6 sept2019CONTROVERSES SUR LE SACREMENT DE L’ORDRE= 12 chap
LIVRE UNIQUE

Voici les questions qui se posent sur le sacrement de l’ordre.La première.L’ordination des ministres est-elle un sacrement véritable et proprement dit ? La deuxième.L’ordination est-elle le sacrement de quelques ministres seulement, ou de tous ?La troisième.Quelle est la matière et la forme de ce sacrement ?La quatrième.Quel est son effet ? La cinquième.Quel est le ministre ? La sixième. Par quelles cérémonies est-elle conférée ? On pourrait aussi rapporter à ce sacrement des choses qui ont été expliquées par nous à un autre endroit, comme dans le pouvoir ecclésiastique, le nombre, la distinction et la fonction de chacun des ordres,le sacerdoce;des annexes du sacerdoce, comme la continence, et d’autres choses du même genre.

CHAPITRE 1

L’ordination est un sacrement de la nouvelle loi,véritable et proprement dit, nié par les hérétiques

C’est ce que nie Luther dans son livre sur la captivité de Babylone (au chapitre de l’ordre), où il en dispute sans ordre et avec arrogance. Le nie également Illyricus (dans sa confession d’Autuespiensis, chapitre 11), et Kemnitius(2 par examen, disputation sur le sacrement de l’ordre, page 1162, et d’autres.Quant à Calvin, même si la plupart du temps, il n’admet que deux sacrements, le baptême et la cène,cependant, au livre 4 des Institutions (chapitre 14, verset 20, chapitre 19, verset 31) il admet que l’ordre est un vrai sacrement.Et il a précisé que s’il a parlé de deux seuls sacrements, c’est qu’il parlait des sacrements qui sont communs aux fidèles.Philippe Melanchton, même si dans ses premières éditions des lieux, il ne parlait que de deux sacrements, il veut, dans les éditions de 36 et 52, que l’ordre soit un vrai sacrement;et il le prouve longuement.Même chose dans sonapologie de la confession d’Agusta, à l’article 13, qui porte sur le nombre de sacrements.Il enseigne assez ouvertement que l’ordination des ministres est un sacrement proprement dit.

Ne vaut pas la réponse de Kemnitius (page 1167), où il dit, dans l’apologie, qu’il est question d’un sacrement au sens large. Cette explication, dis-je, ne vaut pas, car Philippe enseignequ’aux sacrements proprement dits, sont requises trois choses : le rite, la promesse de grâce, et le mandat divin. Et c’est à partir de cela que le baptême, l’eucharistie et l’absolution sont déclarés par lui des sacrements proprement dits.Ensuite, pour les mêmes raisons, il rejette la confirmation et l’extrême onction, et un peu après, le mariage.Au sujet de l’ordre, il distingue : il ne l’accepte pas s’il est employépour désignerle sacerdoce, car il nie que dans l’église il existe un sacerdoce.Mais si le mot se rapporte à l’ordination, il ne voit pas de difficulté à la considérer comme un sacrement, car, dit-il, elle a un rite, un mandat et une promesse.Donc, même s’il n’ose pas le reconnaitreouvertement, Kemnitius diffère de Calvin et des principaux luthériens.Il s’adjointIllyricus, d’autres plus obscurs, et d’autres luthériens.

CHAPITRE 2

On démontre par les lettres divines que l’ordreest un sacrement 

Que l’ordre est un sacrement véritable et proprement dit, on le démontre par l’Écriture.Trois choses sont requises pour un sacrement proprement dit, comme les adversaires le reconnaissent, et Kemnitius (dans l’apologie de la confession, art 13.) Il faut un symbole externe ou un rite, une promesse de grâce, un mandat ou une institution divine. On trouve ces trois choses dans le sacrement de l’ordre.Le rite ou le symbole externe est l’imposition des mains. L’Écriture en fait souvent mention, comme les Actes 6,où des diacres sont ordonnés par l’imposition des mains.Comme Actes 13, où par l’imposition des mains, Paul et Barnabée sont ordonnés évêques.Car c’est ainsi que saint Léon comprend ce passage (dans son épitre 81 à Dioscore), et saint Jean Chrysostome (dans son commentaire de ce texte). Voici ce qu’il écrit : « Quand ils les ont institués presbytes » .En grec nous avons : keirotonèsantes, c’est-à-dire quand ils les créèrent presbytes par l’imposition des mains.1 Timothée 4 : « Avec l’imposition des mains d’un presbyte. » Et, au chapitre 5 : « Tu n’imposerasles mainstrop vite à personne. » Tous ces textes parlent de l’ordre par imposition des mains.Voilà pourquoi, chez les Grecs, on a coutume d’appeler l’ordinationkeirotonia, c’est-à-dire extension ou imposition des mains.

La promesse de la grâce, nous l’avons expressément dans 1 Timothée 4 : « Ne néglige pas la grâce etc. »Et 11 Timothée 1 : « Je t’enjoins de ressusciter la grâce etc. »La mandat et l’institution.Actes 13 : « Mettez- moi à part Paul et Barnabée »ActesXX : « Dans lequel l’Esprit Saint vous a placés évêques. »Éphésiens 1V : « C’est lui-même qui a donnédes apôtres, des prophètes, des pasteurs, des docteurs. »

Kemnitius répond, au lieu cité, que ces choses n’ont rien à avoir avec notre sujet.Car, ce symbole externe, l’imposition des mains, était utilisée dans l’ordination,mais n’était rien d’autre qu’une cérémonie dont se servaient les apôtres, quand ils priaient sur quelqu’un, ou recommandaient quelqu’unà Dieu.Ils imposaient donc les mains à ceux qui étaient ordonnés, non pour leur communiquer un sacrement quelconque, mais pour les recommander à Dieu.Il y a une promesse de grâce, il est vrai, dans l’Écriture, mais non une promesse de grâce justifiante du péché. Or, cette grâce est nécessaire à un sacrement proprement dit.Au sujet du mandat divin.IL y en a un pour ordonner des ministres, mais non pour les ordonner avec tel ou tel rite.Car, quand le Seigneur ordonna les apôtres (Luc XX11), on ne lit pas qu’il les ait ordonnés avec une cérémonie quelconque.Ensuite, en Jean 20, il leur a donné de nouveau le pouvoir ecclésiastique, en disant : « Ceux dont vous remettrez les péchés etc. »Il ne leur a cependant pas imposé les mains, il ne les a pas oints, ni ne leur donna aucune instrument de consécration.Il a soufflé sur eux, ce que nous faisons nous aussi.Les apôtres ne rapportent jamais qu’ils ont reçu le mandat d’imposer les mainspour ordonner des ministres.

Je réponds que, en ce qui a trait à l’imposition des mains, qu’elle a été utilisée non seulement pour prier, mais pour ordonner.On le prouve cela en rappelant que l’Écriture ne parle pas de prière dans 1 Tim 1V et V,et dans 2 Tim1, où il est question d’imposition des mains.Deuxièmement.Dans les Actes, chapitre 6, où des diacres sont ordonnés par des apôtres, on distingue clairement la prière de l’imposition des mains.Car, voici ce que nous lisions en grec : kai proseuxamenoi epetèkanautois tas keiras.C’est-à-dire : et quand ils prièrent, ils imposèrent les mains.Et de nouveau , au chapitre 13, il distingue une cérémonie d’une autre : « jeûnant et priant, et après leur avoir imposé les mains, ils les renvoyèrent. »

Troisièmement.Dans1 Timothée 5, on ne peut pas appliquer à une prière ou à une cérémonie par laquelle serait ordonnés les ministres les paroles suivantes : « N’impose pas les mains trop tôtà quelqu’un, pour ne pas communier dans les péchés d’autrui. »Car, celui qui prie pour un autre, même indignement, ne communie pas dans les péchés d’autrui.Mais, celui qui ordonne un indigne, communie dans ses péchés.Quatrièmement.Les paroles des Actes 14 keirotonèsantes presbuterous, ne peuvent en aucune façon s’entendre d’une prière.Il importe peu que nos adversaires ne veuillent pas que keirotoneinsignifie imposer les mains, mais plutôt étendre les mains, ou les élever pour voter. 

Cela, dis-je, importe peu, car, dans l’Écriture, et dans l’usage ecclésiastique, keirotonein signifie étendre les mainssur les têtes des ordonnés, et ordonner de cette façon.De façon à ce que soient la même chose keirotonia et keirothèsia.C’est ce qu’on voit dans saint Jean Chrysostome dans son homélie 10 sur la première à Timothée, dans la lettre du concile de Nicée aux Alexandrins (d’après Theodoret,livre 1, chapitre 9 de son histoire), et dans d’autres grecs qui appellent keirotonianl’ordination faite par un évêque.Et pourtant, les évêques n’ordonnent pas en élevant la main pout indiquer leur accord ou leur suffrage, mais en étendant leurs mains sur les têtes des ordonnés.

