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Monseigneur Louis-Gaston de Ségur
Causeries sur le Protestantisme d'Aujourd'hui
version pdf google 22ème édition 1870 => 265 pages
PREMIERE PARTIE--DEUXIEME PARTIE--TROISIEME PARTIE
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TABLE DES MATIERES

PREMIERE PARTIE
Approbation de Mgr de Montréal p.1
Bref de Sa Sainteté Pie IX p.3
Chapitre 1. Pourquoi ce petit livre p.5
Chapitre 2. Protée p.9
Chapitre 3. Protestantisme et protestants p.11
Chapitre 4. Catholicisme et catholiques p.12
Chapitre 5. Catholiques et catholiques,Protestants et protestants p.13
Chapitre 6. Comment il se fait qu'il y a des protestants fort bons et fort  religieux p.15
7. Pourquoi l'on trouve plus de mauvais catholiques que de mauvais protestants p.17
8. De l'abîme qui sépare le protestantisme de l'Eglise p.19
9. Le catholicisme et le protestantisme peuvent-ils être vrais tous les deux ? p.21
Chapitre 10. Aller au plus sûr p.23
Chapitre 11. Si l'hérésie est un grand péché p.25
Chapitre 12. Si le salut d'un protestant est possible p.26
Chapitre 13. De la différence qu'il y a entre une conversion
et une apostasie p.29
Chapitre 14. Pourquoi l'on se fait protestant et pourquoi l'on se fait catholique p.32
Chapitre 15. Le protestantisme est-il vraiment une religion ? p.42
Chapitre 16. Y a-t-il un seul protestant qui puisse dire ce qu'il croit, et pourquoi il croit ce qu'il croit ? p.45
Chapitre 17. Le protestantisme et le christianisme primitif. p.47
Chapitre 18. Pourquoi l'Eglise catholique parle latin p.49
Chapitre 19. De la simplicité du culte protestant p.53
Chapitre 22.Comme quoi la propagande protestante n'est ni légitime ni logique p.55
Chapitre 23. La Religion commode p.59 p.70
Chapitre 24. La haine du monde contre la véritable Eglise [ titre original : La pierre de touche] p.63 p.74

APPROBATION.
Nous soussigné, Evêque de Montréal, recommandons à tous les Fidèles de notre diocèse l'Opuscule intitulé: Causeries sur le Protestantisme d’Aujourd’hui par Mgr de Ségur ; et nous les engageons instamment à faire une étude particulière de cet excellent écrit, parce qu'ils y trouveront certainement des principes incontestables, propres à les affermir dans la foi catholique, et à les rendre capables de réfuter les objections que pourraient leur faire les ennemis de notre Sainte Religion.
Montréal, le 3 Mars 1876.
 +Ig. Evêque de Montréal.

BREF DE SA SAINTETE PIE IX
A  Mgr. de Ségur
Bien-aimé fils salut et bénédiction apostolique.
« Tout en demeurant fixé chez vous, vous prêchez la religion et la saine doctrine sur un champ plus vaste peut-être que ne le font les Missionnaires qui vont ça et là annoncer « l’Evangile. Les innombrables exemplaires de vos petits traités et opuscules de piété pénètrent en effet dans les maisons, et se répandent si bien parmi le peuple qu'on les trouve dans toutes les mains. »
« Pleins d'esprit et de grâce, ils affermissent la foi ; et ils excitent à la pratique des vertus, ils réfutent les erreurs courantes ; et comme ils sont le fruit d'une longue expérience, en même temps que d une profonde connaissance du cœur et du caractère des jeunes gens, ils sont d'un très-grand secours pour tous, et parfaitement appropriés aux diverses situations, à l’esprit, à la condition de chacun. »
Donné à Rome près St. Pierre, le
15 Novembre 1875.
30me année de notre Pontificat
PIE IX, Pape.

PREMIERE PARTIE


Chapitre 1 Pourquoi ce petit livre

Ces Causeries sur le protestantisme s'adressent aux catholiques bien plus qu'aux protestants ; ce n'est pas une attaque, ce n'est pas même une controverse, c'est une œuvre de préservation et de défense.

On s'est demandé : A quoi bon parler encore du protestantisme à l'époque où nous sommes ? Ne s'est-il pas tellement fusionné avec le rationalisme et l'incrédulité, qu'il n'existe plus comme secte religieuse ? et d'ailleurs, les Français n'ont-ils pas trop de bon sens et trop de logique pour lui laisser prendre racine chez eux?

Il est certain que le protestantisme est profondément antipathique è notre pays, et il n'est pas moins incontestable que du protestantisme religieux il ne reste que des ruines. Mais il est des ruines dont il faut se méfier, parce qu'elles peuvent servir de réceptacle et d'abri aux malfaiteurs, qui n'osent se montrer à découvert sur les grands chemins. Telle est l’enceinte délabrée du protestantisme dans laquelle affluent de plus en plus tous les ennemis de l’Église, les révolutionnaires et les incrédules, et qui couvre de son ombre facile leurs projets impies. On y fait bon accueil à toutes les révoltes contre l'Eglise et contre la société ; ces ruines deviennent une forteresse, et le protestantisme mourant devient, s'il ne l'est déjà, une immense force de destruction.

Ravivé et réchauffé parles impies qu'il reçoit dans son sein, on le voit se débarrasser pièce à pièce de son armure théologique du seizième siècle, et montrer à nu son principe essentiellement révolutionnaire. Gardant, pour le besoin de la cause, un certain langage biblique et des formes religieuses, il se dresse devant nous dans une attitude agressive. Il ne rêve rien moins que la destruction absolue de l'Eglise et de Jésus-Christ, et pour cela il multiplie, au milieu de nos populations catholiques, ses temples, ses oratoires, ses établissements de tout genre. Ses agents inondent de brochures nos villes et nos campagnes. Cherchant à corrompre les intelligences plus élevées par le moyen de jour aux et de publications philosophiques ou littéraires, il cherche en même temps à se lire un avenir dans les classes ouvrières en accaparant les enfants et en leur ouvrant des écoles, des asiles, des orphelinats, où l’on apprend à ces pauvres petits, non point à devenir chrétiens, mais à blasphémer l'Eglise. Une foule d'associations se fondent pour faire la guerre à la religion catholique, et ces sociétés bibliques, évangéliques, et autres, relatent publiquement, dans leurs comptes rendus annuels, les efforts et les progrès de leur propagande, en même temps qu'elles étalent triomphalement les millions que l'esprit de parti sait réunir en France, et surtout à l'étranger, pour alimenter leur zèle, et payer, leurs succès. Ce n'est donc point une chose oiseuse de s'occuper du protestantisme. Si des esprits timides objectaient qu'il n'est point bon de réveiller des discussions fâcheuses, je leur dirais que c'est pour nous non-seulement un; droit, mais un devoir de défendre la religion; attaquée et de sauvegarder ce qui nous est, plus cher que la vie, la foi que nous avons reçue de Dieu
et de nos pères. Ce petit livre n'a pas d'autre objet que de coopérer à cette grande œuvre, dans son humble mesure. J'ai, pensé être utile à plusieurs âmes, en leur montrant, dans une suite de causeries familières, ce qu'est le protestantisme, en leur dévoilant les faussetés et le vide de son système, les hontes de son origine, sa nullité comme culte religieux, son affinité avec tout ce qui est révolution et anarchie, et enfin l'abîme où il conduirait infailliblement notre France, trop logique pour s'arrêter sur la pente de l’erreur.

On ne trouvera dans ces pages ni controverses savantes, ni discussions métaphysiques. Parlant surtout à des catholiques qui connaissent leur religion, je n'ai point insisté sur certains points de doctrine qui leur sont connus et que j’aurais expliqués plus au long si je m'adressais à des protestants.

Pour étudier à sa source la question de la Réforme j'ai dû parcourir un grand nombre de publications et d'ouvrages luthériens, calvinistes, méthodistes, etc.; j'y ai trouvé des aveux écrasants de la part de pasteurs et d'écrivains protestants entre lesquels j'ai cité de préférence les plus universellement estimés par leurs coreligionnaires.

Comme ce livre pourra soulever des récriminations de la part des hérétiques, je ne puis trop insister sur ce point, que je ne fais ici que défendre la foi contre des attaques dont la violence dépasse toute mesure, contre des hommes qui se disent hautement appelés à détruire notre sainte religion, et dont l'un des chefs les plus autorisés, M. Agénor de Gasparin, osait dire naguère, en parlant de l'Eglise catholique : «  Il n'est pas permis devant Dieu de ne la haïr que médiocrement (cf. Les Ecoles du doute et l'école de la foi, p, 26.) ! »
 


Chapitre 2 Protée
 

Protée était un personnage de la Fable qui prenait toutes les formes et se dérobait ainsi toutes les recherches, à toutes les attaques.

Protée est le vrai type da ce qu'on appelle le protestantisme. On ne sait comment faire pour le définir, et on sait encore moins par où le prendre. Il est différent à Paris et à Londres, à Genève et à Berlin, à Berne et à New-York. Bien plus, il diffère de lui-même dans chaque quartier de la même ville, dans chaque temple, dans la tête de chaque pasteur, j'oserai dire dans la tête de chaque protestant. Ce qu'il enseigne, ce qu'il dit, ce qu'il croit ici, est diamétralement opposé à ce qu'il dit, à ce qu'il croit, à ce qu'il enseigne ailleurs ; et cependant, c'est toujours le protestantisme.

Qu'est-ce donc que le protestantisme ?

Est-ce une religion ? — Non, ce sont des sectes.

Est-ce une Eglise ou même une agglomération d'Eglises ? — Non, ce sont des individus.
 

Est-ce une institution ? — Non, c'est une révolte.

Est-ce un enseignement ? — Non, c'est une négation (Voici une leçon de catéchisme qui pourrait être considérée comme le résumé de la doctrine protestante. D. Qui vous a créés, pauvres protestants, et qui vous a mis au monde?)
 
 

Le protestantisme proteste ; et son œuvre se borne là. Son nom même est purement négatif, et c'est ce qui explique comment depuis trois cents ans, ce nom n'a pas varié, bien qu'il couvre des variations sans nombre. Le protestantisme n'étant qu'une renonciation à l'antique foi chrétienne, moins il croira, plus il protestera et plus il sera lui-même. Son nom devient tous les jours plus vrai, et lui même doit subsister jusqu'au moment où il périra, comme l'ulcère périt avec le dernier atome de chair vivante qu’il a dévoré.

Toutefois, il est dit dans la Fable qu'on est venu à bout de saisir Protée ; essayons d'en faire autant, et de surprendre le protestantisme sous les mille formes qu'il revêt ; essayons de le démasquer et de prémunir ainsi les chrétiens auxquels il tend ses pièges.

(R. Luther nous a créés et mis au monde.
D. Pourquoi Luther vous a-t-ii (créés et mis au monde?
R. Pour protester à son exemple, contre Dieu et son Eglise, pécher fortement à son exemple, et, par ce moyen, arriver à la vie éternelle.
D. Qu'est-ce qu'un protestant?
R. Un protestant est celui qui, étant baptisé ou n'étant pas baptisé, ce qui est la même chose, croit tout ce qu’il veut et fait ce qu'il veut.
D. Quelle est la marque d'un protestant ?
R. C'est l'horreur de la croix, la haine de- la Sainte Vierge, du Pape et des Saints, et l'oubli des pauvres morts du purgatoire.
D. Quand faut-il que les protestants manifestent cette horreur, cette haine et cet oubli ?
R. Le matin, en se levant, le soir en se couchant, au commencement et à la fin de leurs principales actions)
D. Cela suffit pour être protestant ?
R. Oui, il suffit de faire cela pour être protestant et parfait protestant.
D. Cette première leçon de catéchisme peut-elle, pour un protestant, remplacer toutes les autres ?
R. Oui, toutes les autres sont mutiles, celle-ci con- tient toute la vraie doctrine protestante. )


Chapitre 3 Protestantisme et Protestants.

Protestantisme et protestants, est ce la même chose ?— En aucune sorte.

Les protestants sont des hommes que Dieu aime comme il aime tous les hommes : et le protestantisme est une révolte contre la vérité, révolte que Dieu déteste et maudit sur la terre, comme il déteste et maudit dans le ciel la révolte de ses anges rebelles. Il faut aimer les protestants et détester le protestantisme, comme il faut aimer le pécheur et détester le péché.

