maison est fidèle perpétuellement, et qui, selon la prophétie, devait être suscité après la mort de David ? C’est celui dont le même David proclame dans l’angoisse : Tu as vraiment différé ton Christ ! (LXXXV111, 39) Ce n’est donc pas Salomon; non, ce n’est pas lui le Christ de David qui a été différé. Les promesses prédites se sont réalisées non dans Salomon mais dans le Christ notre Seigneur, né de la maison de David.

C’est de lui que le Seigneur parle en Jérémie : Des jours viendront, dit le Seigneur, et je susciterai David mon germe juste, et il règnera en roi, et il sera sage, et il apportera le jugement et la justice sur la terre. En ces jours-là, Juda sera sauvé, et Israël habitera en sécurité. Et voici de quel nom on l’appellera le Seigneur notre juste. (Jer XX111, 5,6)

C’est celui qui, par Nathan, est promis comme devant venir de la semence de David, et aussi par Isaïe : Un bourgeon de la racine de Jessé poussera, et une fleur s’élèvera de sa racine. (Is 11,1) Ce rameau de la racine de Jessé c’est la vierge Marie, sortie de la racine de David, qui engendra cette fleur qu’est le Seigneur sauveur. C’est encore de lui que parle ce qui suit : Et reposera sur lui l’esprit du Seigneur, l’esprit de sagesse et d’intelligence, l’esprit de conseil et de force, l’esprit de science et de piété; et l’esprit de crainte du Seigneur le remplira. Tant de dons de l’Esprit sont prédits sur lui, car en lui l’Esprit saint n’habite pas avec mesure, comme en nous. C’est toute la plénitude de la divinité et des grâces qui est en lui. (Co. 11, 9) Il est celui qui ne juge pas d’après la vision des yeux et l’audition des oreilles, mais la justice est la corde de ses reins, et la foi le ceinturon de ses reins. (Is 11, 3) Dans son église, le loup habite avec l’agneau. Celui qui avait coutume de ravir les proies demeure avec les innocents, après s’être converti.

Dans ce bercail, la panthère se couche avec le chevreau. Les rusés sont mélangés avec les simples. Là le veau de la circoncision demeure en compagnie du lion de la puissance séculière et de la brebis de la plèbe, parce que dans la foi, la condition des hommes est semblable. L’enfant qui les pousse devant lui est celui qui s’est humilié pour nous comme un tout petit. Le boeuf et le lion mangent de l’herbe parce que les princes et leurs sujets ont une doctrine commune.

L’enfant à la mamelle joue dans le trou des aspics, tout comme ces Gentils qui avaient l’habitude de prêcher du venin, et qui, une fois convertis, trouvent du plaisir à écouter parler de la foi comme des petits enfants. La caverne du roi enfant ce sont les cœurs des infidèles dans lesquels reposait le serpent tortueux, qui a été attrapé et capturé pour qu’il ne nuise pas sur le mont saint, i.e. l’église.

Le même Isaïe dit encore du Christ, par la suite, qu’il naîtrait selon la chair de la semence de David : En ce jour-là la racine de Jessé, qui tient lieu de signe pour les peuples, sera invoquée par les nations, et son sépulcre sera glorieux. La racine de Jessé a tenu lieu de signe pour les peuples quand le Christ exprima le signe de la croix sur leur front. Que les Gentils l’invoqueront, cela est déjà accompli. Son sépulcre est tellement glorieux que, à part le fait que nous, les rachetés, nous le glorifions par sa mort, le lieu lui-même où il a été crucifié, illustré par les miracles, attire le monde entier pour sa plus grande gloire.

Le texte cité se lit ainsi en hébreu : Et son repos sera glorieux. Sûrement, car la chair du mort n’a pas vu la corruption, selon ce qu’en dit le psalmiste : Tu ne laisseras pas mon âme dans l’enfer, et tu ne permettras pas que ton saint voie la corruption. (Ps. XV, 10) De sa voix prophétique, le même Isaïe témoigne au sujet de Moab à la naissance du Christ : Car à ceux qui fuiront de Moab et du reste de la terre je placerai un lion devant eux. Envoie l’agneau, Seigneur, le dominateur de la terre, de la pierre du désert à la montagne de la fille de Sion. (Is XV, 9; XV1, 1) L’agneau immaculé est sorti de cette nation moabite, celui qui enlève les péchés du monde, qui domine sur toute la terre. La pierre du désert signifie Ruth, elle qui, privée de tout à la mort de son mari, engendra Obed de Booz, de Jessé David, et de la descendance de David, le Christ. Par le mont de la fille de Sion on entend soit la ville historique de Jérusalem, soi l’église en image, i.e. située dans la sublimité de ses vertus.

10) LE CHRIST EST NE D’UNE VIERGE SANS RELATION AVEC UN HOMME

Nous avons jusqu’ici exploré la foi de l’ancien testament dans le nom, le peuple, la race de notre Seigneur Jésus-Christ. Nous allons montrer maintenant sa génération d’une vierge selon la chair. Car Isaïe était tout rempli, par l’Esprit Saint, du mystère de l’incarnation future du Verbe de Dieu. Il la prédit en ces termes : Le Seigneur se mit à parler à Achaz. Il lui dit : demande pour toi un signe venant du Seigneur ton Dieu au plus profond des enfers ou au plus haut des cieux. (Is. V11, 10) Et il ajouta : Ecoutez donc, maison de David, i.e. la race de David. Car c’est bien à la maison de David qu’il parlait, i.e. à toute la lignée royale de laquelle descendait Marie. Et il continua ainsi : A cause de quoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe. Voici que la vierge concevra dans son sein et qu’elle enfantera un fils. Il sera appelé du nom d’Emmanuel, ce qui signifie Dieu avec nous. On connait donc par là que c’est Dieu qui est conçu dans le sein de Marie et qui naît. Qu’ils rougissent donc les Juifs incrédules, et qu’ils soumettent leurs cous à la grâce du Christ.

Celui-là donc que la Vierge enfante est appelé Dieu avec nous. Les Juifs protestent contre cette traduction. Ils prétendent que dans l’hébreu la prophétie ne porte pas sur une vierge mais sur une jeune fille. Nous répondons à cela que s’il s’agit d’une fille nubile qui enfante, il ne saurait y avoir là de signe. Mais si une vierge enfante en préservant sa virginité, c’est le signe de la nouveauté d’une chose. Quand il dit : Le Seigneur te donnera un signe, il sous-entend par là un miracle insigne. Il ne peut pas être considéré comme tel s’il ne se rapporte à rien de nouveau. Car il fallait que soit miraculeuse la naissance virginale du Christ selon la chair.

Le texte continue ainsi : Il mangera du beurre et du miel. Le beurre est le fruit de l’église qui vient de la circoncision, comme d’un bœuf sous le joug, i.e. d’une église placée sous la loi. Le miel est le fruit de l’église venant des Gentils, que le Christ pait dans la suavité et la douceur des œuvres et de la foi. Et voici ce qu’il dit après : Et avant que l’enfant sache dire père ou mère. En disant avant qu’il sache, il veut dire : avant qu’il fasse connaitre qu’il a Dieu pour père selon la divinité, et une mère vierge selon sa naissance charnelle. C’est ainsi que s’exprimait la Genèse quand Dieu s’adressa à Abraham en ces termes : Je connais maintenant que tu crains Dieu. (Gen XX11, 12), i.e, je te l’ai fait connaître maintenant. Il n’est pas permis de penser qu’il y ait en Dieu de l’ignorance, qu’il connaisse ce qu’il ne connaissait auparavant.

De quelle puissance sera cet Emmanuel, le dit prophète l’annonce souvent. Il dit, entre autres : Et l’envergure de ses ailes s’étendra sur toute la terre, o Emmanuel. (Is V111, 8) Ecoutons le Père parler dans les psaumes de Celui que nous croyons être né d’une vierge. Car quand le prophète a dit : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : assieds-toi à ma droite, la voix du père ajoute immédiatement après, en parlant à son Fils : Avant Lucifer je t’ai engendré. Et comme d’une vulve sortira pour toi la rose de ton adolescence. Le Seigneur l’a juré et ne s’en repentira pas : tu es prêtre pour l’éternité, selon l’ordre de Melchisédech. Le Seigneur, à ta droite, écrasera les rois au jour de sa colère. Et encore : Où habite la gloire dans notre terre, la miséricorde et la vérité accourront à lui, la justice et la paix se complèteront. La vérité est sortie de la terre, et la justice procède du ciel. (Ps LXXX1V, 10 et suivants)

Quelle est cette vérité sortie de la terre si ce n’est le Christ né d’une femme, le Fils de Dieu procédant de la chair ? Car la chair est de la terre. Et quand le Christ est né, la justice est provenue du ciel. Car aucune justification ne serait donnée du ciel si le Christ n’était pas né dans la chair. Et pour montrer que cette vérité issue de la terre était un homme, il ajoute ensuite : La justice est allée au-devant de lui, et imprime ses traces sur le chemin. Le même David dit aussi : La terre donnera son fruit. (LXV1, 7,8) La terre, Marie, a donné son fruit, le Christ. Mais qui est ce fruit ? Que Dieu nous bénisse, notre Dieu, que Dieu nous bénisse.

Ce fruit de la terre prédit par Isaïe, le même prophète l’annonce plus clairement ailleurs : Faites pleuvoir la rosée, cieux d’en haut, et que les nuages fassent pleuvoir le juste. Que la terre s’ouvre, et qu’il germe le Sauveur, et la justice apparaitra en même temps. Moi le Seigneur je l’ai créé. (Is XLV, 8) Les cieux et les nuées ici sont les prophètes qui prophétisaient la venue du Christ; la terre est Marie, qui, ouverte à la foi, non à la corruption, a enfanté le Sauveur. Seul le Seigneur l’a créé, non l’émission d’une semence virile.

Voilà pourquoi Isaïe dit : Sa génération qui la racontera ? (Is L111,8) Personne en effet n’a été témoin de la nativité de Jésus dans sa conception. Car c’est au seul Verbe de Dieu qu’a été rendue visible la grossesse de la vierge. C’est ce que le prophète Daniel prédisait en figure par ces paroles : J’ai vu une pierre se détacher d’une montagne sans avoir été excisée par des mains. Et quand elle parvint à la terre, elle remplit le globe terrestre. (Dan 11, 34) Cette pierre qui n’a été détachée par personne et qui remplit toute la terre, c’est le Christ, car son règne est établi chez tous les peuples.

Dieu parle de cette pierre par Moïse : Voici que j’envoie comme fondements à Sion une pierre précieuse, élue, angulaire. Et celui qui croit en lui ne sera pas confondu. (Is XXV111, 16) C’est celle que Daniel vit se détacher de la montagne, i.e. du peuple Juif, sans mains, i.e. sans l’opération d’un homme, né de la Vierge Marie. Nous croyons sans hésitation qu’elle était vierge avant l’enfantement, qu’elle l’est demeurée après l’enfantement, selon le témoignage du prophète Ezéchiel : Je me suis tourné en direction du chemin qui mène à la porte du sanctuaire extérieur. Elle regardait vers l’orient, et elle était close. Et le Seigneur m’a dit : Cette porte sera fermée, elle ne sera pas ouverte, et l’homme ne passera pas par elle. Elle demeurera fermée parce que le Seigneur Dieu est passé par elle. (Ez XL1V, l)

Ce témoignage nous amène à confesser que la sainte vierge Marie a conçu et est demeuré vierge. Car, les parties génitales féminines sont appelées portes, parce qu’elles offrirent une sortie à l’enfant tout en restant fermées. Comme le dit Job : Car elle ne ferma pas les portes du ventre celle qui m’a porté. (111, 10) Car notre Seigneur Jésus-Christ, né de façon admirable et en manifestant de la puissance, est sorti comme un époux de sa chambre nuptiale (Ps XV111, 6), i.e. du sein de la Vierge. Nous croyons qu’après sa naissance, aucun homme n’a connu Marie, et qu’aucun autre n’est né de son sein.

11) LE CHRIST EST NE A BETHLEEM

Nous venons de parler de la naissance de Notre Seigneur d’une Vierge. Indiquons maintenant le lieu de son origine. Car c’est à Bethléem qu’il est né, comme l’avait prédit le prophète Michée : Et toi Bethléem, maison d’Ephrata, n’es-tu pas la plus petite des milliers de villes de Juda ? C’est de toi que me sortira celui qui sera le dominateur d’Israël, et sa naissance remonte aux jours d’éternité. C’est pour cela qu’il le leur donnera au temps où la femme enceinte enfantera. (Mich V, 2)

Après avoir prédit le lieu de son origine, il passe à son règne futur sur toute la terre : Il se tiendra debout, et il verra et il paîtra son troupeau dans la force de Dieu, et les siens seront à l’honneur de son nom, car il sera glorifié jusqu’aux confins de la terre, et il sera lui-même la paix. Du lieu de la nativité du Christ le prophète Habacuc parle lui aussi : Dieu viendra de l’Afrique. Car la région de Bethléem où est né le Christ s’étend de Jérusalem à la place méridionale. On a donc raison dire qu’il vient de l’Afrique en le disant originaire de Bethléem.

12) SA NAISSANCE A ÉTÉ CONNUE PAR UNE ETOILE

Parce que sa naissance a été illustrée par la lumière d’une étoile, le divin Balaam dans les Nombres chante ainsi : Une étoile se lèvera de Jacob, un homme surviendra d’Israël. Les mages qui venaient des régions d’Orient ont été les premiers à annoncer la nativité du Christ grâce à l’étoile. Pour que celui qu’ils avaient présenté à l’avance comme le prince de leur art, ils en démontrent l’existence par la vue de l’étoile.
 

13) LES MAGES OFFRIRENT DES PRÉSENTS

Les prophètes nous informent aussi que les mages offrirent des présents. Voici ce que dit Isaïe : En ce temps-là des présents seront présentés au Dieu des armées par un peuple repoussant et couvert de cicatrices, un peuple terrible comme il n’y en a plus eu de pareil après. (Is XV111, 7) Voilà ce que le prophète dit de la nation féroce des Perses, dont la puissance n’était semblable alors à celle d’aucun autre peuple. C’est d’eux que venaient les mages qui apportèrent au Christ des présents. Et le même dit : Tous viendront de Saba, apportant de l’or et de l’encens, et chantant les louanges du Seigneur. Même un David a prédit ces présents : Et on lui donnera de l’or de l’Arabie. (Ps LXX1, 11) Et encore : Les rois de Tarsis et les îles lui offrent des présents. Les rois d’Arabie et de Saba lui apportent des dons. Car l’Orient a eu des mages comme rois.
 

14) IL A ÉTÉ OINT PAR DIEU LE PÈRE

Le Christ n’a pas été oint d’une huile humaine comme les autres rois et les pontifes des Hébreux, mais par l’Esprit qui procède du Père. C’est ce que nous indique le Christ en Isaïe : L’Esprit du Seigneur est sur moi. Il m’a oint, et m’a envoyé évangéliser les pauvres, prêcher la rémission aux captifs et donner la vue aux aveugles. (LX1,1) De la même façon le psalmiste, rempli de l’Esprit Saint, parle du même Christ en disant : Ton trône, Dieu , dans les siècles des siècles. La verge de ton règne est une verge d’équité. C’est pour cela que Dieu ton Dieu t’a oint de l’huile d’allégresse, de préférence à tous tes compagnons. Dans ce texte, le prophète démontre d’abord la divinité et la perpétuité du Christ.

Par la verge d’équité il indique le sceptre de son pouvoir et son règne. Enfin, que Dieu lui-même soit oint par Dieu cela indique que le Christ n’a pas été consacré avec l’huile commune qui a servi pour ceux qui ont participé à sa royauté, i.e. les rois qui l’ont précédé comme une figure de lui-même, mais par l’effusion céleste et la vertu de l’huile d’allégresse, qui représente symboliquement le Saint-Esprit.
 

15) IL ÉTAIT PAUVRE ET ABJECT A SON PREMIER AVENEMENT

Qu’il serait pauvre et abject dans son premier avènement, Isaïe l’exprime ainsi : Dites à la fille de Sion : voici que ton roi vient à toi, juste, pauvre, assis sur un ânon indompté. (L11, 13) Le même, parlant au nom du Père : Voici que mon serviteur comprendra, il sera exalté et élevé et glorifié. Comme plusieurs ont été stupéfaits à sa vue, son aspect étant sans gloire parmi les hommes, et son apparence parmi les fils des hommes.

Il aspergera plusieurs nations. Les rois resteront muets à sa vue, parce qu’ils verront ce qui n’a pas été annoncé et contempleront ce qu’ils n’avaient pas entendu. Qui croit en nous entendant ? Et le bras du Seigneur à qui a-t-il été révélé ? (Is L111, 1) (tout le texte du quatrième chant du serviteur) Ce texte parle non seulement de l’apparence abjecte du Christ mais de sa génération céleste. L’infirmité de la chair assumée est aussi manifestée, ainsi que le déshonneur de la passion. La croix, la mort, la sépulture sont indiquées. On précise aussi qu’il a été condamné alors qu’il était innocent, et qu’il a souffert en se taisant.

Dieu a daigné s’humilier en assumant pour nous dans la chair la forme du pauvre. Pour rendre le salut à ceux qui étaient perdus, il s’est fait obéissant jusqu’à la mort, ce que le même Isaïe a raconté à l’avance : Il ne criera pas, personne n’entendra sa voix sur les places publiques. Il ne brisera pas le roseau cassé. Il n’éteindra pas la lampe qui fume encore. Mais il exercera la justice dans la vérité, aussi loin que je pose le jugement sur la terre, et les nations espèreront en lui. (Is XL11, 2)

Jérémie a prédit aussi que Dieu viendrait dans la chair, humble et abject : Seigneur agis à cause de ton nom car nombreux sont nos revers. Nous avons péché contre toi, attente d’Israël, son sauveur au temps de la tribulation. Pourquoi seras-tu comme un migrant sur la terre ? Et comme un voyageur qui refuse de se fixer. Pourquoi seras-tu comme un vagabond, , un fort qui ne peut pas sauver ? Tu es en nous, Seigneur, et ton nom est invoqué sur nous. Ne nous abandonne pas. (Jer X1V, 7)

En disant nous avons péché contre toi, il parle au nom des Juifs qui ont péché quand ils l’ont crucifié alors qu’il venait dans la forme de l’homme. Il s’est présenté aux regards des hommes comme un vagabond et un itinérant. Croyant qu’il n’était que ce qu’ils voyaient de lui, ils tuèrent l’homme qui ne pouvait sauver.
 
 

16) IL FIT DES MIRACLES ET DES PRODIGES

Les différentes formes de guérison qu’il a opérées ont été écrites à l’avance par le prophète Isaïe : Voici notre Dieu. Il viendra lui-même et nous sauvera. Alors s’ouvriront les yeux des aveugles, les oreilles des sourds entendront. Alors le boiteux sautera comme un cerf, et la langue des muets sera déliée. (Is 35, 4) Et encore : L’Esprit du Seigneur est sur moi du fait qu’il m’a oint. Il m’a envoyé porté la bonne nouvelle aux doux, prêcher la rédemption aux captifs, et apporter la vue aux sourds. (Is LX1, 1; Luc 1V, 18)

Tous ces signes de guérison ont été réalisés à l’avènement du Christ. Aussitôt après sa naissance, les mages, précédés par une étoile, l’adorèrent. Et il fit un grand nombre de miracles. Il a détourné les Juifs aveugles des ténèbres d’une profonde nuit pour qu’ils connaissent Dieu. Il a rendu aux défunts la grâce de la lumière vivificatrice, pour revivifier les âmes. Il fit entendre les sourds pour qu’ils reçoivent l’audition de la foi. Il a donné aux boiteux l’agilité des cerfs pour qu’ils accourent vers le Seigneur. Les muets ont crié à haute voix pour confesser Dieu. Les lépreux ont déposé leurs membres putréfiés pour purifier les contagions de l’âme. Par le pouvoir de sa majesté il a fait beaucoup de miracles qu’on peut lire mais qu’on ne peut pas tout rapporter. Car par l’excellence de sa puissance, il a marché sur les eaux sans enfoncer, et a apaisé par son ordre une mer déchaînée. A sa mort sur la croix, les éléments tremblèrent, le sol s’effondra, la terre se fractura, les pierres se fissurèrent.

Après être ressuscité le troisième jour, il retourna vers le trône paternel, en ayant recours au ministère des anges pour monter de la terre au ciel. Il a fait par sa puissance beaucoup de miracles semblables à ceux-là, mais l’incrédule objecte que les prophètes en ont fait aussi beaucoup. Cela est vrai. Nul d’entre eux, toutefois, n’est ressuscité ni n’est monté au ciel.
 
 

17) IL DEVAIT ETRE VU DANS UN CORPS

Que Dieu lui-même devait être vu par les hommes dans un corps, Isaïe l’atteste en disant : Mon peuple saura mon nom en ce jour-là, parce que me voici moi-même, moi qui parle. (Is L11,6) Et ils marcheront de vertu en vertu, et le Dieu des dieux sera vu dans Sion. (Ps KXXX111,8) Car il sera manifesté à ceux pour qui il est venu dans le monde, et à ceux pour qui il est remonté dans le ciel. Et l’approche de son avènement sera révélé. Si les Juifs l’avaient connu, ils n’auraient jamais crucifié le Seigneur de la gloire. (1 Cor 11,8)

Le même Isaïe parle de son apparence corporelle. Son aspect parmi les hommes sera sans gloire, ainsi que son apparence parmi les fils des hommes. Ils verront ce qui n’avait pas été annoncé de lui, et ils contempleront ce qu’ils n’avaient pas entendu de lui. Et Jérémie dans le livre de Baruch : Celui-ci est notre Dieu, et il ne sera pas estimé différent de lui-même par celui qui a trouvé la voie de la prudence. Cette voie Jacob l’enseignera à son fils, et Israël à son bien-aimé. Après cela, il a été vu sur les terres, et il a conversé avec les hommes.