On tire la même choseaussi du passage des Actes 14,car saint Luc ne dit pas que les apôtres ont institué des presbytes pour la keirotonian du peuple, comme il devrait dire s’il pensait comme les adversaires, mais il dit que les apôtres se sont servis de keirotonia, c’est-à-dire de l’extension des mains, seulementpour instituer des presbytes.Ensuite saint Jérôme qui était versé dans l’une et l’autre langue (le grec et le latin), traduit(Isaïe 58)keirotonian par imposition des mains, qui, avec l’imprécation orale, parfait l’ordination.De plus, même s’il était attesté qu’une prière était toujours jointe à une imposition des mains, Kemnitius n’aurait rien à y gagner, car nous dirions alors que les paroles de cette prière sont des paroles sacramentelles.Voilà pourquoi les anciens les appellent des paroles mystiques.

Quand à la promessed’une grâce de rémission des péchés, je réponds que Kemnitiius veut que tous lessacrements soient institués pour remettre les péchés, ou qu’il suffise qu’elle confère une grâce qui rend reconnaissant, qu’elle soit efficace pour effacer le péché,si elle en trouve un, même si par elle-même, elle est ordonnée à d’autre chose.S’il affirme la première chose, il ne pourra pas prouver que l’eucharistie est un vrai sacrement, car il est certain que l’eucharistie n’a pas été instituée d’abord et avant tout pour effacer le péché, mais pour conserver la vie spirituelle,et pour l’augmenter.Onen a la preuve du fait qu’elle est donnée immédiatement après le baptême, donc, à des gens qui n’ont plus de péchés.De plus, elle n’est donnée qu’à ceux qui sont purs de tout péché, comme le dit saint Paul(1 Corinthiens 2) : « Que chacun s’éprouve lui-même, et qu’ainsi il mange de ce pain. »

S’il affirme la seconde, nous montrerons facilement que l’ordre est un vrai sacrement.Car, la grâce qui lui aété promise, n’est pas un don donné gratuitement, comme le don de prophétiesou des langues, mais une grâce justifiante.Car, d’abord, quand le Seigneur (en Jean 20) accorda à ses apôtres le pouvoir de remettre les péchés, qui est une partie du sacerdoce, il a dit : « Recevez l’Esprit Saint. »Car, dans l’Écriture n’est pas appelé Esprit Saint ce don que les impies peuvent posséder.De plus, en 2 Timothée 1, où l’apôtrea dit qu’une grâce avait été donnée à Timothée par l’imposition des mains, il explique ensuite en quoi consiste cette grâce :« Dieu ne nous a pas donné à nous, les évêques, un esprit de crainte, mais de vertu, d’amour et de sobriété. »

En ce qui a trait au mandat ou à l’institution divine, nous ne lisons pas, il est vrai, que le Christ ait dit : ordonnez des ministres au moyen de l’imposition des mains, mais nous le déduisons clairement des saintes lettres.Car, comme nous avons dit des autres sacrements, personne ne peut annexer une grâceà un signe.Ce que nos adversaires concèdent aussi.Or, selon l’Écriture, l’imposition des mains est lié à une grâce, comme nous l’indiquent ces paroles de Saint Paul à saint Timothée  (1 Timothée 4): «Ne néglige pas la grâce qui t’a été donnée selon(par)la prophétie, par l’imposition des mains du presbyte. »Et le selon (par) la prophétie, n’est pas un instrument ou une cause efficiente,car l’instrument de communication de la grâce est l’imposition des mains. Car, le sens est, comme Calvin l’expose correctement : ne néglige pas la grâce qui t’a été donnée quand tu as été ordonné par moi, évêque,selon la révélation qui m’avait été faite de toi (Car Dieu avait fait une révélation à Paul, et lui avaitprescrit d’ordonner Timothée, selon des prophéties antérieures).

Que l’imposition des mains serve d’instrument de communication de la grâce, nous l’avons plus clairement en 2, Tim 1 : « Je t’admoneste de ressusciter la grâce qui est en toi par l’imposition de mesmains »Donc, commela grâce est liée à l’ordination par l’imposition des mains, il est nécessaire que Dieu soit l’auteur et l’instituteur de cette cérémonie.Et les arguments contraires de Kemnitius ne concluent pas.Car le Seigneur qui n’était pas lié par des sacrements, pouvait donner aux apôtres l’effet du sacrementsans le sacrement, c’est-à-dire ordonner des prêtres et des évêques sans imposition de mains.Comme il a confirmé les apôtressans sacrement, et absout sainte Marie Madeleine sans sacrement.

J’ajoute que nous ne sommes pas forcés de croire que le Seigneur ait conféré l’ordination à ses apôtres sans imposition de mains.Car, même s’il n’est pas écrit que le Seigneur a ordonné ses disciples par l’imposition des mains, le contraire n’est par écrit, non plus.Et le Seigneur a fait bien des choses qui ne sont pas écrites.

CHAPITRE 3

On prouve par la tradition que l’ordre est un sacrement.

Dans son livre sur la captivité de Babylone, au chapitre sur l’ordre, Luther affirme que Denys est le seul parmi les anciens que l’on puisse citerpour le sacrement de l’ordre et les autres sacrements, à l’exception du baptême et de l’eucharistie.Voici ce qu’il dit : « Je sais qu’il est le seul auteur, parmi les anciens, à parler de sept sacrements, bien qu’après avoir omis le sacrement du mariage, il ne nous en ait donné que six.Dans les autres pères, nous ne lisons rien sur ce sacrement. Et à toutes les fois qu’ils ont parlé de ces choses, ils ne leur ont pas donné le nom de sacrements, car, récente est l’invention des sacrements. »Voilà donc les paroles de Luther, dans lesquellesil y a plusieurs mensonges.Car, n’est même pas vrai ce qu’il affirme contre lui, à savoirquesaint Denys énumère six sacrements, car il n’en nomme que quatre.Il n’écrit rien, en effet, sur la pénitence,l’extrême onction et le mariage.Il ment ensuite impudemment quand il prétend que l’invention des sacrements est récente.Car, quant au mot sacrement, comme nous l’avons montré dans le premier livre, tous les anciens auteurs latins se sont servis de ce mot.Ensuite, quand il dit que, dans l’antiquité, il n’y avait aucune loi sur ces sacrements, il commet un mensonge digne de Luther.

Car, parmi les souverains pontifes, Innocent 1 (dans sa lettre 18 à Alexandre, évêque d’Antioche, dernier chapitre) compare l’ordre avec le baptême.Il dit que celui qui est baptisé par un hérétique est reçu avec son baptême, tandis que celui qui est ordonné par un hérétique n’est pas reçu avec son ordre.Et il en donne la raison suivante : parce que les hérétiques ne peuvent donner que le baptême.Et, en le comparant avec un sacrement proprement dit, « il dit qu’il range l’ordre parmi les sacrements proprement dits ».Où il faut noter qu’Innocent ne veut pas que soit ordonné de nouveau celui que les hérétiques ont ordonné, mais qu’il doit cesser d’exercer le ministère,comme s’il n’avait pas été ordonné.Léon 1 (épitre 81 à Dioscore d’Alexandrie, chapitre 1), donne le nom de sacrement à l’ordre, et ordonne qu’il soit donné et reçu à jeun, et seulement le samedi soir,et cela, avec la plus grande dévotion.Il indique clairement que, dans ce sacrement, une grâce est conférée.Et, dans l’épitre 87 (aux évêques de Mauritanie, chapitre 1, sur l’ordre) : « Qui oserait dissimuler que ce serait infliger une injure à si grand sacrement ? »N’entendez-vous pas ici le mot sacrement ?

Anastase 2 (dans l’épitre à Anastase l’empereur, chapitre 7 ) : « Aucun de ceux qu’Acace a ou baptisé ouordonné prêtre ou lévite, selon les canons,n’est lésé par le nom d’Acace, si ce n’est que la grâce du sacrement, transmise par un inique,est peut-être moins forte. »Ici, le pape parle de l’ordre,et dit qu’il est un sacrement, qu’il confère la grâce, et il le compare avec le baptême.Et il répète la même chose au chapitre 8.Ensuite, saint Grégoire 1 (livre 4, chapitre 5, commentaire sur les livres des rois), dit, au début, en parlant du sacrement de l’ordre : « Celui qui est promu est oint dehors de la bonnefaçon, s’il est fortifié à l’intérieur par la vertu du sacrement. »Il emploie le mot sacrement, et il dit que «  l’ordre confère une grâce ».

Les conciles.Celui de Calcédoine(canon 2) condamne ceux qui reçoivent de l’argent pour une ordination. Et il donne pour raison que c’est comme vendre la grâce de Dieu, chose que personne ne peut ou ne doit faire.On litla même chose les conciles de Bracarensis 2 (canons 3 et les autres),dans celui de Florence« où les grecs et les latins ont approuvé que l’ordre fait partie des sacrements proprement dits ». Et c’est ce qu’a dit aussi le concile de Trente (session 23, chapitre 2, canon 3).