Le protestantisme est mauvais de sa nature ; le protestant est souvent un fort brave homme, toujours infiniment meilleur que son- protestantisme. Le plus souvent, il n’est protestant que de nom, et ce qui lui manque, en fait de religion, doit être bien plutôt imputé à son éducation et au milieu protestant dans lequel il vit, qu'à un sentiment personnel et coupable.

Dans ces causeries, ce n’est point le protestant  mais le protestantisme que j’attaque et que je dénonce comme un grand ennemi des âmes.  Avant tout je plains les pauvres protestants, dont beaucoup, je le sais sont dans la plus parfaite bonne foi.
Dieu leur fera miséricorde, si, dans cette grande ruine qu'on appelle le protestantisme, ils aiment, ils cherchent de leur mieux les vestiges de la vérité.

Le protestantisme est une doctrine trompeuse ; guerre à l’erreur ! Le protestant est un homme pour lequel Notre Seigneur a souffert et est mort comme pour tous les hommes ; c'est un frère que nous devons tous aimer.


Chapitre 4 Catholicisme et Catholiques.

Si protestantisme et protestants ne sont pas une seule et même chose, il en est de même de catholicisme et catholiques.

Le protestantisme est toujours plus mauvais que les protestants. Cela est absolument vrai et très-facile à concevoir. Le pécheur vaut toujours mieux que son péché, l'homme qui se trompe vaut toujours mieux que son erreur ; le péché et l’erreur sont, en effet, absolument et totalement mauvais, tandis que l’homme qui 'pèche et qui se trompe conserve toujours quelque chose de bon, quelques débris de vérité et de pureté de cœur.

Le catholicisme, au contraire, est toujours meilleur que les catholiques ; le catholique, quelque saint, quelque parfait qu'on le suppose, conserve toujours les imperfections de faiblesse humaine et les traces du péché originel. L'Eglise catholique, qui le guide dans la voie de Dieu, lui présente la vérité, pure de tout mélange et absolument bonne ; elle lui propose la sainteté parfaite et se trouve toujours, par conséquent, supérieure son disciple.

Bien souvent, dans les reproches que les ministres protestants font à l’Église, ils confondent les catholiques avec le catholicisme ; ils confondent le disciple, toujours imparfait, avec la doctrine parfaite en soi. De là, des récriminations injustes, de là souvent, une irritation fâcheuse ; de là enfin de chimériques, mais puissants obstacles, qui empêchent le retour à la vérité.


Chapitre 5 Catholiques et catholiques. — Protestants et protestants

  « II y a fagots et fagots, » dit le bûcheron de la Comédie. Disons ici de même, et distinguons encore.

Il y a catholiques et catholiques : vrais catholiques et catholiques de contrebande; catholiques sérieux, qui connaissent leur religion, la pratiquent de tout leur cœur, s'appliquent à la prière, à la pénitence, aux œuvres de charité, à l’union intime avec Notre-Seigneur ; et catholiques, au contraire, qui ne le sont que de nom, qui vivent dans l'indifférence religieuse, qui ne prient point, qui ne fréquentent pas les sacrements et négligent le service de Dieu. Il faut bien se garder de confondre les uns avec les autres, et surtout se garder de prendre le mauvais catholique comme type des catholiques en général.

Il y a de même protestants et protestants : protestants ardents, âpres à la guerre contre l’Église, animés de l’esprit de secte et de propagande ; et protestants, au contraire, qui restent protestants parce qu'ils sont nés tels, qui se soucient fort peu de ce que prêchent leurs ministres, et ne savent même pas à laquelle des mille sectes protestantes ils appartiennent. Ne confondons pas ces deux classes de protestants. Les premiers sont des sectaires, des ennemis actifs, dont le zèle aveugle revêt tous les déguisements pour atteindre son but désastreux, et qu'il faut démasquer et combattre ; les autres sont tout simplement des dormeurs, qui ne sont ni amis ni ennemis de la vérité, et qu'il s'agit seulement de réveiller et d'éclairer.

A la première classe appartiennent presque tous ceux pour qui le protestantisme est un état quand il n'est pas un métier, auxquels il faut joindre un petit nombre de protestants, et surtout de protestantes exaltées, qui paient largement leurs agents et font de leurs succès une affaire de parti.

A la seconde classe appartient, sauf de rares exceptions, une foule d'industriels, de commerçants, de bourgeois indifférents, qui sont protestants parce que leurs parents l'ont été. Ils n'ont d'autre religion que celle de l'honnête homme, et se rapprochent en cela des mauvais catholiques.

Cette double distinction était fort importante à établir au début de ces causeries.
 


Chapitre 6 Comment il se fait qu'il y a dos protestants fort bons et fort religieux.

De même que nous avons dans le catholicisme des frères dont il faut rougir, et qui, appartenant au corps de l'Eglise, sont étrangers à son esprit, de même nous avons, hors du catholicisme, des frères séparés, des protestants qui, tout en étant détachés extérieurement du corps de l'Eglise, mènent une vie chrétienne et pratiquent d'une manière vraiment édifiante les préceptes de l’Evangile. Appartenant à l'esprit do l'Eglise, tout ce que ces belles âmes ont de foi et de vertu n'est ni plus ni moins que du catholicisme ; ce sont des catholiques qui s'ignorent, et l’Église les reconnaît hautement pour ses enfants. Ils sont bons chrétiens, non point parce qu’ils sont protestants, mais quoiqu'ils soient protestants.

Le protestantisme, n'étant qu'une négation, n'a pu rien leur donner ; son action s'est bornée à les priver d'une partie des secours religieux qu'ils auraient reçus s'ils étaient nés catholiques. Combien ces protestants droits et vertueux seraient meilleurs encore, s'ils avaient une certitude absolue quant à la foi, un culte complet et vivant, les consolations si sanctifiantes des sacrements de Pénitence et d'Eucharistie, l'amour de 1a sainte Vierge et tant d'autres trésors que l'Eglise catholique présente aux fidèles? Avec l'aide de ces puissants secours, ils deviendraient des saints ; privés de ces secours, ils ne peuvent atteindre bien haut, et leur piété, toute réelle qu'elle puisse être, ne dépasse jamais un niveau vulgaire.

Quel abîme entre nos Saints, qui ne sont autre chose que de bons catholiques, entre un saint Vincent de Paul, par exemple, un saint François de Sales, un saint François-Xavier, une sainte Thérèse, et ces hommes honnêtes et honorables dont on essaye parfois d'apporter la vie comme preuve de la vérité du protestantisme !

'' Les catholiques ont des saints, dit le pasteur protestant Lavater (Lavater, Lettre au comte de Stolberg), je ne puis le nier, et nous n'en avons point, du moins qui ressemblent à ceux des catholiques."
 


Chapitre 7
Pourquoi l'on trouve plus de mauvais catholiques que de mauvais protestants.

D'abord, parce qu’il y a beaucoup plus de catholiques que de protestants. Dans une grande ville comme Paris, il doit y avoir évidemment plus de mauvais sujets qu'à Carpentras ou à Quimper-Corentin.

Puis, la religion catholique est une religion pour tout de bon, qui nous impose, de la part de Dieu, une croyance précise et obligatoire, une foule de devoirs élevés, un culte déterminé, et des moyens précis et nécessaires de sanctification.

Quoique tout cela soit divin, ce n'en est pas moins gênant, et les passions n'y trouvent pas leur compte. Le catéchisme catholique prévoit tout et ne laisse rien au caprice. Il ne se contente pas d'une religiosité vague et vaporeuse ; il met les points sur les i, et dit nettement ce qu'il faut faire, ce qu'il faut éviter, sous peine d'être mauvais catholique. Il ordonne un ensemble d'observances extérieures destinées à réprimer nos penchants corrompus, et qui, pour cette raison, sont souvent fort déplaisantes, telles que l'abstinence, le jeûne, la confession, etc.; il faut une grande énergie et une volonté persévérante pour demeurer dans cette voie étroite.

Il n'en est pas de même dans la voie large, ou plutôt dans le désert sans bornes où les sectes protestantes voudraient nous faire entrer. De nos jours plus que jamais, le bagage religieux du protestant n’est pas lourd à porter-. Rien n’est plus facile que d'être bon protestant. Ce n'est pas moi qui le dis, mais un des pasteurs les plus connus et les plus remuants de Paris. Voici le portrait qu'il trace d'un écrivain (M. de Sismondi, historien protestant. — Voir le journal le Lien.) dont il fait le panégyrique et qu'il nous présente comme un excellent protestant : « Dogmatiquement, il croyait peu de chose... Quant au vrai, il ne savait guère le chercher dans le dogme, ni même dans l’Evangile. Il croyait que les vérités sont en germe dans les livres saints ; mais il les croyait mêlées à toutes les erreurs, et s'imaginait qu'à l'aide de ces livres on peut tout soutenir et !out prouver également... Il croyait peu à la prière... « Il DETESTAIT VIVEMENT LE CATHOLICISME. » Voilà le chrétien suffisant, voilà le bon protestant, de l'avis du pasteur Coquerel.

Vous le voyez, cher lecteur, il n'est pas difficile d'être bon protestant : croyez tout ce que vous voudrez en matière de religion ; ne croyez même rien du tout, si cela vous va mieux ; soyez honnête homme selon le monde ; lisez ou ne lisez pas la Bible ; allez ou n'allez pas au temple ; n'oubliez pas de souscrire à deux ou trois sociétés bibliques et surtout détestez l'Eglise catholique : vous serez un bon protestant ("Pour eux, disait J.J. Rousseau en parlant des protestants de Neufchâtel, un chrétien est un homme qui va au prêche tous les dimanches ; quoi qu'il fasse dans l'intervalle, il importe peu." (Lettre au maréchal de Luxembourg.)).
 
 
 
 

Un protestant illustre (Le comte de Stolberg.), converti à la religion catholique répétait souvent cette observation qui, dans sa bouche, a plus de poids e dans toute autre : '' J'ai toujours vu que plus mauvais catholique on faisait facilement un excellent protestant, voire même un pasteur, et je m'aperçois chaque jour qu'un bon protestant que j'étais, a bien de la peine à devenir un catholique médiocre."

Quand on ne suit pas de près les ministres protestants et quand on ne lit pas leurs écrits, on  a peine à croire au néant religieux qu'on découvre sous le manteau commode du protestantisme. L'impie Eugène Sue avait bien raison de dire, en voyant ces facilités, « que protestantiser l'Europe était le plus sûr moyen de la déchristianiser ».


Chapitre 8
De l'abîme qui sépare le Protestantisme de l’Église.

Lorsque les agents de la propagande protestante ont affaire avec quelque âme naïve et ignorante, il leur arrive quelquefois de commencer leurs tentatives par cet exorde insinuant «  Protestant ou catholique, c'est à peu près la même chose." Et bien dos catholiques répètent ce blasphème, sans se douter que c'est là une grave insulte contre la sainte Eglise, leur mère.

Le protestantisme avec ses mille sectes, à peu près la même chose que la religion catholique ! Mais y pense-t-on ? Mieux vaudrait dire que la fausse monnaie est à peu près de même valeur que la bonne.

Là où l'Eglise affirme, les protestants nient ; là où l'Eglise enseigne, les protestants se révoltent. Dans l'Eglise catholique
règne l'unité la plus complète, la plus fondamentale, d'enseignement et de croyance, de culte et de religion. — Chez les protestants, chacun croit comme il veut et vit comme il croit ; c'est l'anarchie religieuse, c'est l'opposé de l'unité. Ils ne sont unis que sur un seul point : la haine du catholicisme.

Le catholique a pour règle de sa foi l'enseignement net, infaillible de l'Eglise. — Le protestant rejette l'Eglise, méprise son autorité et ne connaît que la Bible, qu'il interprète comme il peut et comme il veut.

Le catholique vénère dans le Pape le Vicaire de Jésus-Christ, le chef des fidèles, le pasteur suprême, le docteur infaillible de la loi. — Le protestant ne voit en lui que l'Antéchrist, le vicaire de Satan et l'ennemi principal de l'Evangile. »

Le catholique adore dans l'Eucharistie Jésus-Christ qui y est réellement présent. — Le protestant n'y voit qu'un symbole vide, un fragment de pain.