Et Habacuc : Seigneur j’ai entendu ce que l’on dit de toi, et j’ai eu peur. Quand j’ai considéré tes œuvres, j’ai frémi. Tu seras reconnu au milieu de deux animaux. Quand les années approcheront, tu seras connu. Tu te montreras quand le temps viendra. (Hab 11, 10) Et le même : Les nations te verront, les Gentils, les peuples souffriront, i.e. les Juifs. Le même Isaïe parle encore de lui : A cause de Sion je ne me tairai pas, et à cause de Jérusalem je ne me reposerai pas jusqu’à ce que sorte comme le soleil resplendissant son Juste, son Sauveur, pour qu’il allume les lampes et que les Gentils voient ton juste, et tous les rois sa gloire. Et de nouveau : Ceux qui regardent élèveront la voix et loueront en même temps, parce qu’ils verront d’œil à œil. Et un peu plus bas : Dieu a préparé son saint bras à la vue de toutes les nations, et tous les confins de la terre verront le salut de notre Dieu. (Is LX11,1; L11, 3,10)
 
 

18) LES JUIFS NE LE RECONNAITRONT PAS

Que les Juifs ne le reconnaîtraient pas Jérémie l’avait prédit dans la personne du Seigneur : La maison d’Israël a prévariqué contre moi, ainsi que la maison de Juda. Ils m’ont renié et ils ont dit : Ce n’est pas lui. (Jem V,11) Voilà ce qu’encore aujourd’hui les Juifs disent du Christ : ce n’est pas lui. Et ils en attendent un autre qui est l’antichrist.

Et Isaïe : Il n’a ni beauté ni noblesse. Nous l’avons vu, et il n’avait rien d’agréable, et nous l’avons méprisé. Il était le dernier des hommes, un homme de douleurs, sachant porter la douleur, et son visage était couvert et méprisable. Nous n’en avons fait aucun cas. (Is L111,2) Ces paroles nous dépeignent l’incrédulité des Juifs, à qui le Christ est apparu comme un homme sans beauté et sans noblesse. Et ils n’en ont fait aucun cas.

Isaïe nous déclare qu’ils ne le reconnaîtraient ni ne l’accepteraient en ces mots : Ecoutez, cieux, et ouvre tes oreilles, terre, car le Seigneur parle : J’ai nourri des fils, je les ai exaltés. Mais eux m’ont méprisé. Le bœuf connait son possesseur, et l’âne la crèche de son Seigneur. Mais Israël ne m’a pas connu. Mon peuple ne m’a pas compris. (Is, 1,2) Et encore : Vous écouterez de vos oreilles et vous ne comprendrez pas. Vous verrez de vos yeux et vous ne verrez pas. Car le cœur de mon peuple est encrassé. (Is. V1,9; Matt. V111,14)

Et même Ezéchiel : Une parole m’a été adressée en ces mots : Fils d’homme, tu habites au milieu de la maison de celui qui est exaspérant. Ils ont des yeux pour voir et ne voient pas, des oreilles pour entendre et n’entendent pas. (X11,2) Car ils ont été aveuglés au point de ne pas reconnaître et de ne pas accepter le Sauveur. Abraham, lui, en a vu le jour et s’en est réjoui, et l’avènement de celui que les prophètes ont attendu d’un grand désir. Eux l’ont vu mais ne l’ont pas reconnu. Ils l’ont blasphémé en disant : Nous n’avons pas d’autre roi que César,etc. La dureté de coeur de ce peuple n’a pas plus changé que la couleur de la peau des Ethopiens ou les taches du léopard. C’est Jérémie qui l’atteste : Si l’Ethiopien pouvait changer sa peau ou le léopard ses taches. (Jer X111, 25)
 

19) NE L’AYANT PAS RECONNU, LES JUIFS SE SONT MOBILISES CONTRE LUI

On lit dans les Prophètes que les Juifs ne l’ont pas reconnu et qu’ils ont fait front commun pour le tuer; qu’ils approuvèrent sa condamnation à mort à l’unanimité. Pourquoi les nations frémissent-elles, i.e. les Romains, et les peuples projettent-ils des choses insensées, i.e. les Juifs. Les rois de la terre se réunirent, Hérode et Pilate, et s’assemblèrent contre un seul, i.e. les princes des prêtres et les anciens des Juifs. Contre le Seigneur et contre son Christ. (Ps. 11.1)

De nouveau, dans la personne du Seigneur lui-même : Plusieurs chiens m’ont entouré, une assemblée de méchants a comploté conte moi. (Ps XX1, 17) Un autre prophète se sert du nom de chiens : Ce sont tous des chiens aveugles qui ne savent aboyer. Le chien a coutume, comme le dit notre Hilaire, d’aider le pasteur, de connaître le troupeau, et de poursuivre les bêtes féroces. Si ceux-ci sont vraiment des chiens aveugles, ne reconnaissant pas le pasteur, ne comprenant pas en quoi consiste leur travail, ils ont donc retourné sur le troupeau les morsures qu’ils destinaient aux bêtes sauvages, et sur le Seigneur ce qu’ils devaient aux voleurs. Un autre prophète dit d’eux : Ils me sont devenus une flèche traitresse.
 
 

20) IL A ÉTÉ VENDU

Zacharie a annoncé d’avance qu’il serait estimé à trente pièces d’argent et serait vendu. En votre présence, s’il vous semble bon, donnez-moi ma récompense, et ils évaluèrent ma récompense à trente pièces d’argent. Et le Seigneur me dit : jetez-le dans le sanctuaire le prix honorable qui correspond à l’évaluation qu’ils ont faite de moi. Tout cela est connu de tous. Judas, saisi de remords, rapporta l’argent, le jeta dans le temple, s’en alla, puis se pendit. Pour que soit accompli ce qu’avait dit Isaïe : Le faux témoin ne sera pas impuni, parce qu’il a vendu le Juste pour de l’argent. (Prov. X1X, 5; Amos 11, 6)

C’est avec raison que le Seigneur appelle cet argent sa récompense car il avait fait pour eux un grand nombre d’œuvres, rendant la vie aux morts, la vue aux aveugles, l’ouïe aux sourds, la marche aux boiteux. Pour toutes ces choses, les Juifs, selon l’estimation honteuse qu’ils en firent, lui donnèrent une mort évaluée à trente deniers.
 
 

21) IL DEVAIT ETRE TRAHI PAR UN DE SES DISCIPLES

Le Seigneur indiqua son traître aux apôtres en lui présentant du pain. Le psaume rapporte ce qui a été accompli : Celui qui mangeait mes pains chercha à me supplanter. Et de nouveau : Même toi, mon ami, mon chef, qui mangeais avec moi de doux mets. (Ps XL, 10; Liv X1V) Jérémie avait parlé à l’avance du même traître Judas : Le péché de Judas est écrit avec un stylo de fer, avec un ongle dur comme le diamant. (Jer. XV111,1) Ce texte convient autant aux Juifs qu’à Juda. Leur péché contre le Seigneur n’a pas été écrit avec une plume, ce qui peut-être être effacé. Mais avec un stylet de fer, avec de l’encre indélébile. Il ne peut pas être effacé à cause de la dureté de leur cœur.
 
 

22) IL S’EST LIVRE LUI-MÊME

Qu’il se soit livré volontairement pour nous, Isaïe le dit : Il s’est livré parce qu’il l’a voulu. Et un peu plus bas : Parce qu’il a livré son âme à la mort, il verra une longue descendance, et la volonté du Seigneur s’exercera par sa main. (Is X111, 7) Et lui-même parle ainsi par le prophète Jérémie : J’ai quitté ma maison, mon héritage m’a été fait, j’ai livré mon âme bien-aimée entre les mains de ses ennemis. (Jer X11, 7), i.e. entre les mains des Juifs qui le tuèrent.
 
 

23) IL A ÉTÉ ARRETE

Qu’il devait être arrêté, le prophète Jérémie l’a prédit longtemps d’avance : L’esprit de notre bouche, le Christ Seigneur a été arrêté à cause de nos péchés. (Thren 1V, 20) Par cet oracle, il a démontré que le Christ est Seigneur, et qu’il était arrêté pour nos péchés. Il en est de même dans le livre de la Sagesse : Les impies dirent entre eux : Arrêtons le Juste car il nous est inutile, car il s’oppose à nos actions. Il assure avoir la science de Dieu et s’appelle Fils de Dieu. Et plus bas : S’il est vraiment le Fils de Dieu, il l’accueillera et le libérera de la main de ses contradicteurs. (Sag 2, 12, 18) Et plus bas : Pour que nous connaissions son respect, que nous éprouvions sa patience, et que nous le condamnions à une mort infamante.
 
 

24) IL A ÉTÉ JUGE

Qu’il devait être jugé, David le proclame sous la figure du peuple qui pêche envers Dieu : J’ai péché contre toi seul, et j’ai fait le mal devant toi pour que tu sois reconnu juste dans tes paroles, et que tu vainques quand tu jugeras. Le Christ en venant dans un corps s’est présenté comme un coupable, et le juge des hommes a accepté d’être jugé par les hommes. En demeurant doux et patient pendant qu’on le jugeait, il vainquit, car le peuple persécuteur ne trouva rien en lui digne de jugement.

Le prophète, annonçant l’avènement de son jugement, menace son peuple en disant : Ecoutez ce que dit le Seigneur : Lève-toi et entre en jugement avec les montagnes, et que les collines entendent ta voix. Que les montagnes entendent le jugement du Seigneur, et les forteresses les fondements de la terre. (Mich 1 et suivants) Car le jugement de son peuple et d’Israël par le Seigneur se déroulera ainsi : Mon peuple, que t’ai-je fait ? En quoi t’ai-je déplu ? Réponds-moi. Est-ce parce que je t’ai fait sortir de la terre d’Egypte, que je t’ai libéré de la maison d’esclavage, et que j’ai envoyé devant ta face Moïse, Aaron et Myriam? Le Seigneur montre là les bienfaits qu’il a accordés à son peuple, et les maux qu’ils lui ont infligés. Et qu’est-ce qui arrivera à ce même peuple, il le dit ensuite : Ecoutez vous les tribus, qui approuvera cela ! Le feu est encore dans la maison de l’impie, du trésorier d’iniquité.
 
 

25) PENDANT SA PASSION, IL A ÉTÉ ABANDONNE PAR SES DISCIPLES

Que dans sa passion, il devait être laissé seul par ses disciples, le Seigneur lui-même le dit par le prophète David : Tous mes amis m’ont oublié. Tu as éloigné de moi mes compagnons. (Ps LXXXV11,9) Et Zacharie : Frappez le pasteur, et les brebis seront dispersées. (Zach X111,7) Les disciples alors s’enfuirent.
 
 

26) IL A ET ACCUSE PAR DE FAUX TEMOINS

Qu’il devait être accusé par de faux témoins, le Seigneur lui-même le dit par Osée le prophète : Malheur à eux, parce qu’ils se sont éloignés de moi. Ils étaient dans l’abondance parce qu’ils ont prévariqué contre moi. Moi, je les ai rachetés, et eux ont dit contre moi des mensonges. Je les ai instruits, et j’ai fortifié leurs bras, et eux ont eu contre moi des pensées de méchanceté. Ils s’en sont retournés pour être sans joug. Ils sont devenus comme un arc douloureux. (Os V11, 13)

Et Zacharie : A dit le Seigneur….et vous avez dit : Qu’est-ce que nous disons contre toi ? Et dans les psaumes, il dit : Des témoins iniques se sont levés contre moi, et l’iniquité s’est mentie à elle-même. (Ps XXV1, 12) Et Isaïe dit de Juda : Le faux témoin ne sera pas impuni, parce qu’il a vendu le Juste pour de l’argent.
 

27) LES JUIFS SE SONT ECRIES : QU’IL SOIT CRUCIFIE

Qu’ils aient demandé par cris à Pilate qu’il soit crucifié, le Christ l’avait déjà prédit par Jérémie au sujet de la synagogue : J’ai laissé ma maison, mon héritage m’a été fait. Comme un lion dans la forêt, il a donné contre moi de la voix. (Jer 12, 7) Blasphémant, en effet, et disant : Crucifie-le. crucifie-le.

Et ailleurs il dit : Sur qui avez-vous ouvert votre bouche ? Et contre qui avez-vous laissez aller vos langues ? (Is 57,4) Isaïe encore : Jérusalem a rugi et Judas s’est joint à elle, leurs langues étant contre le Seigneur. (3,8) Et le même : Je m’attendais à ce qu’ils jugent selon la justice. C’est un jugement inique qu’ils prononcèrent au milieu de clameurs. (Is 5, 7)
 

28) LES JUIFS CONDAMNERENT LEUR POSTERITE

Isaïe l’avait prédit longtemps d’avance : Semence la pire de toutes, préparez vos fils à être tués à cause de l’iniquité de leurs pères. (Is X1V, 20) Car, en venant en Judée les Gentils tuèrent les fils à cause des crimes de leurs pères. Jérémie déplore leurs morts dans leurs personnes : Nos pères ont péché et ne sont plus. C’est nous qui avons payé pour leurs iniquités. (Thren. V, 7)

Jérémie lui aussi : Les prêtres n’ont pas dit : où est le Seigneur ? Et redoutant la loi, ils ne me connurent pas, et les pasteurs ont prévariqué contre moi. C’est pourquoi ma justice vous poursuit toujours, dit le Seigneur, et je paierai mes comptes avec vos enfants. Le même dit : Comment donc est-il devenu une proie ? Sur lui les lions rugirent, et donnèrent de la voix, Ils ont laissé leurs terres à l’abandon, et leurs villes ont été incendiées, et il n’y a plus personne qui y habite. (Jer 11, 8,14)
 
 

29) FLAGELLE ET GIFLE

Qu’il a été flagellé et souffleté, Job le dit en parlant de lui : En m’insultant et en me méprisant, ils me giflèrent, et se rassasièrent de mes peines. (Job XV!, 11) Et lui-même dit dans les psaumes : Je suis prêt à être flagellé. (Ps. XXXV11, 18) Et encore : Les fouets se sont rassemblés sur moi, et je n’en ai pas fait de cas. (Ps XXX1V,15) On trouve la même chose en Isaïe : Je ne suis pas contumace et je ne contredis pas. J’ai donné mon corps à ceux qui le frappaient, et mes genoux aux coups de fouet. Je n’ai pas détourné ma face de ceux qui m’insultaient et me méprisaient. (Is 1, 6) Et il dit par Jérémie : J’ai placé mes épaules pour recevoir la flagellation, et mes joues des soufflets. (Thren 111, 30) Jérémie dit de même du Christ : Il donnera sa joue à celui qui le frappe, et sera saturé d’opprobres.

30) LA TETE DU CHRIST A ÉTÉ FRAPPEE PAR UN ROSEAU

Que la tête du Christ avait été frappée par un roseau, et qu’il ait supporté cela patiemment, Isaïe l’avait prédit en ces mots : Il ne détruira pas un roseau cassé, et n’éteindra pas le cierge qui fume encore, il ne détruira pas la plume cassée ou brisée. Il sera miséricordieux pour tous, et donnera le pardon aux pécheurs en disant : Aie confiance, fille, tes péchés te sont remis. (Is XL11, 1 et suivants.) Ou comme d’autres ont traduit : il n’éteindra pas le lin obscur ou ténébreux, au lieu de qui fume encore.

Ceux qui étaient près de l’extinction ont été préservés par la clémence du Seigneur. C’est ce que nous avons expliqué dans nos précédents livres sur les Juifs et les nations. Mais il jugera tout dans la vérité, sans jamais redouter les scribes et les pharisiens, qu’il appelle en toutes lettres hypocrites.

31) IL A ÉTÉ COURONNE D’EPINES
 

Qu’une couronne d’épines lui ait été appliquée sur la tête, nous le voyons écrit dans le cantique des cantiques, où nous entendons le Père s’étonner des opprobres que l’iniquité de Jérusalem a fait subir à son Fils : Sortez et voyez, filles de Jérusalem, le roi couronné de la couronne que lui a donnée sa mère. (111,2) i.e. la couronne d’épines que la synagogue a posée sur sa tête. Par Jérémie, le Fils lui-même dit : J’ai planté une vigne choisie, et j’ai attendu qu’elle fasse des raisins. Mais elle a produit des épines. (Is V, 2) En toute vérité, parce que, en dégénérant au point de ne plus produire les fruits des anciens, ce ne sont pas des fruits de justice qu’elle a présentés à son Créateur, mais les épines de la mort sur une croix.

32) IL A ÉTÉ REVETU D’UNE ROBE ÉCARLATE
 

Le prophète Isaïe avait annoncé à l’avance que les soldats le revêtiraient par jeu d’un manteau écarlate: Qui est celui qui vient d’Edom, ses vêtements teints de Bosra ? Pourquoi ton habit est-il rouge ? Et ton vêtement semblable à celui qui foule au pressoir ? (Is LV111, 1) Et lui de répondre : J’ai foulé seul au pressoir. Cela signifie qu’il est le seul à avoir subi la mort pour le péché du monde; qu’il est le seul à avoir lavé dans son sang tous les péchés du monde.

33) QUAND ON L’INTERROGEAIT, IL SE TAISAIT

Qu’il se soit tu quand on l’interrogeait, les prophètes en témoignent : Il a été conduit à la mort comme un mouton; et comme un agneau devant le tondeur il n’ouvrit pas la bouche. (Is L111,7) Pendant sa passion, quand Pilate l’interrogeait, il ne répondit rien. Mais il s’est soumis humblement à sa condamnation. C’est ce qu’il dit encore ailleurs : Il ne criera pas, et on n’entendra pas sa voix sur les places publiques. (Is XL11,2)

Le Christ lui-même dit par un autre prophète : Le Seigneur Dieu m’a ouvert l’oreille, mais je ne contredis pas. J’ai donné mon corps à ceux qui me frappaient. (Is L,5) Et le même ailleurs : Je me suis tu, j’ai gardé le silence. Me tairai-je toujours ? (Is XL11, 24) Il se tut d’abord pour être jugé, quand il se fit sans voix comme l’agneau devant le tondeur. Il n’ouvrit pas non plus sa bouche, et contint sa puissance. Pour la fin du monde, il est écrit cependant de lui : Dieu viendra certainement, notre Dieu et il ne gardera pas le silence. (Ps XL1X,3) Il s’est tu pour être jugé quand il vint incognito. Mais il ne se taira pas quand viendra le temps de juger.

34) IL A PORTE LA CROIX
 

Qu’il porterait sa croix Isaïe l’a prédit : Un enfant nous est né, un fils nous est donné. Et il s’est procuré sa domination sur ses épaules. (Is 1X,6) Lequel des rois a porté les insignes de puissance sur ses épaules, et non sur la tête, avec une couronne, ou sur d’autres ornements de ses vêtements ? Mais seul le roi des siècles, le Christ, a placé la gloire de sa puissance et de sa sublimité sur ses épaules. C’est ce qu’Isaac a exprimé en image. Quand il a été amené comme hostie par son père, il portait lui-même le bois, préfigurant la sublime passion du Christ, en portant lui-même le bois du sacrifice.
 

35) IL A ÉTÉ CRUCIFIE

Qu’il ait été fixé et suspendu à une croix, le prophète Jérémie l’avait prédit parlant dans la personne du Christ : Moi comme un doux agneau qu’on amène à l’immolation sacrificielle, je ne me suis pas rendu compte qu’on complotait contre moi en disant : Mettons du bois dans son pain, et éradiquons-le de la terre des vivants. Voilà les choses que le Seigneur a souffertes de la part des Juifs, que le prophète présente comme si elles avaient été déjà accomplies. Car quel est ce bois mis dans le pain, si ce n’est les souffrances de la chair du Christ sur le bois ? Dans le pain nous reconnaissons son corps. Dans le bois placé dans le pain notre foi reconnait la croix dans le corps. Parce que la vie de son corps est du pain. Comme il est écrit : Et ta vie sera pendante devant tes yeux, et tu craindras jour et nuit, et tu ne croiras pas dans ta vie. (Deut XXV111,66)

Mais dans les psaumes aussi, car il a dit quand il étendit ses mains sur la croix : L’élévation de mes mains est un sacrifice vespéral. (CXL, 2) Soit que venant comme le soir du monde, soit comme déclinant comme le soleil le soir, le Seigneur a déposé son âme sur la croix, en ayant les mains élevées sur l’arbre de la croix, et en s’offrant lui-même en sacrifice à son Père pour nous, pour que, par ce sacrifice, soient effacés les péchés du monde. Isaïe prédit aussi sa croix quand il dit : Et sa royauté sera sur ses épaules. (Is 1X,6) i.e. l’étendard de sa croix qu’il a porté sur ses épaules, selon la prophétie de David : Le Seigneur a régné à partir du bois Habacuc annonce ainsi à l’avance la passion de la croix du Christ : Les cornes sont dans ses mains. Qu’est-ce autre que le trophée de la croix ? Le même prophète dit au sujet de l’élévation de la croix, que quand il a été élevé il a tout attiré à lui : Le Seigneur est ma force. Il a placé mes pieds jusqu’à ce que tout soit consommé. Il m’a imposé une élévation pour que je vainque dans sa clarté. (Habacuc)

36) SES MAINS ET SES PIEDS ONT ÉTÉ FIXÉS

Qu’il ait été crucifié, que ses mains et ses pieds ont été fixés à la croix, il le dit lui-même par David : Ils percèrent mes mains et mes pieds, et ils comptèrent tous mes os. Ils m’ont observé et examiné. Il indique, par ces mots, que son corps sur la croix a été étendu, que ses mains et ses pieds y ont été fixés, et transpercés par des clous. Souffrances que David n’a pas subies, lui qui, au témoignage de l’Ecriture, s’est endormi paisiblement avec ses pères.

Mais cela est prédit de la passion du Christ, qui a été fixé au bois de la croix par le peuple Juif. On ne parle pas des pieds et des mains de la même façon, sauf pour celui qui a été crucifié. Voici ce que dit le cantique des cantiques : Mes mains distillèrent la myrrhe.et mes doigts sont pleins de la myrrhe la plus rare. (Cant. V, 3) Ce qu’il dit particulièrement pour les plaies des clous. Et par Malachie, le Seigneur qui devait être crucifié parle ainsi d’avance de lui-même : Si l’homme transperce Dieu, car vous me clouez, et vous dites : en quoi te clouons-nous ? (Mal 111,8) Et Dieu ajoute après cela : Vous me clouez, vous peuple ingrat. Ce texte appartient au mystère de la passion, quand les Juifs posèrent sur lui leurs mains scélérates.

Et par Zacharie, Dieu dit : Et ils me regarderont, celui qu’ils ont transpercé et ils pleureront comme on se lamente sur un premier-né, et ils feront le deuil sur lui comme on le fait à la mort d’un fils unique. Nous voyons bien que cela s’est réalisé en Jésus, que les Juifs ont crucifié sur une croix. Au jour du jugement, ils pleureront parce qu’ils l’ont crucifié, quand ils le verront régnant dans la majesté du Père, et dans la sienne.

37) IL A ÉTÉ CRUCIFIE ENTRE DEUX LARRONS

Qu’il devait être crucifié entre deux voleurs, Isaïe l’avait prédit longtemps avant : Et il est placé entre des brigands. Et le prophète Habacuc : Tu le reconnaitras entre deux animaux. (Hab 111, 2) C’est-à-dire entre deux voleurs.