Parmi les pères, se présente d’abord Denys l’aréopagite (livre sur la hiérarchie ecclésiastique, chapitre 5, sur le rite des ordinations).Il montre suffisamment que par ce sacrement une grâce est donnée, et que c’est donc un sacrement.C’est ce que reconnait aussi Luther, car, dans son livre sur la captivité de Babylone, chapitre sur l’ordre,il ne cite que Denys contre sa nouveauté, et ne répond pas autrement qu’en méprisant l’auteur, à son accoutumée.Car, il dit qu’il n’y a chez lui, aucune érudition solide, et il ajoute qu’il lui serait facile d’écrire une meilleure hiérarchie que celle qu’il a composée. 

Nous opposons, nous, à Luther saint Grégoire qui (dans son homélie 34 sur les évangiles) loue ce Denys comme un auteur ancien et vénérable.Nous lisons dans Sozomène (livre 7, chapitre 6 de son histoire),la sentence d’un martyr à Nectar, évêque de Constantinople,où il compare ouvertementle sacerdoce au baptême,et dit que « l’un et l’autre justifient les hommes » : « Toi, o bienheureux, qui as été récemment baptisé et purifié, et qui as été en plus agrandipar le sacerdoce, c’est Dieu qui les a institués tous les deux pour expier les péchés. »Saint Jean Chrysostome(livre 3 sur le sacerdoce) : « Le sacerdoce, dit-il, agit sur la terre, mais il faut référer l’ordre à la classe des choses célestes.  Et cela, par quoi le mérité-je ?Car, ce n’est pas n’importe lequel mortel, ni un ange, ni un archange,aucune puissance créée, mais le Paraclet lui-même qui a conçu l’ordre. »Et plus bas : « Il comprendra alors de quel honneur, de quelle dignité, de quelle grâce du Saint-Esprit le sacerdoce est digne. »

Tharasius (dans son épitre au pape Adrien, que l’on trouve dans le premier tome de la bibliothèque des saints pères), dit que « ceux qui reçoivent de l’argent pour une ordination, vendent la grâce et le Saint-Esprit lui-même qui est donné dans l’ordination ».Theodoret commentantle verset de 1 Timothée 5 « tu n’imposeras pas trop tôt les mains à personne »,et Oecumenius, commentant 2 Timothée 1 : « je t’admoneste d’exciter la grâce »,disent ouvertement tous les deuxque, dans l’ordination, est conférée la grâce de l’Esprit- Saint qui doit être entretenuepar la ferveur et la prière,comme l’huile l’est par le feu. »Saint Cyprien, ou quiconque fut l’auteur des oeuvres cardinales du Christ,appelle sacrement l’ordination, et le compare au baptême : « On nous enseigne ce qu’est la stabilité du baptême et des autres sacrements. »Et plus bas : « Les règles ecclésiastiques prohibent la répétition du baptême.Et que le consécrateurn’ose pas imposer de nouveau les mainsà ceux qui ont été sanctifiés une fois.Que personne ne renouvelle les ordres sacrés, une fois donnés. »

Saint Ambroise (livre sur la dignité sacerdotale, chapitre 5) : « L’homme impose les mains, Dieu prodigue la grâce; le prêtre impose une droite suppliante,Dieu bénit avec une main puissante. »Voir le même dansdans 1 Corienthiens 12, sur le verset : il y a des divisions de grâces, et dans 1 Timothée 2.Saint Jérôme (dans son dialogue contre les lucifériens) , dans presque tout le livre, compare l’ordre avec le baptême, et prouve qu’une ordination donnée par un hérétique est valide, parce qu’un baptême donné par lui est valide : « Si, en baptisant dans sa foi, il n’a pas pu nuire au baptisé,il n’a pas pollué non plus un prêtre en l’instituant dans sa foi. »Argumentant avec un raisonnement semblable,saint Augustin prouve, contre les donatistes, qu’on ne peutpas perdre le sacrement de l’ordre une fois qu’il a été reçu. Il pense de la même manière dans son livre 2 contre Parmenianus, chapitre 13 : « C’est à eux à expliquer comment un baptisé ne peut pas perdre le sacrement de baptême, et comment quelqu’un qui a été ordonné peut perdre le sacrement. Si l’un et l’autre sont des sacrements,douter que l’un peut être perdu et que l’autre ne le peut pas, c’est faire injure à l’un et l’autre de ces sacrements ».Dans le livre 1 sur le baptême, chapitre 1, il dit la même chose.

Voici les remarques qu’on peut faire sur ces textes.Premièrement, contrairement au mensonge de Luther ci-haut cité,dans les deux chapitres, saintAugustin appelle l’ordre sacrement une dizaine de fois.Deuxièmement, saint Augustin compare l’ordre avec le baptême, et dit clairement que l’un et l’autre sont des sacrements de la même manière.Troisièmement, contrairement au mensonge de Luther,Saint Augustin affirme qu’il n’y a personne qui doute de cette vérité.Donc, si saint Augustin ne ment pas, tous les auteurs de ce temps et même tous les peuples chrétiens croyaient ce que nous croyons aujourd’hui.Lire aussi la même épitre de saintAugustin près de la fin, celle sur le bien conjugal,et son sermon sur son dialogue avec Emeritus, et enfin sont livre 2 contre Parmenianus, chapitre 11, où il dit que « par ce sacrement est donné le Saint Es-rit. » D’où nous déduisonsque la cérémonie aussi est un sacrement proprement dit.À ceux-là s’ajoutent les scolastiques à la suite de leur maître (livre 4 dist 21,), dont saint Thomas (question 1, article 1) qui affirme que « l’ordre est un des sept sacrements proprement dits, et que cette sentence est commune à tous ».

CHAPITRE 4

On prouve la même chose par la raison

Quand le Dieu dont sont parfaites les œuvres(Deutéronome 22) donne à quelqu’un un pouvoir, il lui donne aussi tout ce qui est légitimement requis pour l’exercer.Nous le voyons cela dans les choses naturelles, auxquelles Dieu n’a pas seulement donné des pouvoirs opératifs, mais aussi certaines qualités ou certains instruments, dont elles se servent adroitement et correctement. Or, par l’ordination sacrée, est donné à l’homme le pouvoir de conférer et d’administrer les sacrements, choses qu’un pécheur ne peut certes pas exercer dignement.Avec ce pouvoir, Dieu donnera doncen même temps la grâce justifiante qui perfectionne l’âme, pour que le ministre s’acquitte dignement de ce ministère.De plus, si, dans le baptême oùest donné le pouvoir de recevoir l’eucharistie et les autres sacrements, est donné aussi,avec ce pouvoir, la grâce qui fait un reconnaissant,--puisque ce n’est pas un plus petit péché de donner indignement le sacrement que le recevoir indignement--,le sacrement sera donc un sacrement proprement dit, car, toute cérémonie instituée pour sanctifier est un sacrement proprement dit.

CHAPITRE 5

L’ordination épiscopale est un sacrement 

Vient ensuite la deuxième question : quels ordres sont des sacrements ?Dansle livre 1 des clercs, nous avons démontréqu’il y a sept ordres : l’ordre des prêtres,des diacres, des sous-diacres,des acolytes, des exorcistes, des lecteurs et des portiers.L’ordre du sacerdoce est double, car il y a les prêtres majeurs (les évêques) et les mineurs (les prêtres).Tous les catholiques sont d’accord que l’ordre des prêtres est un vrai sacrement;mais ils ne s’entendent pas toussur les autres.Au sujet de tous les sacrements, je dirai ce qui semble le plus vrai et le plus probable.

D’abord, l’ordination épiscopale est un sacrement véritable et proprement dit.Même si cette sentence est niée par certains anciens scolastiques (4 dist 24) et par certains récents, comme Dominique a Soto, (livre 10 sur la justice et le droit, quest 1 art 2,et dans 4 dist 24, quest 2, art 3), cependant, elle est affirmée par tous les anciens pères.Et par des plus récents, commePierre Soto, (leçon 4 sur le sacrement de l’ordre, dans institution du sacerdoce), etCajetan (tome 1, opuscules 11) et par certains anciens scolastiques , comme Altisiodorens partie 4 de la somme théologique,Jean Major,Scot, Durand,Paludanus(4 dist 21), bien que Durand veuille que l’épiscopat soit le même sacrement que celui de la prêtrise.Ensuite, par presque tous les canonistes (chapitre clercs, dist 21, dans le chapitre perlectis, dist 25.)

Il me semble à moi que cette assertion est très certaine.D’abord,parce que les textes de l’Écriture avec lesquels les catholiques prouvent que l’ordination est un sacrement (1 Timothée 4, 2 Timothée 1) se rapportentà l’ordination épiscopale.Car, c’est dans ces seuls textes qu’est placé un symbole externepar la promesse d’une grâce.Dans ces passages, en effet, il s’agit de l’ordination de Timothée qui fut créé évêque par saint Paul,comme l’enseignent tous les commentateurs.Pour une raison semblable,dans Actes 13, il s’agit de l’ordination épiscopale de saint Paul et de Barnabée.Or, si l’ordination épiscopale n’est pas un sacrement,nous ne pourrons pas prouver avec les Écritures que l’ordre est un sacrement.Deuxièmement.Les témoignages allégués, ceux de saint Léon, de saint Grégoire,de saint Denys, de saint Cyprien, de saint Jean Chrysostome, de saint Ambroise, de saint Jérôme, de saint Augustin et de Theodoret ne portent que sur les seuls évêques.Car, par le nom de sacerdoce, les anciens entendaient épiscopat.C’est à partir de ces textes que saint Ambroise écrivit sur la dignité sacerdotale, et saint Jean Chrysostome, sur le sacerdoce,l’un et l’autre ne parlant que des évêques. Si l’ordination épiscopale n’est pas un sacrement,il faudralaisser tomber les témoignages des pères qui portentsur la controverse principale.