Le catholique vénère, invoque, aime la Sainte Vierge Marie, mère de Dieu. Le protestant a pour elle un éloignement invincible, qui va souvent jusqu'au mépris, jusqu'à la haine.

Le catholique puise la vie chrétienne dans les sept sacrements de l'Eglise, et l'entretient principalement par la réception des sacrements de Pénitence et d'Eucharistie. Les protestants ne reconnaissent pas ces sacrements ; c'est à peine si quelques sectes conservent encore la vraie notion du Baptême.

Et ainsi de tous les dogmes : oui, de tous, même des plus essentiels, des plus intimes de la religion, des dogmes sans lesquels on cesse d'être chrétien. Plus nous allons, plus le protestantisme proteste contre la foi qu'il a abandonnée. A Genève, à Strasbourg, à Paris, dans toutes les Facultés de théologie protestantes françaises, allemandes, américaines, etc., on entend des pasteurs nier la divinité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, nier le mystère de la Sainte Trinité, le péché originel, et détruire ainsi le christianisme par sa base.

Voilà comment les sectes protestantes s'accordent à peu près avec la sainte Eglise catholique. Elles en sont séparées plus ou moins, selon qu'elles sont plus ou moins logiques, et qu'elles appliquent mieux le principe protestant du libre examen ; celles qui paraissent le plus rapprochées de l'Eglise en .sont néanmoins séparées par un abîme.

Le protestantisme est à, la religion ce que NON est à OUI. Sauf cette discordance, c'est absolument là même chose.


Chapitre 9
Le Catholicisme et le Protestantisme peuvent-ils être vrais tous les deux.

Evidemment non.

Là religion étant la connaissance et le service du seul vrai-Dieu, elle est nécessairement une comme Dieu lui-même. Il n'y a qu'un Dieu, qu'une vérité, qu'un Christ, qu'une foi, qu'une religion véritable.

Ceux qui disent qu'on trouve la vraie religion du Christ dans le protestantisme comme dans le catholicisme, et vice versa sont, ou bien des incrédules qui se soucient fort peu de la vérité^ ou bien des ignorants, des. étourdis qui parlent sans réfléchir.

Si deux religions absolument opposées, telles que la religion catholique d'un côté et les sectes protestantes de l'autre, pouvaient être également véritables, il faudrait dire que le OUI et le NON sont également vrais, et que deux hommes qui se contredisent sur un même point peuvent avoir également raison tous deux.

Je viens de montrer surabondamment l’opposition fondamentale de l'Eglise catholique et des diverses fractions du protestantisme. Prenons un exemple entre mille. L'Eglise enseigne que dans le sacrement de l’Eucharistie Notre Seigneur Jésus-Christ est réellement et substantiellement présent ; or, presque toutes les sectes protestantes nient cette vérité, et taxent d'idolâtrie la croyance de l'Eglise. Il faut bien que l’une de ces deux affirmations soit fausse. Or, une religion qui se trompe, ne serait-ce que sur un seul point, ne peut être la vraie religion. Donc il est matériellement impossible que le catholicisme et le protestantisme soient vrais tous les deux.


Chapitre 10
Aller au plus sûr.

La mère de Melanchthon, un des plus fameux disciples de Luther, avait été entraînée par son fils, et l'avait suivi dans la prétendue réforme luthérienne. Sur le point de mourir, il fit appeler le réformateur, et, dans ce moment suprême, elle l'interrogea solennellement : «  Mon fils, lui dit-elle, c'est par votre conseil que j'ai abandonné l'Eglise catholique pour embrasser la religion nouvelle. Je vais paraître devant Dieu, et, je vous adjure par le Dieu vivant, de me dire, sans me rien cacher, dans quelle foi je dois mourir ». Melanchthon baissa la tête et garda un moment le silence; l'amour du fils luttait en son cœur contre l'orgueil du sectaire. «  Ma mère, répondit-il enfin, la doctrine protestante est plus facile, la doctrine catholique est plus sûre  (Voir Audin, Vie de Luther, t. III, p. 288.). »

Si la religion catholique est plus sûre, il faut donc la prendre, et surtout il ne la faut point quitter pour aller au moins sûr.

C'est ce raisonnement de simple bon sens qui engagea le roi Henri IV (Les historiens protestants se plaisent à accuser ce grand roi au caractère si noble, si généreux, si chevaleresque, d'avoir vendu lâchement son âme au profit de son ambition. On souffre de voir des Français insulter par esprit de parti, une mémoire aussi chère à la France.) à se faire catholique. Une conférence sur la religion avait lieu à Saint-Denis, en présence du roi et de toute sa cour. Les controversistes étaient, d'une part, plusieurs théologiens catholiques, et, d'autre part, les ministres Duverdier, Morlas, Salette et quelques autres.

« Le roi, dit l'historien Péréfixe (PÉRÉFIXE, Histoire d' Henri IV, p. 200.) voyant qu'un des ministres n'osait pas nier qu'on pût se sauver dans la religion catholique, Sa Majesté prit la parole et dit : «  Quoi ! Vous tombez d'accord qu'on puisse se sauver dans l'Eglise romaine? " Le ministre répondit «  qu'il n'en doutait pas, pourvu qu'on vécût bien. » « Et vous, messieurs, dit le roi aux docteurs catholiques, pensez-vous que je puisse faire mon salut en restant protestant ? » — «  Nous pensons, Sire, et nous vous déclarons qu'ayant connu l'Eglise véritable, vous êtes obligé d'y entrer, et qu'il n’y a pas de salut pour votre âme dans le protestantisme ». Sur quoi le roi repartit fort judicieusement, en se tournant vers les ministres : «  La prudence veut donc que je sois de la religion des catholiques, et non point de la vôtre, parce qu'étant de la leur, je me sauve selon eux et selon vous, et étant de la vôtre, je me sauve bien selon vous, mais non pas selon eux ; or, la prudence demande que je suive le plus assuré." Et il abjura son erreur.
 


Chapitre 11
Si l'hérésie est un grand péché.

L'hérésie est an des plus grands crimes dont un enfant de Dieu puisse se rendre coupable. C'est l'apostasie de l'Eglise.

La foi est le fondement de tout l'édifice religieux. Elle est la condition première de la vie chrétienne. Aussi Notre-Seigneur résume t-il toute la religion dans la foi, en répétant chaque page de son Evangile que pour être sauvé, il faut croire en lui, croire à sa parole, croire à la parole de son Eglise. « Celui qui croira sera sauvé, et celui qui ne croira pas, sera condamné » ("Qui crediderit salvus erit; qui vero non crediderit condemnabitur." (S. Marc, ch. 16.)).

L'hérésie est le péché contre la foi; c'est la révolte volontaire et obstinée contre l'enseignement divin de l’Église do Jésus-Christ. L’hérésie bouleverse l'ordre établi de Dieu, et sépare l'homme de là grande famille catholique qui est, sur la terre et dans le ciel, la famille de Dieu.

A cause de cela, l'hérésie est de sa nature un péché beaucoup plus grave, un mal beaucoup plus profond et pernicieux que la débauche et tous les désordres des sens. Ces péchés, certes, sont bien mauvais, et séparent beaucoup de Jésus-Christ, mais ils n'apportent pas dans l'âme un désordre aussi fondamental et aussi dangereux que l'hérésie.

Qu'on juge par là de la responsabilité religieuse et de l'énorme culpabilité de ces prétendus pasteurs évangéliques qui sèment l'hérésie autour d'eux I Ils font plus de mal à la société que les apôtres même du libertinage.
 


Chapitre 12
Si le salut d'un protestant est possible.

Oui, certes; mais distinguons avec soin: "Autre chose est d’être dans l’erreur, autre chose dans l’hérésie, » disait saint Augustin enseignant son peuple sur le salut des hérétiques. On peut, en effet, se tromper sans être coupable.
L’erreur involontaire est un malheur et non pas un péché ; on peut donc se sauver même dans l’erreur; mais l’hérésie étant la révolte contre Dieu et son Eglise, elle est un péché, elle est un crime ; et pour cette raison on ne peut se sauver dans l'hérésie.

Cela revient à dire que la bonne foi invincible seule excuse un protestant du péché l’hérésie, et lui donne dans son malheur la possibilité du salut. Hors de cette bonne foi, l’hérétique est perdu, parce qu'il se sépare de la vérité qui est Jésus, et de la société de la vérité qui est l'Eglise catholique, apostolique, romaine.

Quels sont les protestants de bonne foi ? Cette bonne foi invincible est-elle possible dans un pays catholique comme le nôtre, au-milieu de catholiques et avec tant de facilités pour arriver à l'Eglise ? C'est le mystère connu de Dieu seul, et dont Dieu seul sera juge. A en croire l'apparence, on peut dire que cette bonne foi se rencontre assez souvent chez les protestants, et surtout chez les protestants de classe ouvrière, déshérités des moyens d’instruction qui rend les classes lettrées inexcusables, ce semble. J'avoue que, tout en admettant la possibilité absolue de ce miracle, je n'ai aucune dévotion à la bonne foi de ces ministres, et que je tremble pour leur salut éternel.

J'ajouterai au sujet des protestants de bonne foi, des protestants qui peuvent se sauver, une observation qui doit nous attrister sur leur sort. Le salut, possible pour eux, leur est cependant beaucoup plus difficile qu'à nous autres catholiques, vrais disciples de Jésus-Christ.

Il y a bien des raisons pour cela. D'abord la foi d'un protestant est toujours plus ou moins incertaine. Or, la foi est le point de départ et le principe vivifiant des vertus chrétiennes par lesquelles on sauve son âme. Le catholique a une foi nette, précise et indépendante de tous, les caprices de son esprit.

Ensuite, comme nous l’avons déjà vu, le protestant ne participe pas aux secours que l’Église présente à ses enfants pour les aider à vivre de manière à gagner le ciel. Entre ces secours, j'en signalerai deux plus importants: la confession et la communion. Quand un homme a eu le malheur de commettre un péché mortel, il ne peut se réconcilier avec Dieu qu'en allant se confesser et en recevant l'absolution du prêtre. Si, par hasard, il ne peut pas absolument se confesser, il faut qu'il joigne au désir sincère du sacrement un repentir très-profond et un amour très pur et très élevé que l'on appelle la contrition parfaite. Cette contrition étant parfaite est, par là même, assez rare et assez difficile. Elle est toujours désirable, mais elle n'est pas indispensable dans le sacrement de Pénitence, où un repentir ordinaire suffit, parce que, dans ce sacrement tout de miséricorde, Notre-Seigneur daigne suppléer à ce qui manque chez les pauvres pénitents.

Le protestant qui a commis un péché n'a pas le secours de la confession. Il lui faut donc avoir la contrition parfaite, le parfait repentir et le très pur amour de Dieu ; sans quoi il ne peut obtenir la rémission de son péché, ni le salut éternel. Il ne peut joindre à cette contrition le désir de se confesser, puisque je le suppose de bonne foi, et dès lors ignorant la nécessité de ce sacrement. Donc il lui est beaucoup plus difficile qu'à nous autres de rentrer en grâce avec Dieu. S'il y parvient néanmoins par une grâce toute spéciale, il n’a pas, comme nous, la sainte communion que Notre-Seigneur a instituée précisément pour alimenter nos forces spirituelles, pour nous garder du péché, si nous sommes encore innocents pour nous empêcher d'y retomber, si, après avoir failli, nous nous sommes relevés et purifiés. Nous avons, dans la sainte Eucharistie, dans la communion, comme nos provisions de route durant le voyage de la vie. Le pauvre protestant en est privé et court grand risque de défaillir en chemin. Donc lui est difficile de se sanctifier et de se sauver ; donc, nous devons tâcher de le convertir et de le mettre aussi dans des conditions infiniment meilleures pour son salut, qui est l'unique but de la vie de tout homme en ce monde.


Chapitre 13
De la différence qu'il y a entre une conversion et une apostasie.

La conversion est un devoir ; l'apostasie est un crime.

Quand un protestant rentre dans le sein de l'Eglise, il se convertit. Quand un catholique abandonne l'Eglise pour une secte protestante, il apostasie. Pourquoi cette différence ?