38) ON A DIVISE SES VETEMENTS

Après la sentence de mort sur la croix a eu lieu le partage des vêtements, et la robe a été tirée au sort. Le Seigneur lui-même l’avait prédit par la bouche de David : Ils se sont partagé mes vêtements, et ma robe a été tirée au sort. Le récit évangélique montre que cette prophétie s’est réalisée à la lettre. Car, après avoir partagé ses vêtements, les soldats dirent : Ne la déchirons pas, mais tirons-la au sort, pour savoir qui l’aura. Car c’était une tunique sans couture, ex d’une seule pièce.

39) ILS L’ONT ABREUVÉ DE FIEL ET DE VINAIGRE

Que lorsqu’il pendait sur la croix on lui ait donné du fiel mélangé à du vinaigre, cela avait été prédit d’avance dans les psaumes : Ils me donnèrent du fiel pour nourriture, et du vinaigre pour étancher ma soif. Et voici ce qu’il disait ailleurs à Jérusalem : C’est moi qui t’ai planté ma vigne choisie, comment es-tu devenue une vigne étrangère, n’apportant qu’amertume ? (Jer 11, 21) Dieu avait planté une bonne vigne, la nation des Juifs. Mais dépravée par son vice, elle n’apporta qu’amertume à son Créateur. Moïse lui-même le dit : Leurs raisins sont des raisins de fiel, et leurs grappes de raisin sont amères. (Deut. XXX11,32).
 

40) ILS ENTOURERENT D’HYSOPE UNE EPONGE PLEINE DE VINAIGRE

On lit dans les psaumes : Tu m’aspergeras d’hysope, et je serai pur. (Ps. L, 9) Dans la loi, avec un petit sac d’hysope, on aspergeait avec du sang d’agneau ceux qui voulaient être purifiés. (Ex X11, 22) Ce qui signifiait que, par la passion du Christ, les péchés étaient effacés.

41) LE TITRE DE SA CROIX N’A PAS ÉTÉ MODIFIE

Au sujet du titre de sa croix, les Juifs dirent : N’écris pas qu’il est roi des Juifs, mais qu’il a dit qu’il était roi des Juifs. Et Pilate a répondu : Ce que j’ai écrit, je l’ai écrit. Dans le psaume LV1, il y avait cette prophétie : Ne corromps pas l’inscription du titre. Dans lequel psaume sont prédites non seulement la passion et la mort du Seigneur, mais sa résurrection et son ascension.

42) PENDANT EN CROIX, IL A PRIE LE PÈRE POUR SES ENNEMIS

Qu’il ait prié le Père pour ses ennemis quand il pendait en croix, Isaïe le dit : Il a porté les péchés de beaucoup, et a prié pour ses bourreaux. Et dans le psaume CV111, 4, il a dit : Ils sont devenus mes adversaires parce que je les aimais. Mais moi, je priais pour eux. (Ps CV111,4) On trouve quelque chose de semblable dans Habacuc, quand il dit de lui : Tu seras connu au milieu de deux animaux. Il ajoute : Quand sera troublée ton âme, tu te souviendras, dans la colère, de ta miséricorde. Par ce texte le prophète, en parlant de lui-même, préfigurait la personne des Juifs qui, enflammés de colère, crucifièrent le Christ. Mais se souvenant de sa miséricorde, il dit : Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu’ils font.

43) IL A ÉTÉ CRUCIFIE POUR NOS PECHES

Qu’il soit mort pour nos péchés Isaïe le dit : C’est à cause des iniquités de son peuple qu’il a été conduit à la mort. Je donnerai les impies pour sa sépulture. Et encore : Il a été blessé à cause de nos iniquités et broyé à cause de nos crimes. Nous sommes guéris par ses blessures. Et encore : Nous avons erré nous tous, comme des brebis, chacun suivant sa propre voie, Et le Seigneur a posé sur lui les iniquités de nous tous. Et saint Paul aux 11 Cor V, 21 : Lui qui n’a pas connu le péché est devenu péché pour nous, i,e un sacrifice pour nos péchés. Voilà quelle est la raison de ses souffrances.

44) IL EST MORT

Après la flagellation et la croix, après avoir été abreuvé de fiel et de vinaigre, la mort a suivi. La loi elle-même ne l’a pas passée sous silence : Se couchant, il s’endormit, comme le lion et comme le lionceau. Qui le réveillera ? (Gen XL1X, 9) Le paume LXV11 proclame lui aussi proclame la même mort : Notre Dieu, Dieu, tu nous sauveras, et la mort du Seigneur, et la sortie de la mort du Seigneur. Que pouvait-on dire de plus clair ? Car le Seigneur Jésus, dont le nom signifie sauveur, c’est lui qui est notre Dieu, qui nous sauve. Comme il a fallu qu’il naisse, il a fallu qu’il sorte de la vie par la mort. C’est pourquoi on a ajouté : La mort du Seigneur, la sortie du Seigneur.

Isaaïe dit de même : Il a été amené comme un agneau à l’abattoir; et comme un agneau sans voix devant celui qui le tond, il n’a pas ouvert la bouche. Il a été conduit à la mort à cause des péchés de son peuple. (L111,7) Le Christ que les Juifs attendent ils ne croient pas qu’il mourra. Ils répondent donc : Quel est celui que le prophète annonce ? Il dit aussi en Jérémie : J’ai abreuvé l’âme lasse, j’ai rassasié l’âme affamée, et je me suis réveillé comme d’un sommeil, et mon sommeil m’a été doux. (Jer XXX1, 25)

L’ange parle ainsi à Daniel au sujet du meurtre et de la mort du Christ : Sache, et sois bien attentif : à partir du moment où j’aurai cessé de te parler, jusqu’à ce que Jérusalem soit reconstruite, et jusqu’à un chef Christ, sept semaines et soixante deux, et après les soixante semaines, le Christ sera tué. C’est-à-dire après quarante (fois) quatre-vingt-dix années. Et il ne sera plus son peuple celui qui l’aura renié. On parle ensuite des fléaux qui ont frappé le peuple après cela. La ville et le sanctuaire un peuple les détruira avec un chef qui viendra. L’armée des Romains avec Vespasien.

45) PENDANT SA PASSION, LES TENEBRES APPARURENT

Que le ciel se soit obscurci en plein midi pendant sa passion et que le soleil ait pris la fuite, les livres sacrés en témoignent. Le prophète Amos : Et il arrivera en ce jour-là, dit le Seigneur, que le soleil se couchera en plein jour, et enténébrera la terre au moment où il devrait l’éclairer. (V111,9) Et Jérémie : Elle est terrifiée celle qui enfante, i.e. Jérusalem, et son âme est affligée. Le soleil s’est couché en plein midi. Elle est confuse et maudite. Je donnerai au glaive ceux qui leur resteront. (Jer XV, 9) C’est ce qu’a fait Vespasien (ou Titus).

46) ILS NE ROMPIRENT PAS SES JAMBES

Qu’il ne lui aient pas rompu les jambes, comme aux larrons, cela aussi a été prédit : Vous ne briserez pas ses os. (Ex X11,46; Num 1X, 12) Il leur était commandé de célébrer la Pâque sous la figure d’un agneau. C’était comme l’ombre de la passion de notre Seigneur qui précédait celui qui a été conduit à la mort comme un agneau. Cette figure de l’agneau représente la passion du Christ.

47) IL A ÉTÉ FRAPPE PAR UNE LANCE

Qu’il ait été frappé par une lance, Job l’a annoncé à l’avance par ces mots : Il m’a transpercé et m’a posé comme un signe. Il m’a entouré de ses lances. Il a blessé mes reins, et m’a donné blessure sur blessure. (Job XV1, 13) i.e. la blessure de la lance en plus de la blessure des clous. David dit aussi : Ils ont ajouté à la douleur de mes plaies. (Os LXV111, 27) Et Jérémie : Il a tendu son arc, et m’a placé comme un signe pour la flèche, Il a envoyé dans mes reins les flèches de son carquois. (Thren 111,12) Et voici ce qu’il a dit de son peuple par le prophète : Ils sont devenus pour moi comme un arc trompeur. (Os V11, 16) Et Zacharie : Ils verront celui qu’ils ont transpercé. Evidemment, l’homme qu’ils ont crucifié. Ce texte nous apprend que le Christ promis devait venir dans la chair pour être crucifié.

48) DE SON COTE COULERENT DU SANG ET DE L’EAU

Que de son côté devaient couler du sang et de l’eau, Zacharie le dit : Toi aussi, dans le sang de ton testament, tu as fait sortir tes vaincus du lac dans lequel il n’y a point d’eau. (Za 1X,11) Et de nouveau : Quand un homme sortira de l’Orient, des eaux jailliront du côté droit. (Ez, XLV11, 5) i.e. du Christ. De la même eau qui est sortie de son côté, un autre prophète parle ainsi : Des fleuves d’eau vive sortiront de son ventre, ce sont les eaux du baptême qui vivifient les croyants, et qui sont données gratuitement à ceux qui ont soif, lorsque s’accomplit ce qui a été écrit : Lavez-vous et vous serez purs. (Is. 1, 16) Et : Lave-moi, et je serai plus blanc que la neige. (Ps. L, 9)

49) IL A ÉTÉ ENSEVELI

Qu’il a été enseveli et inhumé, les psaumes le disent : Ils me placèrent dans l’obscurité comme les morts du siècle. C’est comme s’il disait : comme les hommes. Avec raison, car il était Dieu. De même Isaïe : Et le Seigneur sera nommé en un signe éternel qui ne sera pas effacé. Et son sépulcre sera glorieux. Et ailleurs : Il donnera les impies pour sa sépulture, et les riches pour sa mort. (Is LV 13; X1,10, L111,9)

50) UNE PIERRE A ÉTÉ PLACÉE A L’ENTREE DU MONUMENT

Jérémie le dit : Ma vie est tombée dans le lac, et ils placèrent une pierre sur moi. Et encore : Il a enfermé mes vies dans quatre pierres, on les a mises tout autour de moi pour que je ne sorte pas.

51) IL EST DESCENDU DANS LES ENFERS

Le Seigneur le dit dans l’ecclésiastique : Je pénètrerai toutes les parties inférieures de la terre, et j’examinerai tous ceux qui dorment, et j’illuminerai ceux qui espèrent en Dieu. Même chose dans les psaumes : Ma vie s’est approchée de l’enfer, je suis estimé du nombre de ceux qui descendent dans le lac. Je suis devenu comme un homme sans aide, libre entre les morts. Il a descendu, en effet, dans l’enfer en tant qu’homme, mais seul parmi les morts il a été libre, parce que la mort ne pouvait pas le tenir.

52) EN DESCENDANT DE LA MORT, IL A LIBERE CEUX QU’IL A VOULU
 

En descendant dans les enfers, ceux qui étaient captifs du diable, il les a libérés et les a conduits au ciel. Osée l’a annoncé d’avance : Moi, je prendrai et je m’en irai. J’enlèverai et personne ne pourra m’en empêcher. En m’en allant, je retournerai à mon lac. i.e. le ciel. Et plus bas : Je les libèrerai de la main de la mort, je les rachèterai de la mort. Je serai ta mort, ô mort, je serai ta morsure, enfer. (Os V,14; X111,14)

53) LE CORPS DU CHRIST DANS LE SEPULCRE N’A PAS VU LA CORRUPTION

C’est ce que dit le prophète : Ma chair reposera dans l’attente. Car tu ne laisseras pas mon âme dans l’enfer, et tu ne permettras pas que ton saint voie la corruption. Ce que chante le troisième psaume : J’ai dormi, je me suis reposé et je me suis levé, car le Seigneur m’a suscité. Que peut vouloir dire d’autre le prophète sinon que ce sommeil est la mort, et que c’est éveil est la résurrection ? Le quarantième psaume le dit encore plus clairement : Toi, Seigneur, aie pitié de moi. Ressuscite-moi, et je le leur rendrai. (11) Et encore : Celui qui dort n’arrivera-t-il pas qu’il se réveillera ? (Ps XL,9) Même chose dans le psaume quatre : Je dormirai en paix et me reposerai parce que toi, Seigneur, tu m’as établi d’une manière toute spéciale dans l’espérance. Tout spécialement, car il est le seul à dormir ainsi, de façon à ressusciter tout de suite après sa mort.

De même, par Isaïe, il proclame sa résurrection : Je me lèverai maintenant, dit le Seigneur, maintenant je serai élevé, maintenant je serai soulevé. (Is XXX111,10) On y voit clairement des témoignages et de sa résurrection et de son ascension. Un peu partout, il rejette le zèle des Juifs en disant : Vous concevrez l’erreur et l’enfanterez. Votre esprit, comme le feu, vous dévorera.

54) IL EST RESSUSCITE DES ENFERS

Qu’il soit ressuscité des enfers le troisième jour, le prophète Osée l’avait prédit en ces mots : Venez et retournons au Seigneur, parce que c’est lui qui a commencé. Il nous guérira et nous vivifiera après trois jours. Le troisième jour il nous éveillera, et nous vivrons en sa présence. (Osee V1,1) Toutes ces choses se sont accomplies dans le Christ. Livré le cinquième jour, il a subi sa passion le jour de Pâques, et ressuscitant le dimanche à l’aurore, il est revenu des enfers. Le prophète ajoute : C’est environ à l’aube qu’il a préparé sa sortie. En disant, nous nous redresserons, et nous vivrons en sa présence, le prophète parle ici en son nom, et au nom des saints qui étaient dans les enfers et qui ont ressuscité le troisième jour.

55) LES APOTRES ONT ÉTÉ ENVOYÉS POUR PRECHER

Qu’auprès sa résurrection, le Christ soit apparu à des pêcheurs et qu’il les ait envoyés prêcher aux Gentils, il le rappelle par la bouche de Jérémie en ces termes : J’enverrai plusieurs pêcheurs, dit le Seigneur, et ils les pêcheront. (Jer XV1, 16) On lit dans l’évangile de Mathieu, qu’en se rendant à la mer de Galilée, Jésus vit Pierre et André son frère qui jetaient leurs filets à la mer. Et il leur dit : Suivez-moi, et je ferai de vous des pêcheurs d’hommes. (Matt. 1V, 12)

Isaïe parle ainsi de ceux qu’après la gloire de sa résurrection le Seigneur a envoyés prêcher aux Gentils : Je viens, dit-il pour rassembler toutes les nations de toutes langues. Et ils viendront et ils verront ma gloire, et je poserai sur eux un signe, évidemment celui de la croix. Et j’enverrai, de ceux qui ont été sauvés, aux nations maritimes, en Afrique, en Lybie. Ils tiendront dans leurs mains une flèche. i.e. la parole rapide de la prédication, en Italie, en Grèce, et aux îles, au loin, à ceux qui n’ont pas entendu parler de moi et qui n’ont pas vu ma gloire. (LXV1, 18,19) Cette prophétie porte manifestement sur l’envoi des apôtres aux Gentils pour les évangéliser. Le psaume XV111,4 confirme : Il n’y a pas de langues pas de dialectes qui n’aient pas entendu leurs voix. Le son de leurs voix est parvenu à toute la terre; et leurs paroles aux confins de la terre.

56) IL EST MONTE AU CIEL

Daniel le dit : Je regardais une vision de la nuit, et voici sur les nuées du ciel come un fils de l’homme qui venait, et il parvint jusqu’à l’Ancien des jours, i.e, jusqu’au Père. Et il ajoute : Et on le conduisit en sa présence. Et il lui donna le pouvoir et le règne, et tous les peuples, les tribus et les langues le servaient. Son pouvoir est un pouvoir éternel qui ne lui sera jamais enlevé, et son règne ne sera jamais aboli. (Dan V11, 13) Le psalmiste indique ainsi son ascension au ciel : Comme un époux qui sort de sa chambre nuptiale. Il a exulté comme un géant en parcourant sa voie. Depuis le sommet du ciel est sa sortie, et sa course va jusqu’au sommet. (Ps XV111,6) Car venant du ciel, il est descendu jusqu’aux enfers. Et en retournant, il retrouve sa demeure, en montant et en s’assoyant à la droite du Père, d’où il était sorti lui seul auparavant.

Quand les puissances célestes virent la chair du Christ montant dans les nuages, et entrant par les portes du ciel, ils dirent : Enlevez-vous portes royales et levez-vous portes éternelles, et il entrera le Roi de gloire. Quel est ce roi de gloire ? C’est le Seigneur fort et puissant, le Seigneur puissant dans le combat. (Ps. XX111, 7) Rappelant cette ascension, David dit ailleurs : Il est monté au-dessus des Chérubins, et il a volé au-dessus des ailes des vents. (Ps XV11,11. Et encore : Il est monté en haut, il a amené captive la captivité, il a donné des dons aux hommes. (Ps LXV111, 19) Mais que veut donc dire il a amené captive la captivité, si ce n’est que, après avoir vaincu la mort, il fit monter au ciel cette chair qu’il avait reçue de la terre, et qui était comme captive.

Et après cela, le prophète exhorte toutes les nations, les invitant à louer Dieu, annonçant d’avance cette même ascension : Royaumes de la terre, chantez pour Dieu, psalmodiez pour le Seigneur, psalmodiez pour le Dieu qui monte sur les cieux des cieux vers l’Orient. Il ajoute avec raison vers l’Orient car c’est dans un pays de l’Orient que le Christ est ressuscité et est monté au ciel. Et il ajoute ceci : On a vu tes entrées, Dieu, les entrées du roi mon Dieu. Les apôtres et cinq mille personnes le virent s’élever au ciel.

Salomon lui-même prédit son ascension dans le cantique des cantiques : Voici qu’il vient, montant au-dessus des montagnes, passant au-dessus des collines. (cant. 11,8) Et Amos dit : Le Seigneur a exécuté son ascension dans le ciel, et a confirmé sa promesse à la terre. (1X, 6) Mais par ces paroles que le Seigneur dit en Isaïe : Maintenant je me lèverai, maintenant je serai exalté, maintenant je serai glorifié, (Is XXX111, 10) il donne un témoignage de la résurrection et de l’ascension du Christ, comme s’il disait clairement : Maintenant je me lèverai des morts, maintenant je serai exalté dans le ciel, maintenant je serai glorifié dans le royaume. Le même Isaïe dit ailleurs : Mon serviteur comprendra, il sera exalté et élevé et glorifié grandement. (Is L11, 15) Ce qui se rapporte évidemment à son ascension et à son règne.

57) IL EST ASSIS A LA DROITE DU PERE

Qu’il soit assis à la droite du Pere, on le trouve écrit dans les psaumes : Le Seigneur a dit à mon Seigneur : assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis un escabeau pour tes pieds. Que les Juifs se demandent à qui il a été dit par le Seigneur de s’assoir à sa droite. A aucun ange, à aucun prophète. Car aucun de ceux-là n’est dans la gloire de Dieu. Seul celui que le Père invisible a jugé digne de partager son trône.

Comme il est digne de partager le trône de Dieu, il est digne d’en partager et le nom et la nature. C’est ce que dit le psaume : Le Seigneur règnera sur toutes les nations, Dieu s’assoit sur son saint trône. (Ps XLV1, 9) Et encore : Le Seigneur a préparé son siège dans la ciel, et son règne s’étendra sur tous. (Ps C11, 19)
 

58) LE REGNE DU CHRIST SERA PERPETUEL

Daniel le dit : Je regardais une vision pendant la nuit, et sur les nuées du ciel venait quelqu’un qui était comme un fils de l’homme. Et il se rendit jusqu’à l’Ancien des jours, et il fut amené en sa présence, et la principauté, l’honneur et le règne lui furent donnés, et tous les peuples, toutes les tribus et langues le servaient. Son pouvoir sera éternel, il ne lui sera jamais enlevé. Et son règne ne sera jamais aboli. (Dan. V11, 13) Et Daniel encore : En ces jours-là, Dieu suscitera un roi du ciel, qui ne pourra jamais être renversé, et son royaume ne sera jamais donné à un autre peuple. Il frappera et abattra tous les rois, et il demeurera stable pendant toute l’éternité. (Dan 11, 44)

Le prophète Isaïe parle du même : Son empire s’étendra, et la paix n’aura jamais de fin. (I 1X, 7) Et on lit dans les psaumes : Dans ses jours, la justice apparaîtra, et l’abondance de la paix, jusqu’à ce qu’on enlève la lune, i.e. jusqu’à la consommation des siècles.

59) APRES SON ASCENSION, JESUS ENVOYA SON ESPRIT SUR LES APOTRES

David le dit : Il est monté en haut, a rendu captive la captivité, et a fait des dons aux hommes. (Ps LXV11, 19) Après son ascension, en effet, il a envoyé son Esprit, dans lequel se trouve la plénitude des dons. Et c’est ce qu’a annoncé le prophète Joël en disant : Et après cela, j’infuserai mon Esprit dans toute chair, et vos fils prophétiseront, ainsi que vos filles. Vos vieux auront des visions en rêvant. Et en ces jours-là je répandrai mon Esprit sur les serviteurs et les servantes. (Joël 11, 28) Et Zacharie : Je répandrai sur la maison de David, et sur les habitants de Jérusalem un esprit de grâce et de prières. (Zac X11,10)

60) LES APOTRES ONT PARLE EN PLUSIEURS LANGUES

Le psalmiste le dit : Il n’y a pas de langues, pas de dialectes qui n’aient entendu leurs voix. Sur toute la terre est parvenu le son de leurs voix, et aux confins de la terre leurs paroles. (XV111, 4)

61) IL VIENDRA POUR JUGER

Le Père l’annonce par Ezéchiel : Le Seigneur Dieu dit : enlève la tiare, ôte la couronne, N’est-ce pas celui qui a élevé les humbles et a humilité les grands ? J’enlèverai l’iniquité, l’iniquité, l’iniquité. Mais cela n’arrivera pas tant que ne sera pas venu celui à qui il appartient de juger, et je la lui livrerai. Et Isaïe : Le Seigneur est sorti comme un homme fort et comme un guerrier. Il suscitera le zèle, vociférera et criera. Il déploiera sa force sur ses ennemis. Je me suis toujours tu, j’ai gardé le silence, je fus patient. Comme un mur je parlerai, je dissiperai et j’absorberai en même temps. (XL11,13)

Cela se rapporte au second avènement, pendant lequel il ne sortira pas dans l’humilité pour être jugé, mais dans la force pour juger. Il ne se taira pas, comme il l’a fait lors du premier avènement, ni ne sera patient, comme il le fut dans la passion de sa chair, mais il vociférera en jugeant, il parlera comme un mur car, instantanément, comme un mur qui s’écroule, il écrasera ses ennemis.