Troisièmement,l’ordination épiscopale est une cérémoniequi imprime un caractère spirituel, et qui confère une grâce. Elle est donc un vrai sacrement.On prouve l’antécédent,et d’abord le caractère, par le fait que l’ordination épiscopale ne peut pas être répétée.Et de plus, l’évêque peut conférer deux sacrements, la confirmation et les ordres, sacrements qu’aucun prêtre inférieur ne peut conférer.Et s’ils essaient de le faire, ils ne produiront rien.L’évêque a donc, de pas son ordination,un pouvoir spirituel, et donc aussi,un nouveau caractère.Ils diront qu’on n’a pas besoin d’un nouveau caractère,mais qu’il suffit que le pouvoir sacerdotal soit élargi.Ou ils veulent réellementétendre ce pouvoir,ou l’étendre seulement dans sa signification.Car, dans l’évêque, le caractère est le signe de plusieurs pouvoirs,et dans le prêtre, de moins de pouvoirs. S’ils veulent vraiment l’étendre, notre argument aura la même force, car la même efficience est requisepour étendre réellement un caractère que pour enimprimer un nouveau.Donc, la cérémonie qui a un effet spirituel et surnaturel, c’est-à-dire une extension réelle du caractère,est donc forcémentun sacrement. 

S’ils ne veulent l’étendre que dans sa signification, on n’aura pas de difficulté à les traverser.Car, bien que le caractère n’agisse pas par lui-même, mais soit seulement un signe d’un pacte de Dieu avec l’homme portant sur le concours divindans ces actions sacramentelles,cependant, ce signe est une réalité.Et donc, comme là où se trouveun pouvoir spirituel nous en déduisons que se trouve dans l’âme un caractère réel, de la même façon, là où se trouve l’addition d’un nouveau pouvoir, il faut en déduire aussi une réelle additionde caractère, ou un nouveau caractère, ce qui est plus probable.

De plus, sont séparés par une grande distance,le pouvoir de confirmer etde consacrer l’eucharistie, d’une part,et celui de lire l’évangile et l’épitre dans le sacrifice, d’autre part.C’est à cause de ces choses que nos adversaires voient dansle diaconat et le sous-diaconatdeux caractères différents, sans prétendre que l’un soitétendu.Pourquoi doncveulent-ils que ce soit uniquement dans l’évêque et le prêtrequ’ily en ait deux ?Que la consécration épiscopale confère une grâce, on le prouve par un argument convaincant.Les théologiens démontrentqu’une grâce est donnée dans l’ordination presbytérale, parce que le presbyte doit administrer certains sacrements qui, sans la grâce, ne peuvent pas êtredignement administrés.L’évêque doit, lui aussi, administrer quelques sacrements, la confirmation et l’ordre,qui ne peuvent pas, eux non plus,être administrés sans la grâce. 

Il est donc étonnantque quelques-uns veuillentque, pour l’office du diacre et du sous-diacre,soit requise une nouvelle grâce, et que, donc, ces ordinations soient des sacrements;mais ne veuillent pas que soit requise une grâce pour l’office d’évêquequi est, sans comparaison, plus difficile et plus excellent.On confirme cette raison de deux façons.La première.Avec le rite lui-même de la consécration d’un évêque.Car, dans aucune ordination a-t-on recours à une solennité aussi grande que celle de l’ordination d’un évêque.Il y a là l’imposition des mains,l’onction, et plusieurs autres choses.Il n’est pas crédible que tant de cérémonies sacramentelles aient été instituées pource qui n’est pas un sacrement.

Deuxièmement. Si l’épiscopat est un sacrement distinct du presbytérat, il sera facile de prouver qu’un évêque est, de droit divin, plus grand qu’un prêtre, tant par l’ordre que par la juridiction, ce que tous les hérétiques nient.Ne nous convainquent pas les objections qu’on a coutume de nous opposer.La première.«  L’épiscopat n’est pas un ordre nouveau, autrement il n’y aurait pas sept,mais huit sacrements.Et s’il n’est pas un nouvel ordre, il n’est certes pas non plus un nouveau sacrement, car s’il était un sacrement, il serait le sacrement de l’ordre. »

Je réponds que l’épiscopat forme un seul ordre avec le presbytérat, mais avec des degrés divers.Car, les ordres sont tels par le lien qu’ils ont avec l’eucharistie.Et parce que le pouvoir suprême s’exerce surl’eucharistie,le premier ordre est l’ordre sacerdotal,l’ordre de ceux qui peuvent consacrer l’eucharistie.Et on ne peut pas imaginer un ordre au-dessus de lui, qui lui soit plus grand ou supérieur.Mais parce que les presbytes et les évêques participent dà ce pouvoir d’une façon différente,il y a donc, dans le sacerdoce,deux degrés.En consacrant l’eucharistie, les prêtres dépendent des évêques,qui peuvent leur interdire de consacrer, les suspendre pour un temps,ou leur prescrirede célébrer à tel endroit, de telle façon, en tel temps.Et de plus, les prêtres ne possèdent pas ce pouvoir de façon à pouvoirle communiquer à d’autres, tandis que les évêques ont ce pouvoir, et peuvent le communiquer à d’autres.

Tu diras que cela ne semble pas être vrai,car,sa consécration à l’épiscopat n’octroie pas àl’évêquele pouvoir de consacrer l’hostie, mais seulement de confirmer et d’ordonner.Il n’est donc pas dans le même genre quele prêtre, car c’est quelque chose de tout à fait autre.Je réponds que l’épiscopat inclut dans sa nature le sacerdoce, si on parle du pouvoir d’ordre, dont il est uniquement question ici.Car, on ne peut pas concevoir un évêque qui ne soit pas prêtre, à part le prêtre premier et suprême.Comme la papauté inclutintrinsèquement et essentiellementl’épiscopat, même si elley ajoute plusieurs choses.Il s’ensuitque l’ordination épiscopaleest le produitd’une double ordination,et que le caractère épiscopal intègre et parfaitn’est pas une simple qualité, mais un composé d’un double caractère.Voilà pourquoi deuxsacrements sont requis pour constituer un évêque.

Je réponds donc à l’argumentque ce n’est pas de sa dernière ordination que l’évêque a de quoi consacrer l’eucharistie, mais de sa précédente, qui est quand même de l’essence de l’épiscopat.Commel’homme n’a pas de la différence spécifique d’être sensible, il l’a cependant de son genre, donc de sa nature, qui est constituée d’un genre et d’une différence.Et c’est ainsi qu’on réfute tous les argumentsque Scot et les autres multiplient.Voici donc leur argument : « Si l’épiscopat était un sacrement, il s’ensuivrait qu’on pourrait ordonner évêque quelqu’un qui n’est pas prêtre;et cet évêque pourrait consacrer l’eucharistie. »Ils le prouvent d’abord en remarquant qu’un ordre ne dépend pas d’un autre ordre.Car,si on ordonnait prêtre quelqu’un qui n’était pas diacre,l’ordination serait valide.Ensuite,ils le prouvent en affirmant qu’un un ordre inférieur est toujours contenu dans le supérieur, du moins virtuellement. Car,un prêtre pourrait remplir la fonction d’un diacre, même s’il n’était pas diacre.

Je réponds qu’on ne peut pas tirer ces conséquences.Car, il est impossible d’ordonner un évêque qui n’était pas prêtre avant, ou qui ne reçoit pas en même temps l’un et l’autre, car, comme je l’ai dit, l’un et l’autre sontde l’essence de l’épiscopat.Et il n’est pas vrai qu’un ordre ne dépend pas d’un autre, si ce n’est dans ceux dontl’un n’est pas de l’essence de l’autre. Et ne vaut pas la comparaison entre le prêtre et l’évêqueparce que le presbytérat n’inclut pas essentiellement le diaconat, comme l’épiscopat inclut le presbytérat.Pour une raison semblable, il ne s’ensuit pas qu’un évêque non prêtre puisseconsacrer l’eucharistie.Car, sans le presbytérat, l’épiscopat n’est pas un ordre supérieur.Je dirais plus :il est n’est rien dans la réalité, une pure fiction .Comme un archevêque qui n’est pas évêque, ou un être raisonnable qui n’est pas un animal.