La foi catholique invariablement enseigné par l ‘Eglise depuis dix-huit siècles, se compose d’un certain nombre de dogmes positifs, tels que l’unité de Dieu, la Trinité, l’Incarnation, la présence réelle, la Papauté etc. Pour avoir un chiffre rond, supposons un instant que ces dogmes soient au nombre de cinquante. En admettant cette supposition, tous les chrétiens croyaient donc cinquante dogmes jusqu’au commencement du dixième siècle, époque à laquelle il n’y avait jamais eu qu’une foi dans la chrétienté. l’Église grecque ayant nié au dixième siècle, que le Saint-Esprit procède du Fils aussi bien que du Père, et la suprématie du Pape, au lieu de cinquante elle n’eut plus que quarante-huit dogmes; par où l’on voit que, nous autres catholiques nous croyons toujours tout ce que croit l’Église grecque, tandis qu’elle au contraire, nie deux vérités que nous croyons.

Les sectes protestantes du seizième siècle poussèrent les choses beaucoup plus loin, et nièrent plusieurs antres dogmes. Sur cinquante, les unes eu abandonnèrent vingt, les autres trente ; d'autres en conservèrent à peine, quelques-uns ; mais, peu ou beaucoup, ceux qu'elles ont retenus, nous les possédons comme elles. La religion catholique croit tout ce que croient les sectes protestantes ; ce point est incontestable.
Ces sectes, quelles qu’elles soient, ne sont donc point des religions, puisque elles ne se forment qu’en niant tel ou tel dogme ; ce sont des négations, c’est à dire rien par elles-mêmes, car dès qu’elles affirment, elles sont catholiques. Il suit de là une conséquence de la plus grande évidence: C’est que le catholique qui passe dans une secte protestante apostasie véritablement, puisqu’il abandonne des croyances et qu’il nie aujourd’hui ce qu’il croyait hier ; tandis que le protestant qui passe dans l’Église n’abdique, au contraire, aucun dogme, il ne nie rien de ce qu’il croyait ; il croit au contraire, ce qu’il niait : ce qui est bien différent. Ce raisonnement sans réplique est du compte du Maistre.
 M. de Jeux, pasteur protestant de Genève, puis président du consistoire réformé de Nantes, disait en 1813 : " Pour moi, je blâmerais un catholique qui se ferait protestant, parce qu'il n'est pas permis à celui qui a le plus de chercher le moins ; mais je ne saurais blâmer un protestant qui se ferait catholique, parce qu'il est bien à celui qui a le moins de chercher le plus." En1825, M. le pasteur do Joux abjura le protestantisme et se convertit à la foi de l'Église.


Chapitre 14
Pourquoi l'on se fait protestant et pourquoi l’on se fait catholique.

1 — Sauf de bien rares exceptions qui s'expliquent toujours par une ignorance profonde de la religion catholique que l’on quitte et du protestantisme auquel on se livre, j'affirme que jamais un catholique ne s'est fait protestant par des motifs chrétiens et avouables.

J'ai connu plusieurs soi-disant catholiques qui voulaient se faire protestants. L'un d'eux était un jeune homme aimable et intelligent, mais amoureux fou de la fille d'un passeur ; de là un ardent désir de se faire protestant, et une conviction on ne peut plus désintéressée de l'excellence du protestantisme. Un autre était un prêtre qui avait abandonné tous ses devoirs et qui vivait dans le désordre. Son Evêque avait été obligé de lai interdire toute fonction ecclésiastique...; il est maintenant pasteur protestant. Une troisième prosélyte, jeune institutrice allemande, qui se trouvait humiliée de demeurer dans une famille étrangère, et à qui les protestants offraient une position confortable à condition qu'elle renierait sa religion, m'écrivait à moi-même en m'annonçant qu'elle acceptait cette offre : «  Coûte que coûte , je veux avoir un chez-moi."

Ce ne sont là que des échantillons de ce qui se passe tous les jours. Le caractère de ces prétendues conversions est tellement connu, que les protestants loyaux en gémissent les premiers. Un de leurs écrivains a dit: "Le protestantisme est l’égout du catholicisme :" et un autre 1 ajoutait: «  Quand le sape sarcle son jardin, il jette les mauvaises herbes par dessus nos murs."

« Tandis que l’Église catholique, dit un journal protestant suisse, s'agrège continuellement les protestants les plus instruits, les plus éclaires et les plus distingués par leur moralité, notre Eglise réformée est réduite à le recruter que des moines lascifs et concubinaires ».En effet, depuis Luther et Calvin, Zwingli, Œcolampade, Bucer, etc., qui furent lus des ecclésiastiques interdits pour leurs vices, des prêtres ou des religieux défroqués, les mauvais prêtres 2, marchant sur leurs traces, se jettent instinctivement dans les bras du protestantisme, et y trouvent sympathie et protection. Ils étaient l’opprobre et la lie de l’Église catholique, ils deviennent sans transition, ministres du pur Evangile. On les écoute, on les honore, on les applaudit; plus que cela, on fait parade de leur apostasie, et ce que rejette avec dégoût la sainte Eglise, les sectes protestantes s'en glorifient comme d'un trophée de victoire. On a vu l'Angle, terre porter en triomphe le moine apostat Achilli, chassé de son couvent et même de son pays pour son infâme libertinage ; d'autres misérables, ses pareils, ont trouvé bon accueil et emplois lucratifs chez les protestants de Genève et de Paris. Que la Réforma garde ces conquêtes, nous les lui cédons de grand cœur !

Il y a peu de temps, une dame prussienne, qui s'était faite catholique huit ou dix années auparavant, et qu'un ecclésiastique de mes amis exhortait a ne pas céder, comme elle semblait le vouloir faire, aux sollicitations et aux offres séduisantes de sa famille, avait la triste franchise de lui répondre : Je me suis faite catholique pour l’amour de Dieu ; je vais faire protestante pour l’amour de moi-même ! Ceci résume parfaitement la question.

On est pauvre, et on veut se tirer d'affaire ; on a des passions, et on ne veut pas les réprimer ; on est orgueilleux, et on ne veut pas se soumettre ; on est ignorant et on se laisse séduire...Voilà pourquoi on se fait protestant.

2. — Il en est tout autrement des protestants qui se font catholiques.

J’accorde qu'il peut arriver parfois que des motifs humains aient poussé un protestant à entrer dans l'Eglise ; mais ce n'est là et ce ne peut être qu'une imperceptible perception. Les protestants qui se font catholiques sont, nous l'avons vu, et de l’aveu des protestants eux-mêmes, ce qu'il y a de plus honorable, de plus savant, de plus vertueux dans le sein du protestantisme. De nos jours, plus que jamais ce fait est palpable. En Angleterre, depuis quinze ou vingt ans, un nombre considérable de ministres anglicans ont abjuré leur hérésie : c'était la peur des universités d'Angleterre, les maîtres de la science, et il suffit de citer ici Newman, Manning, Faber, Wilberforce, pour fermer la bouche à toute dénégation. Tous les jours les feuilles anglaises enregistrent avec dépit de nouvelles conversions dans le clergé protestant 3, dans la noblesse, la magistrature ou l’armée.

Un des faits les plus remarquables en ce genre est la conversion de l’illustre lord Spencer, seigneur anglais de la plus haute, noblesse, qui, devenu catholique, est entré dans l'ordre si humble et si austère des  Passionistes, où il est connu sous le nom de Père Ignace. Encore hérétique, il engageait les protestants déboutes les classes à prier pour la conversion de l'Angleterre, au moins |conditionnellement, c'est-à-dire pour que, si l’Église catholique était celle de Jésus-Christ, le Seigneur daignât faire entrer l'Angleterre dans cette Eglise. Devenu catholique et prêtre, il a continué d’être le zélé promoteur de cette croisade de prières qui a déjà valu tant de grâces à son pays.

L'Allemagne a fourni les exemples les plus illustres de conversions à la foi catholique, particulièrement dans les familles souveraines et princières. Dès l’an 1817, le duc de Saxe-Gotha, proche parent du roi d'Angleterre, rentra dans le sein de l'Eglise, et devint, par sa vive piété, l'édification des catholiques comme des protestants. En 1822 eut lieu la conversion du prince Henri-Edouard de Schœnbourg ; en 1826, celle du comte d'Ingenheim, frère du roi de Prusse; du duc Frédéric de Mecklembourg, de la comtesse de Solms-Bareuth, de la princesse Charlotte de Mecklembourg, épouse du prince royal de Danemarck 4, etc., etc. Aux conversions de personnes princières, il faut pas oublier d'ajouter celle du frère roi actuel de Wurtemberg, accomplie à Paris, en 1851.

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1. (Le protestant Dean Swift. Ce mot est passé en proverbe en Angleterre.)
2. (Comme spécimen du genre, voici un fragment d’'une lettre adressée, il n'y a pas longtemps, à Mgr. l’évêque de Breslau parle seul prêtre qui ait apostasié en Silésie : « Comme mes supérieurs ecclésiastiques n'ont pas daigné prendre en considération les motifs que j'ai fait valoir pour obtenir une cure correspondant à mes mérites, je suis obligé, après avoir longtemps, mais en vain, espéré de l’avancement, et par dépit contre une telle conduite, de retourner au christianisme primitif. En conséquence, je me propose d'épouser Mlle Léontine Krause, fille de feu M. le contrôleur Krause, qui depuis quelque temps fait mon ménage de la façon la plus désintéressée.  « Signé : Schulich, curé démissionnaire »
Pauvre prêtre ! pauvre protestantisme condamné à devenir le refuge de pareils pécheurs et à légitimer des pareils sentiments ! 3. Dans son No du 10 Janvier 1876, la Minerve de Montréal, a donné une liste de vingt-huit ministres anglicans tout récemment revenus dan le sein de l’Église. 4. Plusieurs écrivains ont publié la série d«s conversions les plus célèbres qui ont eu lieu pendant ce siècle. Voyez en particulier : Rohrbacher, Tableau principales conversions qui ont eu lieu parmi les protestants depuis le commencement du dix-neuvième siècle ; — et, du même écrivain : Motifs qui ont ramené l’Église un grand nombre de protestants. — Voyez aussi Alzog, Histoire universelle de l’Église, t. III, § 406 et  suivants.)
 
 
 

Chacun a entendu parler du fameux comte Stolberg, l'un des hommes les plus éminents du commencement de ce siècle. Converti  à la religion catholique par une étude sérieuse de l'Ecriture, des Pères et des controversistes, il sacrifia à la vérité les espérances de la plus brillante carrière, et Dieu lui donna la consolation de voir son exemple suivi par sa famille tout entière.

A la suite de M. de Stolberg, un grand nombre d'écrivains, de philosophes, de jurisconsultes allemands du premier ordre, se réconcilièrent avec l'Eglise vers cette même époque. La conversion du fameux littérateur Werner fut une des plus éclatantes. Elevé à Berlin aux plus hautes charges, il abandonna tout pour se faire catholique, puis prêtre. Il mourut religieux Rédemptoriste. On raconte de lui que, se trouvant dîner en compagnie de quelques hauts personnages protestants, l'un d'eux, qui ne pouvait lui pardonner d'avoir abandonné la prétendue réforme, lui dit, devant tout le monde, qu'il n'avait jamais pu estimer un homme qui avait changé de religion. '' Moi non plus, répliqua Werner ; et c'est précisément pour cela que j'ai toujours méprisé Luther."

L'exemple de Werner fut imité par d'autres savants de la même nation, tels que Frédéric Schlegel, le baron d'Eckstein, le conseiller aulique Adam Muller, etc., etc.

En Suisse, parmi les protestants les plus distingués qui sont revenus au catholicisme, il faut citer au premier rang Charles-Louis de Haller, patrice de Berne et membre du Conseil souverain. Il eut l'honneur, comme la plupart de ceux que je viens de nommer, d'être persécuté, privé de tout titre et de tout emploi, en même temps qu'exilé par les| protestants, dont la tolérance est la même partout où ils sont les maîtres.

Cette conversion fut suivie en Suisse par celles du pasteur Esslinger de Zurich, de M Pierre de Joux, pasteur de Genève et celle particulièrement illustre  du célèbre pasteur-président du consistoire  de Schaffhouse, Frédéric Hurter. Il fit profession de la foi catholique à Rome, en 1844, et eut pour parrain le grand peintre Overbeck, converti lui-même depuis plusieurs années et devenu à Rome le modèle des plus admirables vertus.