Le psalmiste l’enseigne lui-aussi : Dieu viendra manifestement, notre Dieu, et il ne se taira pas. (Ps XL1X, 3) Et ensuite : Le feu brûlerai devant lui, parce qu’il consumera les œuvres des délinquants comme du bois, du foin ou de la paille, et il éprouvera les actions des justes comme l’or, l’argent, et les pierres précieuses. (1 Cor 111,12) Ils diront : Nous avons passé à travers le feu et l’eau, et ils nous a conduits à un lieu de rafraichissement. Il demandera au ciel d’en haut et à la terre de reconnaitre son peuple. Rassemblez-lui ses saints, qui règlent son testament sur des sacrifices, et les cieux annonceront sa justice, parce que Dieu est juge. " (LXV,12; LX1X 4)

Et Isaïe : Dieu fera entendre la gloire de sa voix, et montrera la terreur de son bras dans la menace de la fureur, et dans la flamme d’un feu dévorant. Il les frappera avec des tornades et avec les pierres de la grêle. (Is XXX,30) Le bras de Dieu, c’est le Christ qui viendra dans la flamme et la terreur de la tempête. Le même prophète parle ainsi du jugement : Lève-toi comme dans les jours anciens, les générations séculaires. N’as-tu pas frappé le superbe ? N’as-tu pas blessé le dragon ? (Is L1,9) C’est le second avènement du Christ qui est prédit . Il se lèvera pour le jugement avec la même force qu’il a utilisé dans le passé pour séparer les bons des mauvais. Cela est arrivé au début quand il frappa le diable orgueilleux, et le sépara de la compagnie des bons anges.

Le prophète Michée parle aussi du jugement du Seigneur : Ecoutez collines le jugement de Dieu ainsi que les puissants fondements de la terre le jugement du Seigneur sur son peuple et sur Israël : Mon peuple, que t’ai-je fait ? En quoi t’ai-je déplu ? Réponds-moi. (Mich. V1,1) Et Zacharie : Ils regarderont celui qu’ils ont transpercé, et pleureront sur lui comme on pleure sur un fils unique ou sur un premier-né. (Zac X11,10)

Et Job : Je crois que mon rédempteur est vivant, et que je sortirai de la terre au dernier jour. Je serai encore enveloppé de ma peau. Et dans ma chair je verrai Dieu, mon sauveur. Quel Dieu sinon celui qui viendra pour juger, comme nous l’avons lu : Ils regarderont celui qu’ils ont transpercé. Il y en a qui disent qu’il jugera les impies là où il a été jugé, selon le témoignage du prophète Joël : Toutes les nations se lèveront et descendront dans la vallée de Josaphat. Là, je siègerai et je jugerai toutes les nations d’alentour. (Joël 111,12) Car plusieurs placent le jugement futur là où a souffert le Seigneur, comme semble le dire Isaïe : Le Seigneur Dieu des armées fera la consommation et l’abréviation au milieu du globe terrestre. (Is X, 23) Cette consommation et cette abréviation prédite que peut-elle être d’autre que le jugement dernier ? Mais où se trouve le milieu de cette terre, David donne, de la passion du Seigneur un fidèle témoignage : Dieu notre roi a opéré avant les siècles le salut au milieu de la terre. (Ps LXX111,12) Nous n’avons pas d’autre salut que la rédemption de notre Seigneur, sauveur et juge, qui a eu lieu au milieu de la terre.

EPILOGUE [du livre 1]

Voilà le juge et le roi du nouveau testament des prophètes, voilà le Christ démontré par la loi, le Seigneur de tous. Les livres des Hébreux contiennent toutes ces choses. Les Juifs les lisent toutes mais ne comprennent pas. Car, pour eux, tout est scellé : Les paroles de ce livre seront comme les paroles d’un livre scellé, comme s’il était donné à lire à quelqu’un qui ne connait pas les lettres. Et s’il dit : lis, qu’il réponde : je ne sais pas les lettres. Et qu’il le donne à quelqu’un qui sait lire et qu’il lui dise : lis. Et qu’il réponde : je ne puis, car c’est un livre scellé. (Is XX1X,11)

Voilà les arrhes de l’ancien testament que le fils et l’héritier ont répudiées en illuminant les yeux de notre cœur, comme il est écrit : Lie le témoignage, manifeste ma loi à mes disciples. Pour comprendre le Christ nous avons la loi pour guide, les prophètes comme témoins. Nous avons déclaré sa divinité, son nom, sa nation, sa race, sa patrie, sa nativité, ses miracles et ses guérisons, les incompréhensions, les soufflets, les coups de fouet, les humiliations, le fiel et le vinaigre, la mort, la lance, le sépulcre, l’enfer, l’incorruptibilité de son corps, la résurrection de la chair, l’ascension au ciel, son règne et son jugement.
 

LIVRE 2

    Au moyen des  citations de l’Ancien Testament, dans le  livre précédent, nous avons traité de Notre Seigneur Sauveur, de sa naissance, de sa passion, de sa résurrection et de son ascension au ciel.
    Le présent livre traitera des prophéties se rapportant à l’un et l’autre peuple, i.e. les Juifs et les Gentils. Dans cette œuvre, ma chère sœur, tu pourras, grâce à quelques exemples, observer la quantité de textes prophétiques qui blâment le peuple juif et ses cérémonies, et qui louent le peuple du Nouveau Testament.
 

1) DE LA VOCATION DES GENTILS

         Au début de cet opuscule, il faut d’abord parler de la croyance des Gentils. Il sera plus facile d’expliquer le reste, si la foi elle-même de l’église est d’abord déclarée.   Quand Moïse suppliait le Seigneur de pardonner au peuple qui avait péché en adorant le veau, il lui répondit : Je leur serai propice. Je vis moi véritablement, et mon nom est vivant. Toute la terre sera remplie de ma gloire. (Nombres 14, 21)

         Que toutes les nations devaient être appelées au culte du Dieu vrai, David  le prophète l’atteste : Ils  se souviendront et se convertiront au Seigneur tous les confins de la terre, et toutes les patries  des nations adoreront sous son regard, parce que le règne appartient au Seigneur, et il dominera les Gentils (Ps 20, 23) Et encore : Chantez au Seigneur un cantique nouveau car il a fait des merveilles. Il a fait connaître son salut. Il a révélé sa justice aux Gentils. (Ps. XCV11,1) 97.1

         Ces nombreuses nations  il déclare qu’elles seront réunies dans le culte d’un seul Dieu :  En réunissant les peuples et les royaumes en un  seul  pour qu’ils servent Dieu. (C1, 23)  En un seul, i.e. en un seul royaume.  Ceux qui, en raison de la diversité des rites païens, formaient des peuples et des royaumes différents, deviendront, en adoptant tous la même foi,  un seul peuple et un seul royaume.

          Le rassemblement de ce peuple provenant des nations, c’est l’Eglise.  C’est à elle qu’il est dit dans les psaumes d’une voix prophétique :  Ecoute, fille et vois, et penche ton oreille, et oublie ton peuple et la maison de ton père, car le roi a convoité ta beauté. (Ps. XL1V, 11)   Le prophète incite  la plèbe des Gentils à oublier son peuple,  i.e. l’assemblée des infidèles, et la maison de son père, i.e.  Babylone, qui est la maison et l’épouse du diable,  et de s’unir au Christ par le mariage de la foi.

          Isaïe exhorte ces peuples en disant :  Rassemblez-vous et venez,  et avancez ensemble parce que vous avez été sauvés du milieu des nations.   Car ils ne savaient pas ceux qui élèvent le signe d’une sculpture, et prient un dieu qui ne sauve  pas. (Is.XLV, 20)    Quels sont ceux qui ont été sauvés du milieu des nations si ce ne sont  les Gentils qui crurent ?  En disant :  rassemblez-vous et écoutez ensemble, il montre que les Gentils doivent se rassembler en une seule foi et en une seule communion.

          Le même :  Convertissez-vous à moi et  vous serez sauvés tous les confins de la terre, , parce que c’est moi qui suis Dieu, et il n’y en a pas d’autre.  Je l’ai juré par moi-même, une parole sortira de ma bouche et ne retournera pas,  car tous les genoux fléchiront devant moi,  et toute langue jurera dans le Seigneur. Nous constatons de nos yeux la réalisation de cette prophétie, car l’Eglise de Dieu s’est répandue jusqu’aux confins de la terre.  Cette prophétie fait rougir les Juifs,  eux qui cherchent à s’approprier exclusivement Dieu. Quand ils entendent :  toute langue jurera dans le Seigneur,, ils sont forcés d’admettre  que le peuple de Dieu n’est pas formé du seul peuple Juif, mais de toute la multitude des Gentils.

         Encore le même Isaïe.  Après avoir rapporté les humiliations que le Christ a subies dans la chair, il entonna la louange de l’Eglise des Gentils pour laquelle il avait souffert tout cela, en précisant qu’elle serait une dans tout l’univers en disant :  Loue, stérile, toi qui n’enfantes pas, chante des cantiques  et des hymnes, toi qui n’enfantais pas,   car les  fils de l’abandonnée sont déjà plus nombreux que les fils  de celle qui a un mari, dit le Seigneur.  Agrandis l’emplacement de ta tente, et étends les peaux de tes abris sans lésiner.  Allonge les cordelettes, et consolide les piquets.  Car tu entreras par la gauche et par la droite, et ta semence  héritera des Gentils,  et habitera des terres désertes. (Is L1V, 1)

         Et encore :  J’ai créé la paix le fruit de tes lèvres,  la paix pour celui qui est éloigné et pour celui qui est proche. (Is, LV11, 19)  L’Apôtre s’est référé à ce passage  quand il a dit de l’Eglise venant de la circoncision et du prépuce : Il a annoncé la bonne nouvelle de la paix à ceux qui sont loin et à ceux qui sont proches. (Eph 11,17)    Et encore :  Ils m’ont cherché ceux qui auparavant ne m’interrogeaient  pas; ils m’ont trouvé ceux qui ne me cherchaient pas.  J’ai dit : me voici, me voici à un peuple qui n’invoquait pas mon nom;  j’ai étendu les mains tout le jour à un peuple incrédule.  (Is LXV, 1)

         Et encore :  Ma maison sera appelée une maison de prière par tous les peuples,  dit le Seigneur. (Is V1, 7)   Et à la fin il parle ainsi :  Je viens pour me réunir à tous les peuples et à toutes les langues.   Et ils viendront, et ils verront ma gloire, et je poserai sur eux un signe, et j’enverrai de ceux qui ont été sauvés vers les Gentils, sur la mer, en Afrique, en Lybie, flèches en main.  (Is LXV1, 18)  Voilà pour Isaïe.

         Jérémie décrit ainsi la réponse des Gentils :  Et toutes les nations se rassembleront au non du Seigneur  dans  Jérusalem, et ils ne marcheront plus selon la dépravation de leurs cœurs. (Jem 111,17)  Et un peu plus loin :  Le Seigneur l’a juré dans la vérité et la justice, et les nations le béniront et le loueront.    (Jer. 1V, 2)   Et le même au sujet de la vocation des Gentils :  Seigneur, ma force, les nations viendront vers toi des extrémités de la terre,, et diront :  Vraiment, nos pères ont possédé du mensonge. (Jer XV1, 19)  Et le même Jérémie aux peuple israélien :  Ecoutez  la voix de la trompette.  Et ils dirent : nous n’écouterons pas. A cause de cela, écoutez nations !  (Jer V1,17)

         De même en Osée :  Et j’aurai pitié de celui qui fut sans miséricorde, et je dirai à ce qui n’est pas mon peuple : tu es mon peuple. :  Et lui dira : tu es mon Dieu.  Au lieu où il leur avait été dit : vous n’êtes pas mon peuple, ils seront appelés les fils du Dieu vivant.   (Osee 11, 23)   La même chose en Sophonie :  Je rendrai alors aux peuples une lèvre de choix pour qu’ils crient tous au nom du Seigneur, et le servent d’une seule épaule.  (Soph. 111,9)   Et après cela :  Un homme l’adorera dans son village, toutes les îles des peuples. (Soph 11,11)  Même dans ce lieu, la vocation des Gentils est prophétisée.  Car il n’y aura pas un lieu de prière unique, dans lequel le peuple charnel semblait vouloir en quelque sorte enfermer Dieu,  mais,  pour chacun, tout lieu sera un lieu de prière. C’est pour cela qu’il dit :  l’homme l’adorera dans le lieu où il se trouve.

          Michée annonce à l’avance  que toutes les nations se rassembleraient pour recevoir la discipline de la foi :  Et il y a aura au dernier des jours une montagne, une maison du Seigneur préparée au sommet des montagnes, et qui s’élèvera au-dessus des collines. Et les peuples accourront vers elle,  beaucoup de nations se hâteront vers elle en disant : Venez, montons à la montagne du Seigneur, et à la maison du Dieu de Jacob, et il nous enseignera ses voies, et nous marcherons dans ses sentiers, parce que de Sion une loi sortira, et la parole du Seigneur de Jérusalem, et il jugera beaucoup de peuples et il s’emparera de nations fortes  jusqu’à une grande distance. (Mich. 1V, 1)

         Les derniers jours ce sont ceux dans lesquels la foi du Sauveur a resplendi.  Le mont préparé au-dessus du sommet des montagnes,  c’est le Christ, parce qu’il est le chef des apôtres et des prophètes.   La maison du Seigneur c’est l’église du Christ,  qui est par lui stabilisée,  en laquelle se réunit la diversité des peuples.  La loi est sortie de Sion et une parole de Jérusalem,   pour qu’elle se rende aux Gentils, après que les Juifs aient été abandonnés à cause de leur incrédulité,  ou bien parce que Jésus, qui est membre de ce peuple, a dit à ses disciples :  Allez,, enseignez toutes les nations !  (Matt. XXX111, 19)

         Zacharie parle ainsi de l’Eglise des Gentils :  Loue et réjouis-toi, fille de Sion, car voici que je viens, et j’habiterai au milieu de toi, dit le Seigneur, et beaucoup de nations se tourneront vers le Seigneur en ce jour,  et elles seront pour moi un peuple, et j’habiterai au milieu de toi, et tu sauras que le  Seigneur des armées m’a envoyé à toi. (Zac 11,10)    La même chose au même endroit :  Voici ce que dit le Seigneur des armées, jusqu’à ce que viennent les peuples, pour qu’ils habitent dans plusieurs cités, et que les habitants aillent les uns vers les autres pour se dire : allons, demandons avec instance la face du Seigneur, et cherchons le Dieu des armées. J’irai moi aussi, beaucoup de peuples viendront et des nations belliqueuses  pour chercher le Seigneur  des armées de Jérusalem.  (Zac V111, 20)

          Que de si grands et de si nombreux témoignages fassent rougir les Juifs jaloux des Gentils convertis,  et que convaincus, enfin, ils écoutent et comprennent le Seigneur parlant dans le Deutéronome :   Vous serez, nations, à la tête; et le peuple incrédule, à la queue.  (Deut. XXV111, 44)

TOUTES LES NATIONS ONT REÇU L’ORDRE DE CROIRE DANS LE CHRIST.

         Qu’il ait été ordonné à toutes les nations de croire dans le Christ, Jacob le dit dans les bénédictions des patriarches :  Ne fera pas défaut un prince  provenant de Juda, ni un chef de ses cuisses, jusqu’à ce que vienne celui qui doit être envoyé, et c’est lui qui sera l’attente des Gentils.    (Gen XL1X,10)   Et David, dans ses psaumes,  en la personne du Christ :  Le Seigneur m’a dit : tu es mon Fils, moi aujourd’hui je t’ai engendré. Demande-moi et je te donnerai les nations pour ton héritage,  et les confins de la terre pour ta possession. (Ps. 11,7)   Et encore :  Tu m’établiras chef des Gentils. Un peuple qui ne me connait pas m’a servi.  Il m’a obéi à la parole.

          De la même façon et ailleurs, le même psalmiste dit : Son nom demeure avant le soleil, et son siège avant la lune.   Et toutes les tribus de la terre seront bénies en lui, et tous les peuples le serviront.   (LXX1, 17,18)    De sa domination, on parle plus loin :  Et il dominera de la mer à la mer, du fleuve jusqu’aux confins de la terre. (vers. 8)  Cette prédiction ne s’applique ni à Salomon ni à David.   Mais nous la voyons accomplie dans le Christ, dont le nom est grand chez les nations,  du lever au coucher du soleil.  Et c’est du fleuve Jourdain que sa domination a pris sont point de départ, là où il fut baptisé.  Et elle parvint aux Gentils, par la foi, jusqu’aux limites de la terre.

         Dans d’autres psaumes,  le Seigneur parle également de sa nativité éternelle et de son pouvoir sur les Gentils : Avant Lucifer, dit-il,  je t’ai engendré. Tu es prêtre pour toute l’éternité selon l’ordre de Melchisédech.  Il jugera les nations,  les remplira de ruines, fracassera des têtes sur la tête de plusieurs. (Ps. 1X,3)  Et Isaïe :  En ce temps-là, c’est la racine de Jessé  qui  tient lieu de signe pour les peuples. Les nations l’imploreront. .  (Is 1X,10)  Et après :  Il élèvera le signe aux nations éloignées,  et sifflera dans sa direction  des confins de la terre.

          Le même Isaïe,  au sujet de notre Christ qui règnera sur les Gentils :  Voici ce qu’a dit le Seigneur en créant les cieux et en les étendant, en affermissant la terre, et tout ce qui germe d’elle, en donnant le souffle au peuple, qui est au-dessus d’elle, et l’esprit à ceux qui la foulent aux pieds :   Moi, le Seigneur, je t’ai appelé dans la justice, et j’ai saisi ta main, et je t’ai conservé.  Je t’ai donné comme alliance du peuple pour être la lumière des nations.    Pour que tu ouvres les yeux des aveugle, pour que tu tires le vaincu de la prison, et de la geôle ceux qui sont assis dans les ténèbres.  Je suis le Seigneur, c’est mon nom. (Is XL11, 5 et suivants)  Cela, nous le voyons réalisé  dans le Christ, lui qui, dans la chair,  a été une lumière  pour l’ignorance des Gentils.

          C’est d’eux qu’il dit encore ailleurs :  Et je conduirai les aveugles dans un chemin qu’ils ne connaissent pas, et dans des sentiers qu’ils ignorent.  Je les ferai marcher.  Je placerai leurs ténèbres devant eux dans la lumière,  pour que soit accompli ce qu’avait dit un autre prophète :  Le peuple des nations qui était assis dans les ténèbres a vu une grande lumière;  pour ceux qui habitent dans la région de l’ombre de la mort, une lumière s’est levée sur eux.  (Is. 1X, 2)  Il en est de même de la vocation des Gentils :  Prêtez attention, mon peuple, mes tribus écoutez,  parce que une loi sortira de moi, et mon jugement reposera dans la lumière des peuples.  Mon juste est proche, mon Sauveur est sorti.  (Is. L1,4)

         Et après cela,  Réjouissez-vous, et louez Dieu, maison d’Israël, parce que le Seigneur a consolé son peuple, a racheté Jérusalem.  Le Seigneur a préparé son bras devant les yeux de toutes les nations. Et tous les confins de la terre ont vu le salut de notre Dieu.     (Is LX11, 9)  Par le même Isaïe,  la voix divine annonce que le Christ, dans la chair,  est le juge des nations.  Voici mon serviteur,  dit-il,  je le recevrai, mon élu,  il ne brisera pas une plume cassée,  il n’éteindra pas un cierge qui fume encore.  Il prononcera  le jugement dans la vérité.  Il ne sera ni déprimé  ni contestataire.  Il placera le jugement sur la terre, et les îles attendront sa loi. .  (Is XL11, 1)

         Il est serviteur, certes, mais en tant que descendant de l’homme.    Parce qu’il n’a pas été reçu quand il est venu chez les Juifs,  le Christ a apporté le jugement aux Gentils. Quel autre jugement que celui d’être justifié par la foi.   Cette voix n’est pas entendue à l’extérieur, chez les hérésies et les Juifs qui demeurent en dehors de l’Eglise.   C’est du même que parle Isaïe :  Mon serviteur comprendra, il sera exalté et élevé et sera grandement glorifié.  Comme plusieurs furent stupéfaits en le regardant, tellement abject  était son aspect parmi les hommes, et son apparence entre les fils d’homme.  Il aspergera beaucoup de nations;  devant lui les rois resteront muets, car ils verront ce qui n’a pas été raconté de lui, et ce qu’ils n’ont pas entendu ils le contempleront.  (Is L11, 13)

         Il dit de lui la même chose un peu plus haut :  Je l’ai donné aux peuples comme un témoin, comme un chef et un précepteur aux Gentils..  Voici que tu appelleras une nation que tu ne connaissais pas, et les nations qui ne te connaissaient pas accourront vers toi,   à cause du Seigneur ton Dieu, et du Saint d’Israël qui t’a glorifié.  (Is LV, 4)  Il est clair que toute cette prophétie se rapporte à la vocation des Gentils, comme devant croire  dans le Christ.

         Habacuc parle ainsi :  Le Seigneur parle : Ecris la vision telle quelle, et explique-là sur des tables, pour que celui qui la lit la parcoure des yeux, parce que la vision apparaîtra encore à la fin et ne mentira pas.  Si elle se fait attendre, attends-là car elle finira par venir, et ne tardera pas.  Ce qui suit s’applique aux Juifs incrédules :  Celui qui sera incrédule, il n’aura pas en lui-même l’âme droite.  (Hab 11, 2,4)     Le même Seigneur, en Aggée, parle du règne du Christ parmi les nations :   Mon esprit sera au milieu de vous, ne craignez pas.  Car voici ce que dit le Seigneur : Encore un peu de temps, et j’ébranlerai  le ciel et la terre, la mer et le désert, et je ferai mouvoir toutes les nations, et le désiré viendra pour toutes les nations. (Agg 11.5)
 

LES JUIFS ET LES GENTILS SONT APPELES AU CHRIST

         Car l’un et l’autre peuple, celui des Juifs et celui des Gentils, sont appelés au royaume du Christ d’après les oracles des prophètes. Isaïe dit :  Et en ce jour, un homme nourrira une  vache  et deux brebis, et, à cause de l’abondance du lait, il mangera du beurre. (Is 7, 21)  La vache, c’est le peuple de Juda venant de la semence des patriarches. Les deux brebis sont l’église venant des Gentils. On dit une vache et deux brebis parce que, dans l’Eglise, le nombre de ceux qui viennent des Gentils est plus grand que celui des Juifs. L’homme qui les nourrit est le Christ, qui dit par Jérémie : Convertissez-vous, fils qui retournez,  dit le Seigneur, et je vous prendrai, un de la ville, et deux de la parenté, et je vous donnerai des pasteurs selon mon cœur, et ils vous paîtront dans la science et la doctrine. (Jer 3,14) Il avait dit aux superbes par Isaïe : Un homme nourrira une seule vache et deux brebis. Dieu montre que cet homme c’est lui-même. Il en prend deux de la parenté et un de la ville, parce que le nombre des croyants venant de la circoncision est plus petit que ceux venant du prépuce.