Le troisième argument.Si l’ordination sacramentelle est un sacrement, elle imprimeun caractère.Ou bien, le caractèreépiscopal est plus grand que le caractère presbytéral,ou il ne l’est pas.S’il est plus grand,il est plus grand en tant que pourvoir de consacrer l’eucharistie, ce que tous nient.Et, de plus, il s’ensuivraitqu’il y a un ordre supérieur à l’ordre sacerdotal,un huitième.S’il n’est pas plus grand,l’évêque en tant qu’évêque n’estpas plus grand que le prêtre, mais égal, ou un peu inférieur, car aucun caractère n’est égal à celui du prêtre.

Je réponds que le caractère épiscopalcomplet et parfait est plus grand que le caractère presbytéral, car il inclut l’un en plus de l’autre, comme nous l’avons dit.Et c’est de cette façon que nous comparons les évêques avec les prêtres,quand nous disons que les premiers sont supérieurs, et les autres inférieurs.Si cependant quelqu’un compare le caractère qu’a l’évêque depuis sa dernière consécration, avec le caractère qu’il a reçu dans son ordination presbytérale,il en conclura que le premier est plus grand selon l’intensité,parce que le pouvoir suprême est de pouvoir consacrer l’eucharistie,mais que le second est plus grand selon l’extension, parce qu’il s’étend à plus de choses.

CHAPITRE 6

Le diaconat est un vrai sacrement 

Au sujet des diacres, il est hautement probable et certainque leur ordination est un sacrement, même si celan’est pas de foi.Ce n’est pas certain de foi, parce qu’on ne peut le déduireni de la parole écrite ni de la parole transmise.Et , là-dessus, l’Église n’a fait aucune déclaration, et n’a émis aucun décret.

Que ce soit fort probable, on le prouve par la sentence commune des théologiens, car il n’y a que Durand à soutenir que seul le sacerdoce est un sacrement de l’ordre ( 4 dist 24 quest 2).Et Cajetan (tome 1 des opuscules, traité 11).Deuxièmement.Parce que dans 1 Timothée 3, comme aussi dans Philipp 1 été Tite 1, l’apôtreunit toujours les diacres avec les évêques, c’est-à-dire, avec les prêtres.Car, par le mot épiscopes, il entend des presbytes, comme saint Jean Chrysostome l’enseigne dans son commentaire sur ces textes.Troisièmement, parce que dans les Actes 6, les diacres sont ordonnés par l’imposition des mains, c’est-à-dire par une cérémonie semblable à celle des prêtres et des évêques.Quatrièmement.Parce qu’en l’absence des épiscopes, les diacres peuvent baptiser, distribuer l’eucharistie, réconcilier les pénitents publics, prêcher, et exercer presque toutes les fonctions des prêtres et des évêques en leur absence.Il s’ensuitqu’ils ont besoin d’une grâce spéciale de Dieu, et que leur ordination est donc un sacrement.

L’antécédent est évident.Car, au sujet du baptême, c’est ce qu’attestent Tertullien(dans son livre sur le baptême), et saint Jérôme (dans son livre contre les lucifériens).Au sujet de l’eucharistie, on voit dans le concile de Nicée (canon 11), que les diacres pouvaient distribuer l’eucharistie aux laïcs, qu’ils pouvaient même autrefois administrer le sang du Seigneur au peuple, comme on le lit dans saint Cypriendans son sermon 5 sur les tombés.Au sujet de la réconciliation des pénitents, il faut lire l’épitre 17, livre 3, de saint Cyprien. Et pour la prédication, lire l’épitre 88, livre 4 de saint Grégoire.Voilà ce qui semble être la raison pour laquelle les diacres appartiennent à la hiérarchie, et président aux peuples avec les prêtres et les évêques, comme on le lit dans saint Jérôme (Tite, chapitre 2). Ainsi quedans saintDenys qui, dans sa hiérarchie ecclésiale,ne place que ces trois ordres, parce qu’eux seuls sont hiérarchiques.Car, les ordres inférieurs ne président pas au peuple, mais ne font qu’être au service des ordres supérieurs.Cinquièmement, quand le diaconat a été reçu, il ne peut être ni effacé ni répété. Il imprime donc un caractère, et est donc un sacrement.

Ils répondent que le diaconat est perpétuel non par un caractère, mais par la consécration, et parce que son office est de droit divin.Mais cette réponse ne vaut pas.Car sile fait de ne pas pouvoir être enlevé provenait d’ailleurs que du caractère, s’écroulerait certainement la raison principale des catholiques avec laquelle ils prouvent qu’un sacrement ne peut pas être répété, c’est-à-dire,parce qu’il imprime un caractère. Ensuite, la consécration des diacres ne serait pas une ordination si elle n’était pas un sacrement.Elle ne serait qu’une simple désignationune fonction.Rien n’empêchequ’on puisse enlever à quelqu’un sa fonction et la lui redonner par la suite.Car, on ne peut pas imaginer ne plus grande consécration-- si on peut appeler ainsi la dédicace d’une personne en dehors des sacrements--que celle des moines qui sont consacrés à Dieu par la profession solennelle.Et cependant, pour une juste cause, et avec la dispense du souverain pontife, ils peuvent retourner dans le monde, comme le pensent les hommes les plus doctes, et comme l’attestent certains exemples.Il importe peu que cet office soit de droit divin.Tout ce que cela prouve,c’est qu’il y doit y avoir des diacres dans l’Église.Mais cela ne prouve pas qu’un tel ou un tel doive toujours demeurer diacre.Le diaconat pourrait donc être enlevé à un et être donnéà un autre.Comme il est aussi de droit divin que soient dans l’Église des évêques avec juridiction, et cependant le pape peut enlever l’épiscopat à un évêque quant à la juridiction, et le donner à un autre.

Mais, contre cette proposition, on objecte quelques arguments.Le premier.Plusieurs anciens disent que les diacres n’ont pas été institués par le Christ, mais par les apôtres, comme on le lit dans saint Cyprien (livre 2, épitre 9),Anaclet (épitre 3),et Damase (épitre 1).On le confirme en constatant que les diacres semblent avoir été institués à cause du murmure des Grecs, et n’avaient pour fonction que le service des tables.Je réponds que saint Cyprien était peut-être d’avis que le diaconat n’avait pas été institué par le Christ, comme nous l’avons dit ailleurs,ou qu’il voulait peut-être simplement dire que le Christ n’avait pas ordonné des diacres comme il avait ordonné des prêtres et des évêques.Mais, il ne s’ensuit pas que le Christ n’ait pas institué ce sacrement.Quant à Damase et à Anaclet, ils enseignent seulement que le Christ n’a institué que deux ordres : l’épiscopat et le presbytérat (les 72 disciples).C’est ce qu’ils écrivent contre les chorépiscopes,qui voulaient être un troisième gendre de prêtres, alors qu’ils n’étaient rien d’autre que des prêtres.Ces pontifes ne nient donc pas que les diacres et les ordres inférieurs aient été institués par le Christ,mais qu’il y ait un autre ordre sacerdotal en dehors des deux cités.

Au sujet de la confirmation, je réponds que c’est pour répondreà un besoin particulier et à une critique qu’ont été ordonnés les premiers diacres, mais que ce n’est pas pour cela quel’ordre a été inventé.Et il n’est pas vrai qu’au temps des apôtres, les diacres ne se soient occupés que du service des tables.Car, des diacres, il y en avait aussi à Philippe, à Éphèse, en Crète, comme on le lit dans les lettres de saint Paul aux Philippiens, à Timothée et à Tite.Et cependant, dans ces lieux, les chrétiens ne vivaient pasen communauté,pour qu’il y ait un besoin de service de tables.Ensuite, cette ordination si solennelle, par l’imposition des mains, indique certainement autre chose qu’un simple service des tables.De plus,Philippe, (Actes8) qui était un des premiers diacres, ne consacrait certes pas le meilleur de son temps aux tables, mais à la prédication et au baptême. (Et saint Étienne ?)Ensuite, dans les temps les plus anciens, les diacres sont des ministres de l’autel,et des sacrements, comme on le voit dans l’apologie 2 de saint Justin (vers la fin), et dans tous les anciens auteurs.

Le deuxième argument est que les diacres n’ont aucun pouvoir de faire quelque chose de surnaturel, ou un effet quelconque,qui soit invalide s’il est fait par un autre qu’un diacre.Ils n’ont doncpas un caractère propre.Car le caractère est donné pour opérer, non pour bien opérer.Je réponds qu’il n’est pas de l’essence d’un sacrementque quiconque le possède produise quelque chose de surnaturel, mais qu’il suffit que ce soit une cérémonie qui confère la grâce.Et ce n’est pas vrai, absolument parlant, qu’un caractère n’est donné que pour opérer, comme nous le montre le caractère de la confirmation qui est donné pour professer la foi.Foi que certains catéchumènes ont, sans caractère, admirablement professée, jusqu’à l’effusion deleursang.Foi que certains confirmés n’osent pas professer.

Le troisième argument.La matière du diaconat est la remise des livres des évangiles, comme nous l’avons dans le concile de Florence.Mais, quand les premiers diacres ont été ordonnés, l’évangile n’avait pas encore étéécrit.Donc, ou ils n’eurent pas un vrai sacrement, ou le diaconat n’est pas un sacrement.Je réponds que cette objection sera résolue à la question suivante.Elle ne prouve directement qu’une chose : le livre de l’évangile n’est pas la matière de ce sacrement.