La France n'a pas manqué de fournir son| contingent en fait de conversions de protestants et même de ministres. Une des plus remarquables a été celle de M. Laval, pasteur de Condé-sur-Noireau ; elle fut suivie de celle de M. Paul Latour, président du consistoire Maz-d'Asil.

Deux ans après, en 1846, eut lieu à Lyon la conversion de M. A. Bermaz. Il avait professée pendant quatre ans les doctrines des sectaires protestants connus sous le nom mômiers, et s'occupait très-activement de les propager dans le diocèse de Lyon. Il abjura ses erreurs et fit connaître, dans un écrit publié à Lyon, les motifs de son retour au vrai christianisme.

De nos jours, que de protestants en France, et surtout que de pasteurs, se jetteraient avec bonheur dans les bras de la sainte Eglise, n'étaient arrêtés par les liens si puissants de la famille et des intérêts temporels ! Les consistoires protestants savent bien ce qu’ils font en mariant les jeunes pasteurs dès sortie des écoles. Le plus grand obstacle à la conversion d'un ministre protestant c'est sa femme et ses enfants ; je pourrais citer plus d'un exemple à l'appui.

L’Amérique ne reste pas en dehors de ce mouvement qui porte vers le catholicisme les intelligences élevées, droites et religieuses.

Pour abréger, je me contenterai de citer la version récente de l'évêque protestant de Caroline du Nord, le docteur Yves, homme vénéré de tous ceux de sa secte, pour sa science et ses vertus. Il chercha la vérité avec un cœur droit, et, lorsqu'il l'eut trouvée  il abandonna tout pour la suivre. L'évêque protestant se démit de son riche évêché, et résolut d'aller à Rome se jeter aux pieds du Souverain-Pontife. Le 26 décembre 1852, il fit profession de la foi catholique dans la chapelle particulière du Pape. Se prosternant devant le Saint-Père, il lui présenta l'anneau et les sceaux, insignes du poste élevé qu'il occupait précédemment parmi les hérétiques, avec la croix qu'il portait aux occasions solennelles, s'écriant, les yeux tout baignés de larmes : Holy Father, hère are the signs of my rebellion ! Saint Père, voici les signes de ma rébellion ! — « Ils seront à l'avenir les signes de votre soumission, répondit le Vicaire de Jésus-Christ,  et comme tels, vous irez les déposer sur le tombeau de saint Pierre.»

En face de ces hommes si grands par leurs vertus, leur position, leur amour de la vérité, que le protestantisme nous montre ses conquêtes ! Nous ne lui demanderons pas des noms illustres, des hommes qui, par l'éclat du talent et la noblesse du caractère! puissent faire équilibre à ceux que nous venons de citer ; évidemment il n'en a point car il les crierait sur les toits. Qu'il nous| montré, du moins, quelques personnes honnêtes et vertueuses, quelques catholiques instruits et pratiquants qui soient sortis de nos rangs, pressés par le besoin de mieux croire, et qui aient édifié leurs nouveaux coreligionnaires par le spectacle d’une vie exemplairement chrétienne 1 !

On le défie de produire une seule.

Les apostats qui passent au protestantisme sont presque toujours des individus à qui un changement de religion fait espérer un changement de fortune, ou des cœurs aigris qui veulent se venger par un scandale.

Les chrétiens qui sortent des sectes protestantes pour entrer dans l’Église de Jésus- Christ viennent y chercher et y trouvent, en effet, la foi solide, claire et précise, la consolation, la paix, la sainteté et l’amour.

Je finirai par un fait de notoriété publique, dont la considération a ébranlé déjà bien de consciences protestantes. Il n’y a guerre, des prêtres catholiques pour peu que leur ministère soit étendus, qui n’aient été appelés souvent pour  recevoir dans le sein de l’Église des protestants mourants ; tandis qu’il serait impossible de citer l’exemple d’un seul catholique sérieux, se faisant protestant au moment de paraître au tribunal de Dieu.

L’ignorance et les mauvaises passions, l’oubli de la justice divine, poussent les âmes au protestantisme.

La droiture de conscience, la science véritable, l’amour du vrai et la crainte de Dieu ramènent les âmes à l’Église catholique. Concluez.

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(1 On sait la conversation qu’un ministre protestant a eue, ces dernières années, avec un prêtre des Missions de France qui voyageait dans la même diligence. Le ministre reprochait vivement, quoique poliment, au missionnaire nos conquêtes récentes dans les rangs du protestantisme. Mais, lui dit en souriant le prêtre, vous en fait autant de votre coté. « Ah ! quelle différence ! s’écria  naïvement le pasteur, vous nous cédez vos rebuts et vous nous prenez la crème. » (Foi et Lumières, 2è édition, p.193).
« Si j’avais le malheur de n’être pas catholique, dit un écrivain cité par M. Foisset dans son opuscule Catholicisme et Protestantisme, deux choses m’inquiéteraient, je l’avoue : la première, c’est le nombre et la supériorité d’esprit de ce qui ont cru à l’Église Romaine après examen, depuis Luther et Calvin ; la seconde, c’est le nombre et la supériorité d’esprit de ceux qui, après examen, ont quitté Luther et Calvin pour revenir à Rome. J’en conclurais qu’il y a au moins lieu d’examiner, et j’EXAMINERAIS. » )
 


Chapitre 15
Le protestantisme est-il vraiment une religion.
 

Je vais peut-être étonner quelque bonne âme en répondant : non.

Qu'est-ce qu'une religion,? C'est un lieu de doctrine et de culte qui réunit un certain nombre d'hommes dans la même croyance religieuse et dans une manière uniforme de servir Dieu. Telles sont par exemple, parmi les fausses religions, le judaïsme, le mahométisme, le bouddhisme, etc.

Or, le protestantisme a pour principe fondamental que chaque homme est libre de croire tout ce qu'il veut en matière de religion, et de servir Dieu à sa guise. Il détruit l'idée même de religion, c'est à-dire de l’idée d’union, d’unité. Je le sais, les protestants ne tirent pas toujours les conséquences extrêmes et rigoureuses de ce principe. Dans les pays catholiques, et surtout en France, ils gardent autant que possible les apparences de l'union entre leurs différentes sectes ; mais en Allemagne, par exemple, en Suisse, en Amérique, là où ils ont leurs coudées franches, ils se font gloire de compter autant de croyances que d'individus. Seul, entre toutes les institutions religieuses fabriquées de main d'homme, le protestantisme a ce caractère inouï de détruire ce qui fait l’essence, je ne dis pas de la vraie religion, mais de toute religion en général. Les fausses religions, à l'imitation de la véritable, ont un ensemble de doctrine et de culte hors duquel on ne leur appartient plus ; mais ce que MM. les ministres essayent de faire passer pour une religion n'est qu'une anarchie sans règle et sans frein, qui ne fait que nier, détruire, protester, et qui se condamne elle-même en affichant le nom antireligieux de protestantisme. «  Leur religion consiste à attaquer celle des autres, » disait Jean-Jacques Rousseau en parlant des calvinistes de Genève.

Mais, dites-vous,  je connais tel ou tel protestant qui croit en Jésus-Christ et en quelques autres vérités, d'une manière qui paraît fort nette et fort précise. Ceux-là, du moins, ont une religion ? — Non pas ; ils ont des convictions, ce qu'on appelle en Angleterre; des persuasions ; c'est très-bon et très-louable, et il faut en bénir Dieu. Mais ces convictions personnelles, ces persuasions privées, ce n'est pas le protestantisme qui les leur donne; ils peuvent les abandonner demain sans cesser le moins du monde d'être protestants. Combien de pasteurs se glorifient du titre de protestants, qui ne croient à aucun des dogmes conservés par Luther et par Calvin, et qui se moquent de la Bible et de la divinité de Jésus-Christ, tout en parlant bien haut du christianisme et du pur Evangile.

Le pasteur Vinet, au milieu de mille autres aveux de ce genre, déclare naïvement, dans un de ses ouvrages, que le protestantisme, n’est pas une religion (Vinet, Essai sur la manifestation des convictions religieuses.), mais le lien d’une religion.

On connaît la réponse du célèbre protestant et incrédule Bayle à un grand personnage qui l'interrogeait sur sa croyance. — « Vous êtes protestant, monsieur Bayle ; mais à quelle secte appartenez-vous ? Etes-vous luthérien, calviniste, zwinglien, anabaptiste ?... — Je ne suis rien de tout cela, repartit impudemment ce protestant trop logique. Je suis protestant c'est-à-dire que je proteste contre toute espèce de religion. »

Le protestantisme, malgré ses réclamations n'est pas et ne peut pas être une religion. Encore moins est-il la vraie religion.
 
 


Chapitre 16
Le protestantisme croit-il en Jésus-Christ ?
 

Il est encore, Dieu merci, des protestants honnêtes et religieux qui croient en Jésus-Christ. Est-ce parce qu’ils sont protestants qu’ils croient ainsi. Point du tout. On est protestant, très bon protestant, pasteur protestant, sans être obligé le moins du monde de croire en la divinité du Sauveur. M. le pasteur Coquerel, de Paris, vient de mettre au jour un gros livre tout exprès pour le démontrer (La Christologie.).On s’était imaginé depuis mille huit cent ans que, pour être chrétien, il fallait croire que le Christ est Dieu incarné ; erreur grossière, d’après M. Coquerel. Que Jésus soit Dieu, qu’il soit un être surnaturel quelconque, ou qu’il soit un homme comme le premier venu : pourquoi y regarder se si près ? On est fort bon chrétien sans faire toutes ces distinctions.

Le savant rédacteur de la Revue de Théologie protestante, publié à Strasbourg, M.T. Colani , se garde bien de réclamer contre son confrère de Paris, et enseigne à ses élèves, les futurs ministres de l’Evangile, qu’on se passe fort bien  de Jésus-Christ pour être chrétien :  « Si Jésus-Christ et sa sainteté nous étaient enlevés, ajoute-t-il pieusement (Revue de théologie, vol VII ; p.242), un deuil immense traverserait la terre ; mais la foi resterai, la foi au Père, la vie en Dieu .» Aussi M. de Gasparin, cet ardent défenseur du protestantisme français, en est-il réduit à se féliciter (Gasparin, Intérêts généraux du protestantisme, avertissement, p. 7.), comme d’un triomphe inespéré, de ce que, sur sept cent ministres, il s’en est trouvé deux cents qui croient en la divinité du Christ.

Dans les chaires les plus illustres de la Réforme, on entend proclamer que « le Sauveur n’a été qu’un Socrate juif, auteur de la meilleur philosophie pratique. » Les plus célèbres ministres font de lui « un simple rabbin que plusieurs prirent pour le Messie, si bien qu’il finit par en être convaincu lui-même, quoi qu’il n’enseignât pas autre chose qu’un mosaïsme épuré, qui fut condamné à mort et attaché à une croix , qui fut enlevé ayant l’air d’un mort, et revint à la vie le troisième jour, et qui enfin, après avoir revu ses disciples à plusieurs reprises, les quitta sans qu’ils le revissent jamais. » Ce n’est pas dans Voltaire ni dans Rousseau que je trouve cette odieuse parodie du symbole des Apôtres, c’est dans la Théologie chrétienne de Wegscheider (Wegscheider, Theol. christ. dogm. § 121.) ,  publiée à sept ou huit éditions, et devenu le manuel des étudiants qui aspirent au pastorat. Faut-il s’étonner de ce que, le 31 décembre 1854, un des ministres de Strasbourg, formé d’après ces principes, M. Leblois, proclamait du haut de la chaire que le culte de Jésus- Christ est une superstition, blâmant vertement les sectes protestantes qui ont retenu ce reste de papisme, et affirmant qu’il faut mettre un terme à cette IDOLATRIE aussi contraire à la raison que à l’Ecriture ?

Il y a quelques années, le roi de Prusse, chef et docteur de l’Église prussienne, ayant manifesté quelques inquiétudes sur l’orthodoxie des pasteurs et professeurs de la Faculté de Berlin, le doyen protesta avec indignation au nom de tous ses collègues, et déclara solennellement que tous sans exception, ils croyaient… que Jésus a vraiment existé. C’est là un effort de foi dont il faut féliciter MM. Les pasteurs de Berlin ; ils ont des collègues en Allemagne qui n’en seraient pas capables, et qui protestent non-seulement contre la divinité du Christ, mais encore contre la réalité de sa personne et de son existence.
 