         La cité, c’est la Judée, ou Jérusalem; la parenté ce sont les Gentils; les pasteurs ce sont les apôtres et les docteurs de l’Eglise, qui prêchent la grâce du Christ. En un autre lieu, le même Jérémie proclame que les Juifs servent le Christ : En ce jour, dit le Seigneur des armées, je briserai le joug de leur cou et je romprai leur chaîne, et les étrangers ne les domineront plus. Mais ils serviront le Seigneur leur Dieu, et David leur roi qu’il leur suscitera. (Jer 30,8)  C’est de lui que parle Jérémie : Voici que des jours viennent, dit le Seigneur,  et je susciterai David un germe juste,  et il règnera en roi, et il sera sage, et rendra le jugement et la justice sur la terre.  En ces jours-là, Judas sera sauvé,  et Israël habitera en sécurité, et voilà de quel nom ils l’appelleront : notre Seigneur juste.  (Jer 23,5)

         La voix du Père annonce par le psalmiste qu’il naitra pour l’un et l’autre peuple :  Je me souviendrai de l’orgueil et de ceux qui me connaissent à Babylone.   Palestine et Tyr avec l’Ethiopie, voici que celui-ci est né là.  A Sion il est dit : Un homme et un homme est né en elle, et c’est le Très-Haut qui l’a fondée.  Dieu le racontera en écrivant aux peuples : celui-ci est né là.  La  Babylone, la Palestine, Tyr, et  Ethiopie représentent les Gentils; Sion, le peuple de Dieu.  Car le Christ est né pour le salut de l’un et l’autre peuple.

         Ezéchiel, dans la personne de David, prédit qu’il règnera sur l’un et l’autre peuple :  Il y aura un seul roi qui commandera à tous.  Il n’y aura plus désormais deux nations.  Elles ne se répartiront plus en deux royaumes.  Ils ne se pollueront plus  avec leurs dieux, dans leurs abominations, et toutes leurs iniquités, et je les sauverai de tous leurs sièges où ils ont péché.  Je les purifierai, et ils seront pour moi un peuple, et je serai Dieu pour eux, et mon serviteur David règnera sur eux, et il y aura un unique pasteur de toutes les brebis.  (Ez XXXV11, 22)

         Que le Christ est le roi des Juifs, Isaïe l’indique ainsi :  Dites à la fille de Sion : voici que le roi vient à toi, juste, sauvant, pauvre, assis sur un âne indompté.  Daniel dit par écrit que le pouvoir du Christ n’a pas été donné par le Père sur les Gentils seulement,  mais aussi sur les Juifs :  Je regardais une vision nocturne, et voici que, sur les nuées du ciel, venait comme un fils d’homme. Il se rendit jusqu’à l’Ancien des jours, et ils le présentèrent en sa présence.  (Dan V11, X111)    Il ajoute ensuite :  Et le pouvoir lui a été donné, et l’honneur et le règne, et tous les peuples, les tribus et les langues le servaient.    Que sont les tribus sinon le peuple juif ; les langues, sinon les nations  des Gentils.  Le prophète Amos appelle les Juifs au royaume du Christ de la part de Dieu : Prépare-toi à l’arrivée du Seigneur ton Dieu, Israël, car voici que j’affermis le tonnerre,  que je crée le souffle, et que j’annonce aux hommes leur Christ. (Amos, 1V, 12)

         Isaie :  Maison de Jacob, venez et marchez dans la lumière du Seigneur.  (Is 11,5)  De quelle lumière, David le dit :  C’est dans ta lumière que nous verrons la lumière. (Ps XXXV, 10)  Michée le prophète, quand il indique le lieu d’origine du Christ, ajoute qu’il dominera sur Israël :   De toi sortira le Dominateur en Israël.  (Mich. V, 2)   Il indique en ce lieu que le Christ est le Seigneur  des Juifs.   En prédisant que son pouvoir s’étendra sur le monde entier,  il annonce par le fait même que le peuple Juif se soumettra à son règne.  Il se tiendra debout et il verra,  et il paîtra sou troupeau dans la vertu du Seigneur, et ils seront honorés par le nom de son Dieu, parce qu’il sera glorifié jusqu’aux confins de la terre, et il sera la paix.

         Le Seigneur dit à Isaïe que son avènement devra être prêché aux Juifs :  Monte sur une montagne élevée, toi qui évangélises Sion, parle à haute voix toi qui évangélises  Jérusalem.  Dis aux villes de la Judée : ne crains pas. Voici votre Dieu.  Voici que vient le Seigneur Dieu dans sa force, et son bras dominera. Et sa moisson  est avec lui, et son œuvre devant lui, et il pait son troupeau comme un pasteur, et il rassemblera ses agneaux dans ses bras.  (Is XL, 9)

         Le prophète Zacharie proclame ainsi le règne du Christ sur les Juifs et sur les Gentils :  Exulte, fille de Sion, jubile fille de Jérusalem, voici que ton roi vient à toi, juste et sauveur.  Il est pauvre, et il monte sur un âne et sur un ânon, et son pouvoir est d’une mer à l’autre, du fleuve jusqu’aux confins de la terre.  (Zac. 1X, 9)   Les évangélistes racontent comment cette prophétie a été accomplie par le Christ.

LES GENTILS ONT ÉTÉ APPELES A LA FOI AVANT LES HEBREUX

         Que les Gentils pouvaient être les premiers à croire au Christ, avant les Juifs,  le prophète David l’enseigne.  Car voyant que le Seigneur était venu pour racheter la Judée, mais que c’était d’abord la gentilité qui croirait, et ensuite seulement la Judée, il dit :  L’Ethiopie préviendra la main du Seigneur Dieu.  (Ps LXV11, 32)  C’est-à-dire que, avant que la Judée croie,  la gentilité noire pécheresse s’est offerte au Dieu tout-puissant.   Comme le dit Isaïe :  Jusqu’à ce que la plénitude des Gentils entre. C’est ainsi que tout Israël sera sauvé.  Et dans le Deutéronome :  Vous serez, vous les nations, à la tête, et le peuple incrédule à la queue.  (Deut. XXV111, 44),  comme se convertissant à la fin.

A LA FIN DU MONDE LES JUIFS CROIRONT DANS LE CHRIST

         Quand seront disparus les Juifs charnels, leurs fils, dans les derniers temps, croiront dans le Christ.  C’est le prophète Osée qui en témoigne :  Pendant de nombreux jours,  les fils d’Israël demeureront sans roi, sans prince, sans sacrifice, sans prêtres, sans prophétie. (Os 111, 4, 5)  En fait, comme ils le sont aujourd’hui.  Mais il ajoute ensuite :  Et après cela ils retourneront les fils d’Israël, et ils chercheront le Seigneur leur Dieu, et David leur roi,  et ils seront stupéfaits du Seigneur, de ses biens, dans les derniers jours.

Toute cette prophétie, sans aucun doute possible, se rapporte au Christ qui est représenté sous le nom de David.  C’est de sa semence qu’il est né selon la chair.  Jérémie en parle :  Voici que des jours viennent, dit le Seigneur,  et je susciterai David le germe juste,  et il règnera en roi.  Il sera sage et il jugera avec justice sur la terre. En ces jours-là, Juda sera sauvé,  et Israël habitera en sécurité, Et voici de quel nom on m’appellera : le Seigneur notre juste.  (Jer XX111, 5)

Malachie affirme que, avant la fin du monde,  Elie doit être envoyé pour la conversion des Juifs :  Je vous enverrai Elie le prophète, avant que ne vienne le jour grand et horrible du Seigneur, et il ramènera  les cœurs des pères vers les fils, et les cœurs des fils vers les pères.  (Mal 1V, 5)   En effet, avant la venue du Juge,  le Seigneur enverra Elie  pour convertir les cœurs des fils aux cœurs des patriarches et des prophètes,  pour que leur postérité croie dans le Seigneur Jésus-Christ,  qu’ils avaient attendu en le prophétisant.

 Car si les Juifs croient déjà correctement,  pourquoi le prophète affirme-t-il qu’Elie doit être envoyé à la fin pour les convertir ?  Maintenant, leur esprit est aveuglé.  Ce n’est qu’à la fin du monde, à la consommation du siècle,  que ceux qui écoutent pourront comprendre le Sauveur.   Le Seigneur le dit par le prophète Isaïe en ces mots :  Ecoutez  auditeurs, et ne comprenez pas. Regardez la vision, et n’en pénétrez pas le sens.  Aveugle le cœur de ce peuple, et appesantis ses oreilles.  Ferme les yeux de ce peuple de peur qu’ils voient avec leurs yeux, et qu’ils entendent avec leurs oreilles, qu’ils comprennent dans leur cœur et  se convertissent, et que je les guérisse.  (Is V1, 9)

Et le prophète a dit : Jusqu’à quand, Seigneur ?  Et le Seigneur a répondu :  Jusqu’à ce que les cités soient laissées sans habitants, et la maison sans homme, et  que la terre soit abandonnée à sa désolation.  Dieu fera des hommes au loin.  Alors elle se convertira, et elle sera influente.  Comme un térébinthe et comme un chêne  qui étend ses rameaux,  elle  sera une semence sainte qui demeurera en elle.   Il est donc clair qu’actuellement,  les Juifs sont allergiques à la lumière de la foi et de la vérité.  Car ils entendent le Christ mais ne comprennent pas. Ils voient mais ils ne perçoivent pas.

Mais combien de temps seront-ils ainsi ?   Jusqu’à ce que les villes soient détruites et que la terre redevienne un désert.  Alors, quand ils seront convertis, ils verront ceux qui croiront dans le Christ,  et ils seront guéris en comprenant, et ils connaitront toutes choses.  Selon le prophète Jérémie :  En ce temps-là, je sauverai le boiteux, et j’assemblerai celle qui avait été rejetée.  Je les placerai dans les honneurs, et dans le nom de leur confusion sur toute la terre, au temps où je vous amènerai et vous rassemblerai.   Je vous rendrai célèbres et illustres à tous les peuples de la terre, quand je changerai votre captivité devant leurs yeux, dit le Seigneur.  (Soph 3.19)

Il dit que la nation juive est boiteuse  parce qu’elle boite maintenant en dehors des sentiers de la justice, comme le psaume l’atteste en ces mots :  Ils ont boité en dehors de mes chemins. (Ps XV111,16)  Et Dieu déclare qu’il sera sauvé au dernier jour quand il dit : Je sauverai le boiteux.  Et par Ezéchiel :   Après des jours, tu en visiteras beaucoup, et au dernier des ans tu viendras.  (Ez XXXV111, 8)  Et un peu plus haut,  il dit qu’ils seraient baptisés :  Je vous prendrai des Gentils, et je vous rassemblerai de toutes les terres, et je vous amènerai dans votre terre, et je répandrai sur vous de l’eau pure, et vous serez purifiés de toutes vos saletés, et je vous purifierai du péché d’idolâtrie, et je vous donnerai un cœur nouveau, et je placerai un esprit nouveau au milieu de vous, et j’enlèverai le cœur de pierre de cotre chair, et je vous donnerai un cœur de chair, et je placerai mon esprit au milieu de vous, et je ferai en sorte que vous marchiez dans mes préceptes, que vous gardiez mes jugements, que vous travailliez et que vous demeuriez dans la terre que j’ai donnée à vos ancêtres, et vous serez pour moi un peuple, et je serai Dieu pour vous,  et je vous sauverai de toutes vos iniquités.  (Ez XXX V1, 24

Ce peuple est donc destiné à se convertir dans les derniers temps.  Jacob le prophète le présente, sous la figure de Benjamin,  comme un loup mangeant sa proie le matin et divisant  ses dépouilles le soir.  (XL1X, 27)   Bien sûr, car au début du monde le même peuple a, comme au matin, reçu la loi.  Au soir du monde,  quand il deviendra croyant, il se partagera entre le nouveau et l’ancien testament.  Car les choses qui sont promises à Israël dans le futur le sont à cette partie qui croira dans le Christ quand ils se convertiront dans les derniers temps.  Comme le dit aussi Osée :  Au lieu où l’on dit ce n’est pas mon peuple,  il lui sera dit : fils du Dieu vivant.  Et les fils de Juda seront rassemblés, et les fils d’Israël aussi.  Ils placeront sur eux une seule tête.  (Osee 1,10)

Ceci arrivera dans les derniers temps quand à la prédication d’Elie, Juda se convertira au Christ pour qu’il soit avec Israël une seule chose spirituellement, i.e. avec le peuple des Gentils,  Dieu de la foi des voyants, lesquels placeront sur eux une seule tête, qui est le Christ,  montant de la terre, i.e. de l’espérance charnelle et terrestre aux biens promis.

LA PLUPART DES JUIFS  NE CROIRONT PAS

Le plus grand nombre des Juifs ne croira pas dans le Christ.  Moïse le législateur a annoncé à l’avance leur incrédulité :  Et ta vie sera pendante devant tes yeux, et tu craindras jour et nuit, et tu ne croiras pas dans ta vie.  (XXV111, 66)  C’est pourquoi Isaïe :   Seigneur qui a cru en nous entendant, et le bras du Seigneur à qui a-t-il été révélé ?  Et nous l’avons vu et il était sans charme. (Is L111, 1)   Par ces paroles, le prophète désigne l’incrédulité des Juifs  qui, après avoir vu le Seigneur, ne le reçurent pas.  Et parce qu’ils ne purent ni le connaître ni croire en lui,  ils éprouvèrent sur-le-champ les pires catastrophes.

Jérémie le prédit :  Grimpez sur ses murs, et détruisez-les. Enlevez ses boutures, parce qu’elles n’appartiennent pas au Seigneur.  Ceux de Juda  m’ont renié et ont dit : Ce n’est pas lui.  (Jer V,10)  C’est ce que les Juifs disent du Christ encore aujourd’hui : ce n’est pas lui,  en attendant un autre qui est l’antichrist.  Voilà pourquoi le Seigneur a dit :  Je suis venu au nom de mon Père et vous ne m’avez pas reçu. Un autre viendra en son nom et vous le recevrez. (Je V, 43)

Jérémie encore :  La parole du Seigneur est devenue pour eux un opprobre, et ils ne l’ont pas reçue. (Jem V, 10)   Les psaumes nous montrent qu’alors même que les Gentils croiront au Christ, les Juifs ne le recevront pas.  Car le  Christ dit pas le prophète :  Tu m’établiras à la tête des Gentils, et un peuple que je n’ai pas connu me servira.  Tout de suite après,  il parle de l’incrédulité des Juifs :  Les fils menteurs me sont devenus étrangers. Ils sont devenus étrangers en vieillissant, et ont boité  hors de mes chemins. (Ps. XV11, 44)  Quels sont ceux qui sont devenus étrangers à Dieu sinon les Juifs ?  C’est à juste titre qu’ils sont appelés étrangers car, demeurant dans la perfidie, ils ont renoncé aux promesses de la vie éternelle qui nous sont promises, selon la foi, par le Fils de Dieu.

Isaïe lui-même signale cette incrédulité funeste des Juifs envers le Christ, en parlant au nom du Seigneur :  Ecoutez ce que vous entendez, et ne comprenez pas. Regardez la vision sans vouloir la comprendre. Aveugle le cœur de ce peuple, et alourdis ses oreilles, et ferme ses yeux, de peur qu’ils ne voient avec leurs yeux, et qu’ils entendent avec leurs oreilles;  qu’ils comprennent avec leur cœur,  qu’ils se convertissent et que je les guérisse. (Is V1, 9)  En en un autre lieu : Toute la journée j’ai tendu mes mains vers mon peuple incroyant et contradicteur,  qui marche dans des voies qui ne sont pas bonnes.  (Is LXV, 2)

Et Jérémie :  Ecoute ces paroles, peuple sot et sans cœur :  ils ont des yeux et ne voient pas, des oreilles et n’entendent pas.  Ou : vous ne me craindrez  pas, dit le Seigneur,  et devant ma face vous ne tremblerez pas ?  J’ai,  par un ordre éternel, donné  le sable comme limite à la mer.  Elle ne la  transgressera pas.  Elle mugira mais ne pourra rien.  Ses flots se soulèveront mais ne pourront pas outrepasser  la limite que je leur ai assignée.  Mais le cœur de ce peuple est devenu désobéissant et incrédule. (Jer V, 21)

Et le même ailleurs :  Comment dites-vous : nous sommes sages, et la loi du Seigneur est avec nous. (Jer V111, 8)   En vérité, le poinçon menteur des scribes a produit du mensonge.  Les sages sont confus,  effrayés et captifs.   Ils ont émis une parole de Dieu, et il n’y a pas de sagesse en eux.   Ceux qui faisaient pécher les hommes par la parole, et qui se sont éloignés en vain du juste.  (Is XX1X, 21)  Le même prophète leur dit donc :  Ecoutez-moi durs de cœur, vous qui êtes loin de la justice.  Ma justice est proche, elle ne lambinera pas.   Et mon salut ne tardera pas.  Je donnerai le salut en Sion et à Jérusalem ma gloire.

Ce même prophète annonce la foi des nations dans le Christ et l’incrédulité des Juifs : Ils m’ont cherché ceux qui ne m’interrogeaient pas; ils m’ont trouvé ceux qui ne me recherchaient pas.  J’ai dit, moi, me voici à une  nation qui n’invoquait pas mon nom; j’ai tendu tout le jour mes mains à  un peuple incrédule : (LXV, 1, 2)  Les peuples qui  l’ont cherché ne l’interrogeaient pas avant,  parce que les prophètes n’étaient pas venus chez eux. Et ils le trouvèrent quand ils leur annoncèrent le Christ. Et que dire du peuple Juif si ce n’est ce qui suit :  J’ai étendu mes mains tout le jour vers un peuple incrédule.

Encore un autre texte sur les Gentils :  Il y aura des plaines pour les troupeaux, et la vallée de la teigne  sera un arsenal  d’armes pour mon peuple, pour ceux qui m’ont recherché.  Et vous qui m’avez abandonné, je vous enverrai au glaive et vous tomberez tous dans le carnage. (Is LX1v, 10)    Pour  quel peuple sont ces promesses si ce n’est pour les Gentils qui l’ont cherché.  De ceux dont il avait dit auparavant :  Ils m’ont cherché  ceux qui ne m’interrogeaient pas.  Et qui sont ceux qui ont abandonné Dieu  et qui sont tombés dans le carnage ?  Le peuple juif.  Ceux de qui il avait dit :  J’ai tendu mes mains vers eux tout le jour.  C’est contre eux qu’est dit ce qui suit :   Mes serviteurs mangeront et vous serez affamés.  Car pendant que  le peuple appelé des Gentils se nourrit du pain du Verbe de Dieu,  la Judée persiste à jeûner.
 

A CAUSE DE L’INCREDULITÉ DES JUIFS LE CHRIST S’EST TOURNE VERS LES GENTILS

Qu’à cause de l’infidélité des Juifs le Christ ait abandonné la Judée et se soit tourné vers les Gentils,   le prophète Jérémie le prédit :   Nous avons péché contre toi, attente d’Israël, son sauveur.  Pourquoi seras-tu  sur la terre comme un touriste, comme un voyageur qui ne veut pas se fixer.  Pourquoi seras-tu comme un vagabond, et comme quelqu’un qui ne peut pas sauver ? (Jer X1V.8)    Qu’il y a-t-il à comprendre là-dedans si ce n’est que le prophète voyait en esprit que le Christ, en venant, délaisserait la Judée et irait par la foi vers les Gentils ?  C’est pourquoi il disait :  Pourquoi seras-tu comme un touriste sur la terre, comme un voyageur qui ne veut pas se sédentariser ?  Ce qui signifie : tu es venu sur la terre, et aussitôt tu t’es retiré des Juifs.

Le même prophète dit ailleurs dans la personne du Seigneur :  Qui me donnera dans le désert l’auberge  du voyageur ? Et j’abandonnerai mon peuple, et je me retirerai d’eux,  parce qu’ils sont tous adultères,  une assemblée de prévaricateurs, et qu’ils prennent ma langue comme un arc de mensonge et non de vérité. (Jer 1X, 2)   Cette voix est celle du Christ qui a établi dans le désert  des Gentils une auberge i.e. l’Eglise,  là où se rassembleraient les errants, et qui a délaissé le peuple des Juifs.  Le Seigneur dit par Malachie :   Il n’y a pas en vous de volonté envers moi,  dit le Seigneur des armées, et je n’accepterai pas de don de votre main, car du lever du soleil à son coucher,  mon nom est grand chez les Gentils.  (Mal. 1,10)

Car Dieu était avec eux auparavant,  mais après qu’ils se furent rendus abjects par leurs péchés,  le Rédempteur du monde s’est tourné vers les Gentils.  Ils disent, ces Gentils, tous ensemble sur toute la surface de la terre dans l’exultation :  Dieu a fait de grandes choses avec eux, Dieu a fait de grandes choses avec nous.  Il nous a rendus heureux. (CXXV, 3)   Le prophète ne passe pas sous silence que le Christ viendrait d’abord à son peuple Israël, mais que les Juifs ne croiraient pas : Il a dit d’abord à Sion : me voici. Et je donnerai un évangéliste à Jérusalem.  Je regardai, et il n’y avait personne parmi eux qui donne  un conseil, ou qui, interrogé, prononce  une parole. (XL1, 27) Mais parce qu’il est passé aux Gentils, le prophète continue :  Voici mon serviteur, celui que je reçois. Mon élu dans lequel se complait mon âme.  J’ai posé mon esprit sur lui.  Il apportera le jugement aux nations.  (Is XL11, 1)
 

LES GENTILS SONT ENTRES APRÈS QUE LES JUIFS AIENT ÉTÉ REJETES

Il a été démontré qu’à cause de leur crime d’incrédulité envers le Christ, les Juifs  ont été rejetés et dispersés.  Les prophètes ne passèrent pas non plus sous silence qu’après le rejet des Juifs, les Gentils prendraient leur succession par la foi, en s’assoyant sur leurs sièges :  Fais sortir le peuple qui est aveugle, bien qu’il ait  des yeux, et qui est sourd bien qu’il ait  des oreilles.   Toutes les nations se sont rassemblées ensemble, et les tribus se sont réunies. Qui parmi vous annoncera cela ? Et qui nous fera entendre les choses les plus importantes ? (Is XL111, 8)  Voici qu’Israël a été jeté dehors, avec ses yeux et ses oreilles,  pour les promesses terrestres.  Et la diversité des nations se rassemble  en un seul corps,  pour qu’ils entrent là  où  ils ont été appelés.  Et c’est à ceux-ci qu’appartient l’héritage qui avait été promis à ceux-là.
Le même prophète, dans un autre endroit, témoigne que les Gentils succèderaient aux Juifs sur leurs sièges :  En ce jour-là, ce cantique sera chanté sur la terre de Juda : dans la ville de Sion, notre force, un sauveur sera placé, un mur et une muraille.  Ouvrez-vous les portes, et la gent juste entrera, et qui garde la vérité.  La vielle erreur est partie.  Tu conserveras la paix, parce que nous avons espéré en toi.  Il a tourné les têtes des habitants  vers le ciel, et a humilié la ville orgueilleuse.  Il la réduira en poussière, et le pied du pauvre la foulera, et les pas des indigents. (Is XXV1, 1)    Cet oracle nous fait voir que le juste et humble peuple des Gentils a succédé au peuple Juif orgueilleux dans le lieu qu’ils ont perdu.