CHAPITRE 7

Le sous-diaconat est un sacrement

Nous n’avons pas, pour le sous-diaconat, la même certitude que pour le diaconat.Car, on ne fait pas mention de lui dans l’écriture, et son ordination ne comporte pas l’imposition des mains, comme on le voit dans le concile 4 de Carthage (canon 5).Et les sous-diacres n’administrent pas l’eucharistie, et ils ne font pas, non plus, les autres choses que font les diacres.Voilà pourquoi ils n’appartiennent pas à la hiérarchie, sinon en tant queministres des membres des ordres hiérarchiques.Il est cependant fort probableque cet ordre soit lui aussi un sacrement.Car, il semble imprimer un caractère, puisqu’on ne peut pas le répéter, et aussi parce que lui est annexé un vœu de continence.Et aussi, parce que c’est la sentence commune des théologiens anciens et récents, à l’exception de Durand et de Cajetan.

Contre cette sentence, ou soulève deux arguments.Le premier.Le sous-diaconat n’était pas autrefois un ordre sacré, mais il a été, plus tard, rendu tel,par les souverains pontifes.Comme l’atteste Innocent 111 (chapitre a multis),sur l’âge, la qualité et l’ordre de ceux qui doivent être mis en avant des autres).Même chose Innocent 3 (chapitre miramur, au sujet des serviteurs qu’on ne pas ordonner.)Urbain 2 (canon nullus, dist 60).D’ou le maitre des sentences(livre 4, dist 24 qui dit que le sous-diaconat et les ordres mineurs introduits dans l’Église ne datent pas du temps des apôtres.

Je réponds qu’ordre sacré et sacrement ne sont pas la même chose.Car, plusieurs estimentque les ordres mineurs sont des sacrements, alors qu’on ne peut pas les appeler des ordres sacrés.Comme l’enseigne correctement le maître au lieu cité, parce qu’ils sont proches des choses sacrées.Car le presbyte consacre l’hostie et l’administre; le diacre l’apporte à des malades.Le sous-diacre veille sur les vases sacrés et les fournit.Autrefois, cependant, il n’était pas permis aux sous-diacres de toucheraux vases sacrés,comme on le voit dans le concile de Laodicée (chapitre 21, et dans le canon nullus, dist 24, qui est tiré des décrets de Sylvestre).Et, pour cette raison, on ne l’appelait pas un ordre sacré.Et on ne pouvait pas élire un évêque de l’ordre des sous-diacres, mais seulement de l’ordre des prêtres ou des diacres.Mais, plus tard, il a été concédé aux sous-diacres de pouvoir toucher les vases sacrés, comme on le voit dans le canon non liceat,dit 23,et l’on commença alors à élire des évêques tirés de l’ordre des sous-diacres, comme on le voit dans les textes d’Innocent et d’Urbain ci-haut cités.

Le maitre des sentences dit que les sous-diacres ont été introduits par l’Église.Mais, on ne doit pas interpréter cette phrase comme si c’était l’Église qui avait institué cet ordre.Le maitre semble vouloir dire que l’usage de ces ordres n’a pas commencéau temps des apôtres, mais après,parce que, à cause du petit nombre des fidèles, tous ces ordres n’étaient pas nécessaires.Mais, cela ne semble pas être vraicar, saint Ignace, qui vécut presque au temps des apôtres, énumère tous les ordresdans son épitre à Héron,et dans celle aux Antiochiens.

Le deuxième argument.Les sous-diacres pouvaient être ordonnés par les chorépis- cospes, comme on le lit dans le concile d’Antioche (canon 10).Or, les chorépiscopes n’étaient que des simplesprêtres, qui n’avaient pas le pouvoir deconférer le sacrement d’ordre.Le sous-diaconat n’est donc pas un sacrement de l’ordre.Je réponds qu’il y eut deux genres de chorépiscopes (comme nous l’avons dit dans la dispute sur les clercs.)Certains d’entre eux étaient de vrais évêques, qui demeuraient dans un autre diocèse, comme les suffragants aujourd’hui en Germanie.Et c’est d’eux que parle le concile d’Antioche.D’autres n’étaient que des prêtres, et c’est d’eux que parle Damase,quand il net qu’ils puissent ordonner des sous-diacres.

CHAPITRE 8

Les ordres mineurs sont des sacrements 

Au sujet des ordres mineurs, il est encore moins probable qu’ils soient des sacrements que ne l’est pourle sous-diaconat.Car la sentence n’est pas aussi commune que pour le diaconat ou le sous-diaconat.Et il est certain que les fonctions de ces ordres sont plus légères que celles des autres.Cependant l’opinion de ceux qui enseignent que tous les ordres sont des sacrementsest plus probable que celle de ceux qui le nient.D’abord, parce que c’est ce qu’enseignenttous les anciens scolastiques, Durand excepté.Et parmi les plus récents, de très graves comme Francis de Victoria (dans sa somme des sacrements),Pierre a Soto (leçon 4 sur les sacrements de l’ordre),et d’autres.Troisièmement.C’estce que semble avoir pensé le concile de Florence.Car, là où il dit que le sacrement de l’ordre est le sixième sacrement, et que la matière de ce sacrement est ce qui est utilisé dans l’ordination, il prend tout de suite des exemples dans les sacrements de l’ordre, le diaconat et le sous-diaconat, et ajoute qu’il faut entendre la même chose dans les autres ordres.Le concile de Trente n’est pas d’un autre avis.Car, àla session 23, chapitre 2, il énumère sept ordres.Et, après, au chapitre 3, il dit explicitement que l’ordre est un sacrement.Quatrièmement, les ordres mineurs ne peuvent pas être répétés.Ils impriment donc un caractère.Ils sont donc un sacrement.

Il y a une objection en sens contraire.S’il y a autant de sacrements qu’il y a d’ordres, il n’y aura pas sept sacrements, mais quatorze.Je réponds que même si tous les ordres sont, chacun d’entre eux,des sacrements par eux-mêmes, on considère qu’ils n’en forment qu’un, car sont une seule et même chose ceux qui sont orientés vers une seule et même fin.

CHAPITRE 9

L’imposition des mains appartient à l’essence du sacrement de l’ordre

Vient ensuite la troisième controverse qui porte sur la matière et la forme de ce sacrement.Tous conviennentque la matière est un signe sensible, que la forme est la parole qui est dite quand le signe est exhibé.Car, même si l’Écriture n’a pas parlé de paroles, cependant les plus anciens pères ont écrit que des paroles sont requises.Comme saint Ambroise(chapitre 4, 1 Timothée), saint Jérôme (chapitre 18 d’Isaïe), saintAugustin (le sermon sur le dialogue avec Emeritus).Et on voit la même chose dans l’antique ordo romain, et dans tous ceux qui ont traité de ce sacrement.Mais, parce que dans l’ordination d’un prêtre et d’un diacre,deux signes sont exhibés, --l’imposition des mains, etla porrection des instruments, comme le calice et la patène dans le presbytérat, les livres des évangiles dans le diaconat--,une question se pose : est-ce que ces signes sont une matière essentielle de ce sacrement ?On trouve là-dessusdeux sentences chez les théologiens.Quelques-uns estiment que l’imposition des mains est accidentelle,et que seule la porrection des instruments est essentielle.Comme Dominique a Soto, (dist 24,quest 1, art 4,), et d’autres.

Leurs fondements sont au nombre de trois.Le premier, parce que, dans le concile de Florence, on n’assigne pas d’autre matière que la porrection des instruments.Le deuxième, parce que Innocent 3 (chapitre pastoralis, les sacrements qu’il ne faut pas répéter), et Grégoire 9(chapitre presbyter, même titre, disent qu’il ne faut pas réitérer une ordination faite sans l’imposition des mains, mais ajouter ce qui a été omis.Au même endroit, saint Grégoire ajoute que « l’imposition des mains est un rite introduit par les apôtres. »Le troisième.Les prêtres deviennent prêtres quand il leur est dit : « Reçois le pouvoir d’offrir le sacrifice. »Mais, alors, on ne leur impose pas les mains,on ne fait que la porrectiondu calice avec le vin, et de la patène avec le pain, comme on le lit dans l’ancien ordo romain, et dans le pontifical, dont se sert aujourd’hui l’Église.Donc, l’imposition des mains qui est survenue après,n’appartient pas à l’essence du sacrement.

On prouve la majeure, en disant qu’autrement, fausse serait la concession de ce pouvoir, s’il n’était pas vraiment reçu alors.Et de plus, les apôtres ont été faits prêtres à la dernière cène, comme l’enseigne le concile de Trente (session 22, chapitre 1).Donc, même maintenant,les prêtres sont faits prêtresquand leur est donné le pouvoir de consacrer et d’offrir l’eucharistie.Carle « faites ceci en mémoire de moi » est la même chose que : Recevez le pouvoir d’offrir, ce que nousentendons quand les prêtes sont ordonnés.