Telle est, du moins la conséquence logique et insensée des écrits du Strauss, professeur de théologie protestante à Zurich, qui a entrainé à sa suite une partie de l’Allemagne. Tous ces messieurs se disent chrétiens, et à l’exemple de Luther, Calvin et compagnie, leurs devanciers moins hardis, se posent comme des réformateurs du christianisme.

Dans Genève, il y a longtemps que la Vénérable Compagnie des pasteurs (c’est ainsi qu’elle s’intitule elle-même) a défendu formellement aux prédicateurs (Règlement du 3 mai 1817) de parler en chaire de la divinité du Christ. Le petit nombre des arrières qui persistèrent dans cette croyance incompatible avec le libre examen furent obligés de faire bande à part, et sont encore aujourd’hui tournés en ridicule par l’Église nationale, sous le nom de Momiers.

Il faudrait ici, si je n’étais obligé d’être bref, passer en revue les divers pays protestants, et montrer par des faits publics et généraux comment la réforme de Luther abandonne et renie partout le dogme sacré et essentiel de la divinité de Notre-Seigneur Jésus-Christ, dogme sans lequel le christianisme disparaît tout entier. Ce que je viens de dire n’est-il pas plus que suffisant pour que nous nous écriions avec l’infortuné M. de Gasparin : La majorité des protestants n’est pas chrétienne !

Le dogme de la divinité de Jésus-Christ, comme tout l’enseignement chrétien, ne-nous vient que par l’Église, dépositaire vivant et infaillible de l’autorité de Dieu (Je ne veux pas dire que la sainte Écriture ne nous présente pas très-clairement la divinité du Sauveur ; je dis seulement que, les Écritures elles-mêmes tirant toute leur autorité divine de l’enseignement infaillible de l’Église, tout homme qui rejette l’Église perd par là même le fondement de sa foi en Jésus-Christ.). Les protestants ont rejeté cette autorité ; ils n’ont plus de guide certain dans la voie des croyances, et,  pour cette raison, depuis trois cents ans, leurs dogmes s’en vont l’un après l’autre. Ils finiront s’ils sont logiques, par formuler leur symbole comme le fit un jour un protestant connu : « JE NE CROIS PLUS A RIEN. »

Après avoir nié l’Église, le protestantisme nie Jésus-Christ,  après avoir nié Jésus-Christ, il niera Dieu lui-même, et son œuvre sera faite !

Cette œuvre diabolique est consommée déjà dans une grande partie de l’Allemagne. Il existe une association puissante et répandue sous le nom d’Amis protestants, et qui a pour chefs les trois pasteurs Uhlich, Wislicénius et Sachse. A ces trois hommes s’est adjoint un grand nombre de pasteurs d’Allemagne ; et les pasteurs officiels de Berlin, avec qui fraternisent nos pasteurs de France, ont à plusieurs reprises donné des témoignages de sympathie à ces amis protestants. Or, voici la profession de foi du pasteur Uhlich et de son catéchisme public :

«Notre croyance est de n’en avoir pas.  L’être qu’on appelle Dieu est un être factice. Le véritable objet de notre adoration, c’est nous-mêmes. »

Et cet athéisme effronté est le protestantisme qui domine dans l’Allemagne du nord, surtout en Prusse ; c’est la conséquence logique du protestantisme proprement dit ; il n’a de raison d’être qu’à la condition de donner à la pensée humaine une complète liberté, ou plutôt une complète licence. Il est cela ou il n’est rien
(Ces détails déplorables sont tirés de l’intéressant travail de M. Eugène Rendu, chef du cabinet du ministre de l’Instruction publique, sur l’état du protestantisme en Prusse.).
 


Chapitre 17
Y a-t-il un seul Protestant qui puisse dire ce qu'il croit, et pourquoi il croit ce qu'il croit.

Jamais un protestant ne pourra rendre un compte raisonnable de sa croyance ; et il est tout simple qu'il en soit ainsi. Croire, c'est soumettre son esprit à l’enseignement d'une autorité personnelle, indépendante de la volonté de ceux qui lui sont soumis, et qui a droit à leur soumission. Or, cette autorité, où est elle pour le protestant? Est-ce dans la Bible ? De 1’aveu même des protestants les plus considérés, on y trouve ce que l'on veut, et chacun l'interprète selon son bon plaisir. Le protestant, par suite du fameux principe du libre examen, ne croit plus, n'a plus la foi. A la foi il substitue sa propre raison ; à l'autorité divine de l'Eglise, il substitue les divagations de l'esprit humain.

Le protestant qui, malgré sa séparation de l’Église conserve certaines croyances chrétiennes, est un déserteur qui, dans sa désertion, conserve certaines parties de ses armes et de son uniforme. Ses croyances ne reposent sur rien ; je le défie d'en rendre raison dans une discussion sérieuse, non-seulement à un catholique, mais à un incrédule.

Rien de plus logique et de mieux justifié  au contraire que la foi d’un catholique. Il est relié à Jésus-Christ, auteur de cette foi, au moyen de la sainte Eglise, institution vivante et permanente établie à cet effet par le Sauveur lui-même, et qui remonte jusqu'à lui à travers les âges. — Le protestant a rompu ce lien divin ; et, par ce motif, il est séparé du Christ lors même qu'il croit en lui. Il ne suffit pas d'appeler Jésus le Seigneur et le Sauveur pour faire partie de son royaume mais il faut accomplir sa volonté, comme il le déclare expressément.

Je ne m'arrêterai pas à montrer ici qu’un protestant ne peut appuyer ses croyances sur l'autorité et l'enseignement des pasteurs de sa secte. Tout le monde sait qu'un des principes mêmes du protestantisme, c'est que tous  les chrétiens sont égaux, et qu'il ne sied à personne de trancher du maître.  « Les ministres, disait le protestant Jean-Jacques Rousseau que nous aimons à citer en cette matière, les ministres ne savent pas ce qu'ils croient, ni ce qu'ils veulent, ni ce qu'ils disent; on ne sait pas même ce qu'ils font semblant de croire (Lettres sur la Montagne). "

''Quand un de ces prédicants prend la parole, ajoutait le spirituel comte de Maistre, quels moyens a-t-il de prouver ce qu'il dit, el quel moyen a-l-il encore de savoir qu'en bas on ne se moque pas de lui ? Il me semble entendre chacun de ses auditeurs lui dire avec un sourire sceptique : «  En vérité, je crois qu'il croit que je le crois ! »
 


Chapitre  18
Comme quoi Christianisme et Catholicisme signifient absolument la même chose.

Qui dit christianisme dit catholicisme, et le catholicisme n’est pas une forme accidentelle,  mais bien une forme unique et divinement instituée de la religion chrétienne.

Si l’Église de Jésus- Christ, dès les premiers temps, s’est appelée non-seulement chrétienne, mais aussi catholique, c’est pour se distinguer des différentes hérésies qui se séparaient d’elle, et qui s’obstinaient à se dire chrétiennes parce qu’elles avaient conservé quelques lambeaux de vérité.

C’est Notre-Seigneur Jésus Christ lui-même qui a fondé sur la terre ce gouvernement spirituel, cette monarchie religieuse et universelle qui fait de tous les chrétiens dispersés UNE Société, Une Eglise, UN Corps, que l’on appelle l’Église CATHOLIQUE. C’est Jésus-Christ lui-même qui a institué dans cette Eglise la Papauté, l’Episcopat, et comme auxiliaire de l’Episcopat et de la Papauté, le Sacerdoce. Le Pape, successeur de saint Pierre est, de droit divin, Souverain-Pontife de la religion chrétienne, Pasteur de tous les évêques, de tous les prêtres et de tous les fidèles, Juge suprême de toutes les questions religieuses, et Docteur de la vraie foi.

Le seul moyen d’être chrétien, a dit Bossuet, c’est d’être catholique ; c’est à dire d’appartenir non-seulement par les sympathies et par les croyances, mais encore par la pratique ouverte et publique, à l’Église catholique, à l’Église gouverné par le Pape, au seul vrai bercail de JESUS-CHRIST.

Il n’y a jamais eu et il ne peut y avoir qu’un seul christianisme. Si le protestantisme était le christianisme, le catholicisme ne le serait point.

Ce n’est pas ici une question de forme, mais bien une question de fond. L’institution de JESUS-CHRIST ne peut être soumise aux caprices de personne, et le protestant qui se forge un christianisme à sa fantaisie n’a pas le vrai christianisme, le christianisme que Notre-Seigneur a apporté au monde et dont il a confié le dépôt et la diffusion à son Eglise.

On a fait de nos jours un étrange abus de ce glorieux nom de chrétien. Depuis le protestant qui professe ou rejette à sa guise la divinité du Christ, jusqu’au socialiste qui ne voit la liberté que dans l’anéantissement de l’Église, toute la foule des hérétiques et des révolutionnaires fait parade de christianisme, mais quel christianisme !

Etre chrétien, c’est être catholique ; hors de là on peut être luthérien, calviniste, mahométan, mormon, libre penseur, bouddhiste, mais on n’est pas, on ne peut pas être chrétien.


Chapitre 19
Le protestantisme et le christianisme primitif.

Une prétention assez commune parmi certaines sectes protestantes est d'avoir ressuscité le christianisme primitif, ou mieux encore n'être pas autre chose elles-mêmes que ce christianisme des premiers temps. Pour donner quelque vraisemblance à ces prétentions d’antiquité, des auteurs protestants ont pris un soin infini de forger des généalogies interminables, et de rechercher avec un zèle digne d’une meilleure cause tous les caractères de l’Église primitive dans les divers fractions de la Réforme. On a beau saupoudrer de poussière ce protestantisme qui n'existait pas il y a trois siècles, on a beau le couvrir de toiles d'araignée comme ces bouteilles que les marchands de vin mettent pour enseigne à la devanture de leurs boutiques; quand on débouche les bouteilles, on n'y trouve que de piquette ou du vinaigre.

Aussi ces vanteries ne sont-elles guère prises au sérieux, et il ne manque pas d'écrivains protestants assez instruits et assez consciencieux pour en reconnaître l'absurdité. Mais ce n'est pas au profit de l'Eglise catholique qu'ils déboutent de leurs prétentions les sectes protestantes. Ne découvrant pas dans l’Evangile et dans les écrits des Apôtres toutes nos pratiques actuelles de piété et toutes les formes de notre culte, ils accusent en même temps l'Eglise catholique d'avoir surajouté au christianisme des dogmes et des usages qui l'ont défiguré, et le catholicisme est pour eux tout aussi différent du christianisme des premiers siècles que le protestantisme actuel (Voir M. de Gasparin, les Ecoles du doute el l'école de la foi.
de donner une idée nette et vraie de cette Eglise catholique qu'on accuse si contradictoirement tantôt d'immobilité et de stagnation, et tantôt d'innovations et de changements.). C'est ici une occasion
 

Il n'y a jamais eu et il ne peut y avoir qu'une seule Eglise du Christ, Eglise immuable comme son chef et son fondateur qui es Dieu. Mais cette Eglise est un corps vivant, et, toute parfaite qu'elle est dès son origine, elle va toujours se développant à travers les âges. L'homme n'apporte pas en naissant cette plénitude de forces, cette beauté de conformation, cette expansion de toutes ses facultés, qui constituent la perfection de sa nature. Il possède tout cela, mais en germe; et il reste toujours le même individu, qu'il soit petit enfant, adolescent ou homme fait. De même l'Eglise, qui a commencé par douze hommes dans le Cénacle, a grandi et s'est développée avec les siècles. Comme une splendide étoffe lentement déployée et déroulant progressivement ses magnifiques couleurs, elle manifeste successivement au monde les trésors de doctrine et de sanctification qu'elle recèle dans son sein.

L'Eglise catholique est toujours ancienne et toujours nouvelle ; son enseignement d'aujourd'hui est son enseignement des premiers temps, plus nettement défini en certains points dont l'importance s'est accrue, soit à cause des attaques des impies, soit à cause des besoins nouveaux du peuple fidèle.