Le même prophète a dit des choses semblables ailleurs en rendant grâce au Seigneur :  Seigneur, tu es mon Dieu, et je t’exalterai.  Je confesserai ton nom,  parce que tu as fait des merveilles, et que tes anciennes promesses ont été fidèles.   Amen.  Parce que tu as fait de ta cité un tumulus; de ta ville forte une ruine, une maison pour les étrangers, pour qu’elle ne soit plus une cité,  et qu’elle ne soit plus jamais reconstruite.  Le peuple fort te loue à cause de cela,  la ville des robustes Gentils te craindra.  (Is. XXV1)

Dans un autre lieu il parle des Juifs sur le ton de la réprobation :  Et votre nom sera oublié comme je l’ai juré à mes élus.  Le Seigneur Dieu vous tuera,  et il appellera ses serviteurs d’un autre nom, dans lequel celui qui est béni sur la terre est béni par le Seigneur, et celui qui jure sur la terre jurera dans le ciel.  Amen. (Is LXV,15)   Celui qui jure sur la terre, i.e. dans la chair assumée par le Christ.  Celui qui jure en elle jure vraiment en Dieu.

A CAUSE DE LEUR PECHE ENVERS LE CHRIST LES JUIFS ONT ÉTÉ ATTAQUES  ET DISPERSES

Que les Juifs aient été attaqués et dispersés à cause de leur péché de reniement du Christ,  Isaïe l’annonce à l’avance en disant :   Il les a rachetés et les a portés, et les a  élevés pendant tous les jours du siècle.  Mais eux provoquèrent sa colère, et affligèrent l’esprit de son saint, et il se changea en ennemi.  C’est lui qui leur a fait la guerre.  (Is LX111, 9)  Osée dit la même chose :   Malheur à eux parce qu’ils se sont retirés de moi.  Ils ont été dévastés parce qu’ils ont prévariqué contre moi.  Moi, je les ai rachetés.  Et eux ont proféré contre moi des mensonges, et ils se sont retirés de moi. Et moi je les ai instruits  et j’ai fortifié leurs bras.  Mais eux ils eurent envers moi des pensées de méchanceté.  Et ils s’en sont retournés pour être sans joug.  Ils sont devenus pour moi comme un arc douloureux.  Mon Dieu les a avilis parce qu’ils ne l’ont pas écouté, et ils seront des errants parmi les nations. (Os V11, 13;  1X, 16)

Et après avoir fait des prédictions sur le Christ, Isaïe dit :  Il a été conduit à l’abattoir,  comme un agneau. (Is L111.7)  Et il ajoute tout de suite après :  Je l’ai frappé à cause du crime du mon peuple.  Et je donnerai les impies pour sa sépulture, et les riches pour sa mort etc…Et par Jérémie, le même Fils montre que la perte subie par les Juifs provient de sa passion :  Mon héritage est devenu comme un lion dans la forêt. Il  a rugi contre moi,  c’est pourquoi je l’ai haï.   Mon héritage est-il un oiseau décoloré ? Un oiseau teint au complet ?  Venez, réunissez-vous, toutes les bêtes de la terre.  Préparez-vous à dévorer. (Jer X11, 8)  Il leur a dit : réunissez-vous. Elles vinrent les bêtes sauvages, les princes féroces des Gentils,  et les peuples Juifs leur ont été livrés pour qu’ils les dévorent.

Parce qu’ils ont vociféré contre le Seigneur, il ajoute :  A cause de moi, toute la terre est exterminée.  Cette voix est celle du Christ.   Les fils d’Israël avaient autrefois commis beaucoup de péchés, mais ils n’avaient jamais été livrés à une si longue perdition et captivité.  Quand ils eurent comblé la mesure de leurs pères, et quand, après avoir tué les Prophètes ils tuèrent le Christ,  entassant péchés sur péchés,  c’est alors qu’ils furent livrés à une longue extermination.  Voilà pourquoi il est dit :  à cause de moi toute la terre est exterminée.

Mais le prophète Isaïe a annoncé à l’avance qu’ils ne comprendraient pas pourquoi ils ont été livrés à la dispersion :   Dieu a répandu sur son peuple l’indignation de sa fureur, et la guerre par le moyen d’un fort.  Et il l’a brûlé après l’avoir entouré,  et il ne l’a pas connu.  Il l’a incendié,  et il n’a pas compris.  (XL11, 25)  Le prophète Jérémie en pleurant en déplore la destruction :  Mes fils ont été perdus, car l’ennemi a prévalu.  (Thren 1, 16)  Et encore :  Ceux que j’ai éduqués et nourris,  mon ennemi les a consumés. (Thren 11, 22)

DE LA RUINE DE JERUSALEM

Que Jérusalem ait été renversée parce  que les Juifs ont renié le Christ,  le Seigneur le prédit par la bouche de Jérémie en ces termes :  Escaladez ses murs, et détruisez-les, arrachez les boutures, parce qu’elles n’appartiennent pas au Seigneur. Car la maison de Juda a prévariqué de prévarication envers moi,  dit le Seigneur. Ils m’ont renié, et ils ont dit : ce n’est pas lui.  (Jer V, 10)  Isaïe dit de même :  Jérusalem fait tomber,  et Judas a massacré.,   parce que leur langue et leurs inventions  sont contre le Seigneur. (Is 111, 8)

Ce témoignage démontre que la ville de Jérusalem et la province de Judée ont ensemble massacré.   Et il montre que la nature de leur crime   est d’avoir blasphémé contre le Seigneur, quand ils ont dit :  Enlève-le, enlève-le, crucifie-le.  Nous n’avons pas d’autre roi que César. (Jn X1X, 15)  David, de même, prédit, dans la personne du Christ, que c’est à cause de la passion du Christ que la ville et les Juifs subiront de telles calamités.  Quand, comme l’évangile le rapporte,  ils lui donnèrent du fiel et du vinaigre :  Ils mirent du fiel dans ma nourriture, et ils étanchèrent ma soif avec du vinaigre.  Que leur table devienne devant eux comme un piège, et comme une rétribution et un scandale. Répands sur eux ta colère, et que l’indignation de ta colère s’empare d’eux.  Que leur habitation devienne déserte, et que personne ne demeure dans leurs maisons. (Ps LXV111, 22)

Ce qui avait été prédit s’est réalisé par la suite.  Cela a eu lieu dans cette même ville de Jérusalem.  Car après qu’ils eurent étanché la soif du Christ avec du vinaigre, et après qu’ils demandèrent avec cris qu’il soit crucifié,  la vengeance de Dieu survint, la ville a été attaquée, les Juifs vaincus et  plusieurs milliers ont été tués.  Aucun Juif jusqu’à présent n’est autorisé  à accéder au lieu où ils acclamèrent le Christ crucifié.  De même, dans Daniel, l’ange prédit la destruction de Jérusalem comme devant arriver après le meurtre du Christ : Un peuple avec un chef qui viendra détruira la ville et le sanctuaire. (Dan 1X, 26) i.e. l’armée romaine avec Vespasien.    Pour cette destruction, le prophète Jérémie a composé  une élégie, dans laquelle Jérusalem elle-même pleure.  Le discours prophétique  présente, dans son chant, cette ruine perpétuelle sous la similitude d’une vigne ou Dieu avait placé une tour, un pressoir, et un temple, i.e. un autel. (Is V, 2)

Cette vigne, tant qu’elle produisit des fruits abondants, eut Dieu pour gardien, de qui il est écrit :  Il ne dormira ni ne s’assoupira celui qui garde Israël. (CXX1V)  Mais après qu’elle présenta des épines à son Créateur,  Dieu l’a délaissée, et elle fut aussitôt dévastée par un ennemi venant de la forêt.  (Ps LXX1X, 14), et tous les passants récoltèrent les raisins.   Et le Seigneur dit :  Et maintenant je vous montrerai ce que je ferai de ma vigne, j’enlèverai son mur en pierres sèches (Is V, 5).  Ce qui signifie :  j’enlèverai l’aide des anges dont il est écrit dans les psaumes :  Dieu enverra son ange au milieu de ceux qui le craignent, et il les protègera. (Ps XXX111, 8)  Et elle sera saccagée par les adversaires.  Je détruirai ses murs, pour donner une entrée aux peuples ennemis, et je commanderai aux nuages de ne pas faire tomber de pluie sur elle.  (Is V, 6)

Cela n’avait pas été prophétisé de la première captivité.  Car, alors, après la prise de Jérusalem,  Jérémie prophétisa, et Daniel, et Aggée et Zacharie annoncèrent les choses futures.  Mais cela est dit de la dernière captivité parce que, après la passion du Seigneur,  les Juifs n’eurent ni prophètes ni apôtres qui leur eurent redonner courage.  Au contraire,  il leur est arrivé  ce que le Seigneur avait promis aux pécheurs dans le lévitique :  Je vous ferai un ciel d’airain, et une terre de fer.  (Lev XXV1, 19)

Et dans le Deutéronome :  Le ciel au-dessus de toi serai d’airain, et la terre sous toi de fer. (Deut XXV111, 23)  Et encore : Le Seigneur donnera de la pluie sur ta terre, et la cendre  descendra du ciel sur toi, jusqu’à ce qu’il te livre et te détruise. (ibidem 24)  Mais pourquoi ces choses leur arrivèrent-elles ?  Parce que Dieu attendit pour leur faire justice qu’ils reçoivent le donateur de tant de présents.  Mais eux firent des épines avec lesquelles ils couronnèrent le Christ.  Ils crièrent et vociférèrent contre le Seigneur, i.e. le Christ pour le crucifier.

DU REJET DES JUIFS ET DE LA REPROBATION DE LA SYNAGOGUE

Le Seigneur parle ainsi de cette cité par la bouche d’Isaïe :  Quel est ce livre de répudiation de votre mère,  ou quel est mon créancier à qui je vous ai vendus,  Vous avez été vendus à cause de vos iniquités, et à cause de vos scélératesses j’ai renvoyé votre mère. (Is L, 1)  La même chose par Osée :  Jugez votre mère, jugez-la, parce qu’elle n’est plus mon épouse, et je ne suis plus son mari.  (Os 11, 2)  Le Seigneur parle de cette réprobation par la bouche de Jérémie :  J’ai laissé ma maison, j’ai abandonné mon héritage.  Comme le lion dans la forêt elle a rugi contre moi.  Je la hais à cause de cela. (Jer X11, 7)

Isaïe exprime ainsi la captivité perpétuelle des Juifs :  Votre terre est déserte, vos cités ont été consumées par le feu, des étrangers ont dévasté votre région sous vos yeux, et votre terre sera abandonnée comme un désert hostile. (Is 1, 7) Cette captivité s’est réalisée en partie au temps de Babylone.   Mais elle s’est réalisée plus pleinement quand l’armée romaine dévasta toute la Judée, et quand la ville de Jérusalem a été renversée et brûlée.

DE LA RUINE PERPETUELLE DE JERUSALEM

Isaïe dit : Elle sera désolée comme dans une dévastation hostile, et elle sera abandonnée la fille de Sion comme une ombrelle  dans une vigne.  Jérusalem a été renversée et destituée  quand les mystères de la vérité chrétienne ont été connus,  comme, après les vendanges, on abandonne les ombrelles.

Le même Isaïe annonce à l’avance la ruine perpétuelle de la Jérusalem terrestre, et la vocation des Gentils en disant : Seigneur, tu es mon Dieu, et je t’exalterai. Je confesserai ton nom parce que tu as fait des merveilles.  Tes pensées antiques ont été fidèles. Amen.  Parce que tu as fait de la cité un tumulus,  et de la ville forte une ruine. Pour qu’elle ne soit plus une ville, et qu’elle ne soit plus jamais reconstruite.  A cause de cela, un peuple fort te louera, une cité de gens robustes te craindra, parce que tu es devenu la force du pauvre, la force de l’indigent dans la tribulation. Espoir contre la tornade, ombrage pour la chaleur.  L’esprit des robustes est comme une tornade arrachant un mur. Comme la chaleur dans la soif, tu as humilié le tumulte des étrangers.  Et comme pour la chaleur sous le nuage d’un torrent, du fais pousser les boutures des forts.  Et le Seigneur des armées fera pour tous les peuples sur la montagne un banquet de graisse, le vin  une fois séparée de la lie.    (Is XXV, 1)

Et Ezechiel : Quand je donnerai,  dit le Seigneur, la gloire dans la terre des vivants. Démontrant par cette phrase la clarté future de l’Eglise provenant des Gentils.  Puis il détourne son oracle sur la Jérusalem terrestre : Je te réduis à rien, et tu ne seras plus, et les choses que tu recherches tu ne les trouveras plus jamais.  Le Seigneur parle à Jérémie de cette ruine perpétuelle de Jérusalem :  Et je détruirai la ville  sous tes yeux  et je dirai à ceux qui iront avec toi :  voici ce que dit  le Seigneur des armées : je détruirai ce peuple et cette cité,  comme on détruit un vase du potier.  Elle ne pourra plus être restaurée. (Jer 1X, 10)

Sophonie prédit ainsi la désertion éternelle de cette cité :  Voici la cité glorieuse, habitant en confiance, elle qui disait dans son cœur : je suis, et  il n’y en a pas de plus grande.  Comment est-elle devenue un désert, un refuge de bêtes sauvages ?  Tous ceux qui la traverseront  siffleront et branleront leurs têtes.  Malheur à toi cité provocatrice et rachetée ! La colombe n’a pas entendu la voix, et n’a pas accepté la discipline. (Soph 11, 15; 111, 1)

Et à la fin, Daniel indique que la destruction de Jérusalem durera jusqu’à la consommation du monde.   Après soixante-douze semaines, le Christ sera tué, et il ne sera plus son peuple celui qui l’ara renié. Et la ville et le sanctuaire seront détruits par un peuple avec un chef qui viendra.  Et sa fin est la dévastation.  Et à la fin de la guerre, la désolation statuée.  Et l’hostie et le sanctuaire feront défaut. Et dans le temple il y aura l’abomination de la désolation, et la désolation perdurera jusqu’à la consommation et la fin. (Dan 1X, 26)

DE LA DESOLATION IRREPARABLE DES JUIFS

Que les Juifs ne seront jamais restaurés comme ils l’espèrent,  Jérémie le dit :  Les villes d’Israël sont fermées. Toute la Judée  a été déportée en une transmigration parfaite. (Jer X111, 19) i.e. en une captivité irrévocable.  Parce que mon peuple m’a oublié, festoyant pour rien et marchant violemment  dans ses propres voies, et dans les sentiers d’Israël, pour qu’ils circulent par elles dans un chemin non tracé. Pour que leur terre devienne un sujet de désolation et de moquerie sempiternelle.  Tous ceux qui passeront par là  seront stupéfaits, ils branleront leurs têtes.  Comme un vent violent je les disperserai. (Jer XV111, 15)

Le même prophète proclame la désolation sempiternelle du Juif charnel, en disant :  Appelez-les  de l’argent réprouvé,  parce que le Seigneur les a rejetés. (Jer. V1, 30)  Et un peu après : Et je rejetterai mon peuple, et je me retirerai d’eux. (Jer  1X, 2)    Et en un autre endroit :  Et je vous abandonnerai, vous et votre cité, celle que j’ai donnée à vous et à vos pères.   Et je ferai de vous un opprobre sempiternel, et une ignominie éternelle. (Jer X11, 59)

Le prophète Amos, aussi,  prédit ces choses au complet.  Il dit que Dieu s’est détourné d’Israël au point de ne jamais leur pardonner et de les laisser dans une désolation éternelle :  Ecoutez cette parole que j’élève sur vous, une parole de désolation. La maison d’Israël est tombée.  Il n’arrivera pas qu’elle se relève.  La vierge d’Israël a été projetée sur sa terre, et personne ne la relèvera.  (Amos V, 1)  Voilà où elle est bombée pour ne pas se relever.  A moins que ce peuple  n’évacue, en venant  à la vérité,  les cérémonies charnelles qui le font tomber, il ne pourra pas se relever :  Elle a été projetée sur sa terre, et il n’y a personne qui la relève.

Qu’il faille entendre cela de l’espérance terrestre des Juifs,  le prophète l’indique par la suite :  La fin est venue sur mon peuple.  Il ne m’arrivera plus de passer à travers elle.  Et les gonds du temple gémiront en ce jour-là, dit le Seigneur Dieu.  Plusieurs mourront, et en tout lieu règnera le silence.  (Am V111, 2).  Dans ce troisième texte prophétique, on découvre que le Seigneur s’est détourné d’Israël sans jamais pouvoir leur faire miséricorde selon leur espoir.  En premier lieu il a dit :  Elle est tombée et elle ne se relèvera pas la vierge d’Israël.    Il a dit en deuxième lieu :  Je vais mettre une puisette  au milieu de mon peuple. Je ne le conduirai pas plus avant.  Il dit en troisième lieu :  La fin est arrivée sur mon peuple.  Il ne m’arrivera plus de passer à travers elle. (Amos V11, 8)

Toutes ces choses se rapportent au règne charnel de ce peuple et à son observance,  car tout cela est irréparable.  Car ces promesses de réparation  que les paroles des prophètes envisagent sont destinées à cette partie  des Juifs qui croira en Dieu.  Car tous les Juifs ne seront pas rachetés;  tous les Juifs ne seront pas sauvés. Mais après que les scélérats et les pécheurs auront été broyés et consumés,  ceux qui ont élus à la foi seront sauvés.

Après avoir parlé du peuple et de la ville,  parlons de ce que les prophètes ont dit au sujet du nouveau testament.

APRES L’EVACUATION DE L’ANCIEN TESTAMENT IL Y EN AURA UN NOUVEAU

Qu’après l’évacuation de l’ancien testament charnel Dieu donnerait un nouveau testament  le Seigneur l’annonce en toute clarté par le prophète Isaïe : Ne vous souvenez pas des premières choses, et ne contemplez pas les choses anciennes. Voici que moi je ferai de nouvelles choses, et c’est maintenant qu’elles commenceront. Vous les connaitrez. Je tracerai un chemin dans le désert, et je ferai couler des fleuves dans un endroit inaccessible. Les bêtes des champs et les dragons me glorifieront parce que j’ai tracé un chemin dans le désert et j’ai fait couler des fleuves dans un endroit inaccessible. (Is 43, 18-22)

Par de tels oracles, il commande d’oublier la loi de l’ancien testament,  et il fait mention du nouveau en disant : ne vous souvenez plus des premières choses.  Voici que je fais du nouveau.  Et pour démontrer ce que serait ce nouveau, il ajoute :  je placerai une voie dans le désert,  et des fleuves dans un endroit inaccessible.  En disant que la bête des champs le glorifiera,  il nous laisse entendre qu’il donnera sa doctrine aux Gentils.  En disant qu’ils croiront en lui et le loueront, il parle des royaumes du monde, du peuple qu’il s’est acquis.

Le même Seigneur par le même prophète fait la promesse d’un nouveau testament :  Les premières choses qui ont été sont révolues.  J’annonce, moi, des nouvelles choses. Je vous les fait connaître avant qu’elles n’arrivent. (Is XL11, 9)  Par ces paroles, il annonce que l’ancien testament a été,  et qu’il y en aura un nouveau, qui s’est réalisé dans l’ère chrétienne.   Les anciennes choses  sont premières par rapport aux nouvelles,   mais selon une préséance d’ordre temporel,  non selon la dignité.  L’alliance donc qui est postérieure dans le temps sera plus grande que l’ancienne, après l’évacuation de cette dernière.

Le Seigneur promet par le prophète Jérémie qu’un nouveau testament sera donné après l’évacuation du premier :   Voici que des jours viendront, dit le Seigneur, et j’apporterai à  la maison d’Israël et à la maison de Juda une alliance nouvelle, non selon le pacte que j’ai contracté avec vos pères, quand je les ai pris par la main et que je les ai fait sortir de la terre d’Egypte, un pacte  qu’ils ont rendu obsolète.  Et eux, ils m’ont dominé, dit le Seigneur.  Mais voici le pacte que j’apporterai à la maison d’Israël,  dit le Seigneur,  je mettrai ma loi dans leurs viscères, et je l’écrirai dans leur cœur.

Dans ce texte,  les oracles des prophètes font mention d’un testament nouveau.  Qu’il devait être différent de l’ancien,  il l’explique par la suite : Non selon le testament que j’ai donné à vos pères.  Il y a, en effet, entre les deux,  une différence admirable de préceptes.  Dans le dernier,  mis à part les sacrements qui étaient les ombres des choses à venir,  les autres promesses sont temporelles,  comme le sabbat, la circoncision et la multiplicité des sacrifices,  l’observance des aliments, et diverses cérémonies.  Toutes choses qui conviennent à la vétusté charnelle.   Au contraire,  dans le nouveau testament c’est aux cœurs qu’est promis le bien : le bonheur de la félicité éternelle est promis.  Ce pacte n’est pas inscrit à l’extérieur, sur des tables d’airain, mais à l’intérieur, sur les tables du cœur.

C’est pourquoi il ajoute par la suite :  Voici le testament que j’imposerai à la maison d’Israël. Après ces jours, dit le Seigneur,  je placerai ma loi dans leurs cœurs, et je l’inscrirai dans leurs cerveaux.  (Jer XXX1, 33)    Ce qui signifie qu’elle doit agir spirituellement dans nos cœurs selon l’homme intérieur, après avoir enlevé la vétusté de l’opération charnelle.  Une circoncision intérieure,  non par une incision corporelle, mais par la purgation du cœur.   Un sabbat intérieur, non par l’abstinence des œuvres serviles, mais par l’abstinence des péchés.