L’autre sentence est de loin plus probable et plus vraie, à savoir que la matière essentiellen’est pas seulement la porrection des instruments, mais aussi l’imposition des mains.C’est ce qu’affirment des récents théologiens : Pierre a Soto (lecture 5 sur le sacrement de l’ordre),Martin Ledesmius( 4 quest 36, art 1, à 1),le cardinal Hosius, dans la confession polonaise (chapitre 50) »On prouve cette sentence.D’abord, parce que l’Écritureprésente souvent l’imposition des mains,comme symbole externe de l’ordination, comme il appert des lieux allégués (Actes 6, 13, et 14,1 Timothée 4 et 5,et 2 Timothée 1.

Ils répondent à cela que l’imposition des mains est requise, mais qu’elle n’est pas de l’essence de la matière.Qu’au contraire, s’il en était ainsi, nous ne pourrions pas convaincre les hérétiquesque l’ordination est un sacrement proprement dit, parce que nous ne pourrions pas démontrer, dans l’Écriture, un symbole externe de ce sacrement.Ensuite, s’il était permis d’expliquer ainsi, nous pourrions nier la matière de tous les sacrements.Je dirais plus, nous pourrions soutenir quel’eau ne fait pas partie de l’essence du baptême selon l’Écriture, ni, non plus l’extrême onction.De plus, dans les autres sacrements, l’Écriture n’a l’habitude de transmettre que les cérémonies essentielles, et celles-là,même pas au complet.Qui parviendrait à se persuaderque, dans ce sacrement, ce soit toujours le rite accidentel qui soit nommé, et jamais l’essentiel ?

De plus, saint Paul dit explicitement que « par l’imposition des mains est donnée la grâce » ) 1 Timothée 4, et 2 Timothée 1.Donc, l’imposition des mains est une partie essentielle du sacrement. Car, une promesse de grâce n’est pas faite pour les cérémonies accidentelles, mais pour les essentielles.

Ne vaut pas non plus ce qu’on nous oppose au sujet de la confirmation.Dans les Actes 8, on dit qu’elle est donnéepar l’imposition des mains, mais cependant cette imposition des mains n’est pas la matière essentielle du sacrement, puisque c’est le chrême qui l’est.Nous avons déjà réfuté cette objection dans la dispute sur la confirmation, où nous avons montréque, dans la confirmation, l’imposition des mains est de l’essence du sacrement, car c’est par elle que sont signés du chrême les fronts des fidèles.

En second lieu, je le prouve par la tradition des pontifes et des conciles.Saint Clément (livre 8, chapitre 2 des constitutions apostoliques),saint Damase (épitre 1),Innocent 1 (épitre 22 aux évêques de Macédoine),Léon 1 (épitre 87 aux évêques d’Afrique).Par des papes plus récents, Alexande 2 (canon ex multis, 1 quest 3)et Urbain 2 (canon Daibertus 1, quest 7,) et d’autres souvent.Les conciles.Celui de Nicée,(canon 9), celui d’Antioche (canons 10 et 17),celui de Carthage 4 (canons 2, 3, 4) et tous les autres canons antiques affirment que les ordres sont conférés par l’imposition des mains.Le concile de Trente lui-même (dont on doit parler à cause de ceux qui, après le concile, pensent autrement) dit, au sujet de l’extrême onction (session 14, chapitre 3) que « le ministre de l’extrême onction est l’évêque, ou le prêtre rituellement ordonné par l’imposition des mains. »

Et (à la session 22, canon 1, sur le sacrement de l’ordre), il dit ceci : « Si quelqu’un dit que, par l’ordination sacrée, n’est pas donné le Saint-Esprit, et donc que c’est en vain que l’évêque dit : reçois l’Esprit Saint, qu’il soit anathème. »Le concile déclare là que les presbytes sont ordonnés et que le Saint-Esprit est donné quand il est dit : recevez l’Esprit Saint.Et quand ces paroles sont prononcées, les mains sont imposées, comme il appert du pontifical et de la coutume de l’Église.Le concile estimait donc que cette imposition des mains était de l’essence du sacrement.

On peut aussi le prouver avec les pères.Car, les grecs appellent l’ordination koirotonian, c’est-à-dire imposition des mains.Et Siméon Métaphraste écrit dans la vie de saint Jean Chrysostome, que quand l’évêque d’Antioche lui imposa les mains, et quand il le créa prêtre,le Saint-Esprit descenditincontinentvisiblement sur lui, sousla forme d’une colombe.Saint Ambroise (dans son livre sur la dignité sacerdotale, chapitre 5) dit que  c’est par cette cérémonie qu’est accomplie l’ordination : «  Un homme, dit-il, impose les mains, et Dieu prodigue la grâce. »Saint Jérôme (au chapitre 18 d’Isaïe) : « L’ordination n’est pas accomplie seulement par l’imprécation vocale, mais aussi par l’imposition des mains. »Saint Augustin (livre sur sa conférence avec Émérite, et ailleurs) dit que « les prêtres sont ordonnés par l’imposition des mains. »Ce que tous les anciens enseignent souvent.Ce serait tout à fait ridicule de dire queles pontifes, les conciles et les pèresne parlent que d’une cérémonie accidentelle, puisque ils ne font jamais mention d’une autre cérémonie, alors qu’ils traitent souvent explicitement du rite de l’ordination.Qui croira que tant de pères et tant de conciles, qui ne parlaientjamais de rien d’autre plus souvent que de l’ordination des prêtres, n’ait jamais indiqué quoi que ce soit qui tienne à l’essence du sacrement ?

Troisièmement.On prouve la même chose avec les scolastiques, pour que notre sentence ne paraisse pas être une nouveauté.Il est certain que saint Thomas(dans 1 dist 15, quest 1, art 1)enseigneque « c’est dans l’imposition des mains qu’est donnée la grâce sacramentelle. » D’où il suit que cette imposition est une partie du sacrement.Saint Bonaventure(4 sent 10,24, art 1, quest 4, à 3) soutientque si les instruments manquaient, l’imposition des mains suffirait, parce que la main est l’organe des organes,dans laquelle sont tous les instrumentsvirtuellement contenus.Et, il ajoute que dans « la primitive église, tous les ordres étaient implicitementconférés par la seule imposition des mains ».Il répète la même chose art 1, question 1, à 3.Scot, Paludanus(dist 24) et Altisiodorensis (dans sa somme, par 41) disent ouvertement que « l’imposition des mains est de l’essence. »

Pour répondre à l’argument,il faut noter d’abordque, dans l’ordination des prêtres,dont nous disputons principalement,deux pouvoirs sont conférés.L’un de consacrer l’eucharistie,qu’on appelle pouvoir sur le vrai corps du Christ.L’autre, d’absoudre les péchés,qu’on appelle un pouvoir sur le corps mystique du Christ.Il faut ensuite noterqu’à cause de ces deux pouvoirs, il y a deux cérémonies principales dans l’ordination des prêtres.Une par laquelle l’évêqueprésente au futur prêtre la patène avec l’hostie,et le calice avec le vin en disant : « reçois le pouvoir d’offrir le sacrifice. »L’autre, quand, après la messe, l’évêque impose les mains et dit : « Reçois l’Esprit Saint.Les péchés seront remis à ceux à qui tu les remettras. »L’une et l’autre cérémonie sont non seulementprésentes dans le pontifical et dans l’usage de l’Église,mais elles se trouvent aussi dans l’antique ordo romain.

Il faut noter en troisième lieu, que l’une et l’autre cérémonies sont essentielles, comme Scot l’explique et l’enseigne doctement.Car, par l’une est conférée un pouvoir, et par une autre, une autre pouvoir.Et ce qu’enseignent certains n’est pas du tout probable, à savoir que par l’une le sacrement est donné au complet, et que par l’autre, on ne fait qu’expliquer ce qui a été donné par la première.Car, d’abord, les premiers mots« reçois le pouvoir », et « reçois le Saint Esprit », ne signifient pas une explication, mais un don.De plus, de l’avis de tous, le Christ a divisé ces deux pouvoirs, quand il a ordonné ses apôtres.Il en a livré un à la dernière cène, quand il dit : faites cela;et l’autre, après la résurrection,quand il dit : recevez le Saint-Esprit.Voilà pourquoi l’Église ne pouvait pas, mais plutôt devait, séparer ces deux pouvoirs, et les donner l’un après l’autre.Il faut noter quatrièmement,que les pères et les concilesn’avaient pas coutume d’expliquer tout le rite des sacrements,car ils n’écrivaient pas des rituels; mais ne faisaient que toucher une partie essentielle qui faisait comprendre toutes les autres.Car tous ces rites étaient archi connus par tous, par leur usage fréquent.