Du reste, tout homme qui s'occupe sérieusement de l'étude des choses anciennes, des origines du christianisme, des écrits des Pères, est habitué à retrouver dans ces témoins des siècles antiques les preuves répétées de l'unité parfaite de la foi et de la religion chrétienne, depuis les temps apostoliques jusqu'à nos jours. La Papauté, la hiérarchie catholique, le sacerdoce, le sacrifice de la Messe avec la présence réelle, la confession, le culte de la sainte Vierge, des saints, des reliques, la prière pour les morts ; en un mot tout ce que nous contestent les sectes hérétiques, trouvent dans ces monuments aussi authentiques que vénérables une pleine justification.

Les fouilles opérées depuis vingt ans dans les catacombes de Rome (On appelle ainsi les antiques galeries souterraines creusées par les chrétiens des trois premiers siècles par les chrétiens des trois premiers siècles dans la campagne de Rome, et qui leur servaient à la fois de cimetières et de refuge durant les persécutions. Plusieurs des nombreuses conversions qui s'opèrent journellement à Rome ont eu pour point de départ une visite aux catacombes. C'est à ces monuments de la vérité catholique que M. le vicomte de Bussière doit de compter aujourd'hui parmi les fils les plus fervents et les défenseurs les plus zélés de la sainte Eglise de Dieu.)  produisent journellement de nouveaux témoignages à l’appui, et les savants protestants qui viennent visiter la capitale du monde chrétien reconnaissent à la fois l'authenticité incontestable et l'importance religieuse de ces découvertes. Inscriptions, peintures, monuments, etc. tout y rappelle les formes de notre culte, tout retrace nos croyances. Les catacombes contiennent de nombreuses chapelles avec des autels renfermant les reliques des martyrs sur les parois des murs, des fresques à demi effacées révèlent la foi des premiers chrétiens à la présence réelle, au sacrifice eucharistique, à la confession : tout y atteste que les catacombes ont connu la Papauté, l'Épiscopat et le Sacerdoce.

Il m'est arrivé un jour de conduire moi-même dans les catacombes un jeune protestant qui venait de Strasbourg, où il étudiait pour devenir pasteur. Il était tout ébahi de ce qu'il voyait ; c'était un bon jeune homme, intelligent et loyal; il ne pensait pas à nier l'évidence et ne savait plus que dire. Je ne l'ai pas revu depuis; Dieu veuille que la grande voix des catacombes ait été assez puissante pour le faire rentrer dans le sein de l'unité catholique !
 


Chapitre 20.
Pourquoi l'Eglise catholique parle latin.

Parce qu'elle est apostolique, parce qu'elle est invariable dans sa doctrine, parce qu'elle est une et catholique.

1° l’Église est apostolique ; elle est l'Eglise de saint Pierre et des Apôtres, et elle a gardé comme de précieuses reliques tous les souvenirs des Apôtres. Quand ils se sont répandus dans le monde pour accomplir l'ordre du Seigneur, et annoncer à tous les peuples l’Evangile du salut, ils ont trouvé l'univers parlant deux langues : en Occident la langue latine ; en Orient la langue grecque. Ils ont prêché la foi en latin et en grec ; leurs écrits, leurs constitutions ont été rédigées en ceux belles langues ; l'Eglise a conservé ces documents avec une religieuse vénération ; voilà pourquoi sa langue est en Occident le latin et en Orient le grec. Ce qu'on reproche à l'Eglise est précisément ce qui témoigne en sa faveur.

2° La Providence avait du reste préparé ces choses à l'avance ; le latin et le grec, devenus langues mortes et des lors invariables, se sont trouvés merveilleusement aptes à formuler les doctrines d'une Eglise qui ne connaît pas la variation, parce qu'elle est divine. On a fait un curieux calcul sur les variations des langues vivantes, et on a trouvé que si l’Église, au lieu de s'en tenir au latin de saint Pierre, de saint Paul, de saint Marc, etc., avait adopté le français, elle eût été obligée de modifier plus de deux cent soixante fois la formule du sacrement de baptême ; sans quoi cette formule n'aurait plus exprimé dans le dans le langage courant l'idée qu'elle renferme. Qu’on juge par là des transformations qu'aurait subies le Credo, ainsi que les décrets de foi des Conciles primitifs et des premiers Papes.

3° l’Église parle latin, non-seulement parce qu’elle est invariable, mais parce qu’elle est catholique, c’est-à-dire universelle, et s’adressant à tous les temps, à tous les peuples et à tous les pays. Dans les trois ou quatre premiers siècles, le latin était la langue du monde civilisé, et, quoique langue vulgaire, avait ce caractère catholique, universel, indispensable au langage de l’Église. Mais quand le monde s’est fractionné, l’Église a conservé et a dû conserver avec sa belle langue primitive l’unité dans sa forme aussi bien que dans son fond.

Ainsi l'Eglise parle latin, 1° parce qu'elle est apostolique, 2 parce qu'elle est invariable, 3° parce qu'elle est catholique.

Saint Paul, dit-on, ordonne que l'on se serve, dans les assemblées chrétiennes, d'une langue connue de tous, afin que tous puissent comprendre ce qui se dit. — Saint Paul dit cela, en effet, dans sou Epitre aux Corinthiens; mais l'objection que les protestants tirent de ses paroles est complètement hors de la question. L'Apôtre ordonne l'usage de la langue vulgaire pour les prédications, les exhortations et instructions destinées à édifier toute l'assemblée. Le mot prophetare veut dire prêcher, parler des choses divines. L'Eglise catholique a toujours pratiqué à la lettre l'enseignement apostolique ; ses évêques, ses prêtres, ses missionnaires, ses catéchistes se servent toujours du langage commun à tous, entendu de tous ; et ils descendent jusqu’aux patois les plus obscurs pour faire arriver la parole divine à toutes les intelligences.

Les sectes protestantes ont bien raison de parler une langue vulgaire et moderne ; des langues divisées, essentiellement variables, toujours changeantes et toutes modernes, s’adaptent parfaitement à des doctrines qui leur ressemblent.


Chapitre 21. De la simplicité du culte protestant.

La simplicité est une bonne chose ; mais encore faut-il qu'elle ne soit pas déplacée. Du reste le culte protestant n’est pas simple, il est vide et nu.

Etes-vous jamais entré dans un temple protestant ? Souvent c'est une ancienne église que l'on a enlevée au bon Dieu, et c’est une chose navrante de voir ce qu'en a fait la froide et mesquine hérésie de Calvin. Après la chute d'un roi, son palais devient une maison, et son trône un fauteuil ; en chassant de nos églises usurpées le Roi des rois qui daignait y demeurer, les protestants les ont dépouillées, vulgarisées. Ils ont rasé l'autel où s'offrait le divin sacrifice ; les images de la sainte Vierge ont disparu, ainsi que celles des saints patrons ; on a brûlé les confessionnaux où les pécheurs venaient retrouver l’innocence et la paix. Quatre murs, des bancs, une chaire, une table, c’est bien suffisant pour rendre honneur au Créateur du ciel et de la terre.

« Chez les catholiques, dit un écrivain protestant (Clausen.), les plus admirables productions des arts sont consacrées à l’embellissement des églises, tandis que les protestants s’emprisonnent dans un temple dépourvu de toute espèce d’ornement, ce qui ne les empêche pas de prodiguer les trésors de l’art à leurs habitations privées. La musique d’Eglise est considérée chez les catholiques comme partie essentielle des solennités religieuses ; dans les pays protestants, la musique est employée partout, excepté dans les églises. »

Les protestants ont, en effet, le goût du confortable ; ils aiment et recherchent dans leur maison tout ce qui est somptueux et commode ; mais dans la maison du Seigneur, c’est autre chose : il faut, disent-ils, que tout soit de la plus grande simplicité dans le temple et dans la religion. Mais il serait plus simple encore de se passer de temple et de religion. Dormir, boire, manger, faire ses affaires, vivre et mourir sans s’inquiéter de rien, ne serait-ce pas la perfection de la simplicité ?

Tout en constatant cette nudité désespérante et glacée du culte protestant, il ne faut pas s’en étonner. Les temples ne sont point des édifices sacrés, mais des lieux de réunion ; encore les fidèles vont-ils se rassembler quelque fois, pour plus de commodité, à Genève dans un casino, à New-York dans un théâtre, et cela revient absolument au même. Si on ôte son chapeau en y entrant, c’est par habitude, et nullement par respect pour les murs et les bancs.

Les pasteurs n’ont point de vêtements sacerdotaux : et pourquoi en auraient-ils ? Ils ne sont pas prêtres, rien ne doit les distinguer de leurs coreligionnaires, et la robe qu’ils mettent le dimanche par-dessus leur frac noir me paraît contradictoire avec les principes qu’ils professent.

Il n’est pas nécessaire de venir nous dire, à nous autres catholiques, que Dieu n’a pas besoin de la pompe du culte, et que c’est notre cœur qu’il demande. Nous le savons aussi bien que qui que ce soit. Mais Dieu n’avait pas besoin non plus de magnificences du temple de Salomon ; il n’avait pas besoin de l’or, de l’encens et de la myrrhe que lui offrirent les mages dans la grotte de Bethléem, et cependant qui oserait dire que ces manifestations de respect et d’amour lui eussent déplu ?
 

La majesté du culte élève nos âmes à Dieu par le moyen des cérémonies sacrées, et rappelle sans cesse à la prière notre imagination si prompte à se dissiper. Nous sommes composés de corps et d’âme, et tout notre être  doit contribuer à rendre gloire au Seigneur : notre âme par le respect, l’adoration et l’amour ; nos sens par l’usage religieux que nous en faisons dans nos églises, usage qui les purifie et les sanctifie.
 

Le culte divin est l’expression de la foi. Plus la foi est vive, plus le culte est splendide ; plus la foi est pauvre, plus le culte est nu. « Aussi, avoue l’écrivain protestant que je viens de citer, la nudité extérieure  des églises non catholiques est assez en harmonie avec ce qui se passe à l’intérieur. »

« Je ne suis pas de ceux,  a dit le philosophe protestant Leibnitz (Leibniz, Système Théologique, p 107.), qui, oubliant la faiblesse humaine, rejettent du service divin tout ce qui touche aux sens, sous prétexte que l’adoration doit se faire en esprit et en vérité. »

Et un autre protestant ajoutait : « Dans nos temples, à force de parler de l’adoration de Dieu en esprit et en vérité, la vérité et l’esprit ont complètement disparu (Pustcuchen-Glanzow.).
 

Chapitre 22 Comme quoi la propagande protestante n'est ni légitime ni logique
 

Lorsque l'Eglise catholique, dans la personne de ses Evêques et de ses Prêtres, signale aux chrétiens la propagande protestante comme une agression injuste et odieuse, on voit les journaux hérétiques, et avec eux les organes du rationalisme et de la Révolution, se plaindre amèrement de ce procédé, accusant l’Église d’avoir deux poids et deux mesures et d’interdire tyranniquement aux autres ce qu’elle ne cesse de pratiquer depuis son origine. Ces récriminations méritent une réponse ; elle est simple et facile.

Les sectes protestantes reconnaissent toutes qu’on peut faire son salut dans l’Église catholique. l’Église catholique, au contraire, a toujours hautement professé qu’elle est la seule vraie religion, et qu’il faut lui appartenir pour être enfant de Dieu.

Les protestants sont en contradiction avec leurs principes lorsqu’ils cherchent à arracher des âmes à l’Église catholique ; l’Église catholique se mettrait en contradiction flagrante avec les siens, si elle n’employait toute sa puissance et toute son ardeur à ramener à Jésus- Christ ceux que de funestes erreurs ont séparés de son troupeau,
Quand l’Église catholique s’efforce d’éclairer un protestant et de le ramener à la vraie foi, elle lui laisse toutes les vérités qu’il possède déjà et lui fournit celles qui lui manquent. C’est un pauvre homme à moitié vêtu qu’elle achève de vêtir ; le peu qu’il a déjà, joint à ce qu’elle lui donne, forme un chrétien complet.

Le contraire arrive quand la propagande protestante travaille à séduire un catholique ; elle ne fait autre chose que de lui enlever une partie de ses croyances, sans rien lui donner en retour. Elle le laisse à demi nu, comme ces malheureux passants que les voleurs dépouillent de leurs habites et de leurs manteaux sous le spécieux prétexte de les débarrasser de superfluités gênantes, et sans leur jeter seulement quelque guenille pour les garantir du froid.