Que cette loi serait révélée aux Gentils en toute lumière, le Seigneur l’atteste par Isaïe :  Une loi sortira de moi, et mon jugement reposera dans la lumière des nations.  (Is 11, 4)  Il est démontré que ce testament serait commun au Juifs et aux Gentils par le  témoignage du prophète Osée :  En ce jour-là,  elle m’appellera  mon mari, et j’enlèverai de sa bouche le nom des Bélial,  et elle ne se souviendra plus d’eux.  Et je contracterai  mon alliance en ce jour-là avec les bêtes des champs, et avec les oiseaux du ciel, et avec les reptiles de la terre.  Et j’enfouirai dans la terre l’arc, le glaive et la guerre, et je les ferai s’endormir dans la fidélité,  et je t’épouserai pour l’éternité, et je t’épouserai dans la justice, le jugement, dans la miséricorde et la pitié, et je t’épouserai dans la foi, et tu sauras que je suis Dieu.  (Os 11,16)

DE LA CESSATION DU SABBAT

Les Juifs auraient du mérite à conserver le sabbat charnellement s’ils savaient ce que c’est que le sabbat.  Ils usurpent le nom du sabbat,  mais ce qu’il signifie ils l’ignorent.  Ils prennent plaisir à conserver charnellement la loi,  alors qu’il faut la comprendre toute spirituellement, comme le dit le Seigneur par le prophète :  J’ouvrirai ma bouche en paraboles, j’énoncerai des proposition dès le début du siècle. (Ps LXXV11, 2)  Si la loi et les prophètes sont sous forme d’énigmes et de paraboles,  l’observation du sabbat ne peut être faite que spirituellement.

Car ces repos charnels ont été enfreints et par le Seigneur et par les Pères. Car si c’est un crime de ne pas observer le  repos du Sabbat,  pourquoi Dieu travaille-t-il le sabbat ?   Car il est écrit ainsi dans la Genèse :  Dieu a complété le septième jour l’œuvre qu’il avait faite. (Gen 11, 2)  Le sabbat a donc été enfreint dès le début puisque Dieu a travaillé en ce jour en complétant le tout en ce jour.  Si c’est un crime de ne pas observer le repos du sabbat,  pourquoi Jésus Nave, disciple et successeur de Moïse, a-t-il présenté son armée en armes,  sur l’ordre de Dieu, sept jours consécutifs, pendant lesquels se trouvait très certainement un sabbat ?  En faisant le tour de la ville avec l’arche et au son des trompettes, les murs de Jéricho s’écroulèrent. (Jos V1, 15)

Que dire des Macchabées de qui il est écrit :  Et les Juifs ne voulaient pas le jour du sabbat se venger des étrangers. (1 Macc. 11, 41)  Ensuite,  après en avoir discuté,  ils se battirent le jour du sabbat, et triomphèrent de leurs ennemis.  Nous apprenons par ces témoignages que n’appartient pas à cette foi dans le sabbat  la conservation élémentaire du jour,  mais la spirituelle.  Car ce sabbat charnel n’est pas donné pour la purification mais pour la tentation, au dire du Seigneur :  C’était pour les tenter, pour savoir si, oui ou non,  ils marcheraient dans ma loi.  Vous ramasserez la manne pendant six jours. Le septième,  vous ne la ramasserez pas. (Ex XX1, 4, 25)

Donc, quand il dit : pour les tenter,  il appert que le sabbat n’a pas été un précepte pour la justification,  mais pour la tentation.   C’est ce que confirme Dieu par le prophète Ezéchiel :  Je leur ai donné des préceptes qui n’étaient pas bons.  (Ez XX, 25)  Oui, car des préceptes charnels ont été permis à un peuple charnel,  mais ils devaient cesser à l’avènement de l’Evangile.  Comme le dit le prophète : Je ferai cesser toute sa  joie et tous ses sabbats.  Plus loin,  le Seigneur dit même qu’il les hait :  Vos nouvelles lunes et vos sabbats mon âme les hait.  (Is 1, 15)

Si les sabbats sont éternels, pourquoi Dieu a-t-il ordonné qu’ils cessent ?   S’ils sont bons, pourquoi les hait-il ?  Le sabbat que les Israélites reçurent en don signifie le repos de l’esprit pour qu’il ne soit fatigué dans cette vie par aucun appétit des désirs terrestres.  Car le mot sabbat signifie repos.   Cette fête juive du loisir  se déroule dans la luxure, l’ivresse,  dans des festins,  dans toutes sortes de choses dédiées au plaisir, aux fruits de la vie présente,  au ventre et au sexe.

Mais on demande :  Si le sabbat ne doit pas être conservé, pourquoi est-il dit dans les commandements de Dieu : Souviens-toi de sanctifier le jour du sabbat.  Tu travailleras pendant six jours pendant lesquels tu feras tous tes travaux. Le septième est le sabbat du seigneur ton Dieu.  Tu ne feras en ce jour aucun travail.  (Ex XX, 8)  L’œuvre des six jours correspond aux œuvres de six mille ans, car mille ans sont, pour Dieu,  comme un jour.  Parce que mille ans devant tes yeux sont comme un jour. (Ps LXXX1X, 4)  Le sabbat de ces jours correspond à sept mille ans.  Et le repos du règne et du siècle futur se trouve là  où il n’y aura aucun travail physique,  mais le seul repos des saints.

Car ces sabbats temporels Dieu les déteste.  Lui-même le dit :  Vos néoménies et vos sabbats  mon âme les hait.   Il a raison de dire vos  sabbats, car ce ne sont pas ceux que Dieu a prescrits,  mais ceux qu’un peuple charnel a choisis.  Voici ce qu’il pense de ces sabbats : Mes sabbats, vous les avez profanés. (Ez, XX11, 8)  D’où l’on apprend que le sabbat humain est temporaire,  mais que le sabbat divin est éternel.  Isaïe en parle :  Et il y aura un mois d’un mois, un jour d’un jour, et un sabbat du sabbat, et toute chair viendra adorer à Jérusalem, dit le Seigneur.  (Is LXV1, 33)

On demande ensuite : Pourquoi Jérémie a-t-il dit :  Conservez vos âmes, et ne portez pas de poids le jour du sabbat. Vous ne les emporterez pas par les portes de Jérusalem, et ne rejetez rien de pesant de vos portes le jour du sabbat.  (Jer XV11, 21)  Ecoute le sens caché de cette prophétie : il porte un poids le jour du sabbat celui que le jour du juge trouvera avec un péché.  Il porte un fardeau le jour du sabbat celui qui, croyant dans le Christ, ne met pas un terme au péché.   Car voici quel est le repos des âmes comme il le dit lui-même :  Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour vos âmes.  (Mat. X1, 29)

On pose une troisième question.  Pourquoi l’homme qui portait du bois le jour du sabbat a-t-il été trucidé si atrocement par le peuple sur l’ordre de Dieu.  Les infidèles ont toujours cette objection à la bouche.  Qu’ils comprennent que toutes ces choses-là leur sont arrivées comme un type.  Elles ont été écrites pour notre profit. Car cet homme ancien et charnel qui avait osé violer le jour du sabbat, en ramassant des morceaux de bois, (ce pourquoi il est puni) représente celui qui, au jour du jugement, sera trouvé avec une œuvre charnelle, i.e. qu’il aura ramassé  du bois, du foin et de la paille qui servent de nourriture au feu éternel.  Car, ramassant ainsi sa propre perte, il sera rejeté par tous les anges,  après avoir été jugé le dernier jour,  et  il sera puni de la deuxième mort.  Donc, tout ce qui est arrivé aux Juifs par la loi doit être compris spirituellement.

DE LA CONSOMMATION DE LA CIRCONCISION

Après avoir parlé de la captivité perpétuelle du peuple et de la ruine éternelle de la ville, je traiterai des observances et des célébrations charnelles des Juifs qui ont été évacuées.  Reçois d’abord la cause première de la circoncision.   Le  Christ devait naître selon la chair de la semence d’Abraham.  C’est en lui qu’était promise la bénédiction de toutes les nations.  D’Abraham au Christ un grand nombre de siècles devaient se succéder.   De peur que la race d’Abraham ne se mêle aux autres peuples,  et que la transmission de la semence devienne problématique,  le Dieu prévoyant marqua le peuple juif du signe de la circoncision, pour qu’en le voyant, ils puissent se différencier des Egyptiens, des Assyriens, des Babyloniens et des autres nations.

Voilà pourquoi, pendant quarante ans dans le désert,  nul n’a été circoncis : ils étaient à l’abri de toute contamination avec un autre peuple.  Mais quand le peuple juif eut traversé le fleuve du Jourdain,  et quand il arriva à la terre de la promesse, il pourvut au danger éventuel de contamination d’avec les autres peuples par le signe de la circoncision.  Et nous pensons qu’elle a été judicieusement conservée jusqu’à la naissance du Christ,  lequel avait été promis de la semence d’Abraham.  Ce n’est pas avec la circoncision charnelle qu’il purifierait les cœurs de tous les Gentils,  mais avec l’amputation des vices.

Moïse n’annonçait pas à l’avance la circoncision de la chair aux fils d’Israël, mais la future :  Dans les derniers jours, le Seigneur circoncira ton cœur, et le cœur de tes descendants.  (Deut XXX, 6)  C’est pourquoi Jérémie, prévoyant déjà  ce temps comme proche, invite les Juifs au nouveau testament et à la circoncision du cœur, non du corps,  en disant : Voici ce que dit le Seigneur à Juda et à Jérusalem : Renouvelez-vous avec du neuf,  et ne semez pas sur les épines.  Circoncisez-vous de la part de  votre Seigneur, et enlevez les prépuces de vos cœurs, hommes de Juda et habitants de Jérusalem, de peur que mon indignation ne sorte comme du  feu, et ne brûle, et qu’il n’y ait personne pour l’éteindre. (Jer 1V, 3)

Ces paroles invitent Jérusalem à passer de  la vétusté de la loi de la circoncision, qui est comparée à des épines et à des ronces,  à la grâce du nouveau testament;  et à  choisir la circoncision du cœur,  par la foi dans l’évangile.  Comme le dit l’apôtre Pierre :  Purifiant leurs cœurs par la foi. (Act XV, 9)  Le Seigneur, par Isaïe,  annonce la foi qui doit être obtenue non par les anciens signes de la chair, ou par une blessure du corps, mais par la nouvelle grâce du lavement spirituel : Ne vous souvenez plus des choses du passé données en premier. Voici que je fais de nouvelles choses qui commencent maintenant. Et vous les connaitrez.  Et pour faire comprendre en quoi consistaient ces nouvelles choses, il ajoute :  Je ferai dans le désert un chemin, et un fleuve dans un lieu aride..  Je mettrai sur un même pied mon peuple élu et mon peuple que je me suis acquis.  (Is XL111, 18)

Qu’est-ce que cela indiquait si ce n’est la purification future donnée par le baptême ? Cette purification la vétuste circoncision de la chair ne pouvait pas la donner, mais la seule grâce de l’onde sacrée,  par la foi.  Que dans les faits les Hébreux ne reçoivent pas cette circoncision du cœur,  Jérémie le prédit :  Tous les Gentils ont le prépuce, toute la maison d’Israël est circoncise de cœur. (Jer 1X, 26)    On lit  que c’est par Josué, le deuxième chef,  que le peuple a été circoncis, pour montrer que dans le désert avait cessé la circoncision qui s’exerçait en Egypte, et que par le Seigneur Sauveur, les croyants devaient plus tard être purifiés par la circoncision du cœur.  Ce n’est pas pour rien que la seconde circoncision se fait avec des couteaux en pierre, car le Christ est la pierre  par la circoncision spirituelle duquel  les croyants sont purifiés de toutes les souillures des vices.

DES SACRIFICES

Le Seigneur parle  par Isaïe  de la réprobation de l’ancien testament, de leurs victimes abjectes,  qu’elles étaient devenues un objet  d’abomination :  Qu’est pour moi la multitude de vos victimes ?  Des sacrifices de bouc et de graisse j’en ai en abondance, et je ne veux pas du sang  des veaux, des agneaux, des boucs.  Quand vous venez en ma présence, qui a demandé  ces choses de  vos mains  pour que vous marchiez dans mes saints parvis ? N’apportez plus de sacrifices pour rien.  L’encens m’est en abomination.  Je ne supporte pas vos néoménies et vos sabbats, et vos autres festivités.  Vos calendes et vos solennités mon âme les hait.  Elles me dégoutent.  J’ai peiné pour pouvoir les supporter.  Quand vous étendrez vos mains, je détournerai mes yeux, et quand vous augmenterez le nombre de vos prières, je n’écouterai pas. Car vos mains sont pleines de sang.  (Is 1, 11)

Le même au sujet des sacrifices des Juifs :   Ces cadavres sont devenus comme du fumier  au milieu des places publiques  (Is V, 25)   Quels sont ces cadavres si ce ne sont les sacrifices de l’ancienne loi qui sont loin de lui, et qui lui sont comme du fumier abject ?  Le même prophète dit de ces sacrifices :  Celui qui immole un bœuf est comme  celui qui tue un  homme.  Celui qui égorge une bête des champs est comme celui qui décérébrerait un chien.  Celui qui offre une oblation est comme quelqu’un qui offre du sang  de cochon.  Celui qui se souvient de l’encens est comme celui qui bénit une idole. (Is LXV1, 3)

Le même Jérémie au sujet des victimes  et des holocaustes des Juifs répudiés par le Seigneur :  Pourquoi m’offrez-vous de l’encens de Saba, et des aromates odoriférantes  d’un pays éloigné ?  Vos holocaustes ne sont pas acceptés, et vos victimes ne me plaisent pas.  Voilà pourquoi dit le Seigneur : Je ferai des ruines de ce peuple.  Les pères et les fils se rueront ensemble sur eux, le voisin  et le proche,  et ils périront. (Jer V1, 20)   Tu vois que leurs sacrifices charnels  ne se recommandaient pas par eux-mêmes, mais par la seule obéissance du cœur et de la foi qu’ils avaient perdue.

Le même prophète dit encore :  Ajoutez vos holocaustes à vos victimes, et mangez-en les viandes. Je n’ai pas parlé d’holocaustes et de victimes à vos pères, et je ne leur ai  pas prescrit de m’en offrir  le jour où je les ai  fait sortir d’Egypte.  Mais voilà ce que je leur ai prescrit : Ecoutez ma voix et je serai votre Dieu, et vous serez mon peuple.  Marchez dans tous les commandements que je vous ai donnés, et ce sera une bonne chose pour vous.  Mais ils n’écoutèrent pas, et ils penchèrent leur oreille, et s’en allèrent vers les voluptés et la dépravation de leur cœur mauvais.  Et voilà ce qu’on ajoute après :  Je n’ai pas fait des holocaustes un commandement, comme si je les aimais pour elles-mêmes.  Mais pour mettre à l‘épreuve l’obéissance de leur foi. (Jer V11, 21)

Le même dit plus haut :  J’écrirai plusieurs de mes lois qui seront comptées comme anciennes.  Ils offriront des hosties, ils immoleront des chairs et ils en mangeront, et le Seigneur ne les recevra pas.   Après cela,  comme détestant leurs sacrifices :  Leur vin ne sera pas agréable  au Seigneur, leurs sacrifices ne lui plairont pas, comme du pain de pleureuses.  Tous ceux qui en mangeront seront contaminés.  Ils n’entreront pas dans la maison du Seigneur.  (Os 1X, 4)

Et Joël :   Le sacrifice et la libation sortiront de la maison de votre Dieu. (Joël 1, 13)  Et Malachie :  Il n’y a pas en vous de volonté pour moi, dit le Seigneur, et je ne recevrai pas de dons de vos mains.  Du lever du soleil jusqu’à son coucher, mon nom est grand chez les Gentils, et en tout lieu est sacrifiée et offerte en mon nom une oblation pure, car mon nom est grand chez les Gentils,  dit le Seigneur. (Mal 1, 13)

DES ALIMENTS

Dans le livre des rois, il est dit :  Une parole du Seigneur a été adressée à Elie, disant : Va à Sarepta de Sidon,  et tu demeureras là.  Car j’ai commandé à une veuve de te nourrir.  Il se leva et il alla à Sarepta de Sidon.  Quand il arriva à une porte de la ville,  une veuve  lui apparut, et il reçut d’elle de la nourriture et il mangea. (111 Rois XV11, 8)  Alors Elie, sur l’ordre de Dieu, remplit son vase,  et il vécut chez cette étrangère des mets des Gentils,  ce qui aurait été impossible si la loi n’avait pas été donnée spirituellement.  Quand la loi condamne certains aliments comme impurs, elle symbolise certainement les mœurs des hommes.  Car Dieu n’admet pas parmi ses saints qui sont prédestinés à la vie éternelle tout ce qui dans les mœurs des hommes ressemble à ces animaux immondes.   Car toutes les choses que Dieu a créées au début du monde ont été, par l’autorité de sa voix,  déclarées bonnes et même très bonnes.  En conséquence, tout ce qu’on réprouve dans les  animaux immondes, s’applique plus justement aux mœurs des hommes.
 

DES SACREMENTS DE LA FOI CHRETIENNE

Jusqu’à présent, à l’aide de témoignages divins,  nous avons réfuté les rites  et les célébrations judaïques.  A partir de maintenant, nous traiterons des sacrements de notre foi, expliquant d’abord que le testament de la loi n’a pas été donné seulement aux Juifs mais aussi à tous les Gentils.  C’est ce qu’atteste le prophète David en disant :  Sera annoncée pour le Seigneur une génération qui viendra.  Et les cieux annonceront ses justices à un peuple qui naîtra. (Ps XX1, 32)  Et le même : Jusqu'à ce que j’annonce ton bras, ta patience et ta justice, Dieu,  à toute  une génération qui viendra. (Ps LXX, 18)

Et Isaïe : De Sion sortira la loi, et la parole du Seigneur de Jérusalem.  Et il jugera les nations, et il argumentera contre plusieurs peuples à de très grandes distances. (Is 11, 3)   David le dit aussi dans les psaumes : Les Gentils diront entre eux : Le Seigneur a fait des merveilles avec eux.  Le Seigneur a fait des merveilles avec nous. Il nous a rendus heureux. (Ps CXXV, 2)  Ces témoignages nous font voir clairement  que le testament de la loi a été d’abord accordé aux Juifs, et ensuite aux Gentils.  La raison pour laquelle il leur a été accordé, c’est qu’ils pouvaient, en lui, connaître le Christ.  A cause de l’aveuglement de leur esprit, les Juifs ne l’ont jamais compris.
 

ON NE DOIT PAS DONNER SEULEMENT A L’ECRITUREUN SENS HISTORIQUE, MAIS MYSTIQUE.

Qu’il ne faille pas donner à l’Ecriture uniquement un sens historique mais mystique, le Seigneur l’enseigne dans les Psaumes : Ecoutez, mon peuple, ma loi.  Penchez votre oreille vers les paroles de ma bouche.  J’ouvrirai ma bouche en paraboles, je dirai des propositions depuis le début. (Ps XXV11, 1)  Ce que le prophète confirme dans un autre psaume par ces paroles :  Je pencherai mon oreille vers la similitude.  J’ouvrirai dans le psautier mes énigmes. (Ps LXV111, 5)

Tout dans la loi se présente comme une similitude et une énigme.  Une énigme est une similitude obscure qui enseigne à l’homme d’aiguiser son cœur,  et de se réfugier dans la compréhension intérieure.   C’est ainsi que parle la sagesse par Salomon :  Ecris la loi deux fois et trois fois dans ton cœur.  On interprète la loi de deux façons : selon l’histoire, d’abord, puis, selon l’intelligence des mystères.  On l’interprète de trois façons quand on recherche non seulement le sens historique et le sens mystique, mais aussi le sens moral,  qui se trouve dans l’un et l’autre sens.

L’arche construite par Noé devait comporter deux et trois compartiments parce que, dans l’église, toute matière de loi et d’histoire a  un lieu,  reçoit un sens mystique et contient des renseignements pour les mœurs.  La loi est écrite en paraboles et en énigmes, ainsi que les paraboles et les propositions.  Voilà pourquoi elles sont toutes  cachées et fermées aux Juifs.  A moins de croire dans le Christ,  ils ne peuvent pas en avoir la compréhension.

QUE LES JUIFS NE COMPRENNENT PAS LE TESTAMENT DE LA LOI

          Car tous ces mystères des Ecritures sont pour eux scellés,  et ils ignorent ce qu’ils lisent.  Ils lisent tout mais ne comprennent rien.   Comme le dit d’eux le Seigneur par la bouche du prophète :  Dis à ce peuple : vous entendrez ce que l’on dit mais vous ne comprendrez pas. Et vous verrez en regardant,  mais vous ne percevrez pas.  Car le coeur de ce peuple est encrassé.  (Is V1, 9)   Et encore : Dieu enlèvera de Juda et de Jérusalem le valide, le fort, le juge, le prophète, et le sage parmi les architectes, et le prudent dans le  discours mystique.   (Is 111,1)

          Dieu, à la vérité,  leur a enlevé toutes ces choses, et il scella pour eux tous les mystères (les sacrements) à cause de la dureté de leur cœur,  pour qu’ils n’entendent pas, au témoignage d’Isaïe :  La vision sera pour vous comme les paroles d’un livre scellé.  Quand on le donnera à lire à quelqu’un qui connait les lettres, et quant on lui dira : lis, il répondra : je ne puis pas, car il est scellé. (Is XX1X, 11)  Mais qu’ajoute-t-il ensuite au sujet des Gentils : En ce jour, les sourds entendront les paroles de ce livre. Et les yeux des aveugles verront dans la noirceur et les ténèbres. (ibid, 18)  Car les mystères du livre seront à la portée de tous.

          Ils sont scellés, en vérité, pour les Juifs, comme le dit Daniel :  Les portes sont fermées.  Les paroles sont scellées jusqu’au temps de la consommation,  jusqu’à ce que beaucoup les apprennent, et que la vision soit accomplie, et  qu’ils connaissent toutes ces choses.  (Dan X11, 1X)   La face de Moïse était cachée par un voile quand il descendit de la montagne.  Cela signifiait que, à cause des ténèbres de la cécité, le peuple Juif ne pourrait connaitre la loi en lisant Moïse,  car un voile recouvre leur cœur.
 