Éclairé par ces explications, je réponds à la première objection que le concile de Florence n’a pas expliqué tout le rite,mais seulement une partie.Comme aussi le concile de Carthage qui ne parle que de l’imposition des mains.Il n’explique pas tout le rite, mais seulement la partie qu’a omettra plus tardle concile de Florence.L’un et l’autre concile enseignent correctement, et ils ne se contredisent pas.Pourquoi le concile de Florence a-t-il préféré mettre en lumière la porrection des instruments plutôt quel’imposition des mains ?On peut en donner deux raisons.Une première. Parce qu’il avait l’intention d’assigner pour matière, une chose subsistante, comme il l’avait fait, dans le baptême, dans la confirmation, dans l’eucharistie et dans l’extrême onction.L’imposition des mains n’est pas une matière subsistance,comme un calice ou une patène etc.La deuxième.Peut-être parce que les Arméniens que le concile instruisait, erraient dans cette chose, et non dans l’autre.

Au deuxième argument,je répondsque ces textes d’Innocent et de saint Grégoire plaident en notre faveur.Car le fait que les pontifes ne veuillent pas répéter des cérémonies correctement célébrées, et se bornent àsuppléer à ce qui avait été omis, indique que ces cérémonies peuvent être séparées,et être données à des temps différents, et être efficaces quel que soit le temps où elles ont été célébrées.Saint Grégoire dit que l’imposition des mains est un rite qui vient des apôtres.Ce ne veut pas dire que les apôtres ont institué cette cérémonie, mais qu’ils ont été les premiers à les employer dans les ordinations.Au troisième, je réponds que les prêtres sont ordonnés quand on leur dit : reçois le pouvoir d’offrir le sacrifice;et qu’ils sont ordonnés aussi après quand on leur dit : recevez l’Esprit Saint.Car, par des cérémonies différentes, ils reçoivent des pouvoirs différents.

C’est ce qui nous permet de résoudre l’argument tiré des diacres.Car, les premiers diacres furent, par l’imposition des mains,ordonnéspour certains ministères.Mais, ils ne furent pas ordonnés pour lire l’évangile, parce qu’il n’y avait pas alorsd’évangile à lire.Aujourd’hui, ils sont, par différentes cérémonies, ordonnés pour différents ministères.Il est crédible que le Seigneur ait institué toutes ces matières des ordres, non en particulier, mais en général, avertissant ses apôtres de conférer les ordres par la cérémonie des instruments qui signifient leurs pouvoirs.

CHAPITRE 10

L’effet de ce sacrement 

Les catholiques conviennent que l’effet de ce sacrement est double.Le premier.Un pouvoir spirituel perpétuel, en signe de quoi est imprimé un caractère. Le deuxième.La grâce qui fait un reconnaissant,celle qui permet à ceux qui ont été rituellement ordonnés de remplir leur fonction.Les hérétiques de notre siècle nient surtout le caractère.Car, ils veulent que le ministère ecclésiastique ne soit qu’un simple office qui peut être donné et enlevé.Ils deviennent donc demain des laïcs ceux qui aujourd’hui sont des ministres ou des pasteursNous avons déjàdisserté là-dessus dans la dispute sur les sacrements en général. 

Devraient suffire pour l’instant deux témoignages des anciens.Saint Cyprien (dans son sermon sur le lavementdes pieds) écrit : « Que personne ne reçoive deux fois les ordres sacrés. »Saint Augustin (dans son épitre contre Parmenianus, chapitre 13 ) : « L’un et l’autre est un sacrement,qui est donné par une consécration.L’une quand on baptise, l’autre quand on ordonne.Voilà pourquoi, dans l’église catholique, il n’est pas permis de réitérer l’une et l’autre. »Et (dans son livre sur le bien conjugal, chapitre 24) : « Si l’ordination d’un clerc est faite pour le peuple qui doit se rassembler, le sacrement demeuredans ceux qui ont été ordonnés, même si le peuple ne se rassemble pas.  Et, si à cause d’une faute, quelqu’un est relevé de ses fonctions, il ne sera pas privé du sacrement du Seigneur qui lui a été conféré par l’imposition des mains, même s’il demeure clercpour sa condamnation. »Dans son sermon sur sa conférence avec Émérite, il emploie le mot caractère, pour expliquer qu’une ordination ne peut pas être réitérée.Voir aussi plusieurs décrets sur cette chose dans Gratien 1, question 7.

7 septCHAPITRE 11

Le ministre

Nous avons traité du ministre des sacrements lors de la dispute sur les sacrements en général.Cela va de soi,carles seuls prêtres et les seuls diacres que l’Église ait reconnus sont ceux qui ont été ordonnés par un évêque.Voir le concile d’Ancyre (canon 12), celui d’Antioche(canon 10),Épiphane (hérésie 75), Damase (épitre 1), saint Jérôme (épitre 85 à Évagre), saint Jean Chrysostome , Theodoret, et d’autres, dans leurs commentaires de la première épitre à Timothée, chapitres 3 et 4.

CHAPITRE 12

Les cérémonies

Il y a deux cérémonies que les adversaires réprouvent : l’onction, et la tonsure.Voilà pourquoiils appellent les prêtres catholiquesdes oints et des rasés.Mais nous avons parlé de la tonsure dans la dispute sur les clercs.Même si elle est une cérémonie propre aux prêtres, elle n’est pas faite pendant la consécration sacerdotale, cedont nous parlons actuellement.L’onction est vraiment une cérémonie sacramentelle, même si elle est accidentelle, car c’est dans l’ordination elle-même que sont ointes,par les évêques,la tête et les mains des prêtres.

Au sujet de la cérémonie, Kemnitius déclare ( 2 par examen, page 1171 et suivantes) déclare d’abord que le Christ et les apôtres ne les ont pas utilisées;que dans l’histoire de l’Église on en trouve aucun exemple; qu’Ambroise et les autres pères n’en ont pas parlé, si nous exceptons les livres attribués à saint Cyprien et à Anaclet.Il ajoute que dans l’église grecque, cette onction n’a pas été reçue avant le treizième siècle;que c’est un rite judaïque, qu’on ne peut pas plus conserver que les sacrifices des brebis et des bœufs.Ce dernier reproche, il le tient de Calvin (livre 4, chapitre 19, versets 30 et 31,)

Je réponds que toutes ces choses sont des mensonges.En ce qui a trait à l’exemple du Christ et des apôtres, Kemnitius ne prouve pas qu’ils ne se soient pas servis d’huile.Mais, nous, nous pouvons prouver le contraire.Car, Denis (hiérarchie ecclésiastique, chapitre 4) dit que le pontife utilise l’huile sacrée dans toute consécration pontificale.Et que ce rite ait été légué par les apôtres,on le constate par le faitque, parmi les consécrations pontificales, les principales et les plus fréquentessontles ordinationsdes prêtres.Ensuite, ce qu’il ajoute au sujet de l’histoire ecclésiastique est un autre mensonge. Car, dans l’histoire d’Eusèbe, chapitre 4, il est fait clairement mention d’une onction sacerdotale, selon la foi grecque.Et Simon Métaphraste(dans la vie de saint Jean Chrysostome, qui se trouve dans le tome 1 de Surius),écrit que saint Jeana été oint,quand il aété fait évêquede Constantinople.Et Pierre Chrysologue (dans son sermon sur Sévère),rapporte que Sévèrea étéoint,quand il a été ordonnéévêque de Ravenne.

Troisièmement, ce qu’il écrit au sujet des pères est également un mensonge.Car, Pacianus est un contemporain de saint Ambroise.Dans son épitre 3 à Sympronianus, il écrit : « D’où vient le Saint Esprit à un peuple, le vôtre,que ne consigne pas un prêtre oint ? »De même saint Grégoire (livre 4 sur les Rois, chapitre 5).Il dit beaucoup de choses sur cette onction des prêtres.Auxquels j’ajoute, que Kemnitius le veuille ou non, l’auteur des œuvres cardinales du Christ , dans le sermon sur le saint chrême.Car, même si cet auteur n’est pas saint Cyprien, tous s’accordent à dire qu’il est ancien et docte.Son quatrième mensonge.Il n’y a pas eu d’onction dans l’église grecque avant le treizième siècle.Enseignent le contraire les témoignages allégués de Denys l’aréopagite, d’Eusèbeet de Métaphraste.

On ne peut pas, non plus,nous objecter le texte du pape Innocent.Car, loin de dire que ce rite a déplu aux anciens,il nefait que blâmer les grecs de son temps,parce qu’ils avaient négligé cette cérémonie.Voici ses paroles : « L’Église ne judaïse pas comme mentent les anciens (certains ?) qui ne connurent ni les Écritures, ni la vertu de Dieu. » Il est certain que ce texte a été altéré, et qu’au lieu de lire anciens (antiqui) on doit lire certains (aliqui). Car il ne pourrait pas réprouver les anciens en général, puisqu’il prouve sa sentence par les anciens.Ensuite l’accusation de judaïsme portée par Kemnitius et Calvin à cause de cette onction, a été souvent réfutée par nous.Car se servir des choses dont ils se servaient ce n’est pas judaïser.Autrement, on judaïserait quand on sert de l’eau dans le baptême, et de pain dans l’eucharistie, parce que les Juifs eurent aussi des eaux d’expiationet des pains de proposition.