C'est, du reste, une chose avouée par les protestants, qu'en fait de vérités religieuses, ils n'ont rien à donner aux catholiques que ces derniers ne possèdent déjà ; bien plus, ils confessent que tout ce qu'ils retiennent de christianisme, ils l'empruntent à l'Eglise. Ecoutons Luther, le fougueux patriarche de la Réforme, donner son avis en ce point. Au Colloque de Marbourg  (Dispute célèbre entre Luther et Zwingli, Luther y défendait contre ses adversaires le dogme de la sainte Eucharistie.),  Zwingli lui objectait que la présence réelle de Noire-Seigneur dans le saint sacrement était un dogme du papisme.

« Mais alors, dit Luther, niez aussi toute la Bible, car c’est du Pape que nous la tenons. Nous sommes bien obligés d'avouer, tout protestants que nous sommes, que dans le papisme il est des vérités de salut, oui, TOUTES les vérités du salut, et que c'est de lui que nous les tenons, car c'est dans le papisme que nous trouvons la vraie Ecriture sainte, le vrai Baptême,  le vrai Sacrement de l’autel, les vraies clefs qui remettent les péchés, la vraie prédication, le vrai catéchisme les vrais articles de foi. J'ajoute, en outre, que dans le papisme se trouve le VRAI CHRISTIANISME (Je crois utile de donner le texte  original de cet aveu si frappant (Œuvres de Luther, édition protestante d’Iéna, p. 408 et 409) : « Hoc enim facto negare oporteret totam quoque Scrpturam sacram et predicandi officium : HOC ENIM TOTUM A PAPA HABEMUS. Nos autem fatemur sub Papatu plurimum esse boni Christianismi, imo OMNE bonum christianismum, atque etiaae illinc ad nos devenisse. Quippe fatemur in Papatu veram esse Scripturam sacram, verum Batisma, cerum Sacramentum altaris, veras claves ad remissionem peccatorum, verum praedicandi officium, verum catechismum ut sunt : Oratio dominica, articuli fidei, decem praecepta…DICO IN SUPER IN PAPATU VERUM CHRISTIANISMUM ESSE. »!) »

De cet aveu que l'Eglise catholique a le vrai christianisme, il faut conclure nécessairement que les sectes protestantes ne l'ont point, puisque l'Eglise affirme ce que les sectes nient. Mais il faut conclure, en outre, et cela saute aux yeux, que la propagande est pour l'Eglise catholique un droit et un devoir, tandis qu'elle est, de la part, des protestants, un non-sens et une injustice.
 


Chapitre 23. La Religion commode.

Il est plus commode, dit-on, d'être protestant que catholique, c'est vrai ; il est aussi plus commode de céder à ses passions que de les contenir. Seulement, en fait de religion, il ne s'agit pas de savoir quelle est la plus commode, mais quelle est celle qui est vrai et qui conduit à Dieu.

Un pasteur était parvenu a gagner à sa secte une bonne femme qui s'était laissé prendre aux affirmations du prétendu ministre de l'Evangile. Elle fréquentait assidûment le temple ; allait faire tous les dimanches son petit somme pendant le prêche ; soignait fort bien la grosse Bible qu'on lui avait donnée et qu’elle se gardait bien d’ouvrir de peur de la gâter ; en un mot, elle était devenue une excellente protestante. Elle poussait même la ferveur
jusqu'à  se faire inscrire sur le registre de la fameuse société du Sou protestant, et de deux ou trois sociétés bibliques.

Plusieurs années se passèrent dans cette piété facile, et la bonne femme s'applaudissait chaque jour davantage de vivre doucement, selon ce que M. le pasteur appelait le pur Evangile, débarrassée de la désagréable obligation d'aller se confesser aux grandes fêtes, de communier pour tout de bon, de faire maigre le vendredi et d'obéir à son curé. Au milieu de ces joies évangéliques que le pasteur et une pieuse diaconesse entretenaient avec zèle au moyen de petits cadeaux, de petites brochures, la pauvre créature fut un beau jour visitée par la maladie. Un lecteur fut aussitôt député pour lui lire des psaumes et des passages auxquels elle ne comprenait pas grand-chose, non plus, il faut le dire, que le zélé lecteur lui-même. Le mal empira bientôt, et le médecin laissa échapper quelques paroles qui firent comprendre à la malade que son état n'était rien moins que rassurant. A la vue de la mort, à la pensée du jugement de Dieu, la pauvre femme s’émut et rentra en elle-même. Elle s'aperçut à cette lumière qui ne trompe pas, qu’elle s'était égarée et qu'elle avait quitté la vraie foi. Elle pria une de ces voisines d'aller sans retard chercher le curé de la paroisse, bon et digne prêtre qu'elle avait connu jadis et que sa désertion avait vivement affligé. Le curé la trouva tout eu larmes, la consola de son mieux, et, tout en lui montrant l'énormité de sa faute, il lui rappela l'infinie miséricorde du bon Dieu. Après avoir reçu la confession de ses péchés, il la réconcilia avec Notre-Seigneur. Il lui donna le sacrement consolateur des mourants, l'Extrême-Onction, dont on lui avait appris à se moquer, mais elle comprenait alors toute l'importance et toute
l’efficacité; enfin il lui porta le saint Viatique, ce très-saint et très-adorable mystère, où Jésus lui-même se voile pour descendre jusqu'à nous et nous fortifier au terme de notre voyage. En paix avec Dieu et avec elle-même, la pauvre femme était heureuse et voyait désormais sans crainte s’approcher le moment de son entrée dans l’éternité.

Le soir de ce même jour, le pasteur protestant se présente chez elle ; il venait d'apprendre la visite du curé, et ne pouvait croire qu'il appelait « Une honteuse défection, un scandale pour le pur Evangile, un retour aux superstitions de Babylone. » En réalité, ce qui le vexait le plus, c’est qu'on allait en parler dans le voisinage et qu'on en tirerait, sans doute, des conclusions désagréables pour le pur Evangile et pour l’amour propre de M. le pasteur. Il apostropha donc assez, vivement la pauvre malade, lui rappelant, avec quel courage elle avait rejeté naguère « toutes ces simagrées, ces erreurs, auxquelles elle n'aurait jamais dû retourner. «  Ah ! monsieur, répondit la femme, tout cela  c'était bon quand je me portais bien ; votre religion, c’est bien commode pour vivre, mais c'est le diable pour
mourir ! »

Elle ne se doutait pas, la brave femme qu'elle venait, par cette simple parole, de faire toucher du doigt la fausseté de la religion protestante.

Pour qu'une religion soit la vraie religion, la religion qui conduit au ciel, il ne suffit pas, en effet, qu'elle soit commode et qu’elle mette de côté tout ce qui gêne dans le service de Dieu. Le protestantisme est commode pour vivre; c'est une raison pour qu'il soi terrible d'y mourir. Le protestantisme est commode, donc il est faux, donc il n'est pas la religion de celui qui a dit: « Combien étroite est la porte, combien est pénible la voie qui mène à la vie éternelle ! Efforcez-vous de prendre cette voie pénible et d’entrer par cette porte étroite. »

Le protestantisme, ce prétendu christianisme

sans obéissance à la foi,
sans obéissance à l'autorité de l'Eglise,
sans confession,
sans Eucharistie,
sans sacrifice,
sans pénitences,
sans pratiques obligatoires,
n'est il pas condamné par l'Evangile dont sans cesse il usurpe le nom ? N'est-il pas condamné par Jésus-Christ lui-même, quand ce divin Maître ajoute ces paroles redoutables : « Combien est commode et large la voie qui conduit à la perdition ! »


Chapitre 24. La haine du monde contre la véritable Eglise

Il est un moyen bien facile de découvrir véritable Eglise entre toutes celles qui prétendent à ce titre.

Notre-Seigneur a clairement déclaré que ses disciples seraient haïs des méchants comme il en a été haï lui-même le premier. « Le disciple n'est pas au-dessus du maître ; si le monde vous hait, souvenez-vous qu'il m’a haï le premier."

Or, depuis les temps apostoliques, l'histoire nous atteste que c'est contre l'Eglise catholique que se sont constamment réunis les efforts et les haines des impies. Les juifs, les païens, les Turcs, les méchants de tous les siècles, et jusque dans ces derniers temps, les révolutionnaires, tous ont choisi et choisissent encore pour but de leurs attaques l’Église catholique, et l'Eglise catholique seule.

Les brigands de la révolution française se sont rués contre elle, ils ont emprisonné et massacré ses évêques et ses prêtres, ils ont laissé fort tranquilles les rabbins juifs et les ministres protestants. Lisez les écrits incendiaires de nos révolutionnaires modernes ; l’Église catholique seule excite leurs fureurs: et non-seulement ils ne s'élèvent pas contre le protestantisme ; mais ils le prônent comme favorable à leurs vues anti-chrétiennes (Au temps de la Commune, 1871, à Paris, ne sont-ce pas que les catholiques, évêques, prêtres et laïcs qui comme otages eurent seuls l’honneur d’être victimes de la révolution ?).

L'union de tous les impies contre la seule Eglise catholique suffirait déjà pour réaliser la prophétie de Notre-Seigneur. Les sectes hérétiques, et en particulier toutes les sectes protestantes, se sont chargées de compléter la preuve. Séparées pour tout le reste, divisées de croyances et d'intérêts, s'anathématisant les unes les autres, elles entrent dans un merveilleux accord, dès qu'il s'agit d'injurier et d'attaquer l'antique Eglise de saint Pierre. Devant cette commune ennemie, elles ne font plus qu'un et blasphèment à l'unisson.

Hérode et Pilate, ennemis mortels jusqu’alors, s'unirent pour crucifier Jésus. L'hérésie et l'impiété, séparées encore à bien de titres, s'unissent de même pour outrager, flageller et détruire la sainte Eglise du Christ. Mais si l'Eglise catholique, apostolique et romaine doit, à l'exemple du Sauveur, souffrir sa passion et compléter ainsi celle de son divin Chef, elle a comme lui les promesses et la vie éternelle : toujours haïe, toujours blasphémée, elle vit et vivra toujours, car Jésus est avec elle jusqu'à la fin du monde, et c'est à elle seule qu'il a dit : « Les puissances de l'enfer ne l'emporteront pas sur toi. »
 
 

DEUXIEME PARTIE
1. En quel sens l'Eglise peut avoir besoin de réforme. p.65
2. Est-il possible que Dieu ait choisi Luther et Calvin pour réformer la religion ? p.
3. Les apôtres du protestantisme ont-ils fourni la
preuve de leur mission prétendue ? p.69
4. Comment l'Eglise possède la preuve divine par
excellence p.71
5. Les réformateurs jugés par oua- mômes p.73
6. Les divisions du protestantisme p.77
7. Divisions religieuses des catholiques p.
8. Comment l'enseignement de l'Eglise est la
vraie règle de la foi p.84
9. Commemt la sainte Bible n'est pas et ne peut
être la règle de notre foi p.87
10. Le protestantisme n'est pas et ne peut pas être
la religion du peuple p.90
11. Comment il est impossible à un protestant de
savoir si la Bible qu'il lit est la parole de Dieu p.92
12. Jusqu'où peut mener le principe protestant
qui donne la Bible comme règle de la foi p.97
13. L'Eglise catholique défend-elle la lecture de
la Bible? p.98
14. La Bible, toute la Bible, rien que la Bible p.103
15. Le prêtre catholique et les pasteurs protestants p.110
16. Pourquoi les prêtres catholiques ne se marient pas comme les pasteurs protestants p.113

TROISIEME PARTIE
1. Ce qui empêche les protestants honnêtes de se
faire catholiques p.
2. Des adorations idolatriques que les protestants reprochent aux catholiques p.118
3. Un mot sur les brochures et les pamphlets protestants p.120
4. La tolérance protestante p.123
5. L'intolérance catholique p.130
6. L'Inquisition, la Saint-Barthélémy, les Dragonnades des Cévennes p.133
7. Les martyrs protestants p.138
8. Un exemple de la modération protestante p.139
9. Le marché des âmes p.143
10. La religion d'argent  p.150
11. Une preuve d'un nouveau genre en faveur du protestantisme p.156
12. Comment les protestants se conduisent à l'égard de la Mère de Dieu p.164
13. Combien le protestantisme est désolant p.169
14. Le jugement de la mort p.171
15. Le protestantisme et l'incrédulité p.179
16. Le protestantisme et la révolution p.218
 
 
 

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