S’ILS NE CROIENT PAS DANS LE CHRIST LES JUIFS NE COMPREDRONT PAS L’ECRITURE

          Ils ne peuvent comprendre ni la loi ni les prophètes s’ils ne croient pas dans le Christ, au dire d’isaïe : Si vous ne croyez pas,  vous ne comprendrez pas. Car mon juste vit de ma foi,  dit le Seigneur par le prophète Habacuc : (11, 4)  Abraham lui-même a été fait père des Gentils parce qu’il a cru en Dieu, et que cela lui a été imputé à justice. (Gen XV, 6)    Même si les Juifs  gardent la loi et les prophètes,  il n’y a pas pour eux de pardon,  au témoignage de Jérémie :  Et le Seigneur me dit : Même si Moïse et Samuel se tenaient devant moi, mon âme n’est pas vers ce peuple. Je les ai chassés de devant ma face, et ils sortiront. (Jer XV, 1)
            Par moïse on entend la loi, par Samuel la prophétie.  Ils les ont (comme protecteurs), mais ils  sont rejetés à cause de l’impiété de leur erreur.  Leurs œuvres et leur justice sans la foi dans le Christ ne leur sont  d’aucun avantage.  Le Seigneur l’atteste par la bouche de Jérémie :  Parce que tu m’as oublié, voici que moi j’annoncerai ta justice ; et tes œuvres ne te seront d’aucun profit. (Is LV111, 12)
 
 

DIEU A DONNE DEUX TESTAMENTS

            Que deux testaments, un nouveau et un ancien, aient été donnés par le Dieu tout-puissant,  Salomon le déclare dans le cantique des cantiques :  A nos portes, il y a toutes les pommes neuves et anciennes, mon frère.  Je les ai conservées pour toi.  C’est ce que le Seigneur disait dans son évangile :  Le royaume des cieux est semblable à un père de famille qui tire de son trésor du neuf et du vieux. (Matt. X111, 52)  Et dans un autre endroit de l’Ecriture,  Dieu fait cette promesse : je vous donnerai la pluie saisonnière et celle  d’arrière-saison, i.e. le vieux testament et le nouveau,  et j’irriguerai l’un et l’autre avec une averse. (Deut. 11, 14)  Car l’averse représente la doctrine des testaments.  Comme il est écrit :  On attendra ma parole comme de la pluie, et elle répandra sur la terre une averse.
 
 

QUE LA REMISSION DES PÉCHÉS A VENIR ÉTAIT PAR LE BAPTEME.

            Les paroles de l’Ecriture déclarent ouvertement que la purification des péchés à venir ne se ferait pas par la circoncision,  mais par le baptême.  La circoncision n’en était qu’une image,  les paroles de l’Ecriture l’affirment clairement.  Isaïe célébrait ainsi d’avance le mystère futur du baptême pour les futurs croyants :  Vous puiserez de l’eau avec joie des fontaines du Sauveur. (Is X11, 3)  Par ces paroles, le prophète montre le Seigneur lui-même, des fontaines duquel il prédit que serait puisée de l’eau de purification, ie,  de Jésus.   Dans la langue des Hébreux,  Jésus signifie sauveur.
            Lui-même s’écriait :  Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi et qu’il boive. (Jn V11, 37)  C’est au sacrement de ce baptême que le même Isaïe invite les Juifs et les Gentils en disant :  Que tous les assoiffés  viennent aux eaux.  (Is XV, 1)  Ces eaux et cette fontaine l’Esprit saint les annonçait d’avance par Joël : Les montagnes distilleront du miel, et sur les collines le lait coulera, et les eaux iront dans tous les cours d’eau de Juda, et une fontaine sortira  de la maison du Seigneur et irriguera toute la terre, i.e. la totalité des nations.
            C’est de cette fontaine que parle Zacharie : En ce jour-là, il y aura une fontaine ouverte pour la maison de David et pour les habitants de Jérusalem,  pour l’ablution des péchés  et de la menstruée.  (Zac X111, 1)  Dis, je le demande, quelle est cette fontaine ouverte si ce n’est celle dans laquelle nous renaissons tous, par  laquelle les offenses des péchés sont  purifiées,  et les souillures de la menstruée, i.e. de l’âme impure sont lavées.  Le prophète témoigne de ces eaux ailleurs :  En ce jour-là, des eaux vives sortiront de Jérusalem, la moitié d’elles vers la mer orientale, et l’autre moitié vers la mer des derniers jours.  En ce jour-là,  le Seigneur sera unique, et son nom sera unique, et toute la terre retournera en désert.  (Zac X1V, 8)
            Que sont donc ces eaux vives sinon le baptême qui vivifie l’homme par l’infusion du Saint Esprit ?   Mais pourquoi annonce-t-on qu’elles sortiront de Jérusalem, si ce n’est parce que le Seigneur, présent dans le même peuple,  a dit à ses disciples : Allez baptiser toutes les nations au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. (Matt XXV111, 19)  La moitié qui va à la mer orientale représente le peuple de la circoncision.  Et la mer  dernière représente le peuple des Gentils, dernier par la foi. Pour que cette eau soit accordée gratuitement par tous les assoiffés, tant Gentils que Juifs, qui croient dans le Seigneur.
            Un autre prophète dit de ces eaux qu’elles sortiront de la maison du Seigneur,  et s’accumuleront  jusqu’à former un fleuve, qu’elles continueront à couler dans le désert, soit à la mer morte soit à quelque endroit où elles iront, qu’elles apporteront là la vie et la guérison.   Le même prophète dit :  Je me suis tourné vers la porte de la maison du Seigneur, et de l’eau sortait du seuil de la maison vers l’Orient.  La face de la maison regardait l’Orient.  Des eaux descendaient du côté droit du temple, vers le milieu de l’autel. Et je me suis tourné vers la route proche de la porte extérieure qui regardait à l’Orient, et voici des eaux qui affluaient du côté droit. (Ex XLV11, 1 et suiv.), i.e. du côté du Christ.
            Il dit ensuite :  Et il m’a fait traverser ces eaux, et il me dit : ces eaux qui sortent des mers orientales, et descendent dans les plaines du désert, et vers les Gentils, entreront dans la mer et ressortiront, et les eaux seront assainies.  Et toute âme vivante qui regarde, de quelque direction dont vient le torrent,  vivra.  Et il y aura un grand nombre de poissons, i. e.  de régénérés.  Et il ajoute :  Quand ces eaux seront venues, quand elles seront assainies, et que tous vivront à quelque torrent qu’elles viennent, les pêcheurs se tiendront debout, i.e. les apôtres,  les docteurs.  Il y aura plusieurs espèces de leurs poissons.
            Il dit cela pour indiquer la diversité des Gentils qui viennent à l’eau du lavement.  C’est pourquoi il ajoute :  Des  gros poissons de la mer, d’une multitude excessive sur les rivages, des arbres fruitiers sur chaque rive.  Aucune feuille ne leur fera défaut; aucun fruit ne manquera.  Pendant plusieurs mois pousseront de nouveaux fruits. Ces eaux viendront du sanctuaire, et les fruits serviront de nourriture, et leurs feuilles de médicaments.
            Le prophète Michée révèle lui aussi les mystères (sacrements) du baptême sous la figure de la traversée de la mer rouge :  Le second jour de ta sortie  de l’Egypte, je lui montrerai des merveilles. Les Gentils verront et mettront leur confiance dans leur force, ils mettront leurs mains sur leurs bouches, et leurs oreilles seront sourdes. Ils désireront le Seigneur notre Dieu et ils te craindront.  Quel Dieu est semblable à toi ? Toi qui enlèves l’iniquité,  et transfères le péché du reste d’Israël? Parce qu’il est miséricordieux, il se retournera, et aura pitié de nous. Il déposera nos souillures, et projettera dans le fonds de la mer tous nos péchés.
            Dans ce texte, le lecteur notera qu’est révélé clairement le mystère sacrosaint du baptême.  Le second jour de la sortie d’Egypte, je leur  montrerai des merveilles, puis les ennemis qui suivent. i.e., nos péchés passés, comme les Egyptiens engouffrés dans la mer,  sont effacés et éteints dans le baptême.  Car il dit :  Puisque Dieu est miséricordieux, il se retournera vers nous et aura pitié de nous.  Il a jeté à l’eau nos fautes, et projeté au plus profond de la mer tous nos péchés.
            Qu’est-ce qui est plus clair que ce témoignage ? Quoi de plus évident ?  Car tout vrai Israël par la foi est sorti de l’Egypte en sortant du monde. Il entre par le baptême dans la mer rouge, i.e. il est marqué par la mort du Christ.  Alors les ennemis qui nous pourchassent meurent,  parce que les fautes meurent instantanément, là où se relèvent les âmes des régénérés.  Nous lisons qu’Aaron, en préfiguration du baptême, a été purifié par des eaux.  Et ses fils qui participaient au sacerdoce paternel éternel ont été purifiés par la sanctification du liquide. (Ex XXX, 18;  Lev, V111, 6)  Cette purgation représentait déjà en son temps la forme du baptême qui purifie aujourd’hui par le lavement sacré, le  peuple de l’église qui est le corps du vrai grand prêtre. Les prêtres de maintenant sont consacrés pour la rémission des péchés et la sanctification par le culte divin.
             Isaïe n’est qu’un prophète parmi d’autres à montrer que les fautes des Juifs ne pourraient jamais être remises  à moins d’être effacées par le baptême.  Car le Saint Esprit dit pas le même prophète :  J’ai peiné à vous écouter.  Si tu multiplies tes prières, je ne t’exaucerai pas. Car vos mains sont pleines de sang. Lavez-vous, purifiez-vous ! (Is 1, 11)   De toutes les victimes qu’avait rappelées le prophète,  toutes les néoménies et  tous les sabbats, et toutes les solennités,  il ne prescrit que la seule  purification du baptême pour toutes les souillures,  le seul lavement de la régénération pour effacer les péchés.
            Parce que les Juifs le rejettent, qu’ils écoutent donc les menaces du Seigneur par le prophète Ezechiel :  Et une parole me fut adressée : fils d’homme, fais connaître à Jérusalem ses abominations, et dis-lui : voici ce que dit le Seigneur : Jérusalem, ta racine et ta génération sont de la terre de Chanaan. Ton père est un Amorrhéen, et ta mère une Héthienne.  Quand tu es née, au jour de ta naissance, ton cordon ombilical  n’a pas été coupé, et l’eau n’a pas coulé  sur toi pour ton salut.  (Ez XV1, 1, 3 )  On nous laisse entendre dans ce texte que Jérusalem est en état de péchés graves,  et qu’elle périra si ne coule pas sur elle pour son salut, ce qui clairement signifie le baptême.  A ceux qui se sont convertis au Christ, et qui ont été baptisés,  s’adresse cette parole du Seigneur :  Et je suis entré dans un pacte avec toi, et je t’ai lavé avec de l’eau, et j’ai purifié ton sang en le faisant sortir de toi, et je t’ai oint d’huile,  entendant par pacte le nouveau testament, et par l’eau et l’huile le baptême et la confirmation.
            Le Saint Esprit, par le même prophète, leur promet la purification future du baptême :  Je vous enlèverai des nations, et je vous rassemblerai de toutes les terres,  et je vous amènerai dans votre terre, et je répandrai sur vous de l’eau pure, et vous serez purifiés de toutes vos souillures.  Et pour qu’ils comprennent qu’il s’agit du nouveau testament :  Et je vous donnerai un cœur nouveau, et je poserai un esprit nouveau au milieu de vous, et j’enlèverai le cœur de pierre de votre chair, et je poserai mon esprit au milieu de vous, et je vous ferai marcher dans mes préceptes, garder mes commandements, et faire de bonnes œuvres.
 

QUE LES NATIONS DOIVEN ETRE SANCTIFIEES PAR LE SAINT CHREME

            Que toutes les nations doivent être sanctifiées par le saint chrême le Seigneur le dit à Moïse :  Prends ttoi des aromates de qualité, et de l’huile d’olive, et tu feras une huile sainte  d’onction, un onguent composite, et tu en oindras  le tabernacle du témoignage,  et l’arche  du testament, et la table avec ses vases, le candélabre et les ustensiles, et toutes les choses qui servent au culte.  Tu sanctifieras toutes ces choses, et elles seront les choses saintes des choses saintes.  Celui qui les touchera sera sanctifié.  Tu oindras Aaron et ses fils, tu les sanctifieras pour qu’ils remplissent pour moi la fonction du sacerdoce, et tu diras aux fils d’Israël : Cette huile sainte d’onction sera mienne pendant vos générations.  (Ex XXX, 25)
            Ce premier tabernacle est un type de l’Eglise où toute la diversité des peuples est ointe en témoignage de sainteté. En elle, tous les purifiés sont sanctifiés par l’onction du saint chrême, et une fois sanctifiés,  ils agissent pour la plus grande gloire de Dieu.
 

LES CROYANTS SERONT SAUVES PAR LE SIGNE DE LA CROIX

            La figure de la croix avec laquelle  les fidèles se signent  sur le front est démontrée par le prophète Ezéchiel :  Et il appela un homme…et lui dit : Traverse la ville jusqu’à son centre.  Au milieu de Jérusalem, mets le signe de la lettre T (le tau)  sur les fronts des hommes qui gémissent et se lamentent à cause de toutes les abominations qui se commettent autour d’eux. (Ez 1X, 3)   Et il ajoute après cela :  Traversez toute la ville et frappez. Que votre œil  n’épargne personne. Vous n’aurez pitié ni du vieux ni de l’adolescent, ni de la vierge, ni de l’enfant, ni des femmes.  Tuez-les tous jusqu’à l’extermination. Mais tous ceux sur lesquels vous verrez la lettre T (tau), vous ne les tuerez pas. (Ibid 5)
            Il nous faut donc comprendre cette parole.  La lettre T (tau) a la forme de la croix.  Tous ceux  qui ont été marqués auparavant par ce signe seront libérés au sortir de ce siècle.  Le sang de l’agneau de Dieu candide et immaculé était une image de celui dont sont marqués les linteaux de notre corps.  De sorte qu’on peut dire :  Il nous a signés avec la lumière de son visage. (Ps 1V, 7)
            Isaïe parle de signe au nom du Seigneur :  Voici que je viens, et je réunirai toutes les nations et toutes les langues, et ils viendront et ils verront ma gloire, et je placerai sur eux mon signe, bien entendu, la croix.  (Is XX1, 18)   Et ailleurs :  Et on nommera le Seigneur dans un signe éternel qui ne sera pas enlevé. (Is LV, 15) Et ailleurs, le même prophète :   Et il lèvera son signe sur les nations.  (Is V, 26)  Où l’on nous montre qu’après que le signe de la croix aura été élevé,  les Gentils viendraient à lui et croiraient.
            La gloire de la sainte croix se trouve aussi dans les psaumes :  Dites aux nations : le Seigneur a régné par le bois.   Le Seigneur, par Ezéchiel, parle de la croix du Seigneur :  Le glaive est aiguisé et limé pour tuer les victimes. Tu es aigu toi qui déplaces le sceptre de mon Fils.  Tu as coupé du bois et je lui ai donné pour pulvériser, pour qu’il le tienne dans sa main.  Ce texte nous montre  que le fils de Dieu sera crucifié, et que le signe de la croix devra être reçu pour tous.
            La figure de la croix est composée de deux morceaux de bois,  le même Ezéchiel l’indique d’avance :  La parole du Seigneur m’a été adressée : Et toi, fils d’homme, prends-toi un morceau de bois, et écris sur lui : de la Judée et de ses fils associés.  Prends un autre morceau de bois, et écris sur lui : Joseph, bois d’Ephraïm, et toutes les maisons d’Israël et de ses associés.  Et place-les l’un sur l’autre pour qu’ils ne forment qu’un seul morceau de bois.  Et ils seront unis dans ta main. (Ez XXXV11, 16)
            On nous montre là que la Judée et Jérusalem doivent s’unir et adopter le signe de la croix, qui est représenté par les deux morceaux de bois.  Voilà les deux morceaux de bois que la veuve étrangère, à laquelle avait été envoyé Elie pour être nourri, voulait ramasser avant de mourir.  Ici la croix n’est pas figurée seulement par le mot bois,  mais par le chiffre deux.
 

COMMENT LE SACREMENT DE L’EUCHARISTIE A-T-IL ÉTÉ PRÉFIGURÉ ?

            Les textes de l’Ecriture ne passent pas sous silence que le sacrement du pain et du calice plairaient à Dieu comme holocauste.   Car la préfiguration de ce sacrifice a été faite dans le sacerdoce de Melchisédech.    Ce prêtre du Très-Haut, alors qu’il bénissait Abraham, offrit en sacrifice au Seigneur du pain et du vin,  en tant que préfiguration du futur holocauste.  Il fut le premier à faire cela  come type du Fils de Dieu. Le Père parle de lui dans la personne du psalmiste :   Je t’ai engendré avant Lucifer.  Tu es prêtre pour l’éternité selon l’ordre de Melchisédech. (Ps C1X, 3)  C’est selon le rite de ce sacrifice que le Seigneur dans sa passion accomplit  son holocauste en portant à la perfection le sacrifice selon l’ordre de Melchisédech.  Et il ordonna à ses apôtres de le faire en souvenir de lui.
            Les croyants n’offrent plus les victimes judaïques qu’offrait le prêtre Aaron, mais celles que le roi Melchisédech de Salem a immolées, le pain et le vin, i.e. le sacrement très véritable du corps et du sang du Seigneur.  Le Seigneur en a parlé en disant :  Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui. ( Jn 1V, 56)  Même Salomon nous montre le sacrement de ce sacrifice par l’immolation du pain et du vin : La Sagesse s’est construit une maison. Elle s’est fabriqué sept colonnes, a immolé des victimes, a mélangé son vin, a dressé sa table, a envoyé ses serviteurs en disant : Si quelqu’un est petit, qu’il vienne à moi !   Et il dit aux insensés : Venez manger mon pain, et boire mon vin.  Abandonnez la stupidité, et vivez, et marchez par les voies de la prudence. (Prov. 1X, 1)
            Le Christ qui est la Sagesse de Dieu s’est construit une maison sacrosainte, l’Eglise,   dans laquelle il a immolé les hosties de son corps,  dans laquelle il a mêlé le vin de son sang dans le calice du sacrement divin, et a dressé une table qui est l’autel du Seigneur. Il  a envoyé ses serviteurs les apôtres et les docteurs aux insensés, i.e. à toutes les nations ignorant le vrai Dieu, pour qu’ils leur disent :  Venez manger de mon pain et boire du vin que j’ai mélangé pour vous.  C’est-à-dire : prenez la nourriture du saint corps, et buvez le vin que j’ai mélangé pour vous, i.e. la coupe du sang sacré.
            Les Gentils reçoivent des grâces de ce sacrement,  mais les Juifs ne méritèrent pas d’en profiter. C’est ce que déclare le prophète Isaïe :  Voici ce que dit le Seigneur Dieu : Mes serviteurs mangeront et vous aurez faim; mes serviteurs boiront et vous aurez soif.  Mes serviteurs se réjouiront et leur cœur exultera.  Et la souffrance de votre cœur vous fera crier.  Vous ululerez à cause de la contrition de votre cœur, et, en jurant,  vous remettrez votre nom à mes élus, les serviteurs, i.e. les chrétiens, et le Seigneur Dieu te tuera toi.  Et il sera appelé d’un autre nom dans lequel celui qui est béni sur la terre sera béni en Dieu. Amen.  (Is LXV, 13)
            Israël est tué,  un peuple lui succède venant des Gentils.  On leur enlève l’ancien testament, on nous rend le nouveau.   A nous sont concédés la grâce de la nourriture salutaire, et la coupe du sang du Christ; à eux, la faim et l’aridité.   Un nouveau peuple arrive avec un nouveau nom : chrétien.   Et tout ce qui est accompli proclame la nouveauté de la grâce.

RECAPITULATION DE L’ŒUVRE.

            O démence à éviter des Juifs infortunés ! Ils ne comprennent ni l’avènement du Sauveur ni le sens véritable de l’ancien testament. Ils lisent la conversion des Gentils,  mais leur propre réprobation ne les trouble pas du tout.  Ils gardent l’observation du sabbat qu’ils savent être réprouvé par le témoignage des Ecritures.   Ils vénèrent la circoncision de la chair, tout en ayant  perdu la pureté du cœur.
            Nous qui sommes sous la grâce,  nous savons qu’ont été accomplis et réalisés tous ces faits et toutes ces célébrations qui étaient des figures des choses futures. Car tout ce qui a été prophétisé de ce mystère a été réalisé en Jésus-Christ, puisque  il n’est pas venu abolir la loi mais l’accomplir. (Matt. V, 17)  Quand la vérité est venue, l’ombre a cessé.  Nous ne nous circoncisons plus dans la chair parce que nous sommes purifiés par le sacrement du baptême,  promis par le type de la circoncision.   Nous considérons superflu et vain le repos du sabbat,  parce que nous conservons l’espoir d’un repos éternel.
            Nous n’immolons plus les sacrifices de l’ancienne loi,  parce que nous savons qu’ils représentent soit la passion du Christ  soit la mortification des vices charnels.  Nous n’observons pas le pain azyme, parce qu’après avoir expurgé la méchanceté de l’ancienne vie,  nous marchons dans la nouvelle grâce de la foi.   Nous ne tenons pas compte de la différence des aliments, car nous appliquons spirituellement cela aux mœurs des hommes qui correspondent à la diversité des animaux impurs.
            Nous n’offrons pas l’agneau pascal parce que le Christ notre pâque  a déjà été immolé, lui qui était préfiguré sous la forme d’un agneau.  Il a été conduit comme un agneau à l’abattoir, et comme un agneau devant le tondeur, et il n’ouvrit pas la bouche. (1 Cor V, 7)  Nous n’observons pas les néoménies ou nouvelles lunes,  parce que déjà les choses sont nouvelles et les anciennes ont passé.  Et voilà qu’il a fait du nouveau.  Nous n’observons pas les solennités des tabernacles,  car les saints sont son tabernacle,  dans lesquels il habite éternellement.
 

Note : Notre intention n'est pas de blesser nos frères bien aimés professant actuellement la foi religieuse juive. Si certaines phrases les ont heurté, nous les prions de bien vouloir nous en excuser.
Le refus récent du saint Siège d'inviter nos frères juifs à devenir catholiques (refus qui, bien qu'il émane d'une autorité officielle de l'Eglise catholique romaine n'engage l'Eglise catholique romaine et ne constitue pas un acte de son Magistère Infaillible puisqu'il le contredit. Personne ne peut changer le dépôt de la Foi catholique. Refuser d'inviter nos frères juifs au Salut c'est fermer son coeur et refroidir la charité, c'est trahir l'Evangile et deux mille ans d'histoire de l'Eglise.
Le Christ est mort pour tous les hommes, tous sont invités à recevoir le baptême et à s'unir au sein de l'Eglise Catholique Romaine. Aimer les autres, c'est leur faire ce que nous aimerions qu'ils nous fassent. Si nous étions dans l'erreur religieuse, nous prendrions comme un service fraternel de nous proposer fraternellement et courtoisement de nous éclairer sur nos erreurs.